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AMÉRIQUE (ÉTATS-UNIS D’). CATHOLICISME


péril, non moins grave, paraissait à l’horizon : l’ingérence étrangère dans les affaires de l’Église américaine, principalement en ce qui concernait la nomination des évêques. Cf. O’Gorman, p. 304. Mar Maréchal obtint du souverain pontife, pour les évêques, le droit de présenter les candidats aptes à l’épiscopat. Il délivrait ainsi l’Église d’Amérique du contrôle indu des États européens, pour ne la rendre dépendante que de Rome, et fortifier ses membres dans leur attachement à l’Église catholique romaine, comme dans leur dévouement à leur patrie américaine. Voir plus bas. Grand administrateur, apôtre infatigable, Ma’Maréchal eut la consolation de voir le souverain pontife reconnaître, par la création de nouveaux sièges, l’extension du catholicisme au Nouveau Monde. Les deux Carolines et la Géorgie formèrent le vaste diocèse de Charleston, que Rome confia à M’J r England, un des plus remarquables prélats des États-Unis par l’étendue de son savoir, l’activité de son zèle et l’influence qu’il exerça sur les conciles de cette époque ; l’Alabama et la Floride constituèrent, en 1822, un vicariat apostolique sous l’administration de Ma r Potier, lazariste ; la Louisiane fut divisée en deux grands diocèses : celui de la Nouvelle-Orléans et celui de Saint-Louis. Ma r Maréchal mourut en 1828, et eut pour successeur Mo r Whittfield, d’origine anglaise, ancien élève du séminaire de Lyon. Pour réaliser le projet de son prédécesseur, le nouvel évêque de Baltimore convoqua dans sa ville épiscopale le premier concile provincial (1829) ; six évêques s’y trouvèrent réunis. La lettre collective des Pères de cette assemblée au souverain pontife est un témoignage authentique des progrès de l’Église aux États-Unis. « Dieu nous a bénis, disaient-ils. Six séminaires, neuf collèges, trente monastères de femmes, plusieurs ordres religieux d’hommes ; voilà notre gloire et notre consolation ! » Ici se termine la première phase de l’Église américaine, justement appelée l’époque de son établissement et de son organisation.

Pour cette période, outre les ouvrages plus étendus mentionnés à la fin de l’article, voir M »’Baylay, A bricf sketch of the early history of the catholic Church, Baltimore, 1874 ; Memoirs of right Bev. G. Brute, Baltimore, 1870 ; Campbell, Life and times of Arch. Carroll, Baltimore, 1860 ; Hamon, Vie du cardinal de Cheverus ; Desgeorges, Vie de M e’Flaget, évêque de Bardstown, Paris, 1855 ; Brownson, Life of Prince Galitzin, New —York, 1873 ; Statuta synodi Bail im or en sis, anno 1791 celebrata, reproduits dans la collection des conciles de 1829 à 1840 ; Gil Mary Shea, Life and times of Arch. Carroll, 2 vol., New— York, 1880 ; Brent, Historical sketches of Arch. Carroll, Baltimore, 1843 ; Spalding, Sketches of early catholic missions in Kentucky, Louisville, 1870.

III. Affermissement du catholicisme aux États-Unis. — Après les guerres de Napoléon et avec la paix de 1815, les États-Unis entrèrent dans une période de progrès et de prospérité qui ne fut pas sans inlluence sur le développement de l’Église catholique, mais qui l’exposa à de nouveaux dangers. Depuis la formation du gouvernement fédéral, quarante ans avaient suffi pour faire monter à treize millions d’âmes la population du pays. Cf. Fiske, History of the United States, New— York, 1897, p. 304. De nouveaux États avaient été créés dans le vaste territoire qui s’étend entre les montagnes de l’est et le Mississipi. Une nation nouvelle, pour ainsi dire, s’était développée dans l’ouest. L’immigration européenne, surtout irlandaise, commençait à verser ses flots pressés sur le nouveau continent, au point d’exciter la jalousie des descendants des premiers colons anglais et puritains. Ce fut l’origine du mouvement connu sous le nom de Native Americanism. Dirigé d’abord contre les étrangers, il devint bientôt, sous l’influence des préjugés religieux, une opposition systématique au catholicisme, considéré comme antinational. Cf. O’Gorman, p. 341. Sous le spécieux prétexte de patriotisme, une véritable persécution sévit contre les catholiques. On tenta de les exclure des

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charges civiles. A Philadelphie, en 1843, des églises furent détruites et le sang coula ; à Boston, en 1844, le couvent des ursulines fut livré aux flammes et la ville menacée de guerre civile ; la même année, New-York n’échappa qu’à grand’peine à de sanglantes collisions. Une presse haineuse répandait partout les soupçons et les calomnies. La question des écoles, très agitée à cette époque et toujours restée depuis lors un problème difficile à résoudre, surexcitait encore davantage les sentiments anticatholiques de la population protestante. Voir plus bas. L’Eglise se trouvait sérieusement menacée dans son existence sociale ; elle avait besoin de réunir toutes ses forces contre les dangers, sans cesser pour autant de se développer au milieu du prodigieux accroissement de la nation. Telles furent les raisons d’une série de conciles provinciaux dont le salutaire écho alla se répercuter dans de nombreux synodes diocésains, et qui contribuèrent puissamment à l’affermissement de l’Eglise américaine en ces temps troublés. Il suffira de faire ici la simple nomenclature de ces assemblées législatives de l’épiscopat américain. Le second concile provincial se tint en 1833. Cf. Conciliaprovincialia habitaabanno 1829 usque ad annum 1840, Baltimore, 1892. La hiérarchie se composait alors de douze évêques, parmi lesquels on comptait six Français, et de trois cent huit ecclésiastiques, dont soixante-dix d’origine française. C’est dans cette réunion de prélats que fut adopté, avec l’approbation de Borne, un mode de nomination des évêques complété, en 1884, par les décrets du troisième concile national. Voir plus bas. Les Pères du concile crurent devoir prémunir officiellement les fidèles contre la presse anticatholique qui commençait à répandre ses préjugés dans la nation. Avant de se séparer, ils demandèrent à Borne la création des diocèses de Vincennes, et de Détroit. Le diocèse de Vincennes, détaché de celui de Louisville ou de Bardstown, devait embrasser l’État d’Indiana et la partie est de l’Ulinois ; il fut confié à Ma r Brute, prêtre de Saint— Sulpice, qui avait accompagné M’J r Flaget en Amérique, en 1808. Cf. Baylay, Memoirs of right Ret. Brute. Plusieurs évêques français comme Mar de la Hailandière (1839), Mgr Bazin (1847), Ma’de Saint-Palais (1849), ont occupé ce siège épiscopal. C’est dans ce diocèse qu’un jeune prêtre de la congrégation de Sainte-Croix du Mans, le P. Sorin, vint ouvrir, en 1842, une école qui est devenue depuis lors la florissante université catholique de Notre-Dame. Cf. Silver Jubilee of the University ofN.-D. lndiana, 1892. Le diocèse de Détroit dans l’État de Michigan, théâtre classique des missions françaises au xviie siècle, fut longtemps administré par le P. Badin, premier élève de Saint-Sulpice ordonné en Amérique. De 1833 à 1849, se tinrent à Baltimore six conciles provinciaux, sous la présidence de Mar Eccleston. Chacune de ces assemblées demanda à Borne l’érection de nouveaux sièges. Au troisième concile (1839) correspond la création par Grégoire XVI des évêchés de Pittsburg en Pensylvanie, cf. Lambing, History of the diocèse of Pittsburg, Pittsburg, 1860 ; de Nashville dans le Tennessee, et de Dubuque dans ITowa. Au quatrième concile (1840), les Pères sollicitèrent et obtinrent la création de l’évêché de Natchez dans l’État du Mississipi : il fut confié à Mar Chance, de la société de Saint-Sulpice. Cf. Janssens, History of the catholic Church in the city of Natchez, New— York. A la suite du cinquième concile (1843), le souverain pontife érigea les sièges épiscopaux de Little-Rock dans la partie ouest de l’Arkansas, de Chicago dans l’Ulinois, de Milwaukee dans le Wisconsin, de Hartford dans le Connecticut, et confia au zèle de Ma r Blanchet le vicariat apostolique de l’Orégon qui s’étendait au sud jusqu’à la Californie mexicaine, au nord jusqu’à la province russe d’Alaska, à l’est jusqu’aux montagnes Bocheuses. L’année suivante, la ville d’Orégon devint la capitale d’une province ecclésiastique composée de deux diocèses : celui de Vancouver, dans

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