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ABERLÉ — ABGAR

Alphonse de Liguori contre les tendances jansénistes. Mais en même temps il croyait devoir prémunir contre les dangers d’une théologie morale trop exclusivement casuistique, trop uniquement préoccupée des besoins du confessional, trop tardive à s’occuper des tendances morales et des situations sociales de notre temps. Un esprit plus systématique, un emploi judicieux des résultats de la psychologie et de la physiologie moderne, enfin l’étude approfondie des sciences sociales, tels sont, d’après lui, les moyens de rajeunir et de rendre plus conforme aux nécessités de l’heure actuelle notre vieille morale.

Les travaux du professorat n’absorbèrent pas toute l’activité d’Aberlé. Prêtre pieux et dévoué à l’Église autant que chercheur infatigable, il exerça non seulement la plus heureuse influence sur la jeunesse universitaire qui trouvait en lui un père et un ami, mais il prit une part active à la lutte qui s’engagea en Wurtemberg autour du drapeau de la liberté ecclésiastique et protesta vivement dans une série d’articles de journaux contre les prétentions de l’État à régler de son unique chef ses rapports avec l’Église. Les déboires ne lui manquèrent pas dans cette lutte, mais il eut la consolation de voir les rapports des deux puissances prendre un caractère plus conforme à ses vœux et à leurs véritables intérêts.

Voici la liste des principales publications d’Aberlé.

Dans la Tübinger Quartalschrift parurent entre autres les études suivantes : Ueber den Aequiprobabilismus, 1851 ; Ueber den Zweck der Apostelgeschichte, 1855 ; Zweck des Matthäusevangel., 1859 ; Zweck des Johanesevang, 1861 ; Ueber den Tag des letzten Abendmahls, Epochen der nentestam. Geschichtschreibung, Prolog des Lucasevangel., 1863 ; Ueber den Statthalter Quirinus, 1865 ; Exegetische Studien, 1868 ; Die Begebenheiten beim letzten Abendmahl, 1869 ; Die Berichte der Evangelien über die Auferstehung Jesu, 1870 ; Die bekannte Zahl in der Apocalypse, 1872. Son cours d’introduction au Nouveau Testament fut publié après sa mort par son successeur, Paul Schanz, sous le titre : Einleitung in das Neue Testament, Fribourg-en-Brisgau, 1877.

Pour sa biographie, voir Linsenmann-Funk, Worte der Erinnerung an M. v. Aberte, Tubingue, 1876 ; Himpel, Ueber die wissenschaftliche Bedeutung und theol.-kirchl. Richtung des sel. Pr. Dr. v. Aberle, dans Tübinger Quartalschrift, 1876, p. 177 sq. ; Kirchenlexikon, Fribourg, 1883, t. i, col. 62.

E. Muller.

AB EXTRINSECO. Voir Abintrinseco, col. 73-74.

ABGAR. — 1. Légende d’Abgar. IL Témoignages de la légende. III. Données de la légende. IV. Valeur historique de la légende.

Abgar, syr. abgàr, awgâr, abgar, awgar, gr. "Aê-fapoç, AO’yapoç, est un nom d’origine sémitique. Cf. Payne Smith, Thésaurus syriacus, col. 477. Selon les lexicographes syriens abgàr, abgârd, est synonyme de hagirâ, « boiteux, a On peut le rapprocher de l’arabe abdjar, « celui qui a une hernie ombilicale, » mais on doit rejeter l’assimilation avec le persan afgar, et surtout l’étymologie arménienne donnée par Moïse de Khorène ; avak-haïr, « homme brave. »

I. Légende d’Abgar. — A l’un des rois d’Édesse qui portèrent ce nom, la tradition attribue une correspondance épistolaire avec Jésus-Christ. Celui qui régnait à Édesse au premier siècle de notre ère était Abgar V, le quinzième roi de l’Osrhoène, selon Gutschmid, Untersuchungen uber die Gescliichte des Kæ.nigreiclies Osr /ioene, Mém.de lvcad.de Saint-Pétersbourg, 1687. 11 régna deux fois, d’après la Chronique d’Edesse, de l’an 4 avant Jésus-Christ à l’an 7 après Jésus-Christ, puis de l’an 13 à l’an 50. Il fut surnommé ûkhdmâ, c’est-à-dire « le Noir ». Assémani, Bibliotheca orientalis, Home, 1719, t. i, p. 420. La transcription grecque ûOxajjià a

été altérée en oùxavfïjç, Euchame, Vohame, oZy apa. Lipsius, Die edessenische Abgarsage, Leipzig, 1880, p. 15, note.

La légende d’Abgar eut, dit M. Rubens Duval, Histoire politique, religieuse et littéraire d’Edesse, extrait du Journal asiatique, Paris, 1892, p. 81, « un retentissement prodigieux en Occident et en Orient. On en trouve des échos non seulement dans tout le monde chrétien, mais aussi chez les musulmans. »

IL Témoignages de la légende. — Les témoignages anciens de cette légende sont parmi les Syriens : 1° la Doctrina Addœi, publiée partiellement par Cureton, Ancient syriac documents, 1861, d’après deux manuscrits de Nitrie du Ve et du VIe siècle ; — 2° la Doctrine of Adilai the Apostle, publiée en entier par G. Phillips et W. Wright en 1868, d’après un manuscrit du vie siècle de la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. Dans sa forme actuelle, la Doctrine remonte à la seconde moitié du ive siècle, selon W. Wright, A short hislory of syriac literature, Londres, 1894, p. 26 ; cf. Encyclopœdia britannica, t. xx, p. 828 b ; au commencement du Ve siècle, selon M. R. Duval, Histoire d’Édesse, p. 82 ;

— 3° le Testament attribué à saint Éphrem, Op. gr., t. H, p. 235 ; Overbeck, S. Ephræm syri… opera, p. 137-156 ; — 4 » la Chronique de Josué le Stylite (506), Martin, Abhandlungen fur die Kenntniss des Morgent andes, 1878, t. vi ; W. Wright, The Chronicleof Joslma the Stylite, 1882, Bibliotheca orientalis, t. I, p. 260-283 ; — 5° la Chronique d’Édesse (vers 540), Bibliolli. orientalis, t.i, p. 388417 ; Journal of sacred literature, 1864, t. v. Jacques de Surug (521) a une homélie spéciale sur l’apôtre Addée et Abgar, roi d’Édesse. Biblioth. orientalis, t. i, p. 317, 319. Il fait aussi allusion à la légende dans le Sermon sur la chute des idoles, vers 351-355, Martin, extrait de Zeitschrift des deutschen Morgendlandisclien Gesellscltaft, 1875, t. xxix, p. 17. Au xiiie siècle, Bar-Hébraus, Chronicon ecclesiaslicum, ii, 2 ; édit. Abbeloos-Lamy, t. il, p. Il ; Bibliotheca orientalis, X. ma, p. x, et Salomon de Bassora, Le livre de l’Abeille, Bibliotheca orientalis, t. m a, p. 309-324, sont, entre autres écrivains, les témoins, dans leurs sectes respectives, du maintien de la tradition légendaire.

Nous avons, comme documents arméniens, l’Histoire d’Arménie, de Moïse de Khorène, l. II, 30-35. V. Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l’Arménie, Paris, 1869, 1. 1, p. 95-99. La traduction arménienne de Laroubna ou Laboubnia, écrivain syrien mentionné par Moïse de Khorène, loc. cit., ouvrage altéré et interpolé, au jugement de Langlois, op. cit., p. 315-325, Cureton, Ancient Syriac documents, p. 166, réédité par Alishan Laboubnia, Lettre dvbgar, ou histoire de la conversion des Edesséniens, Venise, 1868, d’après un manuscrit du xiie siècle. Bibliothèque nationale, anc. fonds arménien, n. 88, fol. 112 6-126 b. Voir aussi Emine, Généalogie de S. Grégoire et Vie de S. Nersès ; Langlois, op. cit., p. 25.

Sur la tradition persane, voir Ilieronymus Xavier, Hisloria Christi persice, Leyde, 1639, p. 354-358 ; L.-J. Tixeront, Les origines de l’Église d’Édesse et la légende d’Abgar, Paris, 1888, p. 28-29. Sur Ibn al-Athir et les historiens arabes, voir Ernst von Dobschùtz, Cliristusbilder, Leipzig, 1899, p. 235*, 236’.

Parmi les Grecs on compte : 1° Eusèbe, qui termine par ce récit, emprunté aux archives d’Édesse, le premier livre de son Histoire ecclésiastique, I, 13. Cf. ii, 1, P. G., t. xx, col. 121-124, 136, 137. Nous avons d’Eusèbe une traduction latine de Hulin et une traduction syriaque. Ancient syriac documents. —2°’EiucttoÀï-, Avytxpo-j TOKÔ.p-/_o-j’ESéao-rjç TCpbç xbv Kvpiov r^.iov ; etllpàÇiçToO àytou àuoarôXov ©aSSac’ou, documents publiés par Tischendorf. — 3° Procope de Césarée, De bello persico, II, 12 ; Corpus scriptorum historiée byzantinæ, Procop., t. I, p. 206209. — 4° Évagre, Hisloria ecclesiastica, iv, 27, P. G.,