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AME. ECRITS SUR L’AME CONSID. AU POINT DE VUE THÉOL.

un principe supérieur d’opération, la grâce et le Saint-Esprit. C’est ainsi, nous le verrons, que la tradition catholique a généralement compris les doctrines bibliques, c’est en ce sens qu’elle a adopté les locutions de la Bible.

V. Origine de l’ame.

Reste l’origine de l’âme. La Bible n’en parle expressément que pour l’âme d’Adam ; tout ce qu’on peut dire pour les autres, c’est qu’elle insinue la création par Dieu. Origène prétendait trouver ses idées sur la préexistence des âmes dans Gen., viii, ’21 ; Ps. civ, 9 ; CVin, 9-10 ; Sap., viii, 19-20 (texte où M. Cbaignet voit encore cette opinion, Psychologie des Grecs, t. iii, p. 409, Paris, 1890) ; Rom., vii, 24 ; Philip., I, 23 ; mais c’est manifestement lui qui les y mettait. Les textes qu’on peut apporter en faveur de la création individuelle de chaque âme, sont de tout autre valeur. Ps. xxxi, 15 ; Eccl., xii, 7 ; Sap., viii, 19 ; Jer., xxxviii, 16 ; Zach., xii, 1 ; Joa., v, 7. On ne peut dire, pourtant, qu’ils soient décisifs, et c’est ce qui explique les hésitations et les divergences des Pères sur la question.

VI. Résumé.

En résumé, la Bible indique nettement la distiction de l’âme et du corps et la supériorité de l’homme sur la bête ; la spiritualité de l’âme y est partout impliquée ; son Unité et l’identité du principe pensant avec le principe vital se dégagent suffisamment, malgré quelques textes qui pourraient faire difficulté ; la psychologie est des plus rudimentaires ; sur l’origine immédiate de l’âme humaine, nul enseignement précis, nul texte décisif.

A. Vacant, dans le Dictionnaire de la Bible, art. Ame, t. I, col. 453-477, Paris, 1895 ; Calmet, Dissertation sur la nature de l’âme et sur son état après la mort, d’après les Hébreux, dans ses Nouvelles dissertations, Paris, 1720 ; en latin, dans Migne, Cursus Script, sacrx, t. vii, p. 721-748 ; Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes modernes, Paris, 1890 ; Fr. Delitzsch, Si/stem der biblischen Psychologie, 2\{\{e\}\} édit., Leipzig, 1861 ; J. E. Beck, Umriss der biblischen Seelenlehre, 2- édit., Tubingue, 1862 ; K. Niese, Die Johanneische Psychologie, Naumburg, 1865 ; Th. Simon, Die Psychologie des Apostels Paulus, Gœttingue, 1897 ; H. Luedemann, Die Anthropologie des Apostels Paulus, Kiel, 1872 (moins ad rem) ; J. Frey, Tod, Seetenglaube und Seelenkult im alten Israël, Leipzig, 1898 (ne s’occupe qu’incidemment de notre sujet). Ouvrages plus généraux, les nombreuses théologies bibliques des Allemands, en particulier : H. Schultz, Alttestarn. Théologie, 4\{\{e\}\} édit., Gœttingue, 1888 ; Knyser, Théologie des Alt. Testant., bearbeitet von K. Marti, Strasbourg, 1894 ; B. Weiss, Lehrbuch der biblisch. Théologie des N. Testam., 6\{\{e\}\} édit., Berlin, 1895 ; M*’Simar, Die Théologie des hl. Paulus, 2’édit., Fribourg-en-Brisgau, 1883 ; H. Hollzmann, Lehrbuch des Neutestam. Théologie, Fribourgen-Brisgau, 1896 ; Beysclilag, Neutestam. Théologie, 2- édit., Halle, 1896.

J. Bainvel.



II. AME. Écrits sur l’âme considérée au point de vue théologique.


I. Pères et auteurs ecclésiastiques grecs.
II. Pères latins.
III. Écrivains latins du VIIIe au XIIIe siècle.
IV. Du XIIIe siècle au concile de Trente.
V. Du concile de Trente au milieu du XVIIe siècle.
VI. Traités modernes.
VII. Histoire de la psychologie chrétienne.

« Pour faire savoir ce qu’est l’âme, disait Socrate à Phèdre, il faudrait une science divine et des traités sans fin. » Les premiers prédicateurs chrétiens devaient faire savoir à leurs auditeurs ce qu’est l’âme, puisque la science de l’âme est capitale dans le christianisme, noverim te, noverim nie. Comme eux, leurs successeurs s’y employèrent, éclairant la raison humaine par la « science divine », et ils firent à ce sujet « des traités sans fin ». Même incomplète, une liste de ces travaux fournira un premier aperçu du sujet, et aidera le travailleur à s’orienter, .le la donne ici, me bornant, sauf exceptions, aux traités ex professo sur la matière et ne m’occupant des traités sur le libre arbitre, sur l’immortalité, et semblables, que dans la mesure où ils peuvent être utiles a notre sujet.

I. Pères et auteurs ecclésiastique grecs.

Justin, Περὶ ψυχῆς (recueillait les opinions des anciens philosophes et promettait de les réfuter). On avait cru l’avoir retrouvé il y a quelques années. Cf. H. Diels, Ueber den angeblichen Justin Περὶ ψυχῆς, dans Sitzungsberichte der Kais. preass.Akad. der Wissensch., Berlin, 1891, p. 151-153. — Méliton de Sardes, Περὶ ψυχῆς καὶ σώματος καὶ εἰς τὸ πάθος. Il s’agit, sans doute, de l’âme et du corps de Jésus-Christ. — Pierre d’Alexandrie, Περὶ ψυχῆς, en deux livres ou plus, contre la préexistence origéniste. — Parmi les œuvres de Grégoire le Thaumaturge, un Περὶ ψυχῆς πρὸς Τατιανόν. C’est, sauf peut-être la courte préface, le Περὶ ψυχῆς de saint Maxime le Confesseur, et il est curieux que ni Fessler-Jungmann, ni Harnack-Preuschen, ni Batiffol, ni Bardenhewer, ni aucun éditeur, ni personne que je sache, n’en ait fait la remarque. Y aurait-il eu de Grégoire un Περὶ ψυχῆς, occasion de la méprise ? — Clément d’Alexandrie se promettait d’écrire Περὶ ψυχῆς contre les gnostiques. L’a-t-il fait ? — Origène n’a pas de traité distinct sur l’âme. Mais son Περὶ ἀναστάσεως, en même temps que de la résurrection et de la vie future, s’occupait aussi de l’origine de l’âme. — Méthode de Patare, évêque d’Olympus, Περὶ ἀναστάσεως, contre Origène, P. G., t. xviii, col. 265 ; Περὶ αὐτεξιουσίου, Du libre arbitre : Eusèbe de Césarée en cite un long extrait qu’il attribue à un certain Maxime, lequel, selon Harnack-Preuschen, n’a jamais existé. P. G., t. xxi, col. 569-584 ; cf. P. G., t. v, col. 1337-1356. Voir Bonwetsch, Methodius von Olympus, Erlangen et Leipzig, 1891. De la vie et de l’acte raisonnable, conservé en slavon, traduit dans Bonwetsch. — Eustathe d’Antioche, un Περὶ ψυχῆς, parfois intitulé Contre les philosophes. — Parmi les œuvres d’Eusèbe de Césarée, d’intéressantes homélies sur Dieu incorporel et invisible, sur l’âme incorporelle et sur la pensée spirituelle (en latin seulement). P. G., t. xxiv, col. 1127-1170. — Alexandre d’Alexandrie, même titre que Méliton, dont peut-être ce ne serait qu’un extrait. P. G., t. xviii, col. 548. — Diodore de Tarse, Περὶ ψυχῆς, contre diverses hérésies (entre autres Origène), selon Suidas. — Grégoire de Nysse, Περὶ κατασκευῆς ἀνθρώπου, P. G., t. xliv, col. 125-256 ; Περὶ ψυχῆς καὶ ἀναστάσεως, P. G., t. xlvi, col. 12-160. Parmi ses œuvres, un Περὶ ψυχῆς, P. G., t. xlv, col. 188-221 : ce sont deux chapitres du traité de Némésios (ci-dessous) ; conclusion qui semble acquise, contre Nirschl, cf. Fessler-Jungmann, t. i, p. 576 ; de même, deux homélies sur Faciamus hominem ad imagincm et similitudinem nostram, P. G., t. xliv, col. 257-298, qu’on attribue aussi à saint Basile, mais qui ne paraissent être ni de l’un ni de l’autre, voir Fessler-Jungmann, t. I, p. 580, n.2 ; et un fragment : Quid sit hoc ad imaginent Dei et ad similitudinem, P. G., t. xliv, col. 1327-1346, lequel est probablement d’Anastase le Sinaïte. Voir Fessler-Jungmann, ibid. — Némésios, Περὶ φύσεως ἀνθρώπου, souvent cité sous le nom de Grégoire de Nysse. P. G., t. xl, col. 504-817. — Enée de Gaza, Théophraste ou Dialogue sur l’immortalité de l’âme et la résurrection, P. G., t. lxxxv, col. 871-1004. — Il semble que le Pseudo-Denys ait eu aussi son Περὶ ψυχῆς. — Jean Philoponos, commentaire sur le Περὶ ψυχῆς d’Aristote, édité à Venise, 1535. — Maxime le Confesseur, Περὶ ψυχῆς, P. G., t. xci, col. 353-361 : attribué parfois â Grégoire le Thaumaturge et inséré parmi ses œuvres. Du même, Epist., i, à l’évêque Jean de Cyzique, περὶ τοῦ ὅτι ἀσώματος ἐστιν ἡ ψυχή, P. G., t. xci, col. 424-433 ; Epist., vii, sur la vie et les opérations de l’âme après la mort, P. G., t. XCI, col. 433-440. Cf., parmi ses opuscules, les explications sur la volonté et ses actes divers, P. G., t. xci, col. 12-20. — Psellus, divers opuscules sur l’âme, P. G., t. cxxii, col. 1020-1116.

II. Pères latins.

Tertullien, De anima, P. L., t. il, col. 641 ; édition critique dans le Corpus scriptorum ecclesiasticorum de Vienne, t. xx, 1890. — Lactance, De