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AME. DOCTRINE DES GRECS

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de Vienne, t. xiii, 1886-1888 ; de Fauste, par A. Engelbrecht, t. xxi, "1891 ; de Claudien Mamert, par le même, t. XI, 1885.

Sur Fauste : A. Koch, Dcr anlhropologische Lchrbegrifl des Bisclwfs Faustus von 7 ?<t’Z, dans Theolog. Quartalschrift, 1889, t. lxxi, p. 287 sq., reproduit, je pense, dans A. Koch, Der ht. Faustus, Stuttgart, 1895.

Sur Claudien Mamert : M. Schultze, Die Schrift desClaudianus Mamertus, De statu aninise, Dresde, 1883 ; R. de la Broise, Mamerli Claudiani vita ejusque doctrina de anima hominis, Paris, 1890.

2° Cassiodore, Alcuin. La doctrine commune. —

Plus encore que Claudien Mamert, Cassiodore, Alcuin, Raban Maur, Hincmar, Ratrainne, devaient se borner à mettre en œuvre les idées d’Augustin, quitte à les dépasser cà et là, notamment sur l’origine de l’âme.

Il faudrait dire plutôt les idées communes, se dégageant plus nettes et plus pbilosopbiques dans le courant même de la philosophie où elles avaient un peu disparu d’abord. Ces idées sont dans Cassien et dans Gennade, comme chez les disciples d’Augustin, sauf toujours l’exception particulariste, ici hésitant sur l’origine de l’âme, là lui attribuant un corps.

Sur Cassiodore : V. Durand, Quid scripserit de anima Cassiodorus, Toulouse, 1851. — Sur la psychologie d’Alcuin, etc. : K. Werner, Enlwickklungsgang, etc., p. 2 sq. ; Stdekl, Geschichte, etc., t. I, § 6, p. 18 sq.

3° Maxime le Confesseur. Saint Jean Damascène. Les Orientaux et la scolastique. —

Ces idées communes ne se dégagent nulle part peut-être mieux que dans le petit traité de Maxime le Confesseur. C’est limpide, c’est méthodique, c’est raisonné en forme : on dirait des articles de saint Thomas. Comment nous connaissons l’âme, comment on prouve qu’elle est et qu’elle est substance, incorporelle, simple, immortelle, raisonnable : ce sont, remarque l’auteur, les principales questions que l’on se pose dans le traité de l’âme. Nous procéderons, ajoute-t-il, par démonstrations rigoureuses, afin que des idées claires et accessibles nous mettent en état de faire face aux opposants. De anima, prologue, P. G., t. xcr, col. 353. Les élèves de Maxime — car tout ici indique une récapitulation de cours — durent trouver que le maître avait rempli sa promesse. Avec les explications si nettes de la lettre vi sur l’incorporéité de l’âme, avec celles de la lettre vu sur son état après cette vie, avec celles de l’opuscule à Marinos sur ses opérations, et particulièrement sur celles de la volonté, empruntées en grande partie à Némésios (voir les indications ci-dessus II. Ame. Ecrits sur l’âme, i), avec les quelques mots enfin sur son origine contre ceux qui la font ou antérieure au corps ou postérieure, Episl., xii, P. G., t. xcr, col. 488-489, et sur l’unité substantielle du composé humain, c’est une doctrine complète de l’âme que nous offre Maxime, et cette doctrine a déjà chez lui toute la précision scolastique.

Saint Jean Damascène n’aura rien à y ajouter : il sera seulement l’une des voies de communication entre les grecs et les latins ; non pas la seule, car ni Grégoire de Nysse, ni Némésios, ni Maxime, ne furent inconnus au moyen âge latin. L’Occident et l’Orient se donnent la main dans la scolastique.

4° La doctrine de l’âme en Occident au xiie siècle. —


Malgré les bizarreries énigmatiques de Frédégise, les rêveries panthéisliques ou ultra-réalistes de ScotÉrigène, d’Adélard de Bath, de Bernard et Thierry de Chartres, de Guillaume de Conches, d’Amaury de Bennes et de David de Dinant, malgré les luttes du réalisme et du nominalisme, rêveries et luttes qui avaient leur contrecoup immédiat sur les doctrines de l’âme ; malgré quelques incertitudes ou obscurités chez Abélard, chez Jean de Salisbury, chez Isaacde Stella et chez Auger ou l’auteur, quel qu’il soit, du De spirilu et anima, le XIIe siècle devait exposer sur l’âme une doctrine passablement complète et arrêtée. Tandis que les moines méditaient sur

l’âme, le plus souvent selon la pensée d’Augustin — les uns, comme saint Bernard et les deux Victorins, Hugues et Richard, préoccupés surtout de psychologie mystique ; d’autres, comme Guillaume de Saint-Thierry ou Hildegarde, faisant une grande part au corps et aux considérations physiologiques — les théologiens, comme Pierre Lombard ou Alain de Lille, essayaient de faire sa part à l’âme dans leurs synthèses du dogme, Pierre avec une grande sûreté, Alain avec quelques écarts d’idées trop platoniciennes.

L’apport aristotélicien et judéo-arabe.


Tout ou presque tout allait être remis en question sous l’influence des doctrines aristotéliciennes et judéo-arabes, sous l’influence aussi de cette curiosité hardie et remuante qui voulait à nouveau examiner et se rendre compte.

L’apport judéo-arabe était fort mêlé. Les vieilles idées grecques s’y trouvaient ; mais combien différentes de ce qu’elles étaient devenues dans le monde chrétien, combien perdues au milieu de rêveries panthéistiques ou matérialistes ! L’âme regardée, elle aussi, comme composée de matière et de forme ; les degrés métaphysiques transformés en autant de principes distincts, d’où autant d’âmes en l’homme que de vies spécifiques ; l’âme humaine réduite à n’être qu’une partie ou une modification accidentelle de l’âme unique du monde, la pensée regardée comme quelque chose d’extrinsèque à l’âme, d’où, d’une part, un seul principe de pensée pour tous les hommes (intellect actif ou intellect possible), et, d’autre part, les âmes individuelles purement sensitives comme celles des bêtes, partant dépendantes de la matière dans leur être même et mortelles en tant qu’âmes distinctes.

Ces opinions trouvaient crédit, tout opposées qu’elles étaient au dogme chrétien soit en elles-mêmes, soit dans leurs conséquences ; et les réclamations de l’orthodoxie étaient tantôt repoussées au nom de l’indépendance absolue de la raison, tantôt éludées par la distinction absurde entre la vérité de raison et la vérité de foi, comme si le vrai pouvait s’opposer au vrai.

Stimulée par le danger, la pensée orthodoxe allait s’affirmer plus précise que jamais ; elle fit plus et mieux, elle se jeta hardiment dans la mêlée, s’assimila tout ce qui était assimilable, c’est-à-dire tout ce qui était vrai, et, se faisant plus philosophique que la philosophie opposée, édifia la doctrine de l’âme la plus complète et la plus solide qu’on eût vue jusque-là.

Les doctrines judéo-arabes sur l’âme, telles que les reçut le moyen âge, sont mieux connues depuis quelques années. Stockl y insiste déjà beaucoup, t. ii, p. 13-305 ; Gonzalez s’en occupe, t. ii, p. 447-532. Voir surtout Ueberweg, t. ii, p. 213-253, avec la bibliographie.

Sur le développement des doctrines psychologiques depuis Alain jusqu’à saint Thomas, K. Werner, Der Entwickungsgang der mittelalt. Psychologie von Alcuin bis Albertus Magnus, Vienne, 1876, dans Denkschrift der Wiener Akad.-philos.-hist. kl., t. xxv ; sur les idées de Frédégise surl’àme, Stock ! , Geschichtc, t. l, p. 20 ; Hauréau, Histoire de la philos, scol., t. I, p.l29 ; œuvres dans P. L., t. cv ; sur celles de Scot Érigène, Stockl, t. i, p. 88 sq. ; sur celles d’Adélard, etc., Stockl, t. I, p. 208-218, passim ; sur celles d’Abélard, Stockl, p. 260 ; sur celles de Jean de Salisbury, Siebeck, Archiv fur Gesch. dcr Philos., t. I, 1888_, p. 5 18 ; sur celles d’Isaac de Stella et d’Auger, Stockl, 1. 1, p. 384 : sur celles de Hugues et de Richard de Saint-Victor, Stockl, p. 334 et 369 ; Mignon, dans Rev. des se. ecclés., 1893, p. 1-35 ; le même, Les origines de la scolastique, Paris, 1895, t. H, p. 101-120 ; sur celles d’Alain de Lille, Stockl, p. 417 ; M. Baumgartner, Die Pliilosophie des Alanus de Insulis (dans les Beilràge deB ; iumker), Munster, 1896 ; cf. Revue thomiste, 1897, p. 845 ; sur celles de Pierre Lombard, Stockl, t. I, p. 404 ; Schwane, t. iii, p. 338 ; sur Guillaume d’Auvergne, voir : K. Werner, Die Psychologie des Wilhelm von Auvergne, Vienne, 1873 ; Stockl, t. ii, p. 341.

J. Bainvel.


V. AME. Doctrine des grecs- —


I. Photius.
II. XIe et XIIe siècles.
III. XIIIe, xive et XVe siècles.
IV. Depuis la prise de Constantinople par les Turcs.
V. Église russe.

Ce n’est pas chose facile que de faire tenir en quelques