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ALPHONSE DE LIGUORI (SAINT)

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tion laissée en souffrance, la perfectionna encore, et l’inséra dans la sixième édition (1767), où elle figure toujours. Dans la septième (1773), nous trouvons, à la fin du traité de la conscience, un Monilum important, où l’auteur précise encore sa pensée sur le probabilisme. Dans la huitième (1779), ce Monilum est fusionné avec le traité De systemate morali, qui, enfin, a sa forme définitive ; la neuvième édition, 3 vol. in-i°, 1785, n’étant que la reproduction de la huitième.

Parmi les autres dissertations qui sont venues enrichir la Théologie morale, mentionnons les suivantes :
1° Dissertatio super abusu maledicendi mortuis, publiée déjà séparément en 1746 ; —
2° Dissertatio super censuris circa Immaculatam B. M. Virginis Conceptionem, 1748 ; —
3° Dissertatio de Romani Ponlificis auctoritate et infallibilitate, 1748 ; —
4° Dissertatio de pista prohibitione et abolitione librorum nocuse lectionis, publiée séparément en 1754 et insérée l’année 1755 dans la deuxième édition. Il faut ajouter une double série de questions réformées par l’auteur : la première, insérée dans la deuxième édition, en compte 99 ; la seconde en renferme 26, dont 23 appartiennent à la sixième édition et 3 à la neuvième.

Après la mort du saint, et surtout après sa canonisation, la Théologie morale eut une diffusion telle qu’Userait difficiled’enénumererles éditions. Les Actes du doctorat (1870) en citent une cinquantaine. Le P. Gaudé en a commencé une édition critique, à Rome, en 1905.

Pratique du confesseur pour bien exercer son ministère, publiée en 1748 et traduite en latin sous le titre de : Praxis confessant ad bene excipiendas confessiones, en 1760. Livre d’or pour les confesseurs, il n’a pas eu moins d’éditions que la Théologie morale. Il faut dire la même chose des autres ouvrages que notre saint fit paraître sur cette branche de la science ecclésiastique. Nous le notons ici une fois pour toutes.

Instruction pratique des confesseurs, 3 vol. in-8° (1757j. C’est un résumé de la Théologie morale, à laquelle l’auteur renvoie presque à chaque page. A partir de la sixième édition de 1 Instruction (1765), nous y trouvons, insérée au chapitre de la conscience, la dissertation de 1762 sur l’usage modéré de l’opinion probable.

Homo apostolicus, traduction latine de l’ouvrage précédent (1759). A partir de la troisième édition (1770), c’est l’Apologie de 1769, traduite en latin, qui forme le traité de la conscience probable. A signaler quatre opuscules, communément reproduits comme appendices de Yllomb apostolicus :
1. Quomodo se gerere debeat confessarius in dirigendis animabus spiritualibus, traité succinct mais complet, d’une remarquable lucidité, sur le mysticisme ; —
2. De assistentiærga m oribundos ; rien n’est oublié de ce qui peut être utile à un prêtre pour assister les moribonds à leur passage à l’éternité ; —
3. Examen ordinandorum ; écrit en vue de la préparation immédiate des examens d’ordination, cet opuscule est plus riche en doctrine que son titre ne semblerait l’indiquer ; —
4. De nonnullis monitis notabilioribus ad confessarios et parochos, adjecta praxi orationis mentalis. Le titre indique suffisamment le contenu de ces quelques pages. Les curés et les confesseurs qui les liraient fréquemment, y puiseraient une direction salutaire pour l’exercice de leur ministère.

Le confesseur des gens de la campagne (1764), résumé succinct de toute la morale, suffisant, d’après le saint, pour les confesseurs des gens de la campagne, où les cas compliqués se rencontrent rarement.

Petit traité Sur la fréquente communion, en 1762, avec une addition en 1765.

Instruction au peuple sur les préceptes du Décalogue et sur les sacrements (1767). Opuscule des plus utiles pour instruire le peuple sur ses devoirs ainsi que sur les moyens de salut. Il fut traduit en latin (1768) sous le titre de lnstructio catechistica ad populum in prœcepta Decalogi et sacramenta.

9° Nous avons du même temps un opuscule sur les Honoraires des messes (1769), leur licéité et les abus qui peuvent s’introduire en cette délicate matière.

L’œuvre morale de saint Alphonse est une œuvre magistrale ; on y trouve la solution d’une infinité de cas pouvant se produire dans toutes les circonstances de la vie. Ces différentes solutions sont étroitement liées entre elles et s’harmonisent dans une vaste synthèse. Les principes fondamentaux sont largement exposés et solidement prouvés ; les conclusions particulières en découlent logiquement et portent la conviction dans les intelligences. La méthode est moins rigoureuse que celle de saint Thomas, mais une argumentation suivie se rencontre partout et n’échappe qu’aux esprits superficiels.

Son système moral opéra une révolution dans la science morale. Ce fut la défaite définitive et irrévocable des rigoristes à tous les degrés. Ce n’est pas que saint Alphonse inventât, pour se régler dans le dédale des opinions, une règle absolument nouvelle et inconnue avant lui : la vérité est de tous les temps et toujours, dans l’Eglise, l’on a su résoudre les cas de conscience selon les règles de la prudence chrétienne. Mais le saint docteur perfectionna les formules et les appuya de si bonnes raisons, qu’elles finirent par prévaloir dans l’enseignement catholique. Il ne les avait pas reçues des lèvres de ses maîtres qui enseignaient le probabiliorisme. D’abord, il avait admis leur système, l’expérience lui en montra vite les inconvénients, l’étude lui en fit voir la fausseté. Il se tourna alors du côté des probabilistes, mais avant d’embrasser leur doctrine, il voulut se rendre compte des raisons qui l’appuient. Dans ce but, il fit paraître en 1749 une dissertation dans laquelle il faisait valoir tous les arguments des probabilistes. Il s’arrêta à leur formule : Licitum est sequi opinionem probabilem in concursu probabilioris, modo illa gravi motivo nitatur, sive inlrinseco, scilicet ex ratione, sive extrinseco ex auctoritate doctorum, Peu satisfait de cette élucubration, Alphonse revient sur la question en 1755 et publie une nouvelle dissertation bien plus soignée que la première. Il conserve la même formule, mais déjà il fait une restriction : Nisi probabilitatis excessus sit notabilis. Cette restriction va être de plus en plus accentuée. Visiblement le saint a peur qu’on en prenne trop à l’aise avec la loi, trouvant toujours qu’aucune preuve n’est suffisante pour l’établir, tandis que tout argument paraîtra grave, dès qu’il est en faveur de la liberté. C’est en 1762 que, se dégageant des vieilles formules, il établit clairement son système : Cum opinio minus tuta est seque probabilis, dit-il, potest quis eam licite sequi ; par contre, non licel sequi opinionem minus probabdem quando opinio quæ stat pro lege est notabiliter et certo probabilior. Le système de l’équiprobabilisme, comme on le voit, prend de plus en plus corps. Les discussions engagées pour défendre la dissertation de 1762 le mirent de plus en plus en relief ; nous en trouvons la formule définitive dans la 6e édition de la Theologia moralis (1767) : Dico igitur non licere sequi opinionem minus probabilem, cum opinio quæ stat pro lege est notabiliter aut certo probabilior ; dico aut certo, quia cum opinio pro lege est certo et sine ulla hsesitalione probabilior, tum opinio illa non potest esse nisi notabiliter probabilior. Par contre, cum opinio minus tuta est œque vel fere œque probabilis, potest quis eam licite sequi. Le dernier opuscule du saint sur cette matière : Exposé du système que tient l’auteur, n’est (1774) pas moins explicite. L’équiprobabilisme est donc bien le système enseigné et défendu par saint Alphonse ; c’est ce système qui donne à toute sa morale un ton de modération et de juste milieu que les souverains pontifes se sont plu à signaler bien souvent.

Après le traité De la conscience, ceux où la science et