Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/451

Cette page n’a pas encore été corrigée
851
852
ALLEMAGNE (EMPIRE D’), ETAT RELIGIEUX


puis l’institution périclita, jusqu’à ce qu’en 1857 elle fût relevée par Wallmann et délinitivement organisée par l’un des hommes qui ont le plus travaillé à l’extension des missions évangéliques, Wangemann. Elle a 66 stations de missions, dont 50 dans l’Afrique méridionale, réparties en 6 districts, — 9 dans l’Afrique orientale, — et 7 en Chine : plus de 47 000 Ames dépendent d’elle. La mission de Chine existe depuis 1882 : dès que le gouvernement allemand, en novembre 1897 eut pris possession du territoire de Kiantschou, la société installa immédiatement, au milieu de ces 175 000 Chinois dont le territoire devenait allemand, une station de mission. Le rapport le plus récent et le plus complet sur l’activité de cette société vient d’être publié par M. Merensky dans le Kirchliches Jahrbuch de M. Schneider pour 1900, p. 285-301.

Sur les missions protestantes allemandes, consulter, outre les divers périodiques que publient presque toutes ces sociétés de missions, la revue d’ensemble qu’a fondée M. le pasteur Warneck sous le titre : AUgemeine Missions ; eitschrifC ; Gundert, Die evangclische Mission, 3° édit., 1894 ; Karl Mirbt, Der deutsche Protestantismus and die Heidoimission arn xix Juhrhundert, Giessen, 1896.

Enfin le rôle que remplit au profit du catholicisme l’Association de Saint-Boniface dans les régions protestantes est rempli au profit du protestantisme, dans les régions catholiques, par l’Association de Gustave-Adolphe, fondée sous Frédéric-Guillaume IV, et par la Ligue évangélique, Evangelischer Bund, fondée sous Guillaume I er. Voir les brochures publiées par VEvangelischer Bund, Leipzig, et Zimmermann, Der Gustav-Adolfs Verein, Darmstadt, 1878.

IX. Les œuvres sociales et charitables protestantes. — Les œuvres sociales protestantes sont toutes groupées autour de la Mission intérieure, organisée par Wichern en 1848. « Journal mensuel pour la Mission intérieure, y compris la diaconie, le soin de la diaspora, l’évangélisation et l’ensemble de la bienfaisance ; » ainsi s’intitule le principal organe de la Mission intérieure ; et cet énoncé marque l’étendue du programme et la diversité des ambitions. Plus de 13000 diaconesses, plus de 2000 « frères », un certain nombre de pasteurs, sont les agents de la Mission intérieure. La Mission intérieure répand des bibles (546995 en 1898, réparties par les soins de 9 sociétés bibliques allemandes). Elle propage des tracts, sous les auspices de 7 grandes « sociétés de tracts » ; 4 de ces sociétés, depuis leur fondation, ont répandu 90 millions de tracts. Elle fait circuler des ouvrages religieux (chaque semaine, 220000 exemplaires de sermons sur feuilles volantes ; diffusion de 195 périodiques chrétiens, s’élevant à environ 3 150 000 exemplaires ; diffusion de 64 calendriers chrétiens, s’élevant à environ 2 millions d’exemplaires ; entretien de 10114 bibliothèques populaires ; institutions de colportage de littérature chrétienne dans 322 circonscriptions synodales). Afin de conserver intacte, au ca’ur des régions catholiques, la minorité protestante, la Mission intérieure veille à l’entretien de 32 institutions spéciales (Konfirmandenanstalten) où 900 enfants destinés à la confirmation reçoivent un enseignement suffisant. Elle désigne des prédicateurs et elle leur associe des laïques pour catéchiser chaque dimanche 730 000 enfants dans 5915 services religieux spéciaux (Sonnlagsschulen ou Kindergollesdienste). Elle multiplie et développe des œuvres de préservation, d’un caractère tout à la fois religieux et social :

1° Associations de jeunes gens (Jimglingsvereine) ; leur nombre a quintuplé de 1880 à 1890, doublé de 1890 à 1898 ; il est aujourd’hui de 1993, groupant 103787 membres ;

2° Associations d’apprentis (Lehrlingsvcreine), au nombre de 108 avec 5 248 membres et cercles ouvriers (Arbeitervereine) qui rassemblaient en 1894 plus de

50000 membres et qui, sous certaines inspirations, teadent à devenir çà et là des noyaux d’organisation ouvrière (voir Goyau, L’Allemagne religieuse, c. iv et v) ;

3° Associations chrétiennes de jeunes gens (Cliristliche Vereine Junger Manner), vouées à l’apostolat dans les classes indifférentes ou impies, et n’y réussissant que fort péniblement : à Berlin, elles ne parviennent à attirer que 5 p. 100 des jeunes hommes auxquels elles s’adressent et n’en retiennent que 1 p. 100 ;

4° Ligue des soldats (Soldatenbund), qui depuis 1893 a créé 12 « maisons » (Heime) pour jeunes soldats dans les villes de grandes garnisons ;

5° « Ligue de jeunesse pour le christianisme décidé » (Jugendbund fur entschiedenes Christentum), importée d’Amérique en Allemagne en 1894 ; ses 2 042 membres, jeunes gens et jeunes filles, groupés en 80 associations, s’occupent de la propagande religieuse ;

6° Associations de jeunes filles (Jungfraiienvereine), au nombre de 3049, dont 1 416 sont postérieures à 1890 ; asiles de jeunes filles en quête de places (89 Màdchenherbergen, 11 Mâdchenheime, 35 Arbeilerinnenheime) ; 102 crèches avec 3 091 places ; 2 700 écoles enfantines avec 188 000 enfants ; 332 garderies d’écoliers avec 20 713 places ; 251 orphelinats avec 8697 pupilles ; 140 sociétés d’éducation avec 5 226 pupilles ; 320 maisons de préservation (Rettungshuuser) avec 12167 pupilles.

Les œuvres rédemptrices aussi font escorte aux œuvres protectrices. Il en est qui recueillent les filles ou femmes vicieuses ou délaissées (39 asiles pour Madeleines avec 822 hospitalisées ; maisons d’assistance (Versorgungshuuser) qui, de 1873 à 1898, ont abrité 4 910 jeunes filles ; 8 colonies d’ouvrières avec 400 places). Les 39 groupements de l’Association allemande contre l’abus des spiritueux, avec 11 722 membres, les 155 groupements de la Croix bleue, avec 23 304 membres, et les 17 « établissements pour la guérison des buveurs » (Trinkerheilanstalten), dont 15 sont postérieurs à 1882, combattent l’ivrognerie ; les 180 groupements de la Croix blanche, fondée en 1889, rassemblent 16 000 membres pour le combat contre la prostitution.

Voir sur les œuvres sociales protestantes : Wurster, Die Lehre der inneren Mission, Berlin, 1895 ; Schæter, Leitfaden der inneren Mission, Hambourg, 1889 ; R. P. Cyprian, Die innere Mission der deutschen Protestanten, Passau, 1894 ; les monographies sur V Innere Mission, publiées à Hambourg ; enfin Schneider, Kirchliches Jahrbuch auf das JahrWOO, Gutersloh, 1900.

La subordination de l’établissement religieux protestant au pouvoir civil entrave l’action sociale des pasteurs : les deux mouvements chrétiens sociaux inaugurés par le pasteur Stoecker il y a trente ans, par le pasteur Naumann depuis dix ans, sont suspects à la haute bureaucratie des consistoires, depuis que l’empereur Guillaume II a inauguré une politique de réaction sociale, et l’une des grandes faiblesses des églises évangéliques d’Allemagne, outre l’incertitude de leur dogme et leur agnosticisme à demi honteux, est précisément leur impuissance à exercer une action sociale sérieuse, autonome et continue. Beaucoup de protestants s’en plaignent, et l’on commente vivement à cette heure (avril 1900) la conversion au catholicisme de M me GnauckKuhne, qui était depuis dix ans l’une des collaboratrices les plus ardentes et les plus appréciées du mouvement « protestant-social ». Dans cet empire qui est la première puissance protestante du monde, dont le souverain se considère volontiers comme une façon de pape, dont l’ascendant international semble mis au service de l’idée protestante, et dont les combinaisons diplomatiques, enfin, sont dirigées contre la papauté’, il est intéressant d’observer qu’à la différence du catholicisme, le protestantisme, comme l’a dit à plusieurs reprises le pasteur Stoecker, est impuissant à agir sur l’opinion et inca