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ALLIANCE ÉVANGÉLIQUE — ALLIANCE PRESBYTERIENNE


formèrent en assemblée constituante pour fonder l’Alliance évangélique. On décida d’admettre comme membres de l’Alliance tous ceux qui souscriraient les neuf articles suivants : 1° l’inspiration et l’autorité des saintes Écritures comme unique règle de foi ; — 2° le droit et le devoir du jugement privé dans l’interprétation des Écritures ; — 3° l’unité de nature et la trinité de personnes en Dieu ; — 4° la corruption morale de la nature humaine en conséquence de la chute originelle ; — 5° l’incarnation du Fils de Dieu, son œuvre rédemptrice pour les péchés du monde et la médiation qu’il ne cesse d’exercer ;

— 6° la justification du pécheur par la foi seule ; — 1° l’œuvre du Saint-Esprit dans la conversion et la sanctification du pécheur ; — 8° l’immortalité de l’âme, la résurrection des corps, le jugement final, l’éternité de bonheur réservée aux justes et le châtiment éternel des méchants ; — 9° l’institution divine du ministère chrétien, la nécessité et la perpétuité des deux sacrements, du baptême et de la cène. Ce programme fut sévèrement critiqué dès son apparition, quelques-uns le trouvant trop large, et d’autres trop étroit ; on lui reprochait surtout d’exclure, par l’article 9, l’une des sectes les plus respectables par son esprit chrétien, les quakers. La branche française, plus libérale, abandonna en 1854 la formule de Londres, et lui substitua celle-ci beaucoup plus élastique : « La branche française de l’Alliance évangélique admet au nombre de ses membres tous les chrétiens qui, voulant vivre dans l’amour fraternel, expriment l’intention de confesser avec elle, conformément aux Écritures inspirées de Dieu, leur foi commune au Dieu Sauveur : au Père qui les a aimés et qui les justifie par grâce, par la foi en son Fils ; au Fils qui les a rachetés par son sacrifice expiatoire, et au Saint-Esprit, l’auteur de leur régénération et de leur sanctification, un seul Dieu béni éternellement, à la gloire duquel ils désirent consacrer leur vie. » On remarquera le vague calculé de cette déclaration qu’un unitaire intelligent pourrait signer des deux mains.

IL Organisation. — L’Alliance évangélique est divisée en un certain nombre de branches nationales, indépendantes les unes des autres, et n’ayant même point de bureau central pour les relier entre elles ; les deux plus actives sont la branche anglaise, dont le siège est à Londres, et celle des États-Unis, dont les bureaux sont à New —York ; il y a aussi des rameaux en Allemagne, en France, en Suisse, en Hollande, en Suède, en Italie, en Turquie, en Australie, aux Indes et en plusieurs pays de missions. Depuis 1857 chaque année, au commencement de janvier, les différentes branches nationales organisent ce qu’on appelle une semaine de prière, pendant laquelle on offre, dans les principaux temples affiliés à l’association, des prières publiques pour les grands intérêts de l’Église chrétienne et surtout pour l’union et la paix. De plus chaque branche a ses réunions spéciales, les différentes branches anglaises une fois l’an, la branche américaine une fois tous les deux ans, les autres branches un peu moins fréquemment. Il y a aussi tous les cinq ou six ans des conférences générales, où les délégués des diverses branches discutent ensemble les questions d’intérêt général et entendent les rapports faits sur l’état religieux drs différents pays. Il y a eu jusqu’à ce jour neuf conférences de ce genre, qui se sont tenues dans les grands centres, à Londres en 1851, à Paris en 1855,

; i Berlin en 1857, à Genève en 1861, à Amsterdam en

1867, à New-York en 1<S73, à Bâle en L879, à Copenhague n 1884 et à Florence en 1891. En 1893, une conférence a eu lieu à Chicago, à l’occasion de l’Exposition ; mais celait une conférence ! purement nationale. Le secrétaire de la brandie américaine a eu la bonté’de nous informer qu’on ne peut prévoir actuellement à quelle époque aura lieu la prochaine réunion générale.

III. lifsi mais.

S’il faut en croire les rapports de l’Alliance, les résultats obtenus seraient considérables.

Au point de vue de la liberté religieuse, un progrès réel serait dû à son intervention ; elle aurait contribué à faire abolir en Turquie la peine de mort portée contre ceux qui renoncent à la religion musulmane ; à adoucir en Russie le sort des luthériens vivant dans les provinces baltiques, et des baptistes qui résident dans les provinces du sud ; à faire cesser la persécution des chrétiens au Japon, des nestoriens en Perse ; à libérer en Espagne et en Italie quelques prisonniers, dont le seul crime ( ?) était de lire la Bible. Au point de vue de l’union, elle a favorisé un rapprochement entre les hommes intelligents des différentes dénominations, et prêché une entente cordiale entre les diverses Églises locales et les sociétés missionnaires travaillant à l’étranger. Le succès a-t-il répondu à tant d’efforts ? Sans doute il y a aujourd’hui plus de liberté religieuse dans les pays païens qu’il y a cinquante ans ; est-elle due aux remontrances platoniques de l’Alliance ou bien à l’intervention effective des cuirassés européens ? La liberté qu’on se vante d’avoir favorisée dans les pays chrétiens ne dégénère-t-elle pas en indifférence, et ne voit-on pas en Angleterre, en Allemagne et aux États-Unis beaucoup de protestants cesser d’être chrétiens du moment qu’ils ne sont plus ardents épiscopaliens, luthériens, baptistes ou méthodistes ? Quant à l’union, il faut avouer qu’elle existe moins que jamais ; sans doute il est facile à des hommes bien élevés de se traiter charitablement pendant sept ou huit jours que dure une conférence, alors même qu’ils ont des vues diamétralement opposées. Mais les sectes ont continué à se multiplier, et même dans le sein de l’Église anglicane, que de divisions nouvelles, que de luttes intestines, par exemple entre les ritualistes et leurs contradicteurs ! L’Alliance elle-même n’a pas su échapper aux dissensions intestines, et les effets de la rupture qui éclata entre la branche française et la branche allemande à l’occasion de la guerre de 1870, se font encore sentir ; aussi en 1876 le comité de Paris repoussa la proposition faite par le comité de Londres de convoquer une conférence générale à Paris, à l’occasion de l’Exposition de 1878 : on ne voulait pas fraterniser avec les délégués allemands.

Puissent nos frères séparés, instruits par ces échecs successifs, comprendre que l’union des cœurs ne peut subsister longtemps sans l’union des esprits, et celle-ci sans une autorité infaillible !

Consulter les différents rapports des conférences générales, particulièrement The Evangelical Alliance, Londres, 1847 ; The Religion’s condition of Christendom, Londres, 1852 ; Evangelical Alliance Conférence, New-York, 1874 ; G. Monod, Conférence de chrét. évang. de toute nation à Paris, 1855 ; J. Monod, Conférence de chrét. évang. à Berlin, 1857 ; Siebente Hauptversammlung der Evang. Allianz gehalten in Basel, 1879, Bàle, 1870 ; cf. Lichtenberger, Encyclop. des sciences religieuses, 1. 1, Paris, 1877, p. 193-200.

A. Tanquerey.

ALLIANCE PRESBYTÉRIENNE ou ALLIANCE

DES ÉGLISES RÉFORMÉES. — I. Organisation. IL Résultats acquis.

I. Organisation.

Cette association, fondée à Londres en 1875, est pour les Églises presbytériennes ce qu’est l’Alliance évangélique (voir l’article précédent) pour l’ensemble des Églises protestantes ; son but est d’amener une union plus étroite et une coopération plus active entre les différentes branches de l’Église réformée. Le besoin s’en faisait sentir depuis longtemps : déjà Calvin, dans une lettre à Cranmer, en 1552, et Ilèze, à la conférence de Saint-Germain, en 1561, avaient suggéré une sorte de concile général pour remédier aux divisions qui déchiraient le protestantisme naissant. Ce projei devait échouer. Il fill repris plus tard par les presbytériens d’Ecosse, niais sans plus de succès ; car au xvill’siècle on vit surgir de nouvelles divisions et d’âpres controverses au sein même des Églises réformées. Les choses en étaient là lorsque la fondation de l’Alliance