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ALLEMAGNE, PUBLICATIONS CATHOLIQUES


pable de devenir une force dans la vie publique intérieure de l’empire. G. Goyau.

II. ALLEMAGNE, publications catholiques sur les sciences sacrées. — I. Moyen âge. II. Temps modernes. Aperçu général. III. Théologie dogmatique. IV. Controverse et apologétique. V. Écriture sainte. VI. Histoire ecclésiastique. VII. Patrologie. VIII. Histoire de la théologie. IX. Histoire du dogme. X. Archéologie chrétienne. XI. Théologie morale. XII. Théologie pastorale. XIII. Droit canon. XIV. Encyclopédie théologique. XV. Revues.

I. Moyen âge.

L’histoire des sciences sacrées en Allemagne durant le moyen âge se rattache à quelques grands noms qui caractérisent en même temps les tendances particulières des diverses époques dont ils sont les représentants.

1° Du viiie au xiie siècle. — Conserver et sauver du naufrage par la reproduction et la compilation de ce qu’elle avait produit de plus solide et de plus fécond, la science du passé et la transmettre ainsi aux générations de l’avenir, telle fut la tâche du siècle et de l’époque de Charlemagne. Nul ne la comprit mieux et ne la remplit avec plus d’enthousiasme et d’énergie que le célèbre disciple d’Alcuin, devenu abbé de Fulda et plus tard archevêque de Mayence, Raban Maur (776-856). Exégète, théologien dogmatique, liturgiste, moraliste, canoniste et poète, il commenta presque tous les livres de l’Ecriture et donna dans son De institutione clericorum (819), un manuel pratique d’éducation ecclésiastique dont le moyen âge devait toujours se servir avec prédilection.

Les abbayes bénédictines de Reichenau, de SaintGall, de Corbie, etc., rivalisèrent de zèle avec celle de Fulda pour défendre contre la barbarie du temps les trésors de la civilisation chrétienne et antique. Elles contribuèrent ainsi à préparer les voies à une ère nouvelle.

2° XIIe siècle. — Ce sera toujours une des gloires de l’Allemagne d’avoir donné à Paris, devenu dès lors le centre intellectuel de l’Occident chrétien, l’un des plus grands initiateurs du mouvement scientifique qui inaugura l’ef/lorescence de la scolastique, Hugues de SaintVictor († 1141). Élevé à l’école de Guillaume de Champeaux, Hugues assura par son grand ouvrage aSumma sententiarum (sur le De sacramentis, voir plus haut, col. 53) le triomphe de la méthode de saint Anselme et fournit à Pierre Lombard les éléments du grand traité des Sentences qui en marqua le règne définitif.

3° XIIIe siècle. — La part prise par l’Allemagne à la grande époque scolastique du xiiie siècle est représentée par le nom d’Albert le Grand, 0. P. (1193-1200), qui professa la théologie dans une série d’écoles de son ordre en Allemagne, notamment à Cologne, où il fut le maître de saint Thomas d’Aquin. La place prépondérante qu’il donna dans son enseignement et ses écrits à la philosophie d’Aristote, sa vaste érudition et l’universalité de son génie préparèrent la voie au prince de la théologie du moyen âge. Il forma également Ulrich de Strasbourg († 1277), dont la somme théologique, De summo bono, encore inédite, fort appréciée au moyen âge, compte parmi les meilleures œuvres du grand siècle. Nommons encore Hugues de Strasbourg, l’auteur présumé du manuel de théologie le plus usité durant tout le moyen âge et souvent attribué aux princes mêmes de la théologie du XIIIe siècle, le Compendium theologicse veritatis. Faut-il compter aussi parmi les disciples d’Albert le Grand, le profond et original Henri de Gand (1220-1293 ?) surnommé le doctor solemnis, c’est ce qu’après les savantes recherches du P. Ehrle (Archiv fïtr Literatur und Kirchengeschichte des Mittelalters/liSSo, 1. 1, fascicule 2), nous n’oserions plus affirmer.

4° xive et xve siècles. — L’époque du déclin de la scolastique vit encore surgir Thomas de Strasbourg, 0. S. A. († 1357), qui, dans son Commentaire sur les Sentences, dont on a toujours admiré la concise clarté,

défendit le réalisme modéré de saint Thomas contre les tendances nominalistes de l’époque et le grand encyclopédiste théologique de la fin du moyen âge, dont les œuvres se rééditent en ce moment, Denys le Chartreux ( 1 402— 1 47 1). Né dans le diocèse de Liège, il fit ses études à Cologne. Son Commentaire sur les Sentences, véritable chaîne des plus grands théologiens du xiiie siècle, est une œuvre de vaste et solide érudition.

En 1475 mourut à Tubingue celui qu’on a souvent surnommé « le dernier des scolastiques », l’une des gloires de la jeune université de Tubingue, et l’un des meilleurs et des plus corrects représentants de l’école nominaliste, Gabriel Biel. Scolastique ardent et convaincu, dialecticien consommé, il salua dans les sociétés savantes de Strasbourg et de Bâle les premiers rayons de l’humanisme naissant.

Théologie mystique.

A côté de la théologie scolastique ses initiateurs et ses plus illustres représentants — une place d’honneur revient ici encore à Hugues de Saint-Victor — cultivèrent avec non moins d’ardeur la théologie mystique. La séparation ne se fit qu’à l’époque du déclin de la scolastique et des triomphes du nominalisme. L’Allemagne devint alors la véritable patrie de la théologie mystique. Suivant les traces de leur maître Eckhart ou Eccard, 0. P. († 1327), professeur de théologie à Strasbourg et à Cologne, tout en se préservant de ses erreurs, les dominicains Jean Tauler de Strasbourg († 1361) et Henri Suso († 1365) devinrent les principaux promoteurs du mouvement qui donna naissance à la société des « Amis de Dieu ». Des laïques, tels que Rulman Merswin de Strasbourg If 1382) et Nicolas de Bàle (f après 1417), y prirent plus tard, non sans détriment pour l’orthodoxie de la mystique allemande, une part prépondérante. Ils exercèrent ainsi que l’auteur inconnu de la Théologie allemande (Deutsche Theoiogey, publiée sous ce titre par Luther) jusque dans les premiers temps de la réforme une notable influence.

Histoire.

Les études historiques, dont la place, du reste, ne fut jamais dans l’organisme intellectuel des écoles du moyen âge que fort subsidiaire, se rattachèrent longtemps à un petit manuel d’histoire ecclésiastique composée au ixe siècle par l’évêque Haymo et Halberstadt (f853j et intitulé : Breviarium historiée ecclesiaslicse. C’est un abrégé de l’ouvrage d’Eusèbe traduit par Rufin. L’histoire ecclésiastique de l’Allemagne du Nord et des pays Scandinaves fut écrite par Adam de Brème (f vers la fin du xie siècle) et continuée à la fin du moyen âge par Albert Krantz († 1517), chanoine de la métropole de Hambourg. Parmi les innombrables chroniqueurs et biographes (voir Wattenbach, Deutschlands Geschichtsquellen im Mittelalter bis in die Mitte des 13.Jahrhunderts, 5e édit., Rerlin, 1886 ; 0. Lorenz, Deutschlands Geschichtsquellen im Mittelalter seit dem 13. Jahrh., Berlin, 1886, et les Monumenta Germanise historica, Scriptores, 1828-1888, 28 in-fol.), citons le plus grand par sa conception philosophique et théologique de l’histoire, l’émule de saint Augustin et de Bossuet, Otton de Freising, 0. Cist. († 1158), De duabus civitatibus.

Exégèse.

Les grands maîtres de la science scolastique et mystique furent en même temps les premiers exégètes du moyen âge. Sur ce terrain sans doute leurs travaux continuent plutôt les traditions de l’époque précédente qu’ils ne marquent une étape nouvelle ou un progrès parallèle à celui de la théologie systématique. Mais les chaînes et les grands commentaires de l’époque n’en sont pas moins un témoignage éloquent de l’intérêt que la théologie du moyen âge portait à l’étude approfondie de l’Écriture sainte. Nous avons déjà cité comme prédécesseur de saint Thomas en Allemagne Raban Maur. Ajoutons-y le nom du savant collaborateur et ami de Raban, Haymo de Halberstadt. Au XIIe siècle appartiennent outre Hugues de Saint-Victor, Robert de Deutz († 1135), Gerhoh de Reichersberg († 1169), Irinibert