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AMAURY DE BENE — AMBITION

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et leur commentaire ne pourront plus être lus, soit en public, soit en particulier, sous peine d’excommunication. Si l’on trouve chez quelqu’un les quatrains de maître David, après Noël, celui-là sera réputé pour hérétique, »

Les amalriciens se réclamaient sans doute d’Aristote dans leurs argumentations et c’est pour cela que le concile aura condamné ses traités de philosophie naturelle. Quoi qu’il en soit, ceux d’entre les disciples d’Amaury qui avaient été condamnés à être livrés au bras séculier furent conduits le 18 des calendes de décembre (14 novembre), prés de la basilique de Saint-llonoré et là dégradés publiquement. Remis ensuite aux hommes de justice du roi, ils montèrent sur le bûcher le 12 des calendes de décembre (20 novembre) sur la place des Champeaux, campelli, au lendemain de la grande foire de saint Ladre qui se tenait sur cette même place, chaque année, du 2 au 18 novembre.

VI. Condamnations subséquentes.

D’autres condamnations atteignirent, dans la suite, la doctrine d’Amaury. C’est ainsi qu’en 1215, au mois d’août, Robert de Courçon, légat du saint-siège, dans un règlement des études de l’université de Paris, défend d’y « lire les livres d’Aristote sur la métaphysique et la philosophie naturelle, ainsi que les sommes sur ces livres, ou sur la doctrine de maître David de Dinant, de l’hérétique Amaury et de Maurice d’Espagne ». Denitle, Chartularium, t. i, p. 79.

Le 15 novembre de la même année, au IVe concile de Latran, Innocent III s’occupe de nouveau de l’hérésie amalricienne.

Reprobamus etinm et damp-Nous réprouvons aussi et

namus perversissiraum dog-nous condamnons les principes ma Almaiici, cujus mentem sic très pervers d’Amaury dont pater mendacii excecavit, ut l’esprit fut tellement aveuglé ejus doetl’ina non tam heretica par le père du mensonge que censenda sit quam insana. sa doctrine doit passer pour

insensée plus encore que pour

hérétique.

Le concile dit qu’il réprouve aussi, etiam, l’opinion d’Amaury parce que cette condamnation fait suite à celle de l’abbé Joachim (voir ce mot) et de son traité contre maitre Pierre Lombard. — Le concile ne rapporte aucune des hérésies d’Amaury. Le cardinal Henri de Suze attribue ce silence au désir que les Pères du concile auraient eu de ménager quelques personnages considérables réputés pour favorables encore à l’erreur amalricienne. Lectura in decr. Grec., Biblioth. nat., Paris, ms. lat. 3995, ꝟ. 3 b ; bibl. de Reims, ras. 518/541, dans Denille. Chartularium, t. i, p. 82. C’est peu probable. La vraie raison serait plutôt dans la grande notoriété donnée à cette hérésie par la sentence de 1210. Il parut inutile aux Pères du concile de Latran de rappeler des propositions impies connues de tous. Denille, lui-, cil.

Le concile de 1210 avait frappé les disciples d’Amaury et Amaury lui-même ; celui de 1215 avait réprouvé la doctrine de celui-ci. Il fallait remonter plus haut encore et atteindre la source de ce courant empesté. I.e 23 janvier 1225, Honorius III, confirmant une sentence de l’archevêque de Paris et de ses sulfraganls, condamne le livre 1 1e p <p’ja-£a> ; , qui perifisis titidatiir, de Jean Scot, exige que tous les exemplaires en soient brûles, excommunie et taxe d’hérésie quiconque les détiendra. L’Hostiensis, loc. cil., observe que la doctrine d’Amaury procédait précisément de ce livre. C’était le dernier coup porté’par L’Eglise contre le docteur de Chartres et contre ses erreurs.

Vinrent de Beauvais, Spéculum Instar., xxx, 107 ; xxxi, 04 ; Raynaldue, Annales, Rome, 1646, a. 120’.), 1228 ; duBoulay, Hisl.

: imr. Parisiensis, Paris. 1000, t. iii, p. 674 ; Liron, Bibliothèque

chartraine ; Paris, 1719, p. 91 ; Jac. Thomasius, Origines historiée philosophiez et eccleslasticæ, Halle, l699, n.39 ; Muratori, lu-m m italicarum scriptores, 1723-1738, Mil, paît. 1, col. 481 ; Fabricius,

Bibl.med. jf., 1734, t. i, p. 186, 213 ; Brucker, Hist. crit. philosophie, Leipzig, 1766, t. iii, p. 688-002 ; t. VI, p. 583-584 ; J. G. V. Engelhardt, Amalrich non Bena, dans ses Kirchengeschichte abhandl., 1832 ; Krœenlein, De genuina Amalrici a Bena cjusque sectalorum ac Davidis de DinantO doclrina, 1842 ; Amalricli von Bena und David von Dinant, dans Theol. Studien, 1847 ; C. U. Hahn, Amalrich von Bena, dans Theol. Studien, 1840 ; Mor’m, Dict. phil.-théol. scol., 1850, t. i, p. 423-424 ; F. G. Hann, Ueber Amalrichvon Bena und David von Dinant ein Beitrag zur Œscltichte der religiôsen Bewegungen in Frankreich zu Beginn des 13 Jahrh., Villach, 1882 ; Dictionnaire des sciences philosophiques, Paris, 187.J ; Souvelle biographie universelle, Paris, 1855 ; Kirchenle.rikon, Fribourg, 1882 ; Hel’ele, Histoire des conciles, §040, trad. Leclercq, Paris, 1911, t. v.

A. ClIOIXET.

AMBARACH pierre, jésuite maronite, né à Gusla (Phénicie), en juin 1663, fut envoyé à Rome, en 1672, y lit ses études pendant treize ans et fit de grand progrès dans la connaissance des langues et dans la théologie. 11 retourna dans sa patrie pour y prêcher la foi catholique. Envoyé par son Église en députation à Rome, il fut attiré à Florence par Côme III, qui le chargea de la direction de l’imprimerie que Ferdinand de Médicis avait fondée pour l’impression des livres en caractères orientaux. Le duc Côme III lui conlia ensuite la chaire d’hébreu à Pise. Mais à l’âge de 44 ans il entra dans la Compagnie de Jésus, le 8 janvier’1708. Clément XI l’associa aux savants qu’il avait chargés de revoir et de corriger le texte grec des livres sacrés. Le P. Ambarach, qui est plus connu sous le nom de Petrus Benediclus ou Benedetti, mourut à Rome le 25 août 1742.

Le P. Benedetti a collaboré à la belle édition des Sancli Ephræmi Opéra, publiée à Rome en 1732-1746, par l’imprimerie vaticane. Il revit le texte syriaque, l’annota et le traduisit en latin ; ce travail est en trois volumes de 1737, 1740 et 1713. Le troisième, qui parut après la mort du P. Benedetti, n’est pas tout entier de lui ; Joseph Evodius Assémani l’acheva. Dans le deuxième volume, Benedetti a inséré deux dissertations théologiques : 1° Antirrheticon seu Confutalio Annolationum Joan. Koldii ad geminos sancti Ephræmi de sacra Cœna sermones ; 2° De eodem auguslissimo Eucharisties Sacramento Antirrheticon alterum adversusR. P. Le Brinmm et Eusebium Renaudotium. Le P. Zaccaria les a reproduites dans son Thésaurus théologiens, t. x. On a donné à Venise, en 1756, 2 vol. in-fol., le texte latin des Opéra sancti Ephræmi.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la C" de Jésus, t. i, col. 1205-1238.

C. SOMMERVOGEL.

AMBERGER Joseph, Bavarois, professeur de théologie pastorale et recteur du séminaire de Ralisbonne, doyen du chapitre de cette ville, mourut à l’âge de73ans et atteint de cécité, le 19 octobre 1889. On a de lui : Pastoral théologie, Batisbonne, 1850-1857, 3 vol. Cet ouvrage eut plusieurs éditions ; la i’a été publiée à Ratisbonne en 1883-1887.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1805, t. m. col. 1454.

A. Beignet.

AMBITION. - I. Définition. II. Moralité.

I. Définition.

Le mot ambition se rattache étymolegiquement au verbe latin anibire, entourer ou circonvenir, et peut être pris en deux sens. — 1° En un sens large assez fréquent dans le langage usuel, on appelle ambition, le désir et la recherche du sucres, des dignités, des honneurs. C’est le sens favorable du mot. On dit ainsi qu’il y a de louables et même de saintes ambitions. — 2° lui un sens plus restreint qui est le sens défavorable du mot et le seul adopté en théologie, l’ambition est la poursuite déréglée des dignités et des honneurs. Nous trouvons la définition en ce sens, formulée dans la conclusion qui résume un article de la Somme théologique, II" II », q. c.xx.xi. a. 1 : « L’ambition est un péché par lequel on recherche