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ALPHONSE DE LIGUORI (SAINT)

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sacrement (1761) ; les Traits de feu (1766) ; l’Octave du Saint-Sacrement ; la Neuvaine au Sacré-Cœur de Jésus (1758) ; la Neuvaine. au Saint-Esprit (1767).

Très sainte Vierge Marie.

Après Jésus, Marie occupait la première place dans le cœur d’Alphonse. Il lit paraître dès 1730 ses Gloires de Marie, ouvrage remarquable, où se rencontrent, dans la plus parfaite harmonie, une science profonde, une vaste érudition et une affection filiale autant qu’ardente, qui ne le cède en rien aux plus fervents serviteurs de Marie. Cet ouvrage est dogmatique autant qu’ascétique ; il faut remonter à saint Bernard pour trouver quelque chose de comparable sur ce sujet.

4° Mentionnons encore et de suite : Neuvaine à sainte Thérèse (1745) ; à saint Michel (1758) ; à saint Joseph (1758) ; pour les défunts (1775). Saint Alphonse est aussi l’auteur d’un bon nombre de Cantiques spirituels d’une délicatesse de sentiment et d’une beauté poétique vraiment remarquables. Il ne dédaigna pas de composer la musique de plusieurs d’entre eux ; maintenant encore son œuvre musicale est fort appréciée par tous les connaisseurs. Il voulait surtout, par là, produire une salutaire influence sur le peuple ; il y réussit pleinement : à l’heure qu’il est on chante encore ses suaves compositions.

Hagiographie.

Nous avons : Victoires des martyrs des premiers siècles et du Japon (1775) ; Vie du père Janvier-Marie Sarnelli de la C. du T. S. Rédempteur (1752) ; Vie de Vito Curzio, frère servant de la même congrégation (1752) ; Vie du père Paul Cafaro du même institut (1766) ; Vie de sœur Thérèse-Marie de Liguori, cousine de notre saint (1761).

Traités de spiritualité. —

La pratique de l’amour envers Jésus-Christ (1768) est un traité complet de perfection pour les personnes de toute condition. On y sent un cœur brûlant de l’amour de Dieu et n’oubliant aucune des exigences de la vertu. Rapportons aussi à cet ouvrage La pratique de la perfection tirée des enseignements de sainte Thérèse (1752), précieux opuscule où l’on trouve en peu de pages toute la synthèse de la perfection chrétienne.

Quelques sujets particuliers sont traités dans les opuscules suivants’.Manière de converser familièrement avec Dieu (1753) ; Conformité à la volonté de Dieu (1755) ; Repos des âmes scrupuleuses dans l’obéissance à leur directeur (1754) ; De l’espérance chrétienne (1765) ; Motifs de confiance et Avis propres à consoler et à fortifier les âmes désolées (1776) ; De l’amour divin et du moyen de l’acquérir (1776). Un opuscule digne d’être tout particulièrement mentionné, c’est le Règlement de vie pour un chrétien (1767). Avec une insistance qui est une note caractéristique de son ascétisme, saint Alphonse aimait à traiter de la prière ; il y revient dans la plupart de ses livres, on a de lui deux opuscules spéciaux sur cette matière : Le petit traité de la prière (1758) ; le Grand moyen de la prière (1759) où le même sujet est développé avec plus d’étendue et d’érudition.

Perfection religieuse.

Nous avons : Avis sur la vocation et Encouragements aux novices pour la persévérance dans la vocation (1759) ; Exhortation aux religieux pour les faire avancer dans la perfection de leur état (1775). Mais le plus important de ses ouvrages sur la matière est s ; ins contredit : La véritable épouse de Jésus-Christ ou la Religieuse sanctifiée par la pratique des vertus propres à son état (1760). C’est un traité absolument complet sur l’excellence et les devoirs de la vie religieuse.

Perfection sacerdotale.

C’est pour les prêtres que saint Alphonse a écrit le plus. Ses œuvres morales et dogmatiques s’adressent surtout à eux. Il nous reste à mentionner ce que le saint a écrit pour leur sanctification personnelle et le fructueux exercice du ministère de la prédication. La série s’ouvre par les Réflexions et les avis aux évêques pour le bon gouvernement de leurs diocèses (1745) ; notons aussi le Règlement pour les séminaires (1762). Le plus important des ouvrages de cette catégorie est Selva ou recueil de matériaux pour les sermons et instructions d’une retraite ecclésiastique (1760). C’est un traité complet de perfection sacerdotale, écho fidèle de ce que les docteurs et les saints ont écrit sur cette matière. Un volume entier est consacré aux Exercices des missions, on y trouve un traité d’éloquence sacrée des plus pratiques. Vient ensuite un Recueil de sermons (1771) ; les idées y sont abondantes et bien choisies, mais en abrégé ; à chaque prédicateur de leur donner les développements nécessaires. Deux opuscules, publiés la même année sous forme de lettres, exposent les vues de notre saint sur La manière de prêcher et L’utilité des missions.

Les deux grandes obligations du prêtre sont la célébration de la sainte messe et la récitation de l’office divin ; nous avons sur ces matières : Des cérémonies de la messe, avec une double série d’actes pour la préparation et l’action de grâces (1761) ; La messe et l’office dits à la hâte (1761) ; Du sacrifice de Jésus-Christ avec une courte explication des prières de la messe (1775) ; . Traduction des psaumes (1774), travail d’un rare mérite, qu’il faut étudier pour le bien apprécier.

De cette simple énumération ressort évidemment le caractère d’universalité des ouvrages ascétiques d’Alphonse. Il a écrit sur tous les points de la spiritualité et s’adresse à toutes les catégories de personnes : prêtres, religieux et simples fidèles. Ces ouvrages se présentent à nous avec un caractère spécial d’autorité. C’est tout d’abord l’autorité de la tradition. De chacun des livres du saint on peut affirmer ce que dit M3 r Gaume de Selva. « Ce n’est point ici la pensée d’un homme qui vous est donnée pour règle de la vôtre, c’est la pensée des siècles. Ce n’est point l’évêque de Sainte-Agathe des Goths, c’est la tradition tout entière, qui prêche, qui instruit, qui commande, qui encourage et qui effraie. Ce livre est comme une tribune sacrée du haut de laquelle parlent tour à tour les prophètes, les apôtres, les hommes apostoliques, les martyrs, les solitaires, les plus illustres pontifes de l’Orient et de l’Occident, les maîtres les plus habiles… en un mot, l’antiquité, le moyen âge, les temps modernes. »

A l’autorité de la tradition vient se joindre celle de la science. De prime abord on serait tenté de s’y tromper ; Alphonse a horreur de l’apparat scientifique : il ne cherche pas à paraître savant, il veut donner la vérité aux âmes, et il sait la présenter avec tant d’art que l’intelligence est subjuguée avant d’avoir songé à discuter. Pas d’assertion qui ne soit accompagnée de sa preuve, mais elle est si naturelle, si bien proportionnée au sujet, si bien fondue dans l’exposé même de la doctrine, qu’on lit sans fatigue et qu’on acquiert une haute science sans presque s’en douter. Cette manière simple et facile de mettre les vérités les plus relevées à la portée des esprits ordinaires est un trait caractéristique de saint Alphonse et range ses ouvrages de spiritualité à côté de l’Imitation.

Peu de livres ascétiques peuvent être comparés à ceux de notre saint docteur, au point de vue de l’utilité. Sa grande expérience de missionnaire, de confesseur, d’évêque, lui avait fait discerner les vérités les plus propres à convertir, à sauver, à sanctifier. Ses livres n’en contiennent pas d’autres : ils forment un banquet où abondent les mets sains et nourrissants, mais d’où sont bannis les friandises et les apprêts qui faussent le goût.

Et quel est son système ascétique ? Il est simple comme l’Évangile : aimer Dieu de tout son cœur et le servir en pratiquant les vertus, soit communes à tous les fidèles, soit propres à l’état de chacun ; prier sans cesse pour obtenir la grâce de toujouis accomplir ce double