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AMBROSIEN (RIT)


Pentecôte (concile de Girone en 517, c. n), adaptation antérieure à une solennité de l’Ascension distincte de celle de la Pentecôte. Paléographie musicale, loc. cit., p. 102, 103. C’est sans doute l’explication du jeûne qui, plus tard, fut établi dans les dix jours qui séparent l’Ascension de la Pentecôte et qui est constaté dés la fin du ive siècle. Philastrius, User., cxlix, P. L., t. xii. col. 1287 Les 25 dimanches qui suivaient la Pentecôte jusqu’à l’Avent étaient ainsi répartis : 15 dimanches après la Pentecôte, 5 dimanches après la Décollation de saint Jean-Baptiste (29 août), 1° dimanche d’octohre, dimanche avant la Dédicace, 3 dimanches après la Dédicace. Cette ordonnance est simplifiée dans le sacramentaire de Bergame qui compte 22 dimanches après la Pentecôte, un dimanche avant la Dédicace et les trois suivants, p. 103, 104. Il est à noter que l’interposition de la Dédicace introduit une perturhation dans la distribution des pièces de chant, tandis que rien ne trahit un désordre dans la partie euchologique. Ce fait pourrait conduire à conclure l’antériorité du règlement de l’antiphonaire sur celui du sacramentaire. Paléographie, t. v, p. 112. C’estaprès l’octave de la Pentecôte qu’est placé l’ordinaire de la messe dans les sacramentaires.

Les fêtes de saints sont plutôt particulières à Milan qu’au rit lui-même. Elles ont un caractère local. Là on peut saisir l’inlluence directe de saint Arnbroise. On sait quelles découvertes de corps saints eurent lieu de son temps à Milan et de quelle pompe il entoura leurs translations. Mentionnons les fêtes du baptême de saint Arnbroise (30 novembre), de l’ordination de saint Ambroise (7 décembre), de saint Sévère, évêque de Ravenne, mort en 390 (I er février), de la depositio de saint Ambroise (5 avril), de la translation de saint Nazaire (10 mai), des saints Protais et Gervais (18 juin), des saints Nazaire et Celse (28 juillet), de la depositio de saint Simplicien et de la translation des saints Sisinnius et Alexandre (17 août). Au culte des saints, se rattachent les comrnémoraisons du canon de la messe, longues listes de noms, ordinairement disposées en colonnes (cf. Delisle, p. 200, 202, 203, surtout 207) ; des listes moins longues étaient lues au Nobis guoque et au Libéra nos. Jbid., p. 201-207, On a ait une dévotion particulière à saint Benoit, dont on célébrait la fête le 21 mars. Il avait une messe particulière avec une préface très laudative : Hic est ille coelestis negotii mercator egregius per quem ad viam salutis multorum corda conversa sunt, quique monachorum innumerabilium pater existons, quos verbis imbuerat adstruebat exemplis : ut non solum exanimalis redderet corporibiis vitam, sed erroris obscurilate detersa, animas ressusataret multorum. Cette préface a déjà disparu du sacramentaire de Bergame. Le nom de saint Benoît se lisait aussi au canon de la messe quotidienne, à la fin de la liste des noms. Ces traces de culte ont été effacées dans les temps modernes. Cf. Mabillon, Observaliones, p. 108.

La prétention de l’Église de Milan de remonter à saint Barnabe s’affirme dans la messe particulière de la fête que contiennent les missels imprimés depuis celui de 1500. Son nom ne figure cependant pas dans le canon. Il n’y a rien de tout cela dans les manuscrits anciens et saint Ambroise ignore cette « tradition » dans son sermon contre Auxence. P. L., t. xvi, col. 1012 c, n. 18.

IV. La messe.

1° La messe ambrosienne. — Elle était, comme ailleurs, divisée à l’origine en deux parties que séparait le renvoi des catéchumènes. Les livres liturgiques postérieurs nous ont conservé les formules de congé de la missa cathecumenorum, bien qu’ils les adaptent à d’autres usages liturgiques. La formule la plus complète est la suivante : .Si qnis Iudœus, procédât. Si guis paganus, procédât. Si guis hæreticus, procédai. Cuius cura non sit, procédât. Cette formule était dite par le diacre le samçdi avant les Hameaux, in tradilione symboli. On chaulait ensuite, avec les en fants : Venite filii audite me, timorem Domini docebo vos, etc. Mabillon, Observ., p. 108, pense que cette cérémonie était le prologue de la Tradilio symboli, à laquelle pouvaient assister seulement les fidèles et les élus. Cette conjecture ne s’accorde pas avec l’ordre supposé par saint Ambroise pour l’époque ancienne. Ejiist., xx, n.4 ; cf. infra. On trouve encore : Procédant compétentes, ou simplement : Ne quis ealhecumenus. Cf. Beroldus, Manuale, p. 82 ; antiphonaire, p. 150-151 et 265 du manuscrit. Procedere a ici le même sens que recedere. Encore aujourd’hui, le prêtre dit à la fin de la messe, avant de se retirer : Procedamus in pace. Ri. In nomine Christi.

On prêchait presque chaque jour, et cela dès le temps d’Auxence. Adv. Aux., 26, P. L., t. xvi, col. 1015 b. L’évêque prêchait au moins le dimanche, omni die dominico, S. Augustin, Confess., VI, iii, 4, P. L., t. xxxii, col. 721 ; les autres jours, ce ministère était accompli par les prêtres à défaut de l’évêque, in sacerdotum traclatibus. S. Ambroise, Epist., LXIII, ad Vercellenses, n. 10, P. L., t. xvi, col. 1192 A. Le sermon s’appelait tractalus : post lectiones atque tractatum, dimitluntur catechumeni. S. Ambroise, Epist., xx, n. 4, P. L., t. xvi, col. 995. Les catéchumènes y assistaient donc, comme aussi quiconque voulait entrer et écouter. Les portes de l’église étaient fermées seulement après. Le sermon roulait sur l’une des trois lectures faites auparavant : prophétique, apostolique ou évangélique.

Pour la suite de la messe, voici, au surplus, l’ordre des cérémonies d’après le missel actuellement en usage. Avant les lectures (voir plus bas, 2° Ressemblances, 2), aussitôt après Ylngressa, le prêtre a dit une première oraison : Oratio super populum. Après les lectures et le Pacem habete du diacre, on étend un voile sur l’autel et le prêtre dit ïOratio super sindonem. Puis, se succèdent la cérémonie des Vecchioni (voir plus bas), l’offertoire (la prière Suscipe Sancta Trinitas est plus longue que dans le rit romain et comporte des variantes suivant les fêtes et les temps de l’année), le Credo, VOratio super oblata équivalent de la secrète romaine, et enfin la préface suivie du Sanctus. Telle est la seconde partie de la messe. Mais si le cadre général est le même que dans la messe romaine, les formules offrent quelques différences.

De plus, un rit caractéristique a lieu encore aujourd’hui à l’Offertoire. L’église métropolitaine nourrit dix vieillards laïcs, appelés Vecchioni, et dix vieilles femmes. Ils portent un costume traditionnel spécial. Au moment de l’offertoire, deux vieillards, enveloppés de serviettes blanches, les famines, s’avancent vers les degrés du presbyterium. Ils tiennent d’une main l’oll’rande, de l’autre une fiole de vin. Le prêtre reçoit le tout dans des vases d’or. Deux vieilles femmes font la même cérémonie.

Le plus ancien sacramentaire ambrosien, celui de Biasca, nous offre, sous le titre de Missa canonica, une messe quotidienne qui contient le canon. C’est une sorte de messe-type, correspondant à la Missa romensi$ colidiana d’autres sacramentaires. Le canon a été publié parCeriani, Xotitia ; Magistretti, Liturgia, t. i, p. 194 ; Ebner, p. 76. Cette messe est placé au milieu du volume, après la semaine de la Pentecôte ; dans le sacramentaire de Bergame, entre le IVe et le Ve dimanche après la Pentecôte,

Le canon du missel imprimé’comprend les pièces suivantes : Te igitur ; Mémento, Domine, famuïorum tuorurn (prière pour les vivants) ; Communicantes, Hanc igitur, Quam oblatiohem-. Apres celle dernière prière,

le prêtre va au coin de l’épître et se lave en silence le bout des doigts. I.a consécration a lieu par le récit de l’institution « le l’eucharistie. Le canon ne diffère donc

pas du canon i lain. Il comporte seulement quelques

variantes de rédaction : 1° à la fin du Te igitur, après les