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ABGAR — ABJURATION

d’Abgar et de Thaidée et les missions chrétiennes à Édesse, dans la Revue de l’histoire des religions, 1887, p. 269-283 ; W. Grimm, Die Sage vom Ursprung der Christusiilder, Berlin, 1842 ; K.C. A. Mattlies, Die edessenische Abgarsage auf ilire Fortbildung untersucht, Leipzig, 1882 ; Nestlé, dans Theologische Literaturzeitung, 1876, p. 25 ; Nuldeke, dans Literarische Centralblatt, 1876, p. 29 ; E. Renan, Deux monuments épigraphiques d’Édesse, dans le Journal asiatique, 1883, p. 246, 251 ; Rubens Duval, Histoire politique, religieuse et littéraire d’Édesse, Paris, 1891, c. v : La légende d’Abgar et les légendes gui y ont été rattachées ; A. Carrière, La légende d’Abgar dans l’histoire de Moïse de Khorène, Paris, 1895, p. 357-414 ; Ernest von Dobschiitz, Christusbilder. Vntersuchungen zur Christlichenlegende, dans Texte und Untersuchungen, nouvelle série, t. iii, Leipzig, 1899, p. 102-196. Cf. p. 158’-249 —, 281-294 ; Dictionnaire d’arcliéulogie chrétienne, t. i, col. 87-97.

.F. Pap.isot.

ABILLON (d’) André, docteur en théologie, auteur de divers ouvrages philosophiques, a publié le Triomphe de la grâce sur la nature humaine ou le concile de la grâce ou méditations théologiques sur le second concile d’Orange et l’accord admirable de ses décisions avec celles du concile de Trente, in-4°, Paris, 1645.

Glaire, Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, Paris, 1868.

V. Oblet.

AB INTRINSECO, AB EXTRINSECO. La préposition a, ab, exprimant d’ordinaire la relation qui rattache une chose à son principe, un effet à sa cause, cette locution : ab intrinseco, ab extrinseco, est employée pour indiquer la nature de cette connexion et peut se traduire « dérivé d’un principe intrinsèque ou extrinsèque ». Usité tout d’abord pour désigner le premier terme, le point de départ d’une série, le mot « principe » se dit dans un sens plus rigoureux de tout ce qui concourt à la constitution interne ou à la production d’une chose. Il devient alors synonyme de cause et se divise comme elle en intrinsèque et extrinsèque.

Par principe intrinsèque (intra, dedans), on entend le constitutif intime d’un être, et, avant tout, sa nature ou essence qui, on le sait, joue en lui le rôle de premier constitutif, base et source primordiale de toutes ses perfections. De plus, et en raison de leur étroite alliance avec l’essence dont elles dérivent, les facultés actives elles-mêmes ainsi que leurs modifications permanentes sont à leur tour considérées comme des principes intrinsèques, mais à un titre secondaire et dans une acception plus large.

Tout ce qui, au contraire, contribue à la production d’un être, sans faire partie de sa constitution intime, et réside hors de lui, extra, est déclaré « principe extrinsèque ».

En résumé, cette expression a pour but de nous faire connaître si la raison suffisante, le pourquoi d’un attribut énoncé d’un sujet quelconque, se trouve dans ce sujet même ou réside hors de lui. D’un fréquent usage en théologie, cette formule se retrouve sous la plume des scolastiques pour distinguer d’un mot la spontanéité de la violence, l’opération immanente ou vitale de l’opération transitoire, la certitude scientifique de la certitude de la foi, la possibilité absolue de la possibilité relative, l’immortalité naturelle de l’âme de l’immortalité par privilège du corps, l’être nécessaire de l’être contingent. Mais elle est surtout devenue célèbre par la controverse fameuse qui divise les thomistes et les molinistes au sujet de la nature de la grâce efficace. De l’aveu de tous, elle est le pivot sur lequel gravite toute cette savante et illustre discussion. En effet, parfaitement unanimes à accorder à la grâce efficace, considérée en acte premier, le privilège d’une connexion infaillible et absolue avec le consentement de l’acte libre, les deux écoles adverses se séparent en deux opinions contradictoires lorsqu’il s’agit de déterminer la raison suffisante de cette infaillible connexion.

Les thomistes la placent tout entière dans l’essence même, dans la nature, dans la constitution intime de ce secours surnaturel. Pour eux, la cause adéquate de cette infaillibilité n’est autre que l’entité même de la grâce efficace : elle ne doit pas se chercher au delà des limites de sa propre réalité. De là leurs expressions d’efficax natura sua, essentia sua, ex propriis, ex entitate sua, ex sese, ex perfectione intrinseca, ex vi sua, ex pondere suo et enfin ab intrinseco, qui toutes sont synonymes et caractérisent leur doctrine sur la nature de la grâce efficace appelée par eux « prémotion ou prédétermination physique ». Suivant les molinistes, la raison suffisante de l’infaillible connexion de la grâce efficace avec le consentement de la volonté ne peut, sans détruire le libre arbitre, résider dans la nature même de la grâce. Mais la prescience infaillible de Dieu, dans sa connaissance très certaine des futuribles, désignée sous le nom de « science moyenne », a prévu, antécédemment à tout décret de sa volonté, que le libre arbitre obéirait de fait à cette grâce qui n’est point d’ailleurs efficace par son essence, et qu’il lui serait ainsi infailliblement uni. Dès lors, l’efficacité de la grâce ne découle plus de son entité, ab intrinseco, comme le soutiennent les thomistes, mais d’une cause qui lui est extrinsèque, ab extrinseco. C’est pourquoi c’est la grâce efficace ab extrinseco, non ex sese, non ex propriis, que défend cette seconde école. C. Toussaint.

1. ABJURATION. Dans une acception très générale, on appelle ainsi toute rétractation, tout renoncement à des idées, à des personnes ou à des choses que l’on abandonne.

En droit canonique, l’abjuration est une rétractation externe, faite devant témoins, d’erreurs contraires à la foi ou à l’unité catholique (apostasie, hérésie, schisme). On en trouve de nombreux exemples dans la réconciliation des pénitents aux premiers siècles de l’Église, dans l’histoire de la législation pénale ecclésiastique et surtout, au moyen âge, dans la pratique des tribunaux d’inquisition, qui imposaient la formalité de l’abjuration non seulement aux hérétiques formels proprement dits, mais encore à tous les « suspects » d’hérésie ; et comme il y avait trois degrés différents dans la suspicion d’hérésie, levis, vehemens, violenta, le délinquant pouvait, suivant les cas, se voir déférer l’une des quatre abjurations canoniques ; de formait, de levi, de vehementi, de violenta.

Depuis longtemps, le langage usuel réserve pratiquement le nom d’abjuration à la rétractation publique (et ordinairement solennelle) que doit émettre celui qui abandonne un faux culte ou une profession de foi dissidente « acatholique » (protestantisme ou toute autre forme concrète de schisme, d’hérésie ou d’apostasie) pour rentrer dans la religion catholique.

L’abjuration, sans doute, n’est pas une condition indispensable à la justification du nouveau converti qui, par la seule contrition surnaturelle, peut obtenir de Dieu, au for interne, le pardon de ses erreurs coupables et rentrer en grâce avec lui.

Mais, au point de vue social, il en va autrement. En dehors même de toute considération religieuse positive, le droit naturel impose au délinquant l’obligation stricte de réparer les conséquences de ses fautes, et donc, aussi, le mal causé à autrui par le scandale public de ses erreurs, de sa révolte contre la vraie foi.

L’Église, en soumettant à l’abjuration les pécheurs publics en matière de foi, n’a donc fait qu’appliquer un principe élémentaire de philosophie morale, qui trouve, pour les hérétiques, une confirmation juridique très particulière dans ce fait que leur baptême les rend, de plein droit, justiciables de la législation catholique posilive.

L’abjuration, d’ailleurs, a encore une autre raison d’être, qui suffirait, à elle seule, à sa pleine justification.