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AMÉRIQUE (ÉTATS-UNIS D’). CATHOLICISME

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des Hurons ; M » ’de Québec, Mission du séminaire de Québec chez les Illinois, Québec, 1819 ; Relation du P. Bressani, Montréal, 1852 ; Hanley, Earlij chapters of Mowak’s History, New-York ; — 3’pour les missions du sud et en particulier de la Louisiane, de Montigny, S. J., Relation de la mission du Mississipi en 1100, New-York, 1861 ; Tranchepain, Relation du voyage des premières Ursulines à la Nouvelle-Orléans, New-York, 1859 ; Marquette, Voyages et découverte de quelques pays et nations de l’Amérique du Nord ; Shea, Discovery of thaMississipi Valley, New— York, 1852 : Fd., Vie du P. Ma r quelle ; Le Page du Pratz, Histoire de la Louisiane, Paris, 1758.

IV. En général, voir Lofiteau, S. J., Mœurs des sauvages américains, Paris, 1724 ; de CharIevoix, S. J., Histoire et description générale de la Nouvelle-France, Paris, 1744 ; Bancroft, Histoire de l’Amérique, traduction de M 1 " Gotti deGamond, Paris, 1361 ; P. Margry, Découvertes et établissements des Français dans l’ouest et le sud de l’Amérique septentrionale, de 1614 à 1698, Paris, 1879 ; C. Leclerc, Établissement de la foi dans la Nouvelle-France, Paris, 1690 ; O’Gorman, Roman catholics, New-York, 1895 ; Shea, History of the catholic missions among the Indians tribues ofthe United-States, New-York, 1860.

La naissance du catholicisme dans les possessions anglaises date de la colonisation du Maryland au xvn e siècle. Déjà en 1584, quelques catholiques anglais étaient venus s’établir dans le Maine pour échapper aux persécutions religieuses de leur pays. Un second essai de colonisation catholique avait eu lieu en 1605, sous le patronage de lord Arundel de Wardour, et un troisième en 1617. Aucune de ces tentatives n’avait pu réussir. Enfin, en 1634, le 25 mars, jour de l’Annonciation, lord Cécil Baltimore, héritier de lordCalvert, à qui Jacques I er avait fait des concessions de terre sur le nouveau continent, aborda avec deux petits vaisseaux l’Arche et la Colombe au point où le (leuve Potomac se jette dans la baie de Cheasepeake. Deux jésuites, les Pères White et Altham, accompagnaient les colons. Le pays où se fixèrent ces nobles exilés reçut le nom de Maryland (terre de Marie) en l’honneur de Henriette-Marie de France, reine d’Angleterre, ou, selon quelques historiens, en l’honneur de Marie, reine du ciel. La première chapelle où se célébrèrent les saints mystères fut la pauvre hutte du P. White, que son zèle pour la conversion des Indiens Paskatoways et Patuxents a rendu le digne émule des apôtres français et espagnols.

Dès le début, le fondateur de la colonie affirma par deux actes importants les conditions auxquelles il croyait pouvoir assurer la paix religieuse sur la terre marylandaise. Partisan sincère de la liberté, qu’il était venu chercher avec ses colons sur la terre d’exil, il offrit une large hospitalité aux puritains persécutés de la Virginie et aux quakers chassés de la Nouvelle — Angleterre. D’autre part, pour éviter des conflits et des jalousies dont le catholicisme aurait souffert, il laissa aux missionnaires le soin de pourvoir eux-mêmes aux frais du culte sans subventions du gouvernement, tout en leur reconnaissant, comme aux autres colons, le droit d’acquérir des domaines d’où ils pourraient retirer un revenu suffisant pour leur entretien personnel et pour leurs œuvres. La liberté des cultes et une certaine indépendance du clergé vis-à-vis de l’Etat s’imposaient dans une société composée de tant d’éléments religieux divers, alors que partout ailleurs l’intolérance faisait de si nombreuses victimes.

Sous ce régime inauguré par la colonie catholique et imité plus tard par la Pensylvanie, tout semblait promettre un rapide développement des missions. L’opposition des protestants de la Virginie au gouvernement de lord Baltimore en 1645 et la persécution qu’ils soulevèrent contre les catholiques faillirent anéantir toute espérance. Pas un prêtre ne fut laissé dans le Maryland. Cf. O’Gorman, p. 132. Lorsque vers la fin de l’année 1646, lord Léonard Calvert eut recouvré ses possessions, les jésuites se remirent à l’œuvre et, en 1649, l’assemblée législative du Maryland proclama solennellement la liberté de conscience. Mais cinq ans s’étaient à peine

écoulés que Clayborne, gouverneur de Virginie, ennemi personnel de lord Baltimore, envahit de nouveau le Maryland en accusant la colonie d’être restée fidèle au roi Charles I er détrôné par Cromwell. La liberté religieuse fut officiellement abolie et la persécution recommença. L’orage pourtant ne fut que transitoire comme la Dévolution d’Angleterre. En 1660, Charles II rétablit lord Baltimore dans ses droits et, pour la troisième fois, la liberté reparut sur les bords de la baie Cheasepeake. Pendant trente ans, rien ne troubla la paix religieuse dans la province marylandaise. Les missionnaires, à la recherche des âmes, se dispersèrent dans les colonies voisines. On les trouve en 1674 à New-York, où ils fondent la première école catholique anglaise sur le continent américain ; deux ans plus tard, sur les terres de Long-Island et de New-Jersey ; en 1681, dans la Pensylvanie. Sous Jacques II, en 1685, l’Angleterre reçut comme vicaire apostolique le premier évêque catholique qui y fut établi depuis le règne d’Elisabeth. Tout promettait donc l’épanouissement du catholicisme dans les colonies anglaises, désormais placées sous sa juridiction. L’espérance fut de courte durée. L’avènement au trône de Guillaume d’Orange, en 1688, inaugura une longue période d’intolérance religieuse. Des lois violentes furent portées contre l’Église. Le bannissement des prêtres, l’inéligibilité des citoyens catholiques aux charges de l’État, les amendes pour ceux qui donnaient asile aux jésuites constituèrent dès cette époque un système de proscriptions, qui se prolongea plus ou moins jusqu’à la Dévolution des colonies en 1775. Cf. l’article suivant. En 1755, quelques malheureux Acadiens, bannis de leur patrie par les protestants anglais, trouvèrent un refuge parmi les fidèles persécutés de Baltimore et formèrent dans cette ville, récemment fondée, la première paroisse catholique des États-Unis. Gil-Mary Shea, The catholic Church in colonial daijs, c. iv, p. 421-440 ; l’abbé Casgrain, Les sulpiciens en Acadie, p..412. Il y avait à cette époque quatorze Pères dans les missions du Maryland, de la Pensylvanie et de New— York. Les catholiques dispersés sur cette vaste étendue de territoire étaient au nombre d’environ 15 000, sur une population totale de trois millions d’àmes. Quelques modestes chapelles, construites çà et là, à de grandes distances, servaient de lieux de réunion aux pauvres fidèles. North American Review, janvier 1876. En 1773, quand la Société de Jésus fut supprimée, les Pères missionnaires sécularisés formèrent, avec quelques autres prêtres, le premier clergé paroissial de l’Amérique anglaise. Tel était le catholicisme aux États-Unis, il y a cent cinquante ans. Cf. Catholic world, t. xiil.

Sous des influences multiples, la Dévolution qui sépara les colonies de l’Angleterre (1775-1789) opéra un heureux changement. Le sixième article de la Convention de Philadelphie, en 1787, et le premier amendement de la constitution proposé par le Congrès national, en 1789, d’après lesquels le gouvernement des États-Unis s’engageait à ne jamais mettre obstacle au libre exercice de la religion, donnèrent à l’Église catholique comme une existence officielle. Laissée à toute sa force native d’expansion, dans cette société mixte de l’Amérique où se rencontrent les éléments les plus divers de nationalités et de religions, elle put désormais se livrer, sinon sans crainte, du moins avec espérance, à sa divine mission. Pendant la guerre de l’Indépendance, les relations des catholiques avec le vicaire apostolique de Londres étaient devenues difficiles. Le clergé américain comprit qu’il devait avoir son gouvernement propre. En 1784, à la suite d’une pétition adressée à la cour de Dôme, Pie VI nomma le P. Carroll préfet apostolique. Né en 1735, dans le Maryland, il avait été envoyé dès son jeune âge au collège catholique anglais de Saint-Omer. Entré après ses études classiques dans la Société de Jésus, il retourna en Amérique, en