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ALPHONSE DE SAINT-VICTOR — ALPHONSE TOSTAT


Commentarios sobre su santa Régla, 2 vol. in-fol. parus le premier à Madrid, 1645, et le deuxième à Tolède, 1648. On a aussi de lui un volume manuscrit contenant la biographie de quelques personnages.

Nicolas Antonio, Bibliotheca hispana nova, Madrid, 1783, t. I, p. 48 ; dom François, Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoit, Bouillon, 1774, t. I, p. 41 ; Florez, Espana sagrada, Madrid, 1817, t. xvii, 2° édit., p. 186-187.

J. Besse.

8. ALPHONSE DE SPINA, converti du judaïsme à la foi catholique, se fit frère mineur en Espagne, son pays d’origine. Il fut quelque temps recteur de l’université de Salamanque et, en 1466, il devint évéque d’Orense. Son Fortalitium fidei, composé en 1458 et 1459, est un assaut général donné aux ennemis de la divinité du Christ : hérétiques, juifs, mahométans, et même au démon dont ils sont les instruments et les porte-voix. La date de la mort de cet écrivain est maintenant connue et doit être placée en 1469. Il a composé aussi 22 sermons et un dialogue De fortuna, demeuré manuscrit.

Le Fortalitium fidei, revu avec soin par Guillaume Totani, de l’ordre des frères prêcheurs, a eu plusieurs éditions : sans lieu ni date (Strasbourg, 1464 ou 1467) ; Nuremberg, 1485 ; Lyon, 1511, 1525, 1529. Dupin en admet l’utilité en faisant plusieurs réserves sur la valeur des arguments et la solidité des réponses. Le titre du livre lui paraît même quelque peu prétentieux.

Dupin, Nouvelle bibliothèque, Paris, 1686, t. xii, p. 10 ; Sbaralea, Supplementum ad scriptores triuin ordhrum sancti Francisci, in-fol., Rome, 1808, p. 27 ; Hurler, Nomenclator, Inspi’uck, 1899, t. iv, col. 847 ; Eubel, Hierarchia catholica medii xvi, Munster, 1901, t. ii, p. 112.

C. Toussaint.

9. ALPHONSE TOSTAT naquit à Madrigal (VieilleCastille) au commencement de l’année 1400. Dès son enfance, il étudia les lettres à Salamanque et reçut au collège de Saint-Barthélémy une instruction complète dans toutes les branches du savoir humain. Il s’adonna spécialement à la philosophie, à la théologie et au droit civil et canonique ; il connaissait le grec et l’hébreu. Doué d’une mémoire surprenante, il retenait tout ce qu’il lisait et il acquit ainsi une érudition prodigieuse. Après avoir pris à vingt-deux ans ses grades en théologie, il entra dans l’état ecclésiastique et fut pourvu d’une chaire à Salamanque. L’éclat de son enseignement lui attira de nombreux disciples et le lit nommer, par Eugène IV, à la charge d’écolàtre de la cathédrale de Salamanque. Malgré sa jeunesse, il fut député au concile de Baie. Après la clôture de cette assemblée, étant à Sienhe, en 1443, il soutint pendant deux jours devant Eugène IV et devant toute la cour pontificale vingt et une conclusions ou thèses, exercitandi ingenii causa, sicut cseteris scholasticis viris solitum est in hac sacra curia. Epist. ad Papam Eugenium, dans Opéra, Cologne, 1613, t. xii, III a pars, p. 16. Trois de ces conclusions, qui avaient été affichées dix jours à l’avance suivant la coutume, rencontrèrent, avant la soutenance même, des contradicteurs qui cherchèrent à indisposer le pape contre le théologien espagnol. Dès le lendemain de la discussion, Tostat écrivit à Eugène IV pour l’assurer de l’orthodoxie de ses sentiments et de sa doctrine. Il présenta à ses juges un écrit contenant une courte exposition et une confirmation des propositions attaquées avec la réfutation des objections qui lui avaient été faites. Cet écrit est reproduit au chapitre vu du Defensorium. Les juges ne voulurent ni l’approuver ni le condamner. Cependant, le cardinal Jean de Torquemada.dans un traité inédit contre ces trois propositions, rapporte qu’elles ont été qualifiées par une députation de trois cardinaux et d’autres savants théologiens. C’est pourquoi, Tostat rédigea plus tard, pour se justifier, une Défense de ses trois propositions. De retour en Espagne, le docteur de Salamanque obtint la première dignité de la collégiale de Pincia ; il

fut aussi membre du conseil royal et grand référendaire de la Castille. En 1449, sur le désir du roi Jean, Eugène IV le nomma évêque d’Avila ; c’est pourquoi ce théologien est souvent cité sous le nom latin A’Abulensis. Il mourut le 3 septembre 1455, à Bonilla de la Sierra, près d’Avila. Il fut inhumé dans le chœur de sa cathédrale, et l’épitaphe, gravée sur son tombeau, célèbre son savoir universel par ce vers :

Hic stupor est mundi qui scibile discutit omne.

Ses principaux ouvrages latins ont été imprimés à Venise, 13 in-fol., 1507 ; 1547 ; 17 in-fol., 1596 ; 24 in-fol., 1615 ; 27 in-fol., 1728, et à Cologne, 13 in-fol., 1613. La plupart sont des commentaires longs et diffus, composés de 1436 à 1449, sur les livres historiques de l’Ancien Testament, depuis la Genèse jusqu’aux Paralipomènes, et sur l’Évangile de saint Matthieu. « Ce docte évêque, dit Richard Simon, Histoire critique des commentateurs du Nouveau Testament, Rotterdam, 1693, p. 488, a rempli son ouvrage d’un si grand nombre de questions théologiques à propos des paroles de son texte, que ce n’est plus un simple commentaire. » Quelques-unes de ces questions nous paraissent oiseuses et singulières, mais elles étaient dans le goût du temps. D’ailleurs, à peu près toutes les matières dogmatiques et morales sont exposées dans les commentaires de Tostat suivant la méthode scolastique, et à l’aide de l’Index, qui forme le treizième volume de l’édition de Cologne, il serait facile de constituer une somme complète de théologie. Ainsi, le chapitre xix de saint Matthieu fournit au fécond exégète l’occasion d’écrire un beau traité de la grâce. Cf. Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 423 ; Calmet, Bibliothèque sacrée, IVe part., a. 4, dans le Dictionnaire de la Bible, Paris, 1730, t. iv, p. 353 ; R. Cornely, Introductio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 688-689. Tostat a fait aussi un commentaire sur leꝟ. 14 du chapitre vu d’Isaïe : Ecce Virgo concipiet, etc. Le t. xii des Opéra, Cologne, 1613, contient plusieurs opuscules théologiques composés en latin. — 1° Paradoxa quinque, dédiés à la reine de Castille. Tostat y expose les applications, diverses et contradictoires en apparence, de l’image du vase à la sainte Vierge et celles des titres de lion, d’agneau, de serpent et d’aigle donnés à Jésus-Christ. Dans ce cadre un peu étrange on trouve une bonne partie des traités de l’Incarnation et de la Rédemption. —2° Defensorium trium conclusionum. Cette apologie comprend deux parties. La première, adressée à l’archevêque de Tolède, explique et justifie la proposition suivante : Licet nullum peccatum cujuscumque conditionis et pro quocumque slutu irremissibile sit, a pœna tamen aut a culpa Deus non absolvit, nec aliquis absolvere potest, que Jean de Torquemada déclarait erronée et hérétique. Tostat ne niait pas le dogme de la rémission des péchés, pas plus que le pouvoir d’absoudre légitimement exercé par le pape et par les prêtres, mais il prétendait l’expliquer dans un sens plus strict que les autres théologiens. Distinguant dans le péché huit éléments, l’acte lui-même, la coulpe. l’offense, la tache, les ténèbres, la peine et l’inclination au mal, il soutenait que l’acte lui-même et son défaut de rectitude, qui constitue la faute, étant passagers, cessent d’exister avant la rémission et l’absolution et ne peuvent être par conséquent ni remis ni absous. L’offense, si on la considère dans son effet, dans l’indignation que Dieu garde contre le pécheur, et la tache, demeurant au contraire, après l’acte, Dieu en fait la remise, quand il rend la grâce au pécheur repentant. Les ténèbres ou la privation de la lumière divine, si on les distingue de la tache, disparaissent elles aussi à l’infusion de la grâce. Il y a d’une certaine manière absolution de la peine, due au péché. Dieu absout le pécheur repentant de l’obligation de subir la peine éternelle ; le pape, en accordant une indulgence plénière, l’absout de l’obliga