Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/508

Cette page n’a pas encore été corrigée
965
9
AMBROSIEN (RIT)

GG

comportait, de la veille au soir jusqu’au lendemain : 1° des vêpres ; 2° l’office proprement dit de vigiles (l’antiphonaire porte : ꝟ. 1, subdiaconile, ant. double [avec y.], cantique, Ri., ant. double, Rj., ant. double, Psallenda, Ri., Psallenda, Kyrie eleison, Gloria, Ecce ancilla) ; ces deux premières parties sont portées au compte du samedi ; 3° matines, à peu près comme plus haut, suivies d’une messe de l’aurore, dont l’antiphonaire n’a plus au XIe siècle que Yingressa et le psalmellus, 4° l’ofiice du matin intitulé Marie, comportant 32 psaumes avec leurs antiennes, où l’on retrouve les antiennes (le nombre des psaumes varie suivant l’importance du saint : 6 pour saint Babylas, 9 pour saint Sébastien, 11 pour saint Jean, 12 pour saint Etienne, etc.) ; cet office se termine par Kyrie, Gloria, une antienne et parait destiné à remplir l’intervalle entre la première messe et la messe solennelle. Nous pouvons nous faire par là une idée de la façon dont on avait combiné l’antique office de vigiles avec les innovations de l’ascétisme, vêpres et matines. Ce type est commun aux fêtes sanctorales seulement. Les jours de Noël et de l’Epiphanie, il n’y a ni vigiles, ni office du matin, mais les premières vêpres avec la messe (voir plus haut) et les matines. Celles-ci, en revanche, sont beaucoup plus longues, divisées en trois nocturnes appelés turmee. Suivant une conjecture vraisemblable de M. Magistretti, ce terme suppose que, lorsque de tels offices étaient encore fréquents, tout le clergé n’y assistait pas à la fois, mais qu’il y paraissait en groupes successifs. Voiries tableaux schématiques du même auteur. La Liturgia, 1. 1, p. 119187. Signalons seulement les restes de l’ancien usage où le peuple réuni à l’avance pour les grandes synaxes s’y préparait par la lecture des leçons alternée avec le chant des psaumes. Dans la pratique actuelle, les psaumes sont réduits en psalmelli, représentatifs des psaumes complets. On a les leçons suivies de psalmelli aux premières vêpres de Noël, de l’Epiphanie, du jeudi saint et de la Pentecôte. Aux vêpres du vendredi de la première semaine de carême, on trouve aussi la rubrique : In choro post. R|. singulis sextis feriis, canuntur lectiones quattuor cum suis psalmellis et orationibus. Cette réduction a pris une autre forme dans la Psallenda, qui est aussi le dernier débris d’un psaume avec antienne. Un exemple de ces réductions se trouve encore dans les laudes actuelles de Noël et de l’Epiphanie, où la Psallenda secunda sert d’antienne aux sept derniers versets du Benedictus divisé en deux moitiés par le Rj. in baplisterio. Magistrelti, Liturgia, t. I, p.l69. L’ordre des leclures a subi des changements depuis le temps de saint Ambroise. Il nous apprend que le lundi saint on lisait Job, et le mercredi, .lonas. Epist., xix, n. 14, 25, P. L., t. xvi, col. 998 a, 1001 c. Aujourd’hui on lit, ces deux jours-là, Jérémie à l’office et Isaïe à la messe ; une longue lecture de Jonas est placée en revanche le jeudi saint. Du temps de saint Ambroise d’ailleurs, d’après Mabillon, une partie des lectures était déterminée par la continuité du texte divisé en péricopes successives. Il en résultait que la lecture de telle partie n’était pas fixée d’avance et mise en rapport avec la solennité, mais simplement prise au point où l’on en était resté. Il n’existe pas d’indications de péricopes antérieures au viii"IXe siècle. Elles se trouvent en marge d’un manuscrit plus ancien des évangiles, bibliothèque ambrosienne C 39 inf. Cf. Bugati, Memorie di S. Celso, p. 90. Il n’y a pas d’évangéliaire avant cette date, par exemple, le manuscrit de la bibliothèque ambrosienne A 28 inf. Cf. Bugati, p. 96, et Dozio, Esposizione délie cerimonie délia Missa, append. I, p. 116. L’office de laudes se terminait anciennement par une longue prière, Magna laus angeloruni, qui avait des parties communes avec notre Gloria in excelsis, le Te Deum et la prière matinale des Constitutions apostoliques, iiv 47. Voir le texte, Paléographie musicale, t. v, p. 267 du ms.

VI. L’initiation chrétienne (baptême, confirmation, première communion). — Des diverses cérémonies sacramentelles, celle sur laquelle on peut signaler le plus de particularités, est l’initiation chrétienne. On est cependant assez mal renseigné sur les scrutins qui précédaient le baptême dans le rit gallican et qui étaient destinés à vérifier la préparation des candidats et à les présenter aux fidèles. Une rubrique de l’antiphonaire ainbrosien, p. 150, nous apporte quelques indices. Dans la première semaine de carême, les compétentes se présentaient chaque jour à matines aux regards des fidèles. Le dimanche suivant, ils donnaient leurs noms. Le premier scrutin paraît avoir eu lieu le deuxième samedi de carême. On récitait sur les catéchumènes diverses prières, ils recevaient la bénédiction du prêtre, après quoi ils se retiraient. Anliphon, ambr., p. 150, 151 du manuscrit. La rubrique leur donne le nom de compétentes dans les deux premières semaines, et de catecumini dans les deux suivantes. Le jour des Rameaux, avait lieu la Traditio symboli, S. Ambroise, Epist., CCIV ; aussi le samedi précédent s’appelle-t-il In tradilione symboli. Ici encore, le rit ainbrosien concorde avec le rit gallican. D’après les livres ambrosiens du moyen Age, il y avait trois scrutins au lieu des sept de l’usage romain.

Le baptistère était séparé de la basilique d’après le récit même de saint Ambroise. Les fonts étaient bénits dans la veillée de Pâques, avant le moment de donner le baptême. Le sacramentaire de Biasca nous a conservé deux formules qui se retrouvent aujourd’hui dans le pontifical romain, 1. ii, De consecr. Eccl. Il y a de nombreux points de contact entre ces formules et un passage de saint Ambroise. In Luc., x, 48, P. L., t. xv, col. 1815 B.

A Milan, le rit de YEffela était renvoyé au samedi saint, comme à Rome ; mais il n’avait pas lieu dans une cérémonie spéciale et était pratiqué au moment même du baptême. De plus, on se servait de l’huile sainte et non de salive, usage de type gallican. Rev. d’hist. et de litt. rel., 1897, t. ii p. 74. Puis, chaque catéchumène, entièrement nu, laplizalus toto corpore, S. Ambroise, In Ps. CXVM, xvi, 29, P. L., t. xv, col. 1434, renonçait diabolo et operibus eius, mundo et luxuriie eius ac voluptatibus. Le baptisant était alors tourné vers l’Occident. Ici.’je plaçait un rit fort curieux : la sputation. Le baptisant crachait vers l’Occident, où le diable était supposé se tenir (d’après une conjecture probable de dom Morin, dans la Revue bénéd-, t. xvi, 1899. p. 414, sur Demysteriis, ii 7, P. L., t. xvi, col. 391 : cui renuntiando m os sputarcs). Ce rit existe encore en Orient. Il n’a pas laissé d’autres souvenirs en Occident. Il se tournait ensuite vers l’Orient, ad orientent converteris : qui enim renuntiat diabolo ad Clirislum convertitur, De myst., H, 6, 7, P. L., t. xvi, col. 391, descendait dans la piscine et confessait sa foi en réponse aux questions posées. Le sacramentaire de Biasca nous donne ici un texte semblable à celui du rituel romain. Après le baptême, avait lieu le lavement des pieds, comme en Gaule. Cet usage existait déjà au temps de saint Ambroise, qui applique aux néophytes le souvenir évangélique : Mundus erat Parus sed plantam lavare debebat. De myst., vi, 32, P. L., t. xvi, col. 398 C.

La confirmation était conférée après le baptême. Saint Ambroise, De myst., iiv 41-42, ibkl., col. 402, nous a conservé le sens général de la formule, analogue à celle du sacramentaire gélasien. On rentrait ensuite à l’église, inter lumina neophytorum splendida, inter candidatos regni cœlestis. La messe interrompue s’achevait et les nouveaux baptisés étaient admis à la sainte table, mais non à l’offerte ; ce n’était que le huitième jour, du moins au temps de saint Ambroise, qu’ils se mêlaient aux fidèles dans l’offrande. C’est, du moins, le sens le plus naturel d’un passage obscur de saint A m