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AME CHEZ LES SYRIENS — AME CHEZ LES ARMÉNIENS

rite de l’existence des âmes. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. III, p. 101. Le synode de Timothée I er, patriarche nestorien ( 786-787), condamna cette erreur de même que celle du sommeil de l’âme. Toutefois, cette dernière se retrouve défendue, ou du inoins rapportée dans des auteurs postérieurs. George d’Arbèles (987), dans le Livre de l’exposition des offices, il, 12, cite et adopte l’opinion d’Abraham Bar-Lippa, à savoir que les saints Pères ne permettent pas de dire que l’âme séparée du corps jouisse de la faculté de sentir. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. iii, p. 438. Par contre, l’auteur anonyme du Traité de la foi défend la doctrine orthodoxe ; l’âme étant simple et immortelle, garde sa nature. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. iii, p. 281.

Antérieurement, George, évêque des Arabes, jacobite (viie -vme siècle), à propos des écrits d’Aphraate, qu’il censure avec quelque acrimonie, combat la confusion de l’âme humaine avec l’âme végétative et montre l’inanité de la distinctionde l’âmeetde l’esprit. Lagarde, Analecla sijriaca, Leipzig, 1858, p. 108 ; Ryssel, Ein Brief Georgs, Bischof der Araber, Gotha, 1883 ; J. Forget, De vita et scriptis Aphraalis, Louvain, 1882, p. 46-49. De même, Gennade s’élève contre la doctrine de « certains dogmes syriens qui disent qu’ily a deux âmes dans l’homme «.De ccclesiasticis dogmatibus, c. xv, P. L., t. lviii, col. 984.

L’un de6 derniers écrivains nestoriens, Salomon de Bassora (xme siècle), expose encore la théorie de l’hyp : iopsychie, comme l’opinion de plusieurs théologiens de sa nation, bien que d’autres enseignent, dit-il, que l’âme après la mort est conduite devant le juge et mise immédiatement en jouissance de la récompense ou livrée au châtiment de ses fautes. Livre de l’Abeille, c. lvi, Assémani, Bibliotheca orientalis, t. iii, p. 322, 323. Ailleurs, il représente les âmes des justes allant après la mort dans le « paradis » et celles des pécheurs dans les « abîmes ». Ibiil., c. xv, p. 318. C’est la croyance commune des Orientaux. Si certains textes liturgiques syriaques semblent concorder non pas avec la fausse doctrine de l’hypnopsychie, mais avec la thèse du retard des peines et des récompenses ; voir Badger, The Nestorians and tUiir ritual, t. H, p. 319 ; il faut bien reconnaître qu’ils sont, â l’égal des textes grecs ou latins relatifs au jugement final, susceptibles d’une meilleure interprétation. D’ailleurs les livres d’office des syriens et des nestoriens expriment souvent l’idée du suffrage pour les défunts. Timothée II, patriarche nestorien au XIIe siècle, expose en ce sens l’enseignement de son Eglise. Livre des sacrements, VII, vi, 7, analysé dans Assémani, Bibliot /teca orientalis, t. m a, p. 567-080. C’est â tort aussi qu’Assémani accuse Renaudot d’avoir prétendu à la persistance de cette fausse notion parmi les chrétiens du Malabar. Bibliotheca orientalis, t. iv, p. 342. Voir Renaudot, Lilurgise orientales, t. ii, p. 846 [640].

Parmi les auteurs syriaques encore inédits, dont la traduction complétera nus données sur l’eschatologie orientale, nous devons signaler Ahoudemmeh (blb), auteur d’un traité sur l’âme et d’un écrit sur le composé humain, Hritisli Muséum, Add. 14620 ; R. Duval, Littérature syriaque, Paris, 18’.K>, p.’JôO ; — tooyse Barcépha, évoque jacobite (903), Truite sur l’âme, en quarante chapitres, avec un appendice sur l’utilité de l’offrande pour les morts, Bibl. vatieane, 147 ; R. Duval, p. 391, 392 ; — Bar-Hélaaus (1286), au huitième livre du Candélabre du sanctuaire De l’âme rationnelle, Bibliothèque nationale, fonds syriaque, n. 210, fol. 235-291, Catalogue, p. 163 ; R. Duval, p. 152, 253 ; — Jean de Dara, évêque nestorien (ixe siècle), auteur d’un important traité sur l’âme, R. Duval, p. 390 ; Bibliothèque vaticane, manuscrit syr., 147.

J. Parisot.


VII. AME chez les Arméniens. — I. Génératianisme. II. Préexistentianisme.

Le pape Benoîl XII écrivit en 1341, au roi de Cilicie Léon IV et au patriarche d’Arménie, des lettres ou il reproche aux Arméniens diverses erreurs, dont il avait dressé la liste en 117 articles.

I. Génératianisme. — Le cinquième article est relatif à l’origine de l’âme. Il accuse certains Arméniens de traducianisme : 1° un certain Mechitar, y lisons-nous, a introduit et enseigné l’erreur suivant laquelle l’âme humaine du fils serait engendrée de l’âme de son père, comme le corps est engendré par le corps, et un ange par un autre ange ; parce que l’âme raisonnable de l’homme et la nature intellectuelle de l’ange étant des lumières spirituelles, produisent d’elles-mêmes d’autres lumières spirituelles. Cette erreur, suivant Benoit XII, avait été adoptée par toute une province d’Arménie, tandis que les autres Arméniens admettaient la création des âmes par Dieu. Raynaldus, Annales ecclesiastici, an. 1341, n. 50, édit. Mansi, Lucques, 1750, t. vi, p. 263. Le roi Léon IV, qui demandait alors des secours aux Latins contre les Turcs, fut très ému des plaintes du souverain pontife. Il fit réunir en 1344 ou 1345 (Raynaldus, ibid., p. 262), un concile où l’Église d’Arménie répondrait à ces accusations et affirmerait sa foi sur tous les points signalés par Benoit XII. Nous en possédons les actes. Les Pères du concile disent qu’ils n’ont jamais entendu parler jusque-là de l’erreur que le pape attribue au susdit Mechitar, que cette erreur a toujours été frappée d’excommunication chez les Arméniens. La foi de leur Église, assurent-ils, est comme elle a toujours été « que les âmes sont créées de Dieu par de nouvelles créations, au moment où elles sont mises dans le corps qu’elles doivent animer, les âmes des hommes quarante jours, celles des femmes quatre-vingts jours après la conception, suivant l’enseignement de saint Grégoire de Nysse. Ils ajoutent qu’ils ont ouï dire qu’à sa mort Mechitar avait averti qu’on n’adoptât pas cette erreur, et que si elle était restée dans quelqu’un de ses livres, on le brûlât. Mansi, Concil. collect., t. xxv, Venise, 1782, col. 1193. Cette dernière observation montre bien que les Arméniens cherchaient à se justifier par tous les moyens et que l’accusation de Benoît XII n’était pas aussi dénuée de fondement qu’ils le prétendaient. L’auteur qui avait soutenu cette erreur du génératianisme est Mechitar de Schirvaz.

II. Préexistentianisme. — On a remarqué que dans leur concile de 1312, les Arméniens rejettent aussi le préexistentianisme ou la préexistence des âmes. Benoit XII ne les avait pas accusés expressément de cette erreur. Il leur avait seulement reproché d’attribuer au Christ d’avoir tiré toutes les âmes de l’enfer après sa résurrection (nous étudierons ailleurs cette erreur), de les avoir conduites quelque temps au paradis terrestre en leur disant : « Voilà le lieu où vous avez été, » Raynaldus, ibid., n. 22, p. 265 : ce qui supposait le préexistentianisme. Le successeur de Benoit XII, Clément VI, s’explique plus clairement au sujet de cette erreur, dans une lettre écrite en 1351 à Consolator, patriarche d’Arménie, qui lui avait adressé une seconde justification. Clément VI disait : « Nous voulons savoir si vous et les Arméniens qui vous obéissent, vous croyiez et croyez encore que les âmes de tous les hommes ont été créées au même moment par Dieu. » Raynaldus, ibid., n. 4, p. 530.

Vartan, regardé comme un maître par les Arméniens et suivi dans ses hérésies par un bon nombre d’habitants de la Petite-Arménie, a en effet soutenu que Dieu ne créait pas chaque âme au moment de la génération, mais qu’il les avait créées toutes ensemble en une seule fois, sinon que Moïse nous aurait trompes en disant, tien., ii, 2, qu’il s’est reposé le septième jour. Galanus, Conciliat. Ecclesiæ Armemæ cum Romana, part. II, t. ii, p. 7 sq. C’est lui et ses disciples que Clément VI condamne dans sa lettre au patriarche Consolator. Mais nous avons vu par les déclarations du concile des Arméniens de 1342 que sa doctrine était rejetée par l’Église d’Arménie. D’ailleurs les Pères grecs, que reçoit et qu’a toujours reçus