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AMERIQUE (ÉTATS-UNIS D’). CATHOLICISME — 1056

, au commencement de la Révolution, pour servir l’Eglise dans son propre pays. Cinq ans après, en 1789, le souverain pontife le plaçait sur le premier siège episcopal des États-Unis, en le nommant évêque de Baltimore. L’Eglise américaine se trouvait ainsi hiérarchiquement établie, au moment même où se constituait le gouvernement de l’Union, sous la présidence de Washington, ami personnel de Ma 1’Carroll. Il y avait alors au Marykmd vingt-cinq prêtres, avec une population d’environ 20000 catholiques. La Pensylvanie comptait 800 fidèles ; l’État de New-York, 1 500 ; les États du nord en possédaient à peine quelques centaines : on pouvait évaluer à 30000 le nombre total des catholiques disséminés dans les États-Unis. Le diocèse de Baltimore comprenait en étendue les treize États primitifs, à savoir : la Géorgie, les deux Carolines, la Virginie, le Maryland, le Delaware, New-Jersey, la Pensylvanie, New-York, le Connecticut, Rhode-Island, le Massachussetts et le NewIlampshire. Il faut y joindre toutes les provinces à l’est du Mississipi, excepté la Nouvelle-Orléans et la Floride, qui se trouvaient encore sous la juridiction de l’évêque de la Havane, et quelques districts des environs de Détroit, qui dépendaient de l’évêché de Québec. Cf. O’Gorman, p. 276. Le collège de Georgetown, fondé en 1786 par les jésuites, était la seule institution que l’Église possédât à ce moment. Elle n’avait encore ni écoles paroissiales proprement dites, ni pensionnats de filles, ni séminaires, ni hôpitaux, ni établissements de charité. II. Organisation du catholicisme aux États-Unis (1789-1829). — Un des premiers soins de Mo r Carroll fut de former un clergé indigène. Aussi accepta-t-il volontiers l’oll’re que lui fit M. Émery, supérieur général de Saint-Sulpice, de fonder un séminaire dans sa ville épiscopale (1790). Cette première maison sulpicienne est devenue depuis lors une source abondante de vie catholique aux États-Unis. Cf. Mémorial volume of the centenary of the Seminary of St. Sulpice, Baltimore, 1891. Peu après, en 1791, Ms’Carroll convoqua à Baltimore le premier synode américain. Il se composait de vingt-cinq prêtres de cinq nationalités différentes. Dans ce petit sénat de l’Église américaine, s’élaborèrent les premiers éléments de discipline ecclésiastique et se traita l’importante question de l’entretien volontaire du clergé par les fidèles. Cependant la foi grandissait. Les Pères jésuites, dont Pie VII, par la bulle Catholic.se fidei, venait de reconstituer la Société (1801), reprenaient leur collège de Georgetown devenu aujourd’hui une université. Cf. History of Georgetown Collège, Washington, 1876. En 1809, le P. Dubois, prêtre de Saint-Sulpice, plus tard évêque de New-York, ouvrait à Emmitsburg, près de Baltimore, un collège qui a été justement appelé « une pépinière d’évêques » à cause du nombre considérable de prélats qui y reçurent leur première éducation cléricale. Vers la même époque, les dominicains s’établissaient au Kentucky ; les augustiniens, à Philadelphie ; les carmélites belges formaient à Baltimore la première communauté de femmes ; en 1792, les clarisses, chassées de France, s’expatriaient aux États-Unis ; quelques années après, l’ordre de la Visitation s’implantait à Washington, et M me Seton ; protestante convertie, donnait naissance. ! la Congrégation des Sœurs de charité américaines. Voir White, Vie de M me Selon, 2 volumes, traduction de M iii,’de Barberey. Les sulpiciens, de leur côté, se prêtaient aux nécessités impérieuses des temps et se répandaient dans le Maryland, chez les Indiens du Maine et dans le nord-ouest des États-Unis pour s’y livrer aux missions. f, e champ de l’évangélisation s’étendait rapidement. En 1797, Alhany, future capitale de l’État de New-York et ancien théâtre des missions iroquoises, possédait sa première église ; le I’. Matignon, jadis professeur de Sorbonne, et M. de Cheverus, le futur cardinal-archevêque de Bordeaux, s’efforçaient de faire pénétrer la foi dans la Nouvelle-Angleterre, au centre même du protes tantisme ; le P. Badin, premier prêtre ordonné au séminaire de Baltimore, visitait la vallée du Mississipi ; le 1’. de Galitzin, prince russe converti et membre de la société de Saint-Sulpice. devenait l’apôtre de la région des Alléghanies, tandis que M. Richard, de la même compagnie, parcourait l’Indiana, l’Ohio et le Michigan pour ranimer la foi chez les Indiens et les colons français. La Louisiane, annexée aux Etats-Unis en 1803, agrandit encore, comme on l’a vu plus haut, l’immense diocèse de Baltimore à l’ouest du Mississipi. Aussi devintil nécessaire de demander à Rome l’érection de nouveaux sièges. Pie VII, en 1808, créa la province ecclésiastique de Baltimore avec quatre évêchés suffragants : New-York, Philadelphie, Boston et Bardstown.

Le diocèse de New— York comprit l’État de New— York et la partie orientale de New-Jersey ; le diocèse de Philadelphie était composé de la Pensylvalnie et du Delaware ; les provinces de Massachussetts, New-Hampshire, Connecticut, Rhode-Island et Vermont formaient le diocèse de Boston ; enfin, au diocèse de Bardstown se rattachaient le Kentucky et le Tennessee et les territoires du nord-ouest. Baltimore conservait la Virginie, les Carolines et la Géorgie ; la Louisiane fut confiée à Mv Dubourg, d’abord comme administrateur apostolique, puis comme évêque (1815). Les prélats placés à la tête de ces vastes districts ont été appelés ajuste titre, avec M9 r Carroll, les Pères de l’Église américaine. Ms r de Cheverus, à Boston, M9 r Dubois, à New-York, Mfl r Flaget, à Bardstown, M9 r Egan, à Philadelphie, et M9 r Dubourg, à la Nouvelle-Orléans, ouvrent glorieusement la liste de sa puissante hiérarchie. Sous l’épiscopat de M9 r Dubourg ; les Pères lazaristes fondèrent un séminaire dans son diocèse et M me Duchesnes ouvrit, près de la NouvelleOrléans, le premier couvent américain des Dames du Sacré-Cœur. C’est aussi à Ua T Dubourg qu’est du indirectement l’établissement de la Propagation de la foi. Le plan qu’il forma, à son passage à Lyon, de retour de Rome, en 1815, d’une association de dames pour subvenir aux besoins de son vaste diocèse, fut, en effet, l’occasion de cette œuvre. Cf. Baunard, Vie de M me Duc/iesnes ; Annales de_ la Propagation de la foi, t. i ; vicomte de Meaux, L’Eglise et la liberté aux Etats-Unis, Paris, 1893, p. 21-3. Tels furent les premiers progrès de l’Église catholique. Mo r Carroll mourut en 1815. Fécond avait été son épiscopat. Le clergé de l’archidiocôse de Baltimore comptait plus de cent prêtres. Son successeur, M9’Neale, de la Compagnie de Jésus, ne lui survécut que deux ans, et fut remplacé par Ma r Maréchal, prêtre de Saint-Sulpice. Grâce à son énergie, ce prélat, que l’on a justement comparé à Mo ? Carroll, pour son patriotisme, put arrêter, du moins dans une large mesure, un mouvement d’indiscipline qui se produisait parmi certains catholiques et menaçait l’Église naissante. Sous l’influence de la Révolution et, sans doute, au contact du protestantisme, les commissions laïques des Trustées les églises — ces commissions correspondaient à peu près aux conseils de fabrique en France — plus ou moins secondées par quelques prêtres ou religieux turbulents, prétendaient avoir le droit, comme dans les sectes protestantes, de fonder des églises, de choisir et dénommer les pasteurs sans l’assentiment de l’évêque et, au besoin, contre son gré ; elles s’attribuaient l’administration complète des propriétés ecclésiastiques et virtuellement la direction des paroisses. Commencée à New-York, cette agitation tendait, à prendre l’allure d’une révolte ouverte contre l’autorité religieuse. On la vit s’accentuer à Philadelphie où, sous l’épiscopat de M’J r Egan, elle suscita un schisme assez prolongé ; à Norfolk, en Virginie, à Charleston, dans les Carolines, à la Nouvelle-Orléans, dans la Louisiane, plus tard à Buflalo, dans l’État de New-York. Mo r Maréchal en obtint la condamnation par le bref Non sine magno du pape Pie VIL Cf. vicomte de Meaux, op. cit., p. 273-291. Un autre