Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/576

Cette page n’a pas encore été corrigée
1093
4091
AMÉRIQUE LATINE


chidiocèse de Guatemala, 1 séminaire et 1 collège dans le diocèse de Costarica.

IX. Colombie.

L’histoire des colonies espagnoles détachées de la mère patrie au commencement du siècle est toujours identique. Elle a été' en Colombie la même que dans les autres parties de l’Amérique.

Ce vaste pajs, qui mesure 1 200 000 kilomètres carrés, a, il faut l’avouer, une population bien faible par rapport à sa surface (4 habitants par kilomètre carré) ; mais la race indienne n’y avait pas été écrasée par la race conquérante. La preuve en est que, d’après les statistiques actuelles, il n’y a en Colombie que 400000 blancs, contre 1 600 000 métis, ou cholos, 350000 indiens civilisés, 50 000 non civilisés, et 700 000 nègres mulâtres ou zambos.

La foi fut portée dans ce pays dès le temps de la conquête par les Espagnols : elle se fortifia et se développa sous leur domination. En 1819, Bolivar ayant soulevé ces provinces, elles se déclarèrent indépendantes de la mère patrie, au congrès d’Angostura du 17 décembre 1819. En 1831, les douze départements qui les constituaient se désunirent et se partagèrent en trois groupes différents : les cinq premiers formèrent la Nouvelle-Grenade ; les trois autres formèrent l’Equateur, et les quatre derniers, à l’est des premiers, formèrent le Venezuela. En 1836, Grégoire XVI noua des relations diplomatiques avec la Nouvelle-Grenade. Il y établit un chargé d’affaires qui avait encore le soin de toutes les républiques américaines dépourvues de délégué apostolique ou de représentation quelconque du Saint-Siège. Ce poste était, on le voit, très important à cause de la juridiction étendue de son titulaire ; mais il a perdu beaucoup de cette importance, par suite de la création de nombreux délégués apostoliques, nonces et internonces dans l’Amérique latine. En 1851, la Nouvelle-Grenade, se constituant sur de nouvelles bases, prit le nom d'États-Unis de Colombie, titre qu’elle a changé, en 1886, pour celui de république de Colombie.

Le 8 décembre 1887, Léon XIII a fait une convention avec la Colombie. Ce pays doit donner à l'Église une somme annuelle de 500 000 francs et continuera à payer la rente des biens ecclésiastiques ou religieux dont il s'était emparé. — Le 2 juillet 1893, on ajouta à ce traité une convention additionnelle portant sur le règlement du for ecclésiastique, l’organisation des cimetières, et l’obligation pour les curés de se prêter aux recensements exigés par l'état civil. Actuellement la Colombie entretient un envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire auprès du Saint-Siège. Le pape y a un délégué apostolique et envoyé extraordinaire qui réside à Bogota, capitale de la république.

La division ecclésiastique est calquée sur la division civile. Il n’y a qu’une seule province ecclésiastique, celle de Bogota, qui comprend les sièges suffragants qui suivent : Antioquia, Carthagène, Sainte-Marthe, Medellin, Nueva Pamplona, Panama, Pasto, Popoayan, Soccoro, Tolima, dont l'évêque réside à Neiva, et Tunia. C’est, on le voit, un des archevêchés qui a le plus de suffragants : il n’est dépassé sous ce rapport que par le siège de Westminster, qui a tous les évêques d’Angleterre, au nombre de 15, sous sa. juridiction.

Santa-Fe di Bogota, maintenant, d’après un décret consistorial tout récent (1896), simplement Bogota, fut érigé en évêché le Il septembre 1562, et en archevêché' le 22 mars 1564, mais n’eut son premier évêque qu’en 1570. Ce fut un franciscain, qui entra dans le diocèse en 1573, fonda le séminaire et réunit, en 1582, un concile provincial. En 1621, Ferdinand Arias de Ugarte, célébra un second concile provincial. Bernardin de Almansa († 1633) a construit la cathédrale qui est dédiée à l’Immaculée Conception. Il existe dans cette cathédrale une coutume touchante. Tous les ans, au 6 août, jour anniversaire de la fondation de la ville, on expose les ornements sacrés qui servirent à célébrer pour la première

fois le saint sacrifice sur cette terre, dans une petite chapelle qui subsiste encore. Christophes de Torres, dominicain, érigea, vers 1670, l’université appelée Communio Indorum. Notons encore un autre synode provincial, en 1868. L’archidiocèse possède 1 séminaire, 30 collèges et 160 écoles. Dans une partie du territoire (dit de Saint-Martin), il y a encore une vingtaine de mille Indiens qui sont infidèles.

Carthagène des Indes était érigée en diocèse le 24 avril 1534 et avait sa cathédrale dédiée à la sainte Vierge. Cette ville était très fréquentée, car c'était le port d’attache où venaient débarquer les vaisseaux qui faisaient la traite des nègres. C’est à Carthagène des Indes que saint Pierre Claver exerça son admirable charité vis-à-vis des noirs. Il y a dans cette ville un séminaire.

Il y en a également 1 à Medellin, qui possède, en outre, 3 congrégations religieuses, 1 université, 1 collège et 141 écoles catholiques ayant une population de 16 035 élèves. Notons à ce sujet que le président de la Colombie, répondant au discours de bienvenue du nouveau délégué apostolique, Mor Vico, se félicitait que la Colombie jouissait du privilège inestimable de l’unité de la foi. Il ajoutait : & L’enseignement public distribué aux frais de l'État a été placé sous l’inspection de l’autorité ecclésiastique en tout ce qui concerne la foi et la morale et, pour une partie très considérable, dans tous les départements de la république, il a été mis sous la direction immédiate des instituts et congrégations religieuses. »

Le diocèse de Nueva Pamplona compte 250 480 catholiques, et 50 paroisses. Malheureusement, d’après les statistiques que j’ai sous les yeux, le clergé manque presque totalement : car il n’y aurait que 8 prêtres séculiers et 7 prêtres réguliers ; il y a cependant 1 séminaire et 31 écoles catholiques.

Panama possède 1 collège etl47 écoles catholiques, avec une population de 5 830 élèves. Les travaux d’ouverture du canal trans-pacifique ont amené dans ce diocèse une grande quantité d’ouvriers de toutes nations et de toutes religions ; mais le catholicisme a eu peu à se louer de cet aftlux d'étrangers, pour lesquels tout avait été prépara, sauf un clergé en rapport avec leurs besoins. Des hôpitaux tenus par les sœurs de Saint-Vincent de Paul sont la seule œuvre catholique créée à cette occasion. — Mentionnons encore 1 séminaire et 3 collèges au diocèse de Pasto.

X. Equateur.

La foi s’implanta dans cette région avec la conquête espagnole, et dès le milieu du xvie siècle Paul III avait déjà envoyé un évêque à Quito. En 1811, ce pays s’unit aux provinces voisines sous l’impulsion de Bolivar, pour s’affranchir du joug des Espagnols. Il fit alors partie des États-Unis de Colombie. Il revendiqua son autonomie en 1830 et est actuellement régi par une constitution, modifiée à plusieurs reprises, en particulier en 1883.

En 1862, Pie IX fit un concordat avec la république de l’Equateur. Après le paragraphe consacré à reconnaître la religion catholique, apostolique et romaine comme religion de la république, on y lisait : « C’est pourquoi on ne pourra point permettre dans la république un autre culte ou une société qui aurait été condamnée par l’Eglise. » Le gouvernement promettait (art. 6) de donner son appui aux évêques, surtout quand ceux-ci auraient à s’opposer à l’impiété et à la corruption des bonnes mœurs. Il devait aussi (art. 22) coopérer aux missions pour la conversion des infidèles. Ce concordat a été renouvelé le 2 mai 1881, avec quelques modifications.

Le nom de la république de l’Equateur est intimement lié à celui de son illustre président, Garcia Moreno, qui mourut assassiné (1875) par l’ordre des francsmaçons en prononçant ce mot sublime : « Dieu ne meurt