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ALLEMAGNE, PUBLICATIONS CATHOLIQUES


La Démonstratif) evangelica et la Demonstratio catholica, Augsbourg, 1770 ; Pappenheim, 1775, de l’exjésuite Stattler, le maître de Sailer et malgré ses écarts, le plus marquant des théologiens de l’époque, contribuèrent pour leur part, en en perfectionnant la méthode, aux progrès de l’apologétique. B. Mayer dans sa Défense de la religion naturelle, chrétienne et catholique, Augsbourg, 1787, 4 vol., suivit, pour la première partie, la voie de Bergier et des apologistes français qui eurent, sur le développement de l’apologétique allemande, une grande influence. Toute une série d’écrits consacrés à la défense religieuse sont dus à la plume des anciens jésuites d’Augsbourg et furent publiés de 1790 à 1791 (en 17 vol.) sous le titre : Gesammelte Schriften zur Vert/ieidigung der Religion und Wahrheit.

3° xixe siècle. — Les ouvrages de théologie dogmatique qui inaugurèrent le xixe siècle (voir ci-dessus) donnèrent une place considérable à la défense des fondements de la foi contre la philosophie antichrétienne. Une ère nouvelle commence pour l’apologétique et la controverse catholique avec deux œuvres de grande valeur, sorties de l’école de Tubingue, Y Apologétique de Drey, Die Apologetik als wissenschaftlicheNachiveisung der Gôtllichkeit des Christenthums in seiner Erscheinung, 3 vol., Mayence, 1838-1847, et la Symbolique deMœhler, Sijmbolik oderDarstellungderdogmalischen Gegensàtze der Katholiken und Protestanten.., Mayence, 1832 (Irad. en franc, par Lâchât, 2e édit., Paris, 1852). Cette dernière eut dès sa première apparition un immense retentissement dû à l’originale simplicité de sa méthode, à la profondeur de ses idées, à la clarté de son exposition. Par la comparaison des doctrines du catholicisme et des diverses écoles protestantes, Mœhler démontre que le catholicisme, en évitant les deux extrêmes du protestantisme (naturalisme et supranaturalisme outré), répond seul aux exigences de l’idée chrétienne dans sa pureté native et à la saine raison. L’œuvre de Mœhler, défendue contre les attaques protestantes par une savante réplique et rééditée jusqu’à dix fois, ne fut point surpassée. Les ouvrages aux tendances polémiques et iréniques ne manquèrent point dans la suite ; notons surtout ceux de T. Pesch, Christ oder Antichrist, de Bôhm, Confessionelle Lehrgegensàtze, der Protestantisnius unserer Tage, Die Vereinigung der christlichen Confessionen, les écrits populaires de L. de Hammerstein.etc. ; les « Apologies du christianisme » devinrent en même temps des apologies du catholicisme contre le protestantisme ; la Réformation de Dœllinger et V Histoire du peuple allemand de Janssen ont fourni à la controverse classique catholique une « arme historique » puissante ; mais l’Allemagne catholique attend encore l’œuvre de controverse qui, en s’inspirant de l’irénique esprit de Mœhler, répondra vigoureusement aux nouvelles attaques de la polémique protestante.

L’apologétique de Drey, au contraire, par sa méthode et son esprit scientifique, par l’usage qu’elle fit de l’histoire et de la philosophie, par sa tendance à éviter les deux extrêmes du rationalisme et « d’un supranaturalisme trop extérieur », ne marqua qu’une nouvelle étape dans une voie que d’autres devaient suivre avec un succès croissant. Staudenmaier publia en 1841 sa Philosophie du christianisme. Dans ses Grundfragen der Gegenwart, 1851, il appela l’attention de la science catholique sur le danger des grandes erreurs antichrétiennes du temps. Ses propres idées s’épuraient de plus en plus des éléments hétérogènes qu’y avait laissés la philosophie de ses maîtres. Ce ne fut certes pas le moindre mérite de son dernier ouvrage de faire germer en celui qui devait devenir un des plus brillants représentants de l’école de Wurzbourg, le professeur Hettinger, l’idée de son Apologie du christianisme (2 tomes en 5 vol., 1863 sq. ; 8° édit, 1899-1900, traduit en français sur la 3e édit., par Jeannin, Bar-le-Duc, 1870, 5 vol. ;

Paris, 1891 sq.). Une vaste érudition jointe à une grande sûreté de doctrine, à une claire et chaleureuse exposition, ont valu à cette œuvre, où la science allemande, l’école romaine et nous pourrions ajouter l’esprit plus populaire et plus littéraire à la fois de l’apologétique française ont laissé de profondes traces, son incomparable succès. Tandis que l’Apologie embrasse le dogme tout entier, Y Apologétique du même auteur n’a pour objet que la défense des fondements mêmes de la foi. Destiné à servir de base à l’enseignement de la théologie fondamentale, elle porte par le fait même un caractère plus didactique.

La théologie fondamentale d’Ehrlich, Prague, 1859, fruit d’une longue carrière philosophique et théologique, avait précédé celle de Hettinger. L’élément spéculatif, historico-philosophique y est plus prononcé, les influences de Jacobi et de Gûnther s’y font encore sentir.

Un autre représentant de l’école de Wurzbourg, IL Denzinger, venait de publier lui aussi un travail de solide et vaste érudition pour la défense des fondements surnaturels du christianisme au point de vue noétique : Vier Bâcher von der religiôsen Erkenntniss, 2 vol., Wurzbourg, 1856. Citons encore pour terminer les apologies de Vosen, Das Christenthum und die Einsprïtche seiner Gegner, Fri bourg, 1861 ; 4e édit., 1881 ; Der Katholicismus und die Einspruche seiner Gegner, Fribourg, 1866 ; 3e édit., 1885, plus populaires et destinées surtout à la jeunesse studieuse des collèges, ainsi que les ouvrages apologétiques les plus récents : Y Apologie du christianisme de P. Schanz, professeur à Tubingue, 3 vol., Fribourg, 1887 sq. ; 2e édit., 1895 sq., remarquable par l’heureux usage qu’elle fait des derniers résultats des sciences historiques et naturelles et la saine critique qu’elle oppose à ceux de ces « résultats » qui paraissent infirmer les données de la foi chrétienne ; — Y Apologie du christianisme du P. A. Weiss de Fribourg en Suisse, 5 vol., Fribourg-en-Rrisgan, 1878 sq. ; 3e édit., 1894 sq. (traduction française par Coliin, Paris, 1894 sq.), complément indispensable de celles de Hettinger et de Schanz en ce qu’elle envisage de préférence le côté moral et social du christianisme et s’en prend surtout aux erreurs et aux conséquences pratiques de la « pensée moderne » ; — l’ouvrage apologétique de Schell, Gôttliche Wahrheit des Christentums, dont on annonce une édition complètement remaniée sous le titre d’Apologie du christianisme ; — les apologies ou apologétiques plus brèves de Schill, Theolog. Principienlehre, Paderborn, 1895 ; de Gutberlet, Lehrbuch der Apologetik, Munster, 1887 sq. ; 2e édit., 1895, 3 vol., et de Stockl, Lehrbuch der Apologetik, Mayence, 1895.

V. Écriture sainte.

La période qui suivit le concile de Trente, si fertile partout ailleurs en exégètes de valeur, ne nous offre en Allemagne qu’un seul nom marquant, c’est celui de Nicolas Serarius, jésuite lorrain, professeur à Wurzbourg et à Mayence, mort en 1609. Ses œuvres ne forment pas moins de 16 vol. in-fol. Les Prolegomena imprimés à part ont été de tout temps particulièrement estimés. Ce n’est que vers le milieu du xvine siècle que les’études bibliques commencèrent à se relever. L’école des jésuites de Wurzbourg, à sa tête F. Widenhofer, à Mayence le jésuite Goldhagen et J. Weitenauer à Inspruck inaugurèrent ce mouvement.

A la période joséphiste se rattache le nom de.1. Jahn, professeur à Vienne († 1816), qui publia une suite d’ouvrages importants sur les différentes branches de la science biblique, telles que la philologie, l’archéologie, l’introduction à l’herméneutique et donna une belle édition de la Bible hébraïque. Il ne sut se défendre entièrement de l’esprit de son temps et plusieurs de ses œuvres tombèrent plus tard (1822) sous la censure de l’Index.

En 1808 J. Hug, professeur à l’université de Fribourg, publiait pour la première fois son Introduction au Nouveau Testament, 2 vol., Tubingue et Stuttgart, 4e édit.