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AMENDOLIA — AMÉRICANISME

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prselatorum inferiorum, De potestate et of/icin parocliorum, De confessariis, eorttm obligationibus et requisitis, etc., in-4o, Naples, 1705, p. 8, 575, dont les 409 premières sont à deux colonnes, et 25 pages pour les tables. Au sujet de l’infaillibilité pontificale il est intéressant de remarquer que cet auteur, s’il ne l’admet pas au sens strict du mot, accorde au pontife romain une assistance du Saint-Esprit qui équivaut à l’infaillibilité. Angeli Zavarroni, Bibliot. Calabra, Naples, 1753.

P. Edouard d’Alençon.

AMÉRICANISME. Il faut se rappeler les origines de la civilisation américaine du Nord pour apprécier exactement les deux tendances qui constituent comme la double caractéristique dominante des mœurs des États-Unis : tendance « naturaliste » et tendance « libérale ». La passion de l’Américain pour la liberté individuelle n’a d’égal que son âpre aspiration vers l’idéal de bienêtre temporel que semble offrir à la vie présente l’exploitation illimitée des énergies naturelles de l’homme et du monde matériel. Ce peuple n’a reçu à son berceau ni le baptême de la foi chrétienne, ni le frein salutaire d’aucune forte autorité sociale : de là chez lui une conception de la vie pratique, qui devait l’entraîner aux inévitables exagérations d’un égoïsme tout positiviste et d’une sorte de répugnance chronique pour tous les genres d’autorité, intellectuelle, morale, politique. Pour mettre une digue à ce courant, c’était trop peu de la religiosité composite qu’il a reçue des sectes dissidentes sans nombre qui ont, au hasard de l’immigration, implanté les variétés infinies de leurs dogmes et de leurs morales aux quatre points cardinaux de l’Amérique septentrionale. Il est certain que l’influence prépondérante du protestantisme, religion incapable radicalement de produire les vertus qui font l’homme parfait tel que le veut réaliser la providence créatrice et rédemptrice de Dieu, n’a pu apporter, et n’a apporté en fait jusqu’à présent, qu’une atténuation assez superficielle au culte quelque peu excessif qu’on professe aux États-Unis pour la nature et la liberté.

Or la doctrine révélée de l’Eglise catholique enseigne : 1° la chute originelle de l’homme et la persistance du déséquilibrement intellectuel, moral, et surtout passionnel, qui en est résulté, à l’état habituel, dans les bas-fonds de sa nature : d’où nécessité de la grâce, des vertus surnaturelles, de la loi sous toutes ses formes, pour restaurer en chacun de nous, à l’image du Christ, l’humanité dégradée que nous puisons aux sources mêmes de la vie, empoisonnées par la faute de nos premiers parents ; 2° la nécessité absolue et primordiale, pour l’homme, dès son entrée dans l’ordre surnaturel, de la foi et de la grâce, pour arriver, à sa fin dernière, à l’éternel salut ; d’où prééminence, par raison de supériorité évidente a priori, et ausi à titre d’essentiel moyen de justification, de l’ordre surnaturel sur l’ordre naturel ; d’où aussi, nécessité de la compénétration harmonique, divinement voulue, des deux ordres, au double point de vue de la formation de l’intelligence par le contact de la vérité divine tout entière, et de la direction morale surnaturelle de sa conduite dans le domaine pratique de l’action.

Les missionnaires catholiques ont depuis longtemps prêché cette doctrine, toute la doctrine chrétienne, aux États-Unis. Ils l’ont prêchée assurément sans défaillante et avec succès. Personne n’ose mettre en doute la parfaite orthodoxie, théorique et pratique, des nouveaux convertis, la parfaite orthodoxie « catholique » de l’épiscopat américain et de l’enseignement public donné aux fidèles, sous sa vigilante direction.

En ces derniers temps, cependant, il s’est trouvé des prédicateurs de la foi auxquels le très louable zèle du but poursuivi a inspiré, quant aux moyens à employer, des « idées » et des « procédés » un peu trop dénués de scrupules dogmatiques. Il leur a semblé que les conversions seraient plus rapides si, pour entrer dans le sein de l’Église, les dissidents avaient moins de sacrifices à faire, moins de chères idoles à brûler ; et, comme la route est longue parfois avant la rencontre, ils ont imaginé d’économiser le labeur des égarés en invitant l’Église à faire la plus grande partie du chemin, à se montrer plus conciliante, à se laisser infuser un sang nouveau au contact de la moderne civilisation, à remiser au moins certains vieux dogmes devenus inutiles, gênants, malaisés à faire accepter, à arrondir enfin, pour la mieux faire passer, les angles de sa doctrine et de sa morale.

Ils ont rêvé un système de concessions mutuelles dont l’Église romaine, pour une large part, aurait à faire les frais, et d’où sortirait, dans un avenir prochain, la bienheureuse fusion de la foi de nos pères avec les aspirations de la civilisation moderne, dans l’apothéose finale d’un catholicisme émondé, modernisé, renouvelé, qui serait le « catholicisme américain ».

Ces rêveurs ont-ils été nombreux ? Qu’importe ! Tel au moins a été le Père P. Hecker, fondateur de la Société américaine des missionnaires paulistes ; tels aussi ceux qui ont patronné la diffusion de ses « idées » en Europe au moyen d’une traduction française paraphrasée de la « Vie du P. Hecker » originairement composée en anglais par le P. W. Elliott. De la publication de ce célèbre volume, Le Père Hecker, Paris, 1897, date, dans la controverse religieuse contemporaine, sinon comme pratique nouvelle, au moins comme formule nouvelle d’idées dites « américaines », l’apparition de Vanicricanisme, terme vague qui, en raison même de sa signification collective, échappe aux rigueurs de la définition.

Ce qu’on est convenu d’appeler américanisme n’est pas, en effet, à proprement parler, un système doctrinal, une synthèse didactique d’arguments et de conclusions d’où se dégage la physionomie d’une erreur nettement caractérisée. C’est un ensemble assez disparate d’aspirations naturalistes et libérales, plus accusées sur le terrain pratique de l’action que dans le domaine théorique des idées. Avec la plupart des écrivains qui ont critiqué Le Pire Hecker, son Introduction et sa Préface, nous retenons le mot, au sens qui vient d’être indiqué, et qui, croyons-nous, restera dans l’histoire, réserve faite de l’estime respectueuse que peuvent mériter beaucoup d’idées et de manières d’agir américaines ; car il y a un bon américanisme, excellent même, que les vieux peuples d’Europe peuvent envier à leurs frères d’outre-mer ; mais de celui-là nous n’avons pas à nous occuper ; c’est de l’autre seulement que nous parlons.

Emu des hardiesses dogmatiques du P. Hecker et de ses parrains d’Europe, non moins que du trouble causé au monde chrétien par les chaudes polémiques dont elles ont été l’occasion, Léon XIII est intervenu dans le débat par une lettre Testem benevolentiæ, du 22 janvier 1899, adressée au cardinal Gibbons, et communiquée à tous les évêques des États-Unis. Il y expose et réprouve sommairement les principales « nouveautés » chères aux partisans de l’américanisme. Nous n’avons pas à entreprendre ici la réfutation détaillée de toutes ces propositions ; on la trouvera aux différents articles de ce dictionnaire qui peuvent s’y rapporter. Qu’il nous suffise de présenter au lecteur la série brièvement résumée des plus saillantes et repréhensibles « idées » de l’américanisme, conformément au plan tracé dans la lettre de Léon XIII. <>n est prévenu que les citations latines sans indication de source sont extraites du document pontifical.

I. NOUVEL ART DE CONVERTIR.

C’est l’idée fondamentale, l’inspiration directrice de tout l’américanisme, novarum opinioffum id fere conslituitur fundamentum. Pour attirer plus facilement les dissidents à la foi catholique, l’Eglise doit se rapprocher davantage de la