Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/450

Cette page n’a pas encore été corrigée
849
850
ALLEMAGNE (EMPIRE D’), ÉTAT RELIGIEUX


242) ; elle sera bientôt achevée pour tout l’empire. La célébration du cinquantième anniversaire de la fondation de l’hôpital catholique de Sainte-Hedwige à Berlin et la célébration du cinquantième anniversaire de l’établissement des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul dans le grand-duché de Bade ont donné lieu, en 1896, à un vif mouvement de sympathie pour la charité catholique, qui s’est répercuté jusque dans les sphères politiques : de 1846 à 1896, l’hôpital catholique de Berlin a reçu 147 108 malades, Charitas, t. i, p. 224-225 ; et les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul soignent à cette heure les malades dans 61 localités badoises. Charitas, t. H, p. 55-57. Ce qui caractérise l’action sociale du catholicisme en Allemagne, c’est la part immédiate et directe qu’y prend le clergé. C’est, la plupart du temps, le curé rural qui organise ou propage dans son village, pour lutter contre l’usure, la précieuse institution des Associations de paysans (Bauernvereine) ; les Bauernvereine rhénan, westphalien, bavarois, hessois, badois, sont dus à des initiatives catholiques. C’est au clergé, également, que les caisses populaires d’épargne et de prêt dites caisses Raiffeisen sont redevables de leur développement. C’est un prêtre, Kolping, qui a étendu à travers l’Allemagne un vaste réseau de Gesellenvereine (associations pour compagnons) ; l’abbé Oberdorfler, curé de Stolberg, est à la tête de tous les cercles de travailleurs (Arbeitervereine ) ; et le succès des revendications religieuses du Centre est dû, en grande partie, aux services sociaux et aux initiatives sociales des députés catholiques et des prêtres catholiques, aux projets de loi sociaux déposés par les premiers, aux œuvres sociales accomplies par les seconds. C’est à tort, sans nul doute, qu’on prétendrait transporter en France, pour assurer aux desiderata des catholiques une heureuse issue, une organisation politique calquée sur celle des catholiques allemands : les populations de la Prusse rhénane et de la Westphalie font un singulier contraste, par leur pratique religieuse demeurée si fervente, avec les couches profondes de nos populations campagnardes ; et le Centre possède, en Allemagne, cette indispensable assise qui ferait défaut, chez nous, à un parti analogue, nous voulons dire : un corps électoral foncièrement et réellement catholique. Mais ce qu’on peut retenir de l’exemple du Centre, ce qui, grâce aux beaux travaux de M. Kannengieser, en a été retenu, c’est l’efficacité de l’action sociale du prêtre et du fidèle : le Culturkampf allemand a été vaincu par l’union qui s’est établie entre le prêtre qui souffrait et l’ouvrier qui peinait.

Voir Theodor Palatinus, Entstehung der Gencralversammlungen der kalholiken Deutschlands, Wnrzbourg, 1804 ; les revues Der Volksverein, Arbeiterwohl et Charitas ; Schæffer, Adolf Kolping, Paderborn, 1893 ; la Kôlner Correspondent, organe des A rbeitervereine ; Kannengieser, Catholiques allemands, Paris, 1892 ; Kannengieser, Ketteler et l’organisation sociale en Allemagne, Paris, 1894 ; Goyau, L’Allemagne religieuse, Paris, 1898, p. 24 sq. ; Wenzel, Arbeiterschutz und Centrum, Berlin, 1892.

En ces dernières années, les initiatives catholiques se sont portées avec un soin jaloux, sur deux terrains où le protestantisme semblait les avoir devancées : la protection de la jeune fille, et le combat con’re l’alcoolisme. Les maisons catholiques de protection de la jeune fille, en 1897, se répartissaient ainsi : 10 en Bade, 9 en Bavière, 4 en Alsace, 2 en Hesse, 26 en Prusse, 2 en Saxe, 2 en Wurtemberg, Charitas, il, p. 47-49 ; on a fait de fructueux efforts pour créer un lien entre ces maisons, pour donner à la protection de la jeune fille un caractère international ; on a créé à Munich, en 1896, le Marianischer Màdchensc/tutzverein, Charitas, il, p. 29 sq. ; on a inauguré, à Trêves et à Cologne, un mouvement en faveur des demoiselles de magasins. Charitas, il, p. 105107.

Quant à la lutte contre l’alcoolisme, elle a depuis 1897 un organe : les Katholisclte Màssigkeitsblutler, supplément à la revue Charitas, et autour de cet organe s’est créé un comité central catholique antialcoolique, qui se ramifie dans toute l’Allemagne.

VIII. Les missions protestantes allemandes.

Le protestantisme allemand, avant le xixe siècle, s’occupa fort peu de la diffusion du christianisme dans les pays infidèles : on ne peut citer, à cet égard, antérieurement à l’an 1800, que la mission des frères Moraves, fondée depuis 1732. Elle est encore très prospère aujourd’hui ; elle entretenait, à la fin de 1897, 138 stations de missions, réparties entre le Groenland, le Labrador, l’Alaska, la Californie, les Antilles, l’Amérique centrale, l’Afrique, l’Australie et l’Himalaya ; et elle avait la charge de 96 197 âmes. Au xixe siècle un certain nombre de sociétés de missions protestantes ont été fondées. — 1. VEvangelische M issionsgesellschaft de Bàle, fondée en 1815 : aux 33 stations de missions qu’elle possédait en 1878, se sont ajoutées, dans les vingt années suivantes, 23 stations nouvelles ; elle travaille au Cameroun, à la Côted’Or, dans l’Inde ; mais c’est en Chine, surtout, qu’elle a fait, en ces dernières années, de remarquables progrès ; elle règne sur 38 637 âmes. — 2. La Rheinische Mission, issue de la fusion des trois sociétés de missions d’Elberfeld (fondée en 1799), de Barmen (fondée en 1818) et de Cologne (fondée en 1828) : elle travaille, surtout, dans l’Afrique allemande et dans les Indes néerlandaises ; elle compte 72 367 fidèles. — 3. La Norddeutsche MissionsgesellscJiaft, fondée en 1836 ; elle a 2 257 fidèles. — 4. La mission luthérienne-évangélique de Leipzig, fondée en 1838 ; elle a pris comme champs de travail l’Afrique orientale, tant anglaise qu’allemande, et l’Inde : dans la région de Madras, le nombre de ses fidèles s’est élevé, entre 1893 et 1899, de 131 à 2 000. 5. La Hermannsburger Mission, fondée en 1849. Le Zoulouland et le Bechuanaland sont évangélisés par cette mission ; elle y possède 44 650 fidèles ; elle commence à travailler dans l’Inde. — 6. La Gossnersche Mission : l’Inde est son domaine ; elle végète dans la région du Gange, mais obtient, dans le pays des Cols, de très beaux succès (49 000 fidèles, et, dans la seule année 1898, 2 422 baptêmes). — 7. La société de missions pour l’Afrique orientale-allemande : sa première station date de 1887 ; elle en a sept à l’heure actuelle, avec 186 fidèles et 90 catéchumènes. — 8. La mission du Schleswig-Holstein, fondée en 1877 : l’Inde est son domaine ; elle avait, au 1 er avril 1899, 6 stations avec 687 fidèles. — 9. La mission de Neunkirchen, fondée en 1881. Les sept stations qu’elle entretient à Java, les trois stations qu’elle entretient dans l’Afrique orientale anglaise, avaient, en 1898, 1 262 fidèles. — 10. La société bavaroise de Neuendettelsau : elle se consacre à l’évangélisation de l’Australie du sud et de la Nouvelle-Guinée. — 11. Le Jerusalems-Verein, fondé en 1852 par Gobât, rattaché à l’évêché anglo-allemand de Jérusalem et pourvoyant à l’entretien de la Diaspora allemande en Palestine. — 12. Les comités de Francfort et de Berlin pour la protection des Arméniens et le Deutsche Hilfsbund entretiennent en Asie Mineure, en Bulgarie et en Perse, des orphelinats protestants pour les petits Arméniens schismatiques : 1200 environ y sont recueillis. — 13. L’Evangelischer Afrika-Verein, fondé en 1894, pourvoit aux œuvres humanitaires dont le besoin se fait sentir dans l’Afrique allemande (asile pour esclaves, sanatorium, école supérieure chrétienne, école de colonisation). — 14. Enfin, trois associations de femmes missionnaires, sans grande importance d’ailleurs, ébauchent quelques efforts en Orient et en Chine. — Il faut ajouter à cette liste la Société pour promouvoir les missions évangéliques parmi les païens, fondée à Berlin en 1824. Elle eut des débuts fort difficiles : Schiittge organisa à peu près un séminaire pour les jeunes missionnaires,