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AMÉRIQUE LATINE

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jour auront lieu en commun la prière du matin, à la chapelle, l’oraison mentale, qui durera une demi-heure, l’assistance à la messe, l’examen de conscience, la visite au saint-sacrement, le chapelet, la prière du soir. Les séminaristes se confesseront chaque semaine et s’appliqueront à leur formation spirituelle. Personne ne sera admis au séminaire qu’après avoir suivi régulièrement le cours des études. On donnera au moins deux ans à l’étude de la philosophie, et quatre à celle de la théologie. On suivra saint Thomas dans les cours de philosophie et de théologie et on n’interprétera que des auteurs d’une doctrine approuvée. On fera aussi au séminaire des cours d’herméneutique sacrée, d’exégèse biblique, d’histoire ecclésiastique, de droit canon, de liturgie, d’éloquence sacrée et de pastorale. Les clercs s’y periectionneront dans l’étude des langues des indigènes ; ils s’y exerceront aux cérémonies sacrées et au chant. Le concile témoigne le désir qu’on ne néglige point la théologie positive, surtout patristique, ni l’apologétique. Il exprime même le vœu qu’il y ait une chaire spéciale de théologie positive. — Chaque année, les séminaristes subiront deux examens sur toutes les matières enseignées. Tous mèneront la vie commune. On n’admettra parmi eux aucun externe, sinon pour des raisons très graves approuvées par l’évéque. Tous porteront la soutane.

Le chapitre IV est relatif à l’examen qu’il est bon que les jeunes prêtres subissent, au moins sur la théologie morale et dogmatique, pendant les cinq ans qui suivront leur promotion au sacerdoce.

Ailleurs, tit. viii, c. viii, le concile prescrit la tenue de conférences ecclésiastiques sur la théologie et la liturgie, dont il laisse la détermination au soin de l’évéque. Dans les régions où il n’est pas possible aux prêtres de se réunir, l’évéque pourra leur poser des questions théologiques et liturgiques, auxquelles ils seront tenus de répondre par écrit.

Dans le chapitre consacré aux universités, tit. IX, c. III, le concile témoigne le désir qu’il y ait, dans chaque république ou dans chaque région, une université catholique où l’on étudiera en particulier les sciences sacrées. Nous avons vu précédemment les concessions faites par le saint-siège à l’Amérique latine, pour l’érection de facultés de philosophie scolastique, de théologie et de droit canonique dans chaque pays ou dans chaque province ecclésiastique. Acta concil., a. 697, p. 307 et p. cix. Pie IX avait érigé à Rome un séminaire destiné à recevoir de jeunes clercs de l’Amérique latine qui suivent les cours des universités romaines. Il avait prescrit que tous les diocèses de ce pays contribueraient à son entretien. Le concile rappelle les immenses services que ce séminaire a déjà rendus à l’Eglise d’Amérique ; il prescrit de n’y envoyer que des jeunes gens d’une santé robuste, d’un esprit solide et d’une grande intelligence. Il insiste aussi sur l’obligation de payer exactement les redevances qui servent à son entretien. Tit. xi, c. vii, a. 797, 798. Nous terminons ces renseignements généraux pour parcourir rapidement chaque république de l’Amérique. Nous réservons, pour le tableau qui terminera cet article, le nombre des fidèles, des prêtres, des paroisses et des églises ; mais nous ferons connaître ici, quand il y aura lieu, l’état religieux, les universités, séminaires, écoles, congrégations de chaque pays.

V. Saint-Domingue kt Haïti. —

Saint-Domingue est le premier siège érigé dans le nouveau monde. Jules II donna, le 13 août 1513, la bulle d’érection qui constituait le premier anneau de la hiérarchie et y envoya Garcia Papilla, franciscain, confesseur de la reine Kléonore, qui mourut avant d’être sacré. Sou successeur fut un Romain (en 1520), Alexandre Gerardino, qui commença la cathédrale. En 1547, Saint-Domingue fui élevée à la dignité archiépiscopale par Paul III, qui lui adjoignit comme suffragants Cuba, Porto-Rico, Caracas et Jamaïque (qui était alors une simple abbaye). Le xvi° siècle fut l’époque brillante de Saint-Domingue ; mais, son commerce se mit à décliner et les événements du siècle dernier, les révoltes des noirs, les guerres qui en furent la suite ont fait de cette partie de l’île de Haïti une colonie malheureuse qui, en 1814, se sépara de l’autre partie et s’érigea en république (Dominicaine). Nous trouvons une preuve de cette décadence dans la liste des évêques. Leur succession est régulière jusqu’en 1798, puis vient une interruption jusqu’en 1817, où nous trouvons Pierre Valera qui résigna son siège en 1830. Alors, nouvel abandon. Les évêques reparaissent depuis 1818 jusqu’en 1866, où Renvenuto Monzon y Marlins est transféré à Grenade. Mais alors survient une autre lacune de vingt années ; le siège est abandonné ; les Indiens qu’on avait eu tant de peine à christianiser retournent à leurs pratiques idolâtriques. Un archevêque (immédiatement soumis au saint-siège depuis la création de la république dominicaine ) a été donné à ce diocèse en 1885.

Les catholiques de ces pays se divisent en deux classes : les blancs, presque tous imbus des idées voltairiennes, attachés à la franc-maçonnerie, et les gens de couleur qui sont remplis d’orgueil et croient faire grand honneur à Dieu par l’accomplissement de quelques pratiques religieuses. Ces pratiques, d’ailleurs, sont mêlées de beaucoup de superstition, soit restes de l’ancienne idolâtrie des habitants, soit fruits de sectes secrètes qui font parmi les noirs de nombreux prosélytes et ressemblent assez aux assemblées des sorciers et des sabbats. Cette indication s’applique non seulement à la république dominicaine, mais à sa sœur voisine, celle de Haïti.

Haïti a une circonscription ecclésiastique mieux organisée, nous y trouvons un archevêché dont la juridiction s’étend sur toute la république, et quatre diocèses qui se partagent l’Ile. Pie IX a créé ces évêchés par autant de bulles qui ont été données le 3 octobre 1861, déterminant les limites des différents diocèses conformément aux divisions administratives de l’île. Ces diocèses n’ont pas d’histoire puisque leur création est si récente, mais ils offrent une particularité intéressante. Le séminaire d’Haïti ne se trouve point dans cette île, mais en Rretagne, dans le diocèse de Vannes ; ce sont aussi des Français qui sont à la tête de tous les diocèses, sauf celui de Port-au-Prince, où M9 r Tonti, délégué apostolique, a voulu être archevêque sans cesser d’être délégué.

L’érection de ces diocèses a eu lieu à la suite d’un concordat de Pie IX avec la république d’Haïti qui date de 1860. En voici le premier article : « La religion catholique, apostolique et romaine, qui est la religion de la grande majorité des Haïtiens, sera, elle et ses ministres, protégée d’une manière particulière dans la république d’Haïti et jouira des droits et attributions qui lui sont propres. Les archevêques et évêques seront libres d’exercer dans le gouvernement de leurs églises tout ce qui rentre dans les attributions de leur ministère paroissial, selon les règles canoniques. » L’article 3 du même concordat déclare que le gouvernement de la république s’oblige à fournir et à conserver aux archevêques et évêques une allocation convenable sur les fonds du trésor public. Cette allocation est de 15000 francs pour l’archevêque, de 10000 francs pour les évêques, mais le gouvernement ne met point toute la ponctualité désirable à remplir ses engagements.

Le diocèse de Port-au-Prince, métropole de toute l’île, possède 1 collège et 21 écoles catholiques. Ces chiffres montrent qu’une grande partie de la population échappe à l’action de l’Église et que l’instruction chrétienne fait beaucoup trop défaut. Le diocèse de Les (’.aies possède aussi 1 collège et 16 écoles catholiques ; celui de Gonaïve, 10 écoles avec une population de I 620 élèves.

Les fréquents changements de pouvoirs dans l’Ile de Haïti et les révolutions qui en sont la conséquence sont loin d’avoir été favorables au développement et au main-