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Grégoire Martin et Richard Rristow, à la traduction anglaise soit du Nouveau Testament (The New Testament of Jésus C/irist, translatée ! faithfully into English out of the autltentical Latin, according to the best corrected copies of the same, diligently conferred voith the Greeke and olher éditions in diverses languages, voith arguments of books and chapters, annotations and other necessarie helpes, for the better understanding of the text, and specially for the discoveries of the corruptions of divers late translations, and for cleering the controversies in religion of thèse daies. — In the English collège of Reims), soit de toute la sainte Bible, et cette version, connue sous le nom de Bible de Douai, est aujourd’hui encore en usage par toute l’Angleterre et dans l’Amérique du Nord (The Holy Bible, faithfully translated into English out of the authenlical Latin, diligently conferred wilh the Hebrew, Greeke and other éditions in diverses languages, etc. by the English Collège of Doway, 2 vol. in-4°). Alors aussi il composa ses traités De sanctis imaginibus (s. 1. n. d.), De prsedestinatione, De sacramentis in génère, De sacramento eucharistise et sacrificio missse, Anvers, 1576, qui ont une réelle valeur en eux-mêmes, mais tout particulièrement au point de vue apologétique d’Allen.

N’ayant pu arrêter le zèle apostolique du docteur Allen, Elisabeth redoubla ses mesures de persécution, faisant rechercher, exécuter les prêtres catholiques qu’on pouvait saisir en Angleterre, et surtout ceux qui avaient été les élèves du maître abhorré ou essayaient d’introduire ses écrits dans le royaume. C’est ainsi qu’un jésuite, nommé Thomas Aliied, fut jugé pour ce dernier chef et condamné à mort. Tous ces actes d’une tyrannie odieuse inspirèrent au grand exilé de nobles et courageuses protestations, où l’on ne sait ce qu’il faut admirer davantage, ou l’inébranlable fermeté des principes et de la foi, ou la modération, la prudence et la chrétienne charité de l’apologiste. Tantôt ce sont des répliques aux attaques calomnieuses qu’on propageait méchamment contre les collèges anglais et leurs étudiants, représentés comme traîtres à leur reine et à leur patrie : Apology and true déclaration of the institution of the two English collèges in Borne and Reims, Mons, 1581 ; — Apologia pro sacerdotibus Societatis Jesu et seminariorum alumnis contra edicla regia, 1 vol. in-8°, Trêves, 1583 ; — Duo edicla Elisabethæ reginse, Trêves, 1583. — Tantôt c’est une exhortation toute sacerdotale aux catholiques persécutés : Piissima admonitio et consolatio vere christiana ad af/liclos catholicos in Anglia, 1583. Tantôt c’est leur défense contre le libelle de Cecil déclarant que tous les catholiques mis à mort en Angleterre ont été au préalable justement jugés et convaincus du crime de lèse-majesté : A true, sincère and modest defence of English catholics lhat suffer for their failli bolh at home and abroad, againsl a false, seditious and slanderous libel intilled : The exécution of Justice in England, 1583. Tantôt encore c’est la glorification des martyrs tombés pour la foi : A briefe history of the marlyrdom of twelve révérend priesls, 1582, traduit en latin : Brevis narralio felicis agonis, Prague, 1583. Tantôt enfin, c’est la défense d’un catholique sur une question de justice internationale à propos de la reddition de Deventer : Defence of sir William Stanley’s surrender of Deventer, 1583.

La calomnie a souvent profité de ces ouvrages pour représenter Allen comme un félon et un fauteur de séditions. Elle lui a fait un crime aussi d’avoir encouragé Philippe 11 dans son projet d’expédition contre l’Angleterre, qui devait aboutir à la destruction de Vlnvincible Armada. En tout cela on manque de justice. Allen n’a pas à répondre de certains libelles répandus sous son nom, et sans son aveu ou sans sa participation ; et, en particulier, il n’est pas démontré qu’il ait prêté 60n concours à un écrit en deux parties qu’on veut par fois lui attribuer, et qui contient de violentes attaques contre la reine Elisabeth. Cet écrit, dont Y Armada avait reçu de nombreux exemplaires, contenait une déclaration de la sentence d’excommunication portée par Sixte V, et un avertissement à la noblesse et au peuple d’Angleterre : Déclaration of the sentence of Sixtus V, An admonition to the nobility and people of England, Anvers, 1588. — Quant à ses actes et à sa conduite apostolique, Allen ne suivit jamais d’autres règles que les vrais principes de la théologie catholique sur la subordination des fins, et c’est de ce point de vue qu’il convient de le juger. Pour son rôle politique, il faut se garder de l’apprécier selon les idées modernes. On le doit envisager d’après le droit international et le droit chrétien toujours acceptés au XVIe siècle par les peuples catholiques, et l’on trouvera que le docteur Allen s’en est servi avec mesure et charité. Et pour ïlnvincible Armada, son but principal fut de punir la reine Elisabeth des secours et des encouragements qu’elle ne cessait de donner à la faction orangiste ; et si Allen entrevit une restauration possible de la religion en cas de victoire, il faut avouer qu’il caressait en cela une espérance et un vœu bien légitimes.

IIP Cardinal de curie a Rome. — En 1587, Allen revint à Rome pour régler un différend ; à la persécution qui écrasait le catholicisme, étaient venues s’ajouter des dissensions intérieures. Les missionnaires jésuites jouissaient en Angleterre d’une grande et légitime iniluence : ils avaient, beaucoup travaillé, beaucoup souffert depuis l’arrivée de Robert Persons, l’ami et souvent le collaborateur d’Allen ; ils comptaient déjà, ils eurent depuis encore d’illustres martyrs, comme le R. Edmond Campian. Cependant, une opposition assez vive se manifestait contre eux chez une partie du clergé. D’après le jugement du docteur Allen, dont l’impartialité ne peut être mise en doute, il y avait des torts de part et d’autre.

Au cours de cette même année 1587, Philippe II donnait à Allen l’abbaye de Saint-Laurent de Capoue et sollicitait pour lui les honneurs de la pourpre romaine. Sixte V le nomma donc, au consistoire du 7 août 1587, cardinal-prêtre du titre de Saint-Martin-in-Montibus. Le docteur ne put, cette fois, refuser comme il l’avait fait à Grégoire XIII, et, dès lors, il fut mêlé très activement au gouvernement général de l’Église. Comme cardinal, il prit part aux conclaves qui élurent GrégoireXIV, Innocent IX et Clément VIII ; pour la S. C. de l’Index, il entreprit l’édition des œuvres de saint Augustin. Grégoire XIV le nomma bibliothécaire apostolique, à la mort du cardinal Carafl’a, et il le chargea, en outre, de poursuivre avec le cardinal Colonna la revision de la Vulgate ordonnée et entreprise par Sixte V. Clément VIII lui continua ces charges. Tandis qu’Allen s’adonnait à ces labeurs, Philippe II le désigna pour l’archevêché de Malines avec l’agrément du Saint-Siège (1589). Mais, par le fait, il ne prit jamais possession de son siège, retenu qu’il était à Rome par les graves affaires dont il avait la charge. Aussi, pendant son cardinalat, à peine si nous pouvons signaler de lui, en dehors d’une correspondance pleine d’intérêt, quelques opuscules, comme un écrit contre Henri IV, alors Henri de Navarre : Scriptum cardinalis Alani editum contra Henrieum Borbonium, Rome, 1593 ; comme son panégyrique de saint Hyacinthe, prononcé à Rome en 1591 (Elogium in S. Hyacinthi luudes ab Illmo Guilclmo Alano, S. R. E. cardinali exoratum etinRomano ut dicitur consistorio prolatum, édité par Rzovius, O. P., dans Sertum gloriæ.S’. Hyacinthi, Venise, 1598). La grande affaire comme la grande occupation du cardinal Allen fut la direction des missions anglaises dont il avait été nommé préfet ; il y consacra toutes ses forces et tous ses biens, avec le concours d’Owen Lewis, son ami, de Gifford, son théologien, et du père Persons. Après avoir encore assure la fondation en