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ALLIANCE PRESBYTÉRIENNE — ALLIX (PIERRE^


évangélique vint réveiller ces idées d’union, en montrant comment elles pouvaient se réaliser en pratique. Sous l’influence du D r W. G. Blaikie, en Ecosse, de M c Cosh et de P. Schaff, en Amérique, ces idées gagnèrent du terrain, et en 1873 on profita de la conférence générale de l’Alliance évangélique, tenue à New-York, pour nommer un comité chargé de jeter les bases d’une nouvelle Alliance. Au mois de juillet 1875 une centaine de délégués, appartenant aux principales branches des Églises réformées, se réunirent au collège presbytérien de Londres, et votèrent une constitution en vertu de laquelle toute Église organisée selon les principes presbytériens — admettant comme autorité suprême, en matières de foi et de morale, les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, et professant les doctrines communément admises par les Eglises réformées — peut faire partie de l’association dont le titre officiel sera l’Alliance des Églises réformées du monde entier admettant le système presbytérien. On proposa aussi de tenir tous les trois ans un concile ou synode général, composé de ministres et d’anciens en nombre égal, nommés par les différentes Églises selon l’importance numérique des diverses congrégations ou paroisses ; mais il fut bien entendu que ce synode ne toucherait pas aux professions de foi des Églises ou à leur organisation interne. Sept conciles de ce genre se sont déjà réunis, le premier à Edimbourg (Ecosse) en juillet 1877, le second à Philadelphie (États-Unis) en septembre et octobre 1880, le troisième à Belfast (Irlande) en juin et juillet 1884, le quatrième à Londres (Angleterre) en juillet 1888, le cinquième à Toronto (Canada) en septembre 1892, le sixième à Glasgow (Ecosse) en juin 189(5. Le septième s’est tenu en 1899 à Washington, la capitale des États-Unis. Les sujets généralement traités dans ces réunions sont les points fondamentaux communs aux différentes professions de foi presbytériennes, les questions importantes de discipline et d’éducation, les missions étrangères ; on y évite avec soin tout débat sur les doctrines et pratiques particulières de chaque secte. II. Résultats.

Jusqu’ici ces réunions n’ont abouti qu’à des résultats bien médiocres, ainsi que l’avoue le I) r R. E. Thompson, presbytérien lui-même, dans son Histoire des Églises presbytériennes aux États-Unis, A Ilistory of the Presbyterian Church.es in the L’ni/cd States, New— York, 1895, p. 202 ; elles n’ont eu pour effet, d’après lui, que de créer des rapports plus courtois entre les Églises réformées des différents pays. Le D r Schaff a bien essayé, il est vrai, de faire adopter un credo commun, destiné à remplacer les confessions de foi des diverses branches presbytériennes ; il est mort sans avoir pu réussir : les libéraux d’Europe trouvaient son projet trop long et trop précis, les conservateurs d’Irlande et d’Amérique le jugeaient au contraire trop court et trop vague, tant il est vrai que le principe du libre examen est incompatible avec l’unité de foi ! On n’a même pu s’entendre sur des détails insignifiants : dans les réunions de l’Alliance on avait chanté non seulement des psaumes, mais encore des hymnes ou cantiques religieux, avec accompagnement d’orgue : une des branches presbytériennes n’a cessé de protester contre cette nouveauté, menaçant de se retirer, si on ne l’abolissait, si bien que la majorité a fini par céder pour le bien de la paix, tout en réservant la question de principe. Malgré de très louables efforts, l’Alliance n’a pu empêcher non plus de nouvelles scissions : les libéraux ont gagné du terrain même aux États-Unis, et ont demandé la revision de la fameuse confession de foi de Westminster, comme ceux d’Ecosse l’avaient déjà fait auparavant : après une lutte longue et acharnée, les conservateurs ont fini par triompher ; mais les libéraux ne se tiennent pas pour battus, et la revision n’est qu’ajournée. Les procès retentissants intentés aux professeurs Charles Briggs et Henri Smith à cause de leurs

opinions avancées sur les questions bibliques, leur refus de se soumettre à la condamnation portée contre eux, la sympathie qu’on leur a témoignée, et bien d’autres faits de ce genre montrent que les anciennes divisions ne feront que s’accentuer. Nous ne pouvons assurément qu’approuver les elTorts de l’Alliance vers l’union, mais tant qu’elle rejettera le principe d’autorité en religion, elle se condamne au supplice de Sisyphe et de Tantale.

Outre l’ouvrage cité du D’Thompson, voir les rapports officiels de l’Alliance : Minutes of London Conférence, 1875 ; Proceedings of first gênerai Council, Edimbourg, 1877, etc. ; SchafT-Herzog, Encyclopxdia, t. i, p. 63-64.

A. Tanquerey.

ALLIX Pierre, théologien protestant, né à Alençon en 1641, mortà Londres le 3 mars 1717. Fils d’un pasteur calviniste, il étudia à Saumur et à Sedan et devint lumême pasteur à Agobille-en-Champagne et à Charente n en 1670. Très versé dans la connaissance des langui s hébraïque et syriaque, il travailla avec le célèbie Claude à une nouvelle version de la Bible. Après la révocation de l’édit de Nantes, il passa en Angleterre où il put ouvrir un temple pour les réfugiés sous la seule condition qu’il célébrerait selon le rite anglican. Il devint, en 1690, chanoine de Salisbury et les universités de Cambridge et d’Oxford lui décernèrent le titre de docteur en théologie. Ses écrits sont remplis d’idées bizarres et dans plusieurs il annonce le prochain retour de Notre-Seigneur sur la terre. Nous mentionnerons parmi ces ouvrages : Dissertatio de sanguine Christi ad epistolam CXLVl Auguslini : quæ, num adhuc existât, inquiritur, in-4°, Rouen, 1674 ; Dissertatio qua fidelibus jus conciliorum quorumvis definiliones expendendi, et veteris ecclesiæ sententia asseritur, in-8°, Rouen, 1674 ; De Tertullianivita et scriptis, in-8°, Paris, 1680 ; L’ouverture de l’Epitre de saint Paul aux Romains par l’explication du verset 27 du ch. m et lettre en forme de traité touchant la justification et la lecture des Pères, in-12, Amsterdam, 1685 ; Delcrminatio F. Joannis, Parisiensis prsedicatoris, de modo existendi corpus Christi in sacramento altaris, alio quam sit Me queni tenet ecclesia, nunc primum édita ex codice manuscriplo sancti Victoris ; cum præfatione historica de dogmate transsubstantiationis, in-8°, Londres, 1686 ; The judgment of the ancient Jewish Church against the Utiitarians in the controversy upon the holy Trinity and the divinity of our blessed Saviour, in-8°, Londres, 1689 ; Réflexions sur les cinq livres de Moyse pour établir la vérité de la religion chrétienne, 2 in-8°, Londres, 16871689 ; Some remarks upon the ecclesiastical History of the ancient Churches of Piedmont, in-4°, Londres, 1690 ; Remarks upon the ecclesiastical History of the ancient Churches ofthe Albigenses, in-4°, Londres, 1692 : dans ces deux derniers ouvrages, Allix essaie de prouver contre Bossuet l’identité des albigeois et des vaudois ; De Messise duplici advenlu dissertât iones duie adversus Judœos, in-12, Londres, 1701 ; Préface and arguments on the Psalmy, in-8°, Londres, 1701 ; Nectarii palriarchx Hierosolymitani confutalio papæ in ecclesiam, in-8°, Londres, 1702 ; The Prophecies wich M. Whislon applies to the times immediatcly folowing the appearance of the Messiah…, in-S°, Londres, 1707 ; Two treatises : 4° A confutatio of the hopes of the Jews concerning the last rédemption ; 2° An ansiver to Whiston’s laie trealise on the révélations, in —8°, Londres, 1707. Signalons encore l’ouvrage suivant de P. Allix, publié sans nom d’auteur : Réponse à la Dissertation qui est à la fui du livre de la perpétuité de la foi, touchant le livre « Du corps et du sang du Seigneur » publié sous le nom de Reckani et touchant l’autorité de Scot Érigène (avec quelques augmentations par J. Claude), in-i°, Rouen, 1671. Il traitait le même sujet dans Hislorical dissertation on Rackam concerning the body and blood of Christi dans une