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ALLIANCE PRESBYTÉRIENNE — ALLIX (PIERRE^

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ALMAIN (JACQUES)

ALOGES

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L’Expositio circa decisiones M. G. Occam est un commentaire sur quatre des questions résolues par Occam. Entre autres sujets, Almain y traite de l’autorité du prince et de quelques-uns des droits qu’elle implique. Cette autorité ne vient immédiatement ni de Dieu ni du pape ; elle vient du peuple et de Dieu, du peuple qui se choisit un chef, de Dieu qui approuve ce choix. Par suite, le souverain pontife n’a pas de pouvoir direct sur l’autorité du prince ; toutefois indirectement il peut procéder contre un prince chrétien et le déposer en deux cas : 1° si ce prince se rend coupable d’un crime contre l’ordre spirituel (hérésie ou schisme) ; 2° s’il commet un crime contre l’ordre social, par exemple, s’il refuse de rendre la justice, s’il abuse de sa puissance pour dépouiller ses sujets, et si d’autre part ceux qui peuvent et doivent le déposer ne font pas leur devoir (Quseslio il*, comm. sur le chap. vin).

Ce droit d’intervenir dans les affaires temporelles et de déposer les rois qu’Almain revendique pour les papes est, on le voit, très étendu. Sur ce point les théologiens gallicans ne l’ont pas suivi ; mais ils ont fait meilleur accueil à ses doctrines sur l’autorité du pape et du concile. Almain est avec Gerson, Pierre d’Ailly et Jean Major, l’un des représentants de l’ancienne université de Paris qu’ils citent le plus souvent. On a rappelé fréquemment ses principes, ses arguments, ses réponses à Cajetan. Richer en particulier l’a vivement défendu dans son Libellus de ecclesiaslica et politica potestate ; Bossuet s’appuie sur son témoignage dans la Défense de la déclaration de 108"2, Dissert, prélim., n. 13 et 1. VI, c. xxii ; dans sa dissertation De autoritate summi pontifiais, c. xxxii, Fénelon montre que sa théorie de l’infaillibilité n’est pas contraire à celle d’Almain ; Fébronius le signale parmi les principaux théologiens que l’on peut alléguer contre les ultramontains. Traité du gouvernement de l’Eglise, c. I, sect. X. Pierre Pithou n’a pas oublié de l’indiquer dans ses Preuves des libertés de l’Église gallicane, c. xi. Par contre les réfutations n’ont pas manqué. La première en date est celle de Cajetan qui dès l’an 1512 répond à son contradicteur en publiant une double Apologie de son traité De comparatione authorilatis papæ et concilii. Plus tard Bellarmin, De conciliis et Ecclesia, signale et réfute au moins sommairement les erreurs d’Almain. André Duval le vise plus directement et le réfute plus complètement dans son De suprema R. ponti/icis in Ecclesiam potestate, adversus Vigorium jurisconsultum.

Launoy, Regii Nav. gymnasii Paris. Jiisfona, part.I, 1. III, ci, n ; part. III, 1. III, c. v, Paris, 1677 ; Ellies du Pin, Nouv. bibl. des aut. ecclés., t. xiv ; Bayle, Dict. hist. et critique ; du Boulay, Hist. universit. Paris., t. VI, Paris, 1678 ; Féret, La faculté de théologie de Paris, Epoque moderne, Paris, 1901, t. ii p.83 sq.

V. Oblet.

ALMEYDA Théodore, oratorien né à Lisbonne en 1722. Créateur d’un cours de physique dans sa ville natale, il répondit brillamment aux objections que les incrédules du xviiie siècle dirigeaient alors, au nom de la science, contre les enseignements de l’Église. On a de lui une Concorde entre la raison et la révélation, dont la traduction française a paru à Paris, 1823, en 2 vol. in-12. Plusieurs années auparavant, l’illustre physicien s’était réfugié en France pour se soustraire aux vengeances du trop fameux ministre Pombal. Il ne rentra dans sa patrie qu’après l’exil de son persécuteur ; mais il y revint pour prendre place parmi les membres de l’Académie portugaise, juste récompense de sa vaste érudition et de sa noble et courageuse attitude en face des tentatives impies d’un politicien haineux et cruel. Il mourut en 1803. On lui doit encore Entretiens sur la dévotion au Cœur de Jésus, Lyon, 1826, in-18.

Feller, Biographie universelle, Paris, 1845, t. iii, p. 110 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 18 : 33, t. iii, col. 518.

C. Toussaint.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

ALMDCI Camille naquit à Brescia, en Italie, le 2 novembre 1714. Entré jeune dans la congrégation de l’Oratoire, il devint un des plus célèbres théologiens de son ordre. Langues orientales, chronologie, archéologie sacrée et profane, critique, diplomatie et liturgie, toutes ces connaissances étaient familières à sa vaste et prodigieuse érudition. Pour s’en assurer, il suflit de parcourir les diverses publications qu’il fit paraître successivement jusqu’à sa mort en 1779. Ce sont : 1° Ri/ïessioni su di un libro di G. Febronio, in-4°, Lucques, 1766 ; — 2° Critica contro le opère del pericoloso Voltaire, in-8°, Brescia, 1770 ; — 3° Dissertazione sopra i Martiri délia Chiesa catlolica, 2 vol. in-4°, Brescia, 1765 ; — 4° Méditations sur la vie et les écrits du P. Sarpi, 1765. C’est une étude critique sur cet historien frauduleux.

Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. m. col. 197 ; Feller, Biographie universelle, Paris, 1845, t. iii, p. 75.

C. Toussaint.

ALMOND Olivier, prêtre anglais catholique du diocèse d’Oxford, suivant le journal du collège anglais de Rome, où il fut admis en avril 1582, à l’âge de vingt et un ans. Après avoir reçu les ordres en août 1587, il fut envoyé au collège de Valladolid qui venait d’être fondé. Il passa de là en Angleterre. Il vivait encore en 1593, mais on ne sait pas la date de sa mort. Il est probablement l’auteur de l’ouvrage suivant : The Uncasing of hérésie, or the anatomie of protestancie, written and composed bij 0. A., Louvain ( ?), 1623, in-8°.

A. Gatard.

ALOGES. "AXoyoï. Saint Épiphane, Hær., ii 3, P. G., t. xli, col. 892, est l’inventeur de ce terme pour désigner certains personnages asiates de la fin dune siècle ; il le fait dériver, non de à-Xôyoi ; , sans raison, mais de à-Aôyoi ; , négateur du Logos. Étymologiquement parlant, et à ne s’en tenir qu’à ce premier renseignement, on est en droit de conclure et on a conclu, en effet, à l’existence d’une secte caractérisée par son opposition à la doctrine catholique sur le Logos, par son refus d’admettre la divinité du Verbe. Par suite, la pensée se porte naturellement vers les partisans exagérés de la monarchie en Dieu, vers les anti-trinitaires de la fin du ne siècle et du commencement du iiie ; d’autant plus qu’Épiphane désigne Théodote comme un provin des aloges, àTt60-7ta<T}ia, ibid., liv, 1, et que Théodote fut l’un des chefs de l’école unitaire en opposition avec l’école trinitaire. C’est la conclusion naturelle à tirer du langage d’Epiphane, puisqu’il affirme que les aloges « ont abandonné la foi sincère », « qu’ils sont complètement étrangers à l’enseignement de la vérité, » àXXoTptoi 7tavT(XT : ac71v toû xr, p-JYU.a-co ; tt, ; àXï)6ê :’a ; , ibid., Ll, 3, et les véritables antéchrists, dont il est question dans la première Épitre de saint Jean. I Joa., ii, 18. Et c’est la conclusion qu’en a tirée Hefele dans le Tubing. Quartalr schrift, 1851, p. 564, et 1854, p. 361 ; conclusion qui est d’ailleurs conforme à la courte notice que saint Augustin consacre aux aloges. De hær., xxx, P. L., t. iixl col. 31. D’après cela, les aloges sont des hérétiques spécifiquement caractérisés par leur négation de la divinité du Verbe et par leur opposition aux écrits de saint Jean, où cette divinité est si clairement enseignée et si souvent affirmée.

Mais Épiphane ne s’est pas borné à cette indication sommaire. Il nous a fait connaître quelques-uns des motifs allégués par les aloges pour repousser en bloc les écrits johanniques. Et ces motifs, les voici : le quatrièmeÉvangile est inharmonique, dissonant ; il ne groupe pas les faits de la même manière que les synoptiques ; il ne suit ni leur ordre pragmatique, ni leur succession chronologique. Quant à l’Apocalypse, elle est ridicule, puérile, et surtout faussement prophétique. De telles raisons, on le voit, ne sont pas d’ordre doctrinal, mais du ressort de la critique. Et c’est sur le terrain de la critique que se place saint Épiphane pour les réfuter. D’une

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