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AMÉRIQUE LATINE


pas. » Berthe, Garcia Moreno, Paris, 1887. Depuis lors, le gouvernement est tombé aux mains des francsmaçons qui ont mis tout en œuvre pour arracher la religion du cœur des habitants. La foi a eu non seulement ses confesseurs, mais aussi ses martyrs. Actuellement, c’est un des gouvernements les plus irréligieux qui existent. La nomination d’un délégué apostolique semble un si^ne ou une promesse de détente ; mais il faut noter que celui-ci réside à Lima (car il est délégué pour l’Equateur, la Bolivie et le Pérou), et non à Quito, siège des anciens délégués de l’Equateur.

Si l’Equateur fait profession de catholicisme, les mœurs y sont fort relâchées, non seulement parmi le peuple, mais dans le clergé et même dans le clergé régulier. La persécution actuelle aura au moins ce résultat de séparer le bon grain de l’ivraie, d'élaguer les plantes parasites qui souillaient le sanctuaire, au lieu de l’orner, et de donner à la religion la force qui lui vient du sacrifice et des douleurs de ses fils.

La république compte 1400000 habitants. Elle a un archevêché à Quito, avec six sièges suffragants, Cuenca, Guayaquil, Ibarra, Loxa, Puerto Viejo et Bio Bamba, indépendamment de quatre vicariats apostoliques qui ont remplacé l’ancien vicariat apostolique dit de l’Orient.

Une université très fameuse a été fondée à Quito en 1586 par Philippe II, roi d’Espagne, et sa bibliothèque est considérée comme la plus riche de la région. Il y a aussi en cette ville un collège tenu par les jésuites.

Guyaquil possède 1 séminaire, 4 collèges et 60 écoles catholiques avec une population de 4390 élèves ; Loxa ou Loja, 2 collèges.

L’ancien vicariat apostolique de l’Orient, ainsi nommé parce qu’il était situé à l’orient de la république, a été divisé, d’un commun accord entre Léon XIII et le président Antoine Flores, en quatre vicariats : le premier, Napo, appartient aux jésuites ; le second, Canelos et Macas, aux dominicains ; le troisième, Mendez et Gualaquiza, a été confié à la société des salésiens ; le quatrième, Zamora, aux franciscains. Le gouvernement de l’Equateur reconnaît à ces vicariats le droit de percevoir les dimes et accorde à chacun d’eux un subside pour les frais du culte. Ces vicariats qui, régulièrement, devraient dépendre de la Propagande, relèvent au contraire de la S. C. des Affaires ecclésiastiques extraordinaires.

XI. Bolivie.— Ce pays, situé au sud de la république de l’Equateur, n’a point de débouché sur la mer. Il comprend 1 334200 kilomètres carrés, avec une population de 2 325000 habitants, dont 250 000 Indiens. Il se révolta en 1808 contre les Espagnols, mais ne constitua un État indépendant qu’en 1825, au congrès de Chuquisaca, après la victoire d’Ayachuco. En 1879, il s’engagea, en union avec le Pérou, dans une guerre malheureuse contre le Chili, qui lui a dicté les conditions de la paix en 1882, s’est emparé des départements d’Atacama et de Mejillones et de leurs ports, et a ôté ainsi à la Bolivie toute communication avec l’Océan.

La Plata est la ville métropole. Elle a trois sièges suffragants, Chochabamba, la Paz et Santa Cruz de Sierra.

XII. PÉROU. — Quand il était gouverné par les vicerois d’Espagne, le Pérou se divisait en haut Pérou et bas Pérou. Le haut Pérou est devenu la Bolivie ; le bas Pérou a conservé la dénomination de Pérou. Il a une superficie de 1 137 000 kilomètres carrés et 3 050000 habitants, la plupart métis espagnols, outre 400000 Indiens, 100000 nègres et 30 000 Chinois. Le Pérou ne s’insurgea contre l’Espagne, que lorsqu’une armée chilienne vint en quelque sorte le forcer à se déclarer contre la méiropole. Il se constitua d’abord en république indépendante. Une scission sépara plus tard le haut Pérou du bas Pérou. Les révolutions sont fréquentes au Pérou et la religion n’a pas à y gagner. LcSaint-Siège a dans ce pays un délégué apostolique dont la résidence est à Lima et qui est chargé du Pérou, de la Bolivie et de

l’Equateur. Le gouvernement péruvien entretient de son côté un ambassadeur auprès du Saint-Siège. Cependant il vient de prendre une mesure contraire à la religion, en établissant le mariage civil. — Comme nous venons de le dire, il y a encore de nombreux Indiens dans cette république et les franciscains espagnols ont la mission de les évangéliser.

Lima est la métropole du Pérou ; il y a des évêchés à Arequipa, Chachapoyas, Cuzco, Guanlanga, Huanuco, Puno et Trujillo.

Lima, la capitale du Pérou, fondée par François Pizzare en 1535, fut érigée en évéché le 19 mars 1537, et en archevêché le Il février 1546 : c’est la plus ancienne métropole de l’Amérique latine. Les auteurs font remarquer la richesse incroyable des églises principales de Lima, où l’on admire des candélabres et des statues de grandeur naturelle, en argent massif. Lima a eu trois conciles provinciaux. Le premier et le second, tenus en 1552 et 1567, ont laissé peu de traces. Le troisième, tenu en 1583 et présidé par saint Torribio Alphonse Mogrovejo (canonisé en 1726), est bien plus important par les nombreux canons qui y furent dressés. Ils embrassaient toutes les obligations de la vie chrétienne et celles du ministère paroissial. Ils établissent des règles très sages non seulement pour la conduite des blancs mais aussi pour celle des Indiens. Ce concile a eu une grande influence sur la vie religieuse au Pérou. Lima a été la patrie de sainte Bose de Lima, qui mourut en 1620.

Arequipa, évêché érigé le 15 avril 1577, est, au point de vue religieux, la perle du Pérou. On l’appelle « la catholique Arequipa ». Il s’y trouve trois couvents d’hommes et trois de femmes. Les jésuites y ont un collège ; les lazaristes dirigent le séminaire ; les salésiens viennent de s’y établir. Les frères de Saint-Jeande-Dieu y ont un hôpital. — Guamanga ou Ayachucho possède, de son côté, 2 congrégations religieuses, 1 séminaire et 2 collèges.

XIII. Chili. — Ce pays forme une immense bande de terre, limitée d’un côté par les flots du Pacifique, de l’autre par la chaîne des Andes. Il a en effet 4 200 kilomètres de longueur, sur une largeur moyenne de 170 kilomètres. Sa superficie est de 776 000 kilomètres carrés, sa population de 3500000 habitants. Pour le conquérir l’Espagne dut lutter longtemps avec les habitants. La soumission complète n’eut lieu qu’en 1775. En 1810, les Chiliens recouvrèrent leur indépendance ; ils retombèrent sous le joug des Espagnols en 1814, s’insurgèrent de nouveau en 1817 et assurèrent leur liberté en 1818 par la victoire de Mayno.

Les catholiques n’ont pas eu à gagner au changement de gouvernement. L’insurrection contre l’Espagne n'était pas uniquement un mouvement national : c'était aussi, sous une forme dissimulée, un mouvement contraire à la religion. La preuve en est dans les persécutions sourdes, que les catholiques ont toujours eu à subir depuis lors par l’influence des radicaux qui sont très puissants. Il y a quinze ans, M’J r del Frate qui était délégué apostolique à Santiago du Chili, ne dut son salut qu'à la fuite. Les relations sont moins tendues depuis lors. En 1898, le Chili a accrédité un représentant auprès du Saint-Siège ; et celui-ci s’est décidé à y nommer de nouveau un délégué apostolique à Santiago.

Le Chili a 1 archevêché à Santiago et 3 évêchés qui sont à la Conception, à Saint-Charles d’Ancud et à la Serena.

Santiago du Chili a été érigé en diocèse le 17 mai 1561 et en archevêché le 21 mai 1810. En 1586, l'évêque Diego de Medellin célèbre un synode diocésain ; en 1607, un autre évêque, Perez de Espinosa, érige un séminaire. Il existe à Santiago 18 instituts religieux d’hommes, 23 de femmes, 1 université, 4 collèges, 29 écoles catholiques, avec une population de 8440 élèves. — Le diocèse de la Conception possède 10 instituts d’hommes,