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ALPHONSE DE LIGUORI (SAINT)

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l’expérience du saint auteur paraissent davantage, sont ceux Du scandale et De la coopération ; dans ces traités se rencontrent au même niveau et l’observation du philosophe et l’exquise discrétion de jugement du théologien. Notons encore le traité De lajusticeoù sontdiscutés et résolus nombre de cas non abordés avant l’auteur ; celui De la’pénitence où les confesseurs trouvent le guide le plus sûr à suivre. Particulièrement remarquables sont les chapitres sur les pénitents habitudinaires ou récidifs dans le péché. Ce qui caractérise l’œuvre entière, c’est la sagesse et le discernement dans le choix des opinions, avec le souci constant d’alléguer les arguments de raison et d’autorité qui l’appuient.

Plus était éclatant le mérite de la Théologie morale d’Alphonse, plus forte était l’opposition qu’on lui faisait en certains milieux. On sait les difficultés qu’il fallut vaincre, en France, au commencement de ce siècle pour s’en déclarer ouvertement partisan. Un homme surtout contribua beaucoup à l’accréditer, ce fut le cardinal Gousset, dont la Justification de la morale de saint Alphonse eut un si grand retentissement. Les vulgarisateurs se mirent à l’œuvre, et bientôt il y eut nombre de Manuels de théologie morale se faisant l’écho du maître. Citons quelques noms : Neyraguet, Compendium theologiæ moralis ex sancto Alphonso, l re édit., Lyon, 1839 ; Scavini, Theologia moralis universa ad mentent sancti Alphonsi, l re édit., Novare, 1835 ; Gury, Compendium theologiæ moralis, l re édit., Lyon, 1850 ; Ninzatti, Theologia moralis sancti Alphonsi, l re édit., Venise, 1879 ; Konings, Theologia moralis novissimi Ecclesise doctoris sancti Alphonsi, l r ° édit., Boston,’1874 ; Aertnys, Theologia moralis juxta doctrinam sancti Alphonsi, 1e édit., Tournai, 1885 ; Marc, Institutiones morales alp/ionsianæ, l re édit., Borne, 1886.

Il y eut bien aussi quelques adversaires combattant comme trop sévères ou comprenant mal certaines opinions du saint. Sa doctrine fut défendue contre eux dans un livre ayant pour titre Vindicise alphonsianse, Paris, 1872. Les appréciations des hommes, on le voit, ne sont pas toujours les mêmes. Au commencement du xixe siècle on regardait la doctrine du saint comme trop large, aujourd’hui on la trouve trop sévère. L’Église ne trouve ni l’un ni l’autre. Inter implexas theologorum sive laxiores, sive rigidiores sententias, tutam stravit riant per quant Christi fidelium animarum moderatores inoffenso pede incedere possunt, dit le décret du doctorat.

II. ouvrages dogmatiques.

Ces ouvrages se divisent naturellement en différents groupes dont la seule énumération fait voir l’utilité qu’en peut tirer le théologien.

Vérité de la Religion catholique.

Pour la démontrer, saint Alphonse a écrit : Dissertation contre les erreurs des incrédules modernes (1756) ; Evidence de la foi par les motifs de crédibilité (1762), et dans une forme plus populaire : Réflexions sur la vérité de la révélation divine (1773) ; Vérité de la foi (1767). Ce dernier ouvrage comprend trois parties : la première contre les matérialistes qui nient l’existence de Dieu ; la seconde contre les déistes qui nient la religion révélée ; la troisième contre les sectaires qui nient que l’Église catholique soit la vraie et unique Église.

Divinité de l’Église.

En dehors de l’ouvrage précédent, elle est mise en lumière par la Conduite (iilniirable de la divine Providence dans l’œuvre de la Rédemption des hommes (1775). Saint Alphonse n’est pas moins profond que Bossuet dans son Discours sur l’histoire universelle ; mais il est plus populaire et rend accessibles les vérités les plus sublimes.

Suprématie du Saint-Siège.

Elle est solidement prouvée dans les Vindicte pro suprema Pontificis potestate advenus Febronium (1768). Il faut rappeler ici l’intéressante dissertation insérée dans la Théologie murale : De Romani Pontificis supra concilium œcumenicum auctoritate, alque in fidei quæstionibus infallibilitale (1718). Ces deux opuscules, traduits en français et enrichis de plusieurs chapitres tirés de divers traités du saint, ont formé le bel ouvrage Le pape et le concile, qui a exercé une si heureuse influence sur nombre d’évêques réunis à Borne pour la célébration du concile de 1870.

Dogmes catholiques.

La plupart des dogmes catholiques sont exposés et défendus dans deux ouvrages importants ; le premier, Traité dogmatique contre les prétendus réformés, a pour objet propre les points discutés et définis par le saint concile de Trente (1769). C’est un arsenal où abondent les armes de nature à mener bonne guerre contre les protestants. Le second, Triomphe de l’Église ou Histoire et réfutation des hérésies, 3 vol. in-8o, 1772, nous montre tout à la fois le développement historique et la preuve théologique des principaux dogmes de notre religion. A mentionner comme très utiles aux prédicateurs les Dissertations théologiques et motales sur les fins dernières (1776).

Grâce.

Nous croyons devoir signaler à part l’opuscule consacré à cette matière par saint Alphonse, sous ce titre : Mode d’opération de la grâce. Il parut en 1769 comme appendice au Traité dogmatique contre les prétendus réformés, et devint le complément d’un livre publié dix ans auparavant (1759) : Du grand moyen de la prière. Alphonse se plaçait en dehors des discussions passionnées qui divisent thomistes et molinistes. Il admet une double efficacité de la grâce, l’une ab intrinseco, l’autre ab extrinseco. Cette dernière, dite grâce commune, est accordée à tous les hommes et les met à même de poser des actes faciles, surtout la prière ; moyennant celle-ci, chacun peut s’assurer les grâces spéciales nécessaires pour les œuvres les plus difficiles. Cf. J. Hermann. Tractatus de divina gratia secundum S. Alphonsi M. de Ligorio doctrinam et mentent, Borne, 1904.

Les ouvrages dogmatiques écrits en italien, sont moins connus que la Théologie morale. Ils renferment cependant un riche trésor de doctrine et offrent tous les éléments d’une théologie complète, mais positive et polémique plutôt que scolastique. Ils ont été traduits en latin par le P. L. Waller, S. Alphonsi Marias de Ligorio, Ecclesise doctoris, Opéra dogmalica, 2 in-4o, Borne, 1903.

III. ouvrages ascétiques.

Dans ses ouvrages ascétiques saint Alphonse parle de tous les objets de notre culte et enseigne â tous les fidèles la pratique de la vertu, à partir du degré le plus infime jusqu’au sommet de la perfection. On s’en convaincra par la simple énumération des écrits du saint docteur ; nous les rangeons sous différentes rubriques qui en feront connaître l’objet.

Détachement des créatures.

Les maximes éternelles, ou méditations pour chaque jour de la semaine (1752) ; La préparation à la mort ou considérations sur les vérités éternelles (1758) ; Méditations pour huit jours d’exercices spirituels en particulier (1761) ; La voie du salut ou méditations et exercices spirituels pour arriver au salut (1766).

Mystères de notre Rédemption.

Neuvaine de Noël (1758). Ce livre renferme bien plus que le titre n’indique. On y trouve dix discours sur l’Incarnation, un autre sur le saint nom de Jésus, des méditations pour tous les jours de l’Avent et le temps de Noël jusqu’à l’octave de l’Epiphanie. Considérations sur la Passion de Jésus-Christ (1761) ; cet ouvrage reçut plusieurs augmentations dont la plus notable en 1773 sous le titre de Réflexions sur la Passion de Jésus-Christ. Mais le plus célèbre des livres de piété est celui des Visites au saint sacrement (1745) auquel on joint fréquemment d’autres opuscules sur le même mystère, comme les Aspirations d’amour à Jésus-Christ dans le saint