Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/579

Cette page n’a pas encore été corrigée

4099

AMÉRIQUE LATINE

4100

l’érection de Montevideo en archevêché (19 avril 1897), avec deux suffragants. Ces deux sièges ne sont pas encore érigés, mais l’archevêque a avec lui deux auxiliaires qu’il destine à cette nouvelle situation. Montevideo possède un grand séminaire dirigé par les jésuites, et plusieurs collèges d’enseignement secondaire, tenus par des religieux.

XVI. Paraguay. — Le Paraguay a une étendue de 240 000 kilomètres carrés sur lesquels sont disséminés 700 000 habitants.

Le 2 février 1535, Pierre de Mendoza s’établit à l’endroit où est aujourd’hui Butnos-Ayres, puis, cherchant une communication par eau avec le Pérou, son lieutenant Ayolas remonta le Parana, entra de là dans le Paraguay et, le 15 août 1536, fonda la ville de l’Assomption. Cette ville devenait un évêché le 1 er juillet 1547. Les jésuites étant venus au Paraguay, en 1609, formèrent sur la rive droite du haut Uruguay et les deux rives du Parana les fameuses réductions, où 130 000 Indiens furent initiés à la foi chrétienne et à la civilisation. Charles III d’Espagne, abusé par les philosophes, donna l’ordre d’expulser tous les jésuites, et voulut les remplacer par des franciscains, mais ceux-ci, ne sachant pas l’idiome des Indiens, ne purent réussir ; les Indiens retournèrent dans leurs forêts et retombèrent rapidement dans l’état sauvage. Sur les réductions du Paraguay et leur organisation, voir Sagot, Le communisme au nouveau monde, Paris, 1900.

Le Paraguay se déclara indépendant le 14 mai 1801, mais subit, de 1824 à 1840, la plus odieuse tyrannie de la part de son président, Joseph Gaspar Francia. Il persécuta l’Église et chargea un prêtre de son choix d’administrer le diocèse aux lieu et place de l’évêque rélégué chez lui. Le président Lopez répara en grande partie les torts de son prédécesseur et mourut en 1862 ; mais son fils qui lui succéda persécuta cruellement les hommes de bien et s’engagea dans une lutte folle contre le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine ; cette guerre fut si malheureuse que la population fut réduite de 1000000 à 300000 habitants. L’évêque Palacios se jeta dans le parti du président qui, après l’avoir pris pour conseiller intime, le fit fusiller en 1868. En 1879, Mo’Aponte fut nommé évêque de l’Assomption. Son épiscopat marque le relèvement moral et religieux du pays. Depuis le 21 septembre 1894, Mo r Bogorin gouverne à son tour cette église. Il a dû lutter énergiquement contre le gouvernement qui édicta, de la façon la plus inattendue et la plus hâtive, le mariage civil. On rendait cette loi obligatoire le p. lendemain de sa promulgation. Or on n’avait pas pensé à créer les bureaux de l’état civil nécessaires. Il s’ensuivait que les Paraguayens ne pouvaient plus se marier religieusement, puisque le mariage civil en vigueur avait la préséance, ni civilement puisqu’il n’y avait point d’officier d’état civil pour recevoir le consentement légal des époux.

Ces luttes contre l’Église ne sont pas demandées par le pays. La situation religieuse serait assez satisfaisante si le clergé était en nombre suffisant pour le ministère. Il y a bien peu de curés de campagnes qui n’aient pas à leur charge deux ou trois paroisses et ne doivent desservir des territoires de 15 à 20 lieues de rayon. Les hommes vivent dans l’indifférence et laissent aux femmes les pratiques religieuses. On a réussi cependant à former à l’Assomption une conférence de Saint-Vincent de Paul. Les confréries de femmes sont nombreuses et très florissantes. Il faudrait des établissements d’instruction, pour la jeunesse des deux sexes. Il n’y a qu’un pensionnat de Saint-Vincent de Paul avec 300 élèves, et 1 collège d’arts et métiers dirigé par les salésiens, qui a 200 élèves. La presse (5 journaux) est entièrement entre les mains de la maçonnerie, mais 1 évâque espère fonder bientôt une feuille catholique.

XVII. Brésil. — La découverte du Brésil est due à un

lieutenant de Christophe Colomb, Pinzon. qui aborda au cap de la Consolation et en prit possession au nom du roi d’Espagne. L’année suivante le Portugais Alvarez Cabrai, voulant éviter les courants de la côte d’Afrique, obliqua trop à l’ouest et se trouva, sans le savoir et le vouloir, sur la côte du Brésil dont il prit possession au nom du roi de Portugal. De là conflit, apaisé par Alexandre VI qui traça sa fameuse ligne de démarcation dont nous avons parlé au commencement. Celle-ci donnait le Brésil aux Portugais, mais par suite d’une erreur de cartographie, car la carte qui servit à l’arbitrage avait mis le Brésil 20 degrés trop à l’est. Le différend fut complètement terminé sous Philippe II en 1594. Ce roi d’Espagne, qui gouvernait aussi le Portugal, tira une autre ligne de démarcation qui conservait le Brésil au Portugal. Le calvinisme tenta de s’introduire au Brésil en 1566. Sous Philippe IV, en 1624, les Hollandais s’emparèrent de la capitale du pays, mais furent ensuite obligés de capituler ; une autre flotte hollandaise fit la conquête de Pernambuco et soumit plus de la moitié du Brésil, mais les Hollandais furent ensuite définitivement chassés.

En 1807, les armées françaises s’emparèrent de Lisbonne. Le roi de Portugal, Jean VI, s’embarqua pour Bio-Janeiro, capitale du Brésil depuis 1773, suivi de sa cour et du nonce apostolique, M<J r Caleppi. Lorsqu’il revint à Lisbonne, le roi laissa au Brésil son fils aîné, avec le titre de prince régent ; mais cela déplut aux Brésiliens qui proclamèrent leur indépendance, et donnèrent au gouvernement la forme d’un empire constitutionnel. Le 15 novembre 1889, une révolution militaire remplaça cet empire par une république.

Le Brésil a une superficie approximative de 8 337 2 18 kilomètres carrés ; il est 16 fois plus étendu que la France. Mais la population est très clairsemée. D’après les récentes statistiques, il compte 14 333 915 habitants ; sur ce nombre, 14179615 catholiques, 1673 grecs orthodoxes, 19957 protestants évangéliques, 1 347 presbytériens, 122 409 protestants appartenant à d’autres sectes, 309 musulmans, 1327 positivistes et 7 257 personnes ne professant aucun culte. La religion catholique est donc celle de la très immense majorité des Brésiliens, mais cette constatation faite, il ne faudrait pas en conclure que le Brésilien soit toujours et partout un bon catholique. Il y a plusieurs causes qui y mettent obtacle.

La première est une cause commune à presque tous les peuples de l’Amérique latine. Le clergé est malheureusement très relâché. Le prêtre isolé de ses confrères, vivant à six ou sept journées de marche d’un autre prêtre, habitant seul au milieu de populations de mœurs plutôt faciles, court trop de dangers, et a trop peu de secours pour ne pas se laisser souvent entraîner sur la pente des passions. Il sait d’autre part que, soit effet de l’ignorance, soit pour tout autre motif, son ministère n’aura point à en souffrir. Les fidèles recourent au ministère de leur curé sans en être empêchés par ses fautes personnelles. Une autre cause est la mainmise de la franc-maçonnerie sur le Brésil, non pas seulement depuis l’établissement de la république actuelle, mais depuis l’empire philosophique et libéral de dom Pedro. C’est sous son gouvernement que les sectes firent décréter la suppression des communautés religieuses. C’est aussi à la franc-maçonnerie qu’est due la violente persécution contre les évoques qui défendaient au Brésil les droits de l’Église. Les plus célèbres de ces confesseurs sont Vital Gonçalves de Oliveira, nommé évêque d’Olinda en 1871, qui mourut exilé à Paris en 1887 et appartenait à l’ordre des capucins. Cependant le gouvernement entretient un minisire plénipotentiaire à Home et le pape a un internonce à Rio-Janeiro.

Depuis quelques années, la situation religieuse est d’ailleurs un peu améliorée.

Le souverain pontife sachant combien sont rares les vocations ecclésiastiques au Brésil a adressé, le 18 sep-