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ALLEMAND (JEAN) — ALLEN

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lique, il était encore un des rédacteurs des Annales des sciences religieuses. Il mourut le 9 août 1833. On a de lui une dissertation sur le purgatoire, contre Dudley, et une lettre à un de ses disciples dans laquelle il le met en garde contre les découvertes hiéroglyphiques de Champollion, qu’il ne considère pas comme d’une grande utilité pour l’interprétation de la Bihle. Cet écrit a été publié à Rome en 1834 sans nom d’auteur.

Feller, Biograph. univ., Paris, 1845, t. iv, p. 71.

C. Toussaint.

ALLEN, ALLYN, ALAN, Guillaume. Guilelmus Alanus. — I. Étudiant, professeur et apôtre en Angleterre. II. Fondateur du collège anglais et professeur à l’université de Douai. III. Cardinal de curie à Rome.

I. Étudiant, professeur et apôtre en Angleterre. — Guillaume Allen naquit à Rossai, dans le comté de Lancastre, en 1532, sous Henri VIII, au sein d’une vieille famille catholique. En 1547, âgé de quinze ans, comme Edouard VI venait de succéder à son père, Allen se rendit à l’université d’Oxford ; et il y eut pour maître le célèbre professeur Morgan, qui devait plus tard l’instituer son héritier en faveur du collège anglais de Douai. Pendant sept années, Allen s’adonna aux études philosophiques avec le grand succès que lui valurent une intelligence large et pénétrante, un travail acharné et une conduite admirée de tous. La vivacité de sa foi et l’ardeur de son zèle l’avaient conduit aux premiers degrés de la cléricature, quand il obtint son diplôme de maître es arts ou de docteur en philosophie, le 16 juillet 1554. C’était l’année même où Marie I re Tudor, montait sur le trône de son frère Edouard et réconciliait le royaume avec l’Église romaine.

Le nouveau docteur était tenu en telle estime qu’on lui confia aussitôt l’enseignement de la logique et de la philosophie à Oxford. Deux fois, à court intervalle, ses collègues l’élurent en qualité de procureur de l’université ; en même temps, il prenait la direction du collège de Sainte-Marie, et bien qu’il ne fût point prêtre encore, la reine daignait lui conférer un canonicat dans le chapitre cathédral d’York. Mais, en 1558, Elisabeth la cruelle montait au pouvoir et, avec elle, le schisme triomphant. Il n’y eut bientôt plus de sûreté pour les apôtres de la fidélité à l’Église catholique, pour les papistes, comme on les appelait dédaigneusement. Le docteur Allen, l’un des plus ardents, dépouillé de ses charges et dignités, dut, l’un des premiers, songera l’exil et il vint chercher un refuge à Louvain, au cours de l’année 1561. Là, tout en se dévouant à ses compagnons d’infortune et au souci de l’extinction du schisme, il composa une première œuvre polémique, en réponse à l’évêque Jewel, l’un des chefs de l’hérésie (A défense of the catholic Church’s doctrine concerning purgatory and prayers for the dead), Anvers, 1565, 1 vol. in-8°. Ce fut le point de départ d’une longue et très vive controverse.

Ayant contracté au chevet d’un jeune ami, Christophe Blount, le germe d’une maladie infectieuse, le D r Allen pensa devoir demander au sol et à l’air natal le rétablissement de sa santé, et il rentra secrètement en Angleterre dès 1562. Aussitôt guéri, avec une prudence et un courage admirables, il parcourt son pays de Lancastre, visite fréquemment sa chère cité d’Oxford, s’efforçant de confirmer ses frères dans la foi ou de le* y ramener. Au cours de cette laborieuse retraite, il compose en anglais deux livres sur le sacerdoce et sur les indulgences pour répondre aux hésitations, en ces matières, de plusieurs de ses concitoyens (A treatise made in defence of the lawful poiver of the Prieslhood to remit sins, of the People’s duty to confess their sins to God’s ministers, and of the Church’s meaning concerning Indulgences, commonly called the Pope’s Pardons, Louvain, 1567, 1 vol. in-8°). Peu après, c’est au duché de Norfolk qu’il exerce son zèle, et c’est de là qu’il lance une apologie très opportune intitulée : Certain brief reasons concer ning the catholic failli, 1564. Cet écrit, répandu à profusion, soulève contre Allen toutes les colères royales, et, après un séjour de trois ans, il lui faut quitter sa patrie définitivement pour la cause de la foi. Miraculeusement échappé à ceux qui le poursuivent, il part d’Oxford en 1565 et se retire à Malines où il reçoit bientôt les ordres sacrés et la prêtrise. Là encore il enseigne pendant quelque temps la théologie dans un monastère ; et, en 1567, le D r Vendeville, professeur de droit canonique à l’université de Douai et plus tard évêque de Tournai, l’emmène avec lui à Rome, aux pieds de saint Pie V. Ainsi commença l’intimité de ces deux hommes qui devait être si féconde pour le bien de l’Église.

II. Fondateur du collège anglais et professeur a l’université de Douai. — Vendeville ayant très justement conçu la plus haute estime pour son compagnon de voyage, n’eut point de repos qu’il ne l’eût amené près de lui, à Douai. Ayant réussi sans trop de peine, toujours il s’efforça de concilier au prêtre exilé toutes les faveurs et de favoriser toutes ses religieuses entreprises. Elisabeth avait résolu de ruiner le catholicisme en, Angleterre par l’extinction et la suppression du clergé ; aussi était-il sévèrement défendu d’ordonner des prêtres et d’enseigner la théologie. Peut-être eût-elle atteint pleinement son but, si Allen n’avait, lui, conçu le projet de fonder à l’étranger, et tout d’abord à Douai, quelques établissements destinés à former des missionnaires qui s’en iraient prêcher la foi dans les îles Britanniques. Avec les conseils et la protection de Vendeville, et aussi de Galenus, chancelier de l’université, il ouvrit donc le 29 septembre 1568 le célèbre Collège anglais de Douai, qui devait, jusqu’à la Révolution française, fournir à l’Angleterre tant d’apôtres et de martyrs. Saint Pie V approuva l’œuvre dès cette première année, et accorda aussitôt au D r Allen, soit pour l’ordination des clercs, soit pour les fidèles anglais, des pouvoirs extraordinaires de juridiction qui furent renouvelés et étendus encore par Grégoire XIII, Sixte V, Grégoire XIV et Clément VIII. Les débuts furent difficiles, mais visiblement aidé par la providence, Allen sut pourvoir à tout et s’assurer les plus utiles concours.

Entre temps, Allen n’omettait pas de songer aux grades théologiques : les 1 1 octobre, 12 novembre et 2 décembre 1569, il fournit successivement les trois actes du baccalauréat ; le 31 janvier 1570, il conquit sa licence sous la présidence de Galenus, et le 10 juillet 1571, le même Galenus le proclamait docteur en théologie avec Stapleton. Déjà l’université s’était agrégé le savant docteur en qualité de professeur de théologie, et, soit à l’académie, soit au collège, il enseignait avec une activité débordante. Dieu bénit ces travaux, et, après cinq ans, Allen avait pu envoyer déjà plus de cent missionnaires en Angleterre. En 1576, lors d’un second voyage à Rome, il érigeait dans la ville éternelle un nouveau collège pour les Anglais, et il ne tardait pas à recevoir le bénéfice d’un canonicat de la cathédrale de Cambrai.

Ces honneurs et ces succès irritèrent à ce point la reine Elisabeth que, pendant le soulèvement des PaysBas, elle promit à l’Espagne de fermer les ports anglais aux insurgés flamands, si l’on voulait bien dissoudre le collège du docteur Allen. Le commandeur de Réquesens, gouverneur espagnol des Pays-Bas, s’y prêta. Allen fut donc obligé de quitter Douai en 1578 et de transférer son collège à Reims, sous la protection du cardinal de Lorraine, prince de Guise, qui agrégea immédiatement l’exilé au chapitre de sa métropole. A Reims, le collège compta jusqu’à deux cents étudiants et maintint sa prospérité jusqu’en l’année 1593 où il fut rétabli à Douai.

C’est pendant cette période de son enseignement à Douai et à Reims que le docteur Allen s’appliqua tout spécialement à expliquer la sainte Écriture en vue des controverses avec les anglicans. Dans cet ordre d’idées, il travailla activement, en collaboration avec ses collègues, .