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AMBROISE (SAINT)


tombeau de son frère. Paint Augustin cite ce second livre, De peccalo originali, 1. II, c. iv, P. L., t. xliv, col. 409. L’oraison funèbre de Satyre est un cri de douleur dont Lîossuet s’est souvenu et inspiré dans l’oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre. Celle de Valentinien II, intitulée De obitu Valentiniani consola lio, P. L., t. XVI, -col. 1357-1384, fut prononcée vers le mois d’août 392, aux funérailles du jeune prince tombé victime d’Arbogaste. L’éloge funèbre de Théodose, De obitu Theodosii oratio, P. L., t. xvi, col. 1385-1406, est postérieur de moins de trois ans à celui de Valentinien ; Ambroise le prononça à Milan, aux funérailles de l’empereur, le 26 février 393. Ce sont deux œuvres éloquentes, précieuses au point de vue de la doctrine et de l’histoire.

Plusieurs sermons d’Ambroise font partie de sa correspondance, et nous les nommerons tout à l’heure. Mentionnons ici trois sermons, d’une authenticité douteuse, sur le texte de saint Luc, XII, 33, publiés en 1834 par Corrieris ; et une prétendue Exhortatio S. Ambrosii ad neophytos de symbolo.

5° Lettres. — Les bénédictins (1690) en comptaient quatre-vingt-onze, et assignaient la date des soixante-trois premières. En 1890, le docteur Ihm en a rectifié sur plusieurs points la chronologie. Ambroise, dans une de ses lettres, avoue avec une grâce ingénieuse son goût pour la correspondance intime, Epist, , xlix, Sabino, P. L., t. xvi, col. 1153-4454 ; il fait à ce même Sabinus confidence de son activité littéraire, Epist., xlvii, iixlvi P. L., t. xvi, col. 1150-1153 ; mais ce qu’il faut demander à cette correspondance, ce sont des détails sur sa vie devêque. Epist., xx, P. L.. t. xvi, col. 994-1002, où il raconte à sa sœur le siège que les ariens lui avaient fait subir dans sa cathédrale ; Epist., xxi, P. L., t. xvi, adressée à Valentinien II, laquelle contient sa réponse aux prétentions usurpatrices d’un second Auxence. héritier <le l’intrusion du premier Auxence ; Epist., xxii, P. L., t. xvi, col. 1019-1026, où Ambroise raconte à Marcelline la découverte des reliques des saints martyrs Gervais et Protais, et rapporte les deux discours prononcés par lui à cette occasion. Certaines lettres traitent des points d’exégèse, de théologie dogmatique, de morale : Epist., xxv, P. L., t. xvi, col. 1053-1061 : éloge de la beauté divine et éloquente exhortation à l’aimer seule ; Epist., xxxi, P. L., t. xvi, col. 1065-1071 : Dieu aime-t-il d’un amour différent ceux qui ont cru dès l’enfance, et ceux qui sont arrivés plus tard à la foi ? Epist., xliii, P. L., t. xvi, col. 1129-1135 : pourquoi Dieu a-t-il créé le monde en six jours ? Epist., xliv, P. L., t. xvi, col. 1135-1141 : réponse aux inquiétudes d’un juge concernant l’application de la peine de mort ; Epist., xxv, P. L., t. xvi, col. 10401042 : tout en respectant les droits de la justice, Ambroise s’y révèle l’apôtre de la miséricorde. Plusieurs lettres offrent un intérêt historique de premier ordre. Ce sont les deux lettres à Théodose ; l’une, Epist., XL, P. L., t. xvi, col. 1101-1113, regarde l’affaire de la synagogue de Callinique, dont l’empereur avait ordonné la reconstruction aux chrétiens qui l’avaient détruite ; la seconde, Epist., lvi, P. L., t. xvi, col. 1160-1164, aussi éloquente que courageuse, reproche à l’empereur le massacre de Thessalonique, et lui impose, comme condition du pardon, les sévérités de la pénitence publique. « Il a été commis dans la ville de Thessalonique un attentat sans exemple dans l’histoire : je n’ai pu le détourner ; mais j’ai dit d’avance combien il était horrible… Je n’ai contre toi aucune haine ; mais tu me fais éprouver une sorte de terreur. Je n’oserais, en ta présence, offrir le divin sacrifice ; le sang d’un seul homme injustement versé me le défendrait ; le sang de faut de victimes innocentes me le permet-il ? » (Trad. de Villemain.) Du plus haut intérêt aussi sont deux lettres écrites à Valentinien II : Epist.. xvii, P. L., t. xvi, col. 961-971 ; Epist., xviii, col. 971-982. Dans la première, Ambroise s’élève contre le rétablissement de la statue de la Victoire dans le

Sénat et contre la restitution au sacerdoce païen des honneurs et des biens qui lui avaient été enlevés ; la seconde est une réfutation ardente, habile, solide, triomphante, de la relation du préfet Symmaque qui s’était constitué le défenseur du paganisme.

Hymnes.

Ambroise a été le véritable introducteur de la poésie lyrique dans l’Occident chrétien. Les ariens, fidèles à l’exemple d’Arius, traduisaient leurs erreurs dans des chants populaires ; Ambroise, de son côté, accoutuma les orthodoxes à redire des hymnes dont il était l’auteur. Voir sur ce sujet saint Augustin, Confession., 1. IX, c. iiv P. L., t. xxxii, col. 770 ; et l’histoire de saint Ambroise, Paulin, Vita sancti Ambrosii, 13, P. L., t. xiv, col. 31 ; voir surtout saint Ambroise lui-même. « Ils disent que je trompe le peuple par l’enchantement de mes hymnes. Je ne le nie pas. C’est un grand enchantement, et il n’en est pas de plus puissant. Quoi de plus puissant, en effet, que la confession de la Trinité, répétée chaque jour par la bouche de tout un peuple ? » Sermo contra Auxentium de basilicis tradendis, P. L., t. xvi, col. 1017-1018. Parmi les hymnes qu’on a nommées ambrosiennes. Hymni ex ejus nomine Ambrosiani vocantur, a dit saint Isidore de Séville, De eccl. officiis, i, 6, P. L., t. xxxiii, col. 743, quatre sont incontestablement d’Ambroise : 1. Deus creator omnium, S. Augustin, Confession., 1. IX, c. xii, P. L., t. xxxii, col. 777 ; — 2. Alterne rerum conditor, S. Augustin, Retract., I. I, c. XXI, ibid., col. 619 ; S. Ambroise, Hexsemeron, 1. V. c. xxiv, P. L., t. XIV, col. 240 ; — 3. lam surgit hora lertia, S. Augustin, De natura et gratia, c. LXIII, P. L., t. xliv, col. 284 ; — 4. Veni redemptor gentium, dont l’origine ambrosienne est attestée peut-être par saint Augustin (si le sermon ccci.xxii est de lui), et certainement par le pape saint Célestin et par Fauste. Ces hymnes sont en vers iambiques dimètreset en strophes de quatre vers. Ozanam les juge « pleines d’élégance et de beauté, d’un caractère encore tout romain par leur gravité, avec je ne sais quoi de mâle au milieu des tendres effusions de la piété chrétienne ». La civilisation an vie siècle, 18e leçon. Les bénédictins éditeurs de saint Ambroise tenaient douze hymnes pour authentiques ; Biraghi (1862) et Dreves (1893) en ont compté jusqu’à dix-huit. Voir Dictionnaire d’archéologie chrétienne, 1. 1, col. 1347-1352.

Une légende, plus belle mais moins vraie que l’histoire, attribue la composition du Te Deum à Ambroise et à Augustin, saisis d’une inspiration soudaine lors du baptême de celui-ci. Le Te Deum ne ressemble en rien aux hymnes d’Ambroise, et, d’ailleurs, est-il vraisemblable qu’Ambroise ni Augustin n’en eussent jamais rien dit ? Ce cantique est néanmoins fort ancien puisqu’il en est parlé dans la règle de saint Benoit. Dom Morin en attribue la composition à Nicétas de Homatiana.

III. Doctrine de saint Ambhoise.

La seule énumération des œuvres du saint nous a déjà fait connaître cette doctrine.

1° Église. — Ambroise croit l’Eglise gardienne de l’Écriture et de la tradition. L’Église est la cité de Dieu, In Psalm.cx V7/i, serm. xv, 35, P. L., t. xv. col. 1 422 ; point de pardon pour ceux qui s’en séparent. De pœnilenlia, 1. II, c. iv, 24, P. L., t. xvi, col. 503. Ambroise a loué l’inviolable pureté de la foi romaine. Credatur symbolo apostolorum quod ecclesia Romana semprr custodit et servat. Ei>ist., xlii, 5, P. L., t. xvi, col. 4425. On n’a de part à l’héritage de Pierre qu’à la condition d’être attaché à son siège. De psenit., 1. L c. iiv

:  !  :  ; . P. L., t. xvi, col. 476. Pierre, par la confession

qu’il fit de la divinité de son Maître, mérita d’être préféré à tous les apôtres. « Où est Pierre, là est l’Église ; où est l’Église, la mort n’est pas, mais bien la vie éternelle. » In Psalm. XL, 30, P. L., t. XIV,’col. 1082. Adversaire des hérétiques que le concile de Nicée avait condamnés, Ambroise proclame l’irréformable autorité