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ALLEMAGNE, PUBLICATIONS CATHOLIQUES


mouvement joséphiste s’y fassent déjà sentir, est celui de Zallwein. Deux caractères le distinguent : son esprit systématique et la place importante donnée au droit ecclésiastique allemand. Le canoniste J. C. Barthel, de Wurzbourg, l’avait précédé dans cette dernière voie en une série de monographies, telles que l’Historia pacificationum Imperiicirca religionem, Wurzbourg, 1736, De jure reformandi, Wurzbourg, 1744, tandis que le jésuite J. Binner, dans son Apparatus eruditionis ad jurisprudenliam prxserlim ecclesiasticam, Augsbourg, 1751 sq., 13 vol. in-4°, venait de réunir tout ce qu’il avait pu amasser de matériaux pour l’étude du droit canon au point de vue à la fois scolastique et historique.

Sous l’influence du gallicanisme et notamment du droit ecclésiastique de Van Espen, Jus ecclesiast. universum, Cologne, 1702 ; Mayence, 1791, le coadjuteur de Trêves, Nicolas de Hontheim († 1790), publia en 1763, sous le pseudonyme de Fébronius, son livre : De statu Ecclesise et légitima potestate Rom. pontifias, qui ne tendait à rien moins qu’à détruire par sa base l’organisation monarchique de l’Église et à l’asservir au pouvoir absolu de l’État. Il trouva des adversaires dans les jésuites Kleiner, Zech, Schmidt, etc. ; mais il répondait trop à l’esprit du temps pour ne pas exercer en Allemagne une énorme iniluence. L’histoire et la philosophie rationaliste de l’époque devaient contribuer à replacer le droit ecclésiastique sur des bases nouvelles, ou plutôt, à ce que prétendaient les légistes joséphistes, sur la base de l’antiquité chrétienne. Les institutions de droit canonique animées de l’esprit de Fébronius pullulèrent bientôt. Celles de J. P. Riegger, professeur à Fribourgen-Brisgau, puis à Vienne, 4 vol., 1768 sq., ont encore une certaine valeur ; Rautenstrauch (1776), Eybel (1777), Lochstein, etc., sont tombés dans le profond oubli qu’ils n’ont que trop mérité.

En 1822 parut à Bonn la première édition du Lehrbuchdes KirchenrecKtestn.it Berûcksichtigung der neuesten Verhâltnisse, de F. Walter († 1879), 14e édit., 1871. L’évolution qui s’était faite dans les idées, le renouvellement de la vie catholique qui se préparait en Allemagne, le retour aux saines traditions du passé qu’une élite d’esprits guéris du rationalisme de l’époque joséphiste et révolutionnaire allait bientôt inscrire sur son programme d’action, trouvaient déjà leur expression dans ce livre, écrit, du reste, dans un esprit de grande modération. Autour du grand Gôrres, qui en 1838 lançait dans le public pour la défense de la liberté de l’Église son At/ianasius, se formait toute une école de juristes, à la fois historiens et philosophes, qui proclamèrent hautement le rétablissement de la puissance et de la liberté de l’Église, comme condition indispensable de la régénération sociale et politique de l’Allemagne. Les Histo7’ischpolitische Bliilter, fondées par Gôrres et Phillips, en 1832, servirent d’organe à ce mouvement. F. J. Buss, professeur de droit civil et ecclésiastique à Fribourg, esprit fécond et universel, en fut par ses nombreux écrits, JJebcr den Einfhiss des Christenthums auf die Lehre von Recht u. Staal, Fribourg, 1841, etc., son activité sociale et politique l’un des principaux promoteurs. La lutte purement scientifique fut menée par E. de Moy, le fondateur de l’Archiv fur katholisches Kirchenrecht, Inspruck, 1857 sq., puis Mayence, dans sa Philosophie des Redits auf katholischem Standpunkte, 2 vol., Vienne, 1854-1856, et Walter lui-même dans sa Jurislische Encyclopédie, Bonn, 1856, et son Nalurrecht u. Politik, 1863.

Phillips, le cligne collaborateur de Gôrres, appelé comme lui par le roi Louis I" à une chaire de l’université de Munich, publiait en 181-5 le 1 er volume de son célèbre ouvrage : Kirchenrecht, 8 vol., Ratisbonne, 18451869. C’était un événement pour la science catholique. A une connaissance approfondie des sources, à une conception vraiment scientifique de son sujet, l’auteur joi gnait une parfaite orthodoxie. Les rapports de l’Église et de la société furent traités avec une largeur de vues et une sûreté de doctrines remarquables. Phillips condensa lui-même dans un manuel plus succinct, destiné à l’enseignement, le résultat de ses études, Lehrbuch des Kirchenrechtes, Ratisbonne, 1859-1862, 2 vol. ; 3e édit. par Moufang, 1881. En même temps, J. Fr. de Schulte éditait son System des allgemeinen kathol. Kïrchenrechts, 2 vol., Giessen, 1856, suivi d’un manuel (1863) dont la 3e édition (1873) devait malheureusement porter les traces du vieux-catholicisme. D’autres manuels plus ou moins étendus, avec un caractère à la fois scientifique, systématique et pratique, suivirent : tels ceux de Vering, Fribourg, 1876 ; 3e édit., 1893 (très complet) ; de Silbernagl, Batisbonne, 1880 ; 2e édit., 1889 ; de Làmmer, Fribourg, 1886 ; 2e édit., 1892 ; de Scherer, Gratz et Leipzig, 2 vol., 1886-1 891 ; de Ph. Hergenrôther, Fribourg, 1888, et de Heiner, Paderborn, 1893-1894, 2 vol.

Le droit matrimonial, en particulier, cultivé avec prédilection au commencement du siècle par suite des ingérences de l’État dans la législation du mariage, fut l’objet d’une série de travaux d’ensemble de la part de Roskovany, Vienne, 1837 ; Schulte, Giessen, 1855 ; Kreuzer, Tubingue, 1869 ; Heiner. Munster, 1889.

XIV. Encyclopédie théologique. — Sous ce titre on comprend aujourd’hui soit un ensemble de connaissances théologiques embrassant les différentes branches de la science sacrée et groupé d’après une norme quelconque, par ordre des matières, ou par ordre alphabétique (encyclopédie « matérielle »), soit une exposition systématique des principes, de la méthode, de l’organisme des sciences théologiques (encyclopédie « formelle »). Ce qui caractérise la première, c’est la richesse, l’abondance des matériaux qu’elle fournit ; ce qui fait l’essence même de la seconde, c’est l’unité idéale, philosophique, à laquelle elle ramène la multiplicité des connaissances théologiques.

Toutes les époques ont eu leurs encyclopédistes ; mais c’est le propre des périodes de transition, où le génie créateur de l’époque précédente cesse d’être fécond, où l’on sent le besoin de conserver, de réunir, de transmettre à une époque nouvelle les trésors du passé, d’affectionner surtout ce genre de travail intellectuel.

La fin de l’époque patristique, marquant le passage à la théologie scolastique, une longue période à la vérité, nous offre à côté des Institutions de Cassiodore (-j— 569), des « Étymologies » d’Isidore de Séville († 636), des œuvres de Bède le Vénérable († 735), le De universo et le De institutione clericorum, de Baban Maur († 856), VImago mundi, de Bernold de Saint-Biaise († 1100), le Hortus deliciarum, de Herrade de Landsperg († 1195), où la théologie est traitée en partie à l’aidé des sciences profanes qui lui servent de base.

Denys le Chartreux fut l’encyclopédiste par excellence de la troisième période scolastique.

Pour le xviie siècle citons le savant mais paradoxal Caramuel de Lobkowitz, O. Cist. († 1682), coadjuteur de l’archevêque de Prague, dont la Theologia intention alis, — preeter-intentionalis, — naturalis, — rationalis, — moralis, — regularis et YEncyclopsedia concionatoria forment une vaste encyclopédie des différentes branches théologiques.

Gerbert de Saint-Biaise († 1793) dans ses Principia theologise exegetiese, — dogmatiese, — moralis, — liturgicse, etc., 1757 sq., qu’il avait fait précéder de Y Apparatus ad eruditionem theologicam (175’t) et du De recto et perversù usu theologise scholasticse (1756), est, pour la seconde moitié du xviiie siècle, le représentant de la théologie encyclopédique. Son but n’est pas tant d’offrir une grande abondance de matériaux que d’établir un plan complet de théologie et, en élargissant le cadre des études ecclésiastiques, de donner à l’étude des sources positives du dogme la place qui leur convient.