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AMÉRIQUE (ÉTATS-UNIS D 1). CATHOLICISME


les possessions anglaises, et celui de Nesqually, dans les États-Unis. En même temps, Saint-Louis fut érigé en métropole avec Dubuque, Nashville, Chicago et Milwaukee pour sulîragants. Le sixième concile (1816) se composait déjà de vingt-trois évêques ; il obtint la formation des évêchés de Butl’alo et d’Albany dans l’État de New-York, de Cleveland dans l’Ohio. A l’occasion du septième concile, Rome crut devoir fortifier la hiérarchie par l’établissement de trois nouvelles provinces ecclésiastiques : celle de la Nouvelle-Orléans qui comprit les diocèses de Mobile, Natchez, Little-Rock et Gaiveston ; celle de Cincinnati avec Louisville, Détroit, Vincennes et Cleveland pour sulîragants ; celle de New— York composée des évêchés de Boston, Hartford, Albany et Buffalo. En outre, de nouveaux sièges furent ajoutés à ceux qui existaient déjà : ceux de Savannah et de Wheeling dans la province de Baltimore et celui de SaintPaul dans le Minnesota ; ce dernier eut pour premier titulaire M’J r Crétin, missionnaire français. En 1845, après la bataille de Santa-Anna, les États-Unis s’annexèrent le Texas, c’est-à-dire un territoire équivalent à peu près à l’Autriche, à l’Italie et à la Suisse réunies. Cf. Fiske, p. 333. Le traité de la Guadeloupe (1848), qui mit fin à la guerre du Mexique, y ajouta encore les provinces de la Californie et du Nouveau-Mexique et plusieurs autres États adjacents qui surpassent en étendue l’Allemagne, la France et l’Espagne. L’Église dut donc prendre possession de ces champs immenses fécondés autrefois par les missionnaires espagnols, mais retombés en friche depuis longtemps. Elle en forma trois vicariats apostoliques : celui du Texas (1841) sous l’administration de Ma 1 Timon, lazariste français ; celui du Nouveau-Mexique (1848) confié à M3 r Lamy, lui aussi d’origine française ; et celui du territoire indien qui s’étendait, depuis les frontières de l’Arkansas et du Missouri jusqu’aux montagnes Bocheuses, sur tout le territoire occupé actuellement par les États des deux Dakotas, de Nébraska, de Kansas, de Colorado, de Wyoming et de Montana. M9>" Alemani, dominicain espagnol, fut nommé au siège épiscopal de Monterey en Californie. Ce prodigieux développement de la juridiction ecclésiastique ne put se réaliser sans d’héroïques labeurs. Plusieurs ouvriers évangéliques moururent à la tâche, victimes de leur zèle. La pénurie de prêtres et le manque de ressources matérielles forcèrent la plupart des évêques de ces contrées à aller solliciter en Europe des vocations et des secours pécuniaires. Dans ces circonstances difficiles, l’œuvre de la Propagation de la foi rendit d’immenses services à l’Église américaine. Jusqu’à ce jour, elle a distribué aux différents diocèses des États-Unis près de vingt-cinq millions de francs. D’autre part, à chaque assemblée de l’épiscopat, la discipline ecclésiastique se fortifiait par une législation sage et progressive. Grâce à la direction des pasteurs, la vie catholique des fidèles s’accentuait davantage en face des dangers qui la menaçaient.

Le mouvement d’Oxford fil sentir son influence jusqu’en Amérique ; malgré les attaques dont le catholicisme y était l’objet, de brillantes intelligences vinrent chercher dans son sein la paix et la lumière : Brownson, célèbre philosophe et publiciste, Ilecker, le futur fondateur de l’ordre des paulistes, Walworth, fils du chancelier de l’État de New-York, embrassèrent à cette époque la foi romaine. Les forces catholiques des Etats-Unis apparurent surtout au premier concile national tenu en 185’2, à Baltimore, sous la présidence de Mu r Kenrick, que ses ouvrages de controverse et de théologie ont placé au premier rang parmi les prélats américains : cinq archevêques et vingt-quatre évêques firent partie de cette imposante assemblée. En même temps, des cathédrales se construisaient dans divers diocèses ; des séminaires s’ouvraient à Troy et à Cincinnati ; les synodes diocésains et les conciles provinciaux se succédaient dans

l’est et dans l’ouest. De nouveaux sièges étaient créés, surtout dans les parties de l’Union où se portait de préférence l’immigration ; on peut citer celui de Brooklyn dans l’État de New-York, celui de Newark dans le NewJersey, celui de Burlington dans le Vermont, celui de Fort-VVayne dans l’Ohio, et celui de Quincy dans le sud de l’Illinois. Les vicariats apostoliques de Nébraska dans les Dakotas et de Marysville dans la Californie facilitèrent l’évangélisation de ces régions reculées. C’est ainsi que l’Église s’affermissait de plus en plus dans la république américaine. La guerre de Sécession (18611866) fut pour elle une nouvelle épreuve. Elle eut beaucoup à souffrir dans les États du sud et de l’ouest transformés en champ de bataille. Mais grâce au puissant courant de vie catholique que les conciles avaient fait circuler sur toute l’étendue du territoire, son unité n’en devint que plus forte. Divisés en politique, les fidèles restèrent attachés à leurs évêques au point de vue religieux. Au milieu des armées, dans les prisons et dans les hôpitaux, les prêtres et les religieuses, sans distinction de partis, montrèrent un dévouement qui conquit à l’Église catholique le respect unanime de la nation. Le gouvernement de Washington ne craignit même pas d’envoyer en Europe l’archevêque de New-York, Ma r Hughes, pour plaider auprès des gouvernements les intérêts de la république. Après la guerre de Sécession, en face des divisions politiques du pays et de la désorganisation des diverses communions religieuses, l’Église sentit encore une fois le besoin de faire, pour ainsi dire, le dénombrement de ses forces avant de se lancer dans de nouvelles œuvres. Avec l’approbation de Pie IX, Mor Spalding, successeur de M f J r Kenrick sur le siège de Baltimore, convoqua le second concile national. « Il faut, disait-il dans sa lettre aux évêques, que l’Église présente à la nation son indestructible unité ; elle doit aviser aux mesures à prendre dans la phase nouvelle qui commence pour la vie nationale ; elle doit pourvoir aux besoins de quatre millions de nègres qui se trouvent jetés sur ses bras ; il lui reste enfin à compléter sa discipline. » En réponse à cette invitation, le 7 octobre 1866, sept archevêques, trente-huit évêques, trois abbés mitres et cent vingt théologiens s’assemblèrent dans la cathédrale de Baltimore. Quelque imposante que fût cette hiérarchie, le concile jugea nécessaire de demander au souverain pontife qu’il la fortifiât encore en accordant le titre de métropolitains aux évêques de Philadelphie et de Milwaukee. Il obtint en même temps l’érection des sièges de Wilmington dans le Delaware, de Scranton et d’Harrisburg dans la Pensylvanie, de Green-Bay et de Lacrosse dans le Wisconsin, d’Omaha dans le Nébraska, de Saint-Joseph dans le Missouri, de Colombus dans l’Ohio, de Grand-Valley dans la Californie et de Rochester dans l’État de New-York. Il faut ajouter à ces résultats du concile la création des vicariats apostoliques de la Caroline du. Nord, de Montana, de l’Arizona et du Colorado. Cf. les actes du concile et l’ouvrage du P. Smith sur le second concile national de Baltimore, New-York, 1880. L’Église avait vraiment pris racine dans le pays ; elle pouvait dès lors s’y épanouir : ce sera la troisième phase de son histoire.

IV. Épanouissement du catholicisme aux ÉtatsUnis (1866-1900). — Il ne peut entrer dans le plan de cet article de décrire en détail tous les événements de l’histoire ecclésiastique des États-Unis depuis le second concile national (-1866). Il suffira de mentionner les principaux faits qui marquent le constant progrès du catholicisme dans la république américaine. La nomination de l’archevêque de New— York au cardinalat, en 1875, fut comme le couronnement de celle hiérarchie qui, depuis inoins d’un siècle, s’était si fortement constituée. A la même époque, Boston, Milwaukee, Philadelphie et SantaFé furent élevées au rang d’églises métropolitaines. La multiplication prodigieuse des fidèles et du clergé, le