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AMERIQUE LATINE

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7 de femmes, 1 séminaire, 1 collège et 9 écoles catholiques avec une population de 2 500 élèves. Le diocèse de la Serena, 1 séminaire et 50 écoles catholiques.

Dans le nord du Chili se trouvent deux vicariats apostoliques, qui dépendent de la S. C. des Affaires ecclésiastiques extraordinaires : l’un est Antofogaste, dans la province de ce nom, l’autre Tarapacà, dans l’État de ce nom qui appartenait avant 1883 au Pérou.

XIV. République argentine et Patagonie.

En longeant la côte est de l’Amérique méridionale nous trouvons la Patagonie puis la République argentine qui confine avec le Chili et en est séparée par la chaîne des Andes. La République argentine a 2 789 400 kilomètres carrés. Pour une surface aussi considérable, elle n’a que 4 500000 habitants. Mais ceux-ci augmentent tous les ans, par l’immigration dont la partie la plus considérable vient de l’Italie. Ce territoire, qui appartenait aux Espagnols, proclama son indépendance en 1818, mais ne put obtenir un peu de tranquillité qu’en 1853-. Récemment la spéculation a déchaîné sur ce pays, qui a d’immences ressources matérielles, une crise financière dite de 1890, dont il n’est pas encore remis.

Il s’en faut malheureusement que la religion chrétienne y soit florissante. La révolution de 1810 ne brisa pas seulement tout lien avec la métropole, elle rompit aussi avec l’Église. Le mariage civil fut admis et le prêtre obligé de ne célébrer le mariage religieux qu’après le mariage civil. Or les distances sont telles, le nombre des officiers de l’état civil est si peu considérable pour les besoins de la population, que les fiancés sont parfois obligés de faire 200 kilomètres pour trouver celui qui peut les marier. Pour des départements qui ont 170 kilomètres de long sur 40 de large, il n’y a qu’un seul officier de l’état civil. Beaucoup d’habitants se passent en conséquence du mariage civil, et ils se voient privés en même temps du mariage religieux. C’est une des grandes plaies dont souffre le catholicisme ; car elle vicie la racine même de la famille.

Il n’y a pas cependant, de la part du gouvernement, d’hostilité ouverte contre l’Église. Toutefois, l’État ne s’en occupe point, ne rétribue aucun des ministres du culte, quoiqu’il se soit emparé des biens de l’Église. L’Argentin n’aime pas ce qui le gêne dans ses habitudes, et une profonde indifférence pour les choses religieuses est son mal caractéristique, celui dont il est le plus difficile de le guérir : la religion n’est pour lui qu’une chose de convenance ; le baptême et l’enterrement à l’Église lui suffisent. Le clergé ne se recrute guère dans ce milieu. Il est formé surtout d’Italiens et aussi d’Espagnols et de Français. Les évêques n’ont guère à se louer des prêtres italiens ; car ils vont dans l’Argentine pour trouver des ressources plutôt que pour sauver des âmes. Les allures du clergé sont d’ailleurs très libres.

La République argentine a un archevêché, Puenos-Ayres, dont dépendent 7 évêchés, Cordova, Saint-Jean de Cuyo, Parana etSalta, auxquels Sa Sainteté Léon XIII vient d’ajouter la Plata, Santa-Fé et Tucuman.

La lettre apostolique In Pétri cathedra, qui établit ces trois derniers sièges (15 février 1897), dit que le traitement des évêques sera formé des allocations que le ministère des cultes de la république a constituées sur les fonds publics pour ces nouveaux sièges. S’il n’y a pas eu un concordat formel entre la République argentine et le saint-siège, il y a donc eu au moins un accord verbal ; sans cela le pape ne parlerait pas des rentes établies par la république pour ces évêchés.

La Patagonie s’étend au sud de la République argentine. Elle comprend 776 000 kilomètres carrés, et l’île de la Terre de Feu, qui en dépend, 47 000. Elle fut évangélisôe, mais sans succès, par les franciscains ; en 1875, les salésiens y envoyèrent des missionnaires qui s’établirent sur le RioNegro à Carmen. Dieu bénit leur dévouement, leurs œuvres se développèrent et Léon XIII put, le

15 novembre 1883, ériger le vicariat nord de la Patagonie. Le 26 du même mois, il érigeait le sud de ce pays en préfecture, confiée, comme le vicariat, aux fils de dom Bosco.

Le vicariat apostolique de la Patagonie septentrionale comprend la région des pampas et n’a pas de délimitations encore bien précises, car toute la partie de la Patagonie centrale, qui est encore inexplorée, lui est jusqu’à nouvelle disposition attribuée. Le nombre des catholiques est de 90 000 ; il y a 3 000 protestants et on estime à 15 000 environ le nombre des indigènes qui se trouvent dans les régions inexplorées. Les missionnaires (salésiens de dom Bosco) ont 9 résidences principales et 45 stations secondaires. Ils sont en tout 36, avec 18 laïcs et 8 catéchistes. Les Filles de Marie-Auxiliatrice ont 60 sujets destinées à trois orphelinats, 3 hôpitaux et 27 établissements d’instruction, avec 900 élèves. Le séminaire diocésain est à Buenos-Ayres et a 90 élèves.

La préfecture apostolique de la Patagonie méridionale ou australe comprend, avec la Terre de Feu, toute la partie sud de l’Amérique. Au point de vue politique, ce territoire est soumis en partie à la Bépublique argentine, en partie au Chili, et les îles Falkland dépendent des Anglais. Il y a 9500 catholiques, 1800 protestants et on estime à 5 000 le nombre des indigènes. La résidence du préfet est à Puntarenas. Il y a 6 paroisses, 5 églises, 4 stations principales, 10 secondaires, 14 pères et 20 catéchistes européens. Le séminaire est à Santiago du Chili et renferme 50 élèves. Les écoles de garçons sont au nombre de 4 avec 200 élèves. Les Filles de Marie-Auxiliatrice dirigent 4 écoles avec 450 enfants. Il y a, en outre, 3 pensionnats pour garçons et autant pour jeunes filles. La résidence du préfet apostolique, Puntarenas, est en même temps paroisse, et celle-ci offre la particularité d’être la plus vaste du monde entier. Elle a une surface de 195 000 kilomètres carrés, soit les deux tiers de l’Italie.

XV. Uruguay. —

Cette petite république limitée au nord par le Brésil, à l’ouest par la rivière Uruguay, qui lui donne son nom, a 190 000 kilomètres carrés et une population de 788 130 habitants. Jusqu’en 1620 ce pays était uni à l’Église du Paraguay. Il fut alors rattaché au siège épiscopal de Buenos-Ayres. Son indépendance politique détermina la rupture de ces liens ecclésiastiques. Il avait été déclaré état indépendant en 1828 par un traité fait entre le Brésil et l’Argentine. Il obtint peu après du souverain pontife l’établissement à Montevideo d’un vicariat apostolique, qui fut, en 1879, élevé au rang d’évêché. La république ne cessa d’empiéter sur les droits de l’Église. L’époque la plus néfaste pour la religion fut la dictature de Santos. C’est à lui que l’on doit la loi sur le mariage civil rendu encore plus odieux par la défense faite au prêtre de baptiser aucun enfant qui ne serait pas inscrit sur les registres de l’état civil. N’osant procéder à l’expulsion pure et simple des congrégations religieuses, on décréta que leurs membres ne pourraient prononcer leurs vœux, qu’à l’âge de 40 ans. Mais ces lois n’obtinrent pas le résultat qu’on voulait atteindre. Aujourd’hui les congrégations sont relativement plus nombreuses à Montevideo qu’en aucun pays du monde. Il y a, en effet, 10 communautés d’hommes, et 8 communautés de femmes attachées à des établissements d’instruction, pendant que les sœurs de Saint-Vincent de Paul, de Notre-Dame de l’Huerto et les capucines se partagent le soin et l’assistance des malades.

L’évêque actuel, M3 r Soler, a développé les éléments religieux qu’il avait entre les mains et préparé dans l’élément laïque une défense contre les persécutions à venir. Il a fondé des écoles provinciales, des conférences de Saint-Vincent de Paul dans toutes les paroisses de la capitale, des cercles catholiques d’ouvriers qui comptent plus de 1 000 adhérents, un grand club catholique. Il a obtenu, de concert avec le gouvernement,