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AMBROSIEN (RIT)


sacramentaires sont les manuscrits : 1° A 24 bis inf. de la bibliothèque ambrosienne à Milan (xe siècle), ex ecclesia sanctorum Pétri et Pauli quæ est Abiaschæ (Biasca), metrocomia in Lepontiis ; 2° A 24 inf., même bibliothèque ambrosienne (xie siècle), ex ecclesia Lodrini in Lepontiis, contenant, outre les oraisons et les préfaces, les épîtres et les évangiles ; 3° trésor de la cathédrale de Milan (XIe siècle), paraissant provenir de Saint-Satyre de Milan ; 4° trésor de la cathédrale de Milan (XIe siècle), même type que le précédent (les bénédictins de Solesmes publient, d’après ce manuscrit, l’ordinaire de la messe, Sacram. Bergam., p. 91 sq.) ; 5° trésor de la cathédrale de Milan (xie siècle), fragmentaire provenant de l’église d’Armio, près du lac Majeur, même type que les deux précédents ; 6° bibliothèque ambrosienne, T. 120 sup. (xie siècle), même type que les précédents, partie d’été. Delisle, p. 199-208. A ces manuscrits, on peut en ajouter deux autres du trésor de Monza du xet du xie siècle, Delisle. p. 198, n. lxv et lxviii ; un sacramentaire conservé à la bibliothèque de S. Alessandro in Colonna de Bergame, du xe —xie siècle, et dont les bénédictins de Solesmes préparent l’édition. Nous citons ce dernier, Sacram. Bergom., d’après les sept premières feuilles tirées, qui nous ont été gracieusement communiquées. Le texte donné comme messe ambrosienne par Pamélius et reproduit par Daniel et par M. Probst, est une mosaïque sans autorité. Cf. Duchesne, Origines, p. 109, n. 2.

Le pontifical est représenté par les manuscrits suivants : 1° bibliothèque capitulaire de Milanf 1 4 (ix° siècle), contenant les rituels de la dédicace, des ordinations, de la vêture, du couronnement, diverses bénédictions et une série d’oraisons appropriées à la vie quotidienne d’un monastère, publié par M. Magistretti ; 2° même bibliothèque 21 (anc. H 9) (XIe siècle), incomplet, contenant notamment un Urdu : Beconciliatio violâtes ecclesise, analogue à ceux de dom Martène III et IV, analysé et publié par M. Magistretti.

L’antiphonaire est publié par les bénédictins de Solesmes, Paléographie musicale, t. v, d’après un manuscrit du XIIe siècle, British Muséum, add. 34209. Le plus ancien hymnaire connu est un manuscrit du Vatican, Beginensis 11, du vie —vne siècle, Ehrensberger, p. 17 ; cf. p. 1 1.

Un coutumier, Manuale, œuvre de Béroldus, cérémoniaire du XIIe siècle, a été reproduit avec négligence par Muratori, puis, avec plus de soin, par M. Magistretti.

Une source dont on ne peut user qu’avec précaution est le De sacra/mentis du pseudo-Ainbroise, P. L., t. xvi, col. 417 sq. L’ouvrage suppose qu’une partie de la population est encore païenne. D’autre part, l’auteur utilise le De mysteriis de saint Ambroise. Il est donc du commencement du Ve siècle environ. M. Probst et dorn Morin ont émis l’hypothèse que ce livre provenait de notes prises par des auditeurs de saint Ambroise pendant les instructions prêchées par lui aux néophytes. Probst, Liturgie des vierten Jahrhunderls, p. 232 ; Bévue bénédictine, 1894, p. 76. M. Duchesne pense qu’il a été composé’dans une église de l’Italie septentrionale, où les usages de Rome et de Milan étaient combinés, peut-être à Ravenne, Origines du culte, p. 109. Quand l’auteur parle de la conformité aux usages romains, en un passage où, précisément, il constate une divergence, il y a lieu de tenir cette affirmation pour plus théorique que réelle : Non ignoranvus, guod ecclesia romana hanc consueludinem non habeat, cuius lypum in omnibus seguimur et formai » (III, i, 5). Les ressemblances que l’on a relevées avec la liturgie gallicane, Ceriani, Notitia, p. 02, 65, loin d’être suspectes, doivent être, au contraire, prises en considération, comme des restes de l’ancien usage milanais. La décrélale d’Innocent I er à Decentius, évoque d’Eugu bium, écrite en 416, nous révèle aussi un certain nombre de particularités propres à cette église et, vraisemblablement, à toute la région. Or, cette région est précisément celle où s’exerçait l’influence de Milan. Il n’est donc pas contraire à la méthode de considérer les particularités blâmées par le pape comme caractéristiques du rit milanais. P. L., t. xx, col. 551. Il faut bien se garder de tirer quoi que ce soit des commentaires du prétendu Ambroise sur saint Paul. Cf. G. Morin, L’Ambrosiaster, dans la Bévue d’hist » et de litt. religieuses, t. iv, 1898, p. 97.

Enfin, d’après Mabillon et M. Ceriani, la liturgie ambrosienne a gardé une certaine fixité pendant tout le cours du moyen âge et les changements auraient été insignilîants après le ixe siècle. La date des manuscrits importerait donc peu, puisque, malheureusement, nous n’en avons pas d’antérieurs au IXe siècle. De même, les livres imprimés, de 1475 à 1548, devraient être considérés comme des témoins assez fidèles. En tout cas, il n’y a rien à conclure de cette fixité générale pour définir les origines et le caractère de la liturgie milanaise ; car tel vestige d’un état antérieur différent, conservé dans un manuscrit ancien, et même dans des imprimés, le Vere sanctus, du sacramentaire de Biasca au samedi-saint, par exemple (cf. infra), disparait dans le sacramentaire de la cathédrale de Milan du XIe siècle. Ainsi, le peu que nous savons ne nous autorise pas à dire que cette liturgie n’a jamais évolué, mais nous oblige à reconnaître le contraire. La façon maladroite dont les missels imprimés combinent le Vere sanctus avec le Te igitur romain dans l’exemple cité, dénonce même le caractère artificiel et non primitif de l’état actuel. Cf. Bénédictins de Solesmes, Paléographie musicale, v, Avant-propos, p. 60.

Le vieux Landulfe (xie siècle) raconte dans son histoire des évêques de Milan, ii, 10, P. L., t. CXLVH, col. 853, comment le rit ambrosien a été romanisé. Au temps de Charlemagne et du pape Hadrien, se tint à Rome un synode d’évêques. Un certain nombre protestèrent contre la liturgie de saint Ambroise, ils prétendaient que c’était une violation du serment que doivent prêter les évêques. Liber diurnus, iii, 7. A la suite de cette protestation, Charlemagne résolut ut quicquid in canlu et ministerio divino inveniret a Bomano diversum, totum deleret, et ad unilateni ministerii romani uniret. En conséquence, il pai’tit à Milan et fit détruire ou envoyer par de la les monts quasi in exsilium, omnes libros Ambrosiano titulo sigillatos quos vel dono vel prelio vel vi habere poluit. L’évêque Eugène, respectueux de la mémoire de saint Ambroise, usa de son influence sur Charlemagne et sur le pape pour les faire revenir à de meilleurs sentiments. On déposa sur un autel les deux manuscrits, du rit romain et du rit ambrosien, et il fut convenu que celui qui s’ouvrirait de lui-même serait conservé et l’autre détruit. Or, tous deux s’ouvrirent en même temps. Eugène partit alors à Milan et rechercha les livres ambrosiens. Mais il ne put retrouver qu’un missel, qu’un prêtre pieux avait caché. Le Manuale fut reconstruit de mémoire par les prêtres et les clercs. Ce bavardage de Landulfe est, comme bien d’autres, fort sujet à caution. Il est possible, cependant, que Charlemagne, dans son zèle pour la liturgie romaine, ait attaqué le rit ambrosien. La destruction des anciens livres de culte a dû avoir, dans l’obédience de Milan, pour cause première un rajeunissement de la liturgie qui a été rapprochée du rit romain. Il ne faut pas non plus négliger les nombreux incendies qui, à Milan même, ont si souvent détruit des parties de la ville, bien que ces incendies soient plus récents. Cf. Paléographie musicale, v, Avant-propos, p. 2, n. I.

II. Origines.

Le Ht ambrosien est le rit particulier à l’Église de Milan et aux Églises soumises à son influence, Parmi les liturgistes modernes, MM. Probst,