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ALLEMAGNE (EMPIRE D’), ETAT RELIGIEUX


seconde catégorie de missionnaires, dont les rhaisonsmères sont purement allemandes ; les bénédictins de Saint-Ottilien de Bavière, qui ont fondé, en 1888, la mission du Zanzibar méridional, et qui y entretiennent 22 religieux ; les Frères alexiens, d’Aix-la-Chapelle, qui sont au nombre de 83 dans les quatre maisons d’Amérique où ils se dévouent au soin des malades et des aliénés, et surtout les religieux de la société du Verbe divin, fondée à Steyl, en Hollande, en 1875, par Arnold Janssen. Cette société aspire à être pour l’Allemagne ce qu’est pour nous, depuis deux siècles, le séminaire des missions étrangères ; en moins de vingt-cinq ans, elle est parvenue au chiffre de 700 religieux et de près de 1000 élèves ; elle a deux collèges pour les études secondaires, à Steyl et à Neuland (Silésie) ; un noviciat à SaintGabriel, près Moelding (Autriche), et un établissement d’études supérieures à Rome, sous le nom de collège de Saint-Raphaël, elle a fondé tour à tour : en 1881, la mission du Schantong méridional ; en 188’.), une mission dans la République argentine ; en 1892, celle de Togo, en Afrique ; en 1893, celle de l’Equateur ; en 1895, celles du Brésil et (l j s Ktats-Unis ; en 1896, celle de la Terre de Guillaume (Océanie). C’est la mission de Chine qui est la plus importante, elle compte 31 pères et 9 frères coadjuteurs distribués en 7 décanats. La fondation de cette société est l’un des principaux épisodes de ce mouvement qui a pousse le catholicisme germanique, dans le dernier quart de siècle, à se mettre au service du germanisme. Observons enfin que certaines de ces sociétés de missionnaires ont établi, tout près d’elles, des groupements de religieuses ; à côté de la société de Steyl, il y a, dans les missions, 23 « servantes du Saint-Esprit » ; à côté des Pères du Sacré-Cœur, 14 religieuses allemandes du Sacré-Cœur ; à côté des Pères blancs, 60 sœurs blanches allemandes élevées à Kouba, en Algérie ; à côté des bénédictins de Saint-Ottilien, les bénédictines, qui sont au nombre de 70 à Saint-Ottilien et de 14 en Afrique ; à côté des Pallollini, 16 Pallottines au Cameroun. Mais les deux sociétés de religieuses missionnaires les plus florissantes de l’Allemagne sont, d’une part, les sœurs de Saint-Charles-Borromée, qui ont leur maison-mère à Trebnitz, en Silésie, et son’, un rameau détaché de la congrégation de Nancy ; et, d’autre part, les « sœurs de charité, filles de la bienheureuse Vierge Marie de l’Immaculée-Conception », qui ont leur maison-mère à l’aderborn et furent fondées en 1819 par M lle de Mallinckrodt : les premières avaient, en 1898, 539 professes et 202 novices et occupaient deux couvents en Egypte et trois en Palestine ; les secondes sont à peu près un millier dans l’Amérique du nord.

A côté des œuvres de missions fondées par les catholiques allemands pour la conversion des infidèles, il faut citer la puissante association qu’ils ont créée pour le maintien ou la diffusion de la foi catholique dans les régions presque exclusivement protestantes de l’empire, appelées régions de Diaspora. Le Boni faciusverein (tel est le nom de celle association) distribue chaque année plus d’un million de marks aux petites chrétientés catholiques disséminées dans ces régions.

Neher, Der Misaionsverein oderdas Werk der Glaubensverbreitung, Fribourg, 1894 ; Hôllerl, Kloster-Schematismus /m dasdeutsche l’virli mut Œsterreich-Ungarn, Paderborn, 3’édit., 1899 ; K ; iiiiiiii ; jm-i i’, Les missions catholiques : France et Allemagne, Paiis, 1900 ; ouvrage essentiel, qui est le résumé d’enquêtes minutieuses, el qui met fort bien en relief la façon différente dunt 1p catholicisme français et le catholicisme allemand conçoivent et pratiquent les missions. Kn ce qui renarde les missions de Chine : René Pinun et Jean de Marcillac, La Chine qui t’ouvre, Paris, 1900.

VII. Les œuvres sociai.es et charitables des catholiques ALLEMANDS. — Les catholiques allemands, depuis 18’18, tiennent chaque année un congrès où sont discutés leurs intérêts et préparées leurs revendications politi ques ; la suite des comptes rendus de ces congrès forme, depuis un demi-siècle, l’histoire vivante des catholiques allemands. Windthorst, le leader du Centre, les organisa, vers la fin de sa vie, en un puissant groupement permanent appelé le Volksverein. Cette association, chaque année, présente un compte rendu général de son activité dans une séance générale qui coïncide avec le congrès annuel des catholiques allemands. Le rapport le plus récent, présenté à Neisse le 30 août 1899, marque en termes si précis les développements et les résultats du Volksverein, qu’il nous suffit de le résumer. Aux termes de ce rapport, le Volksverein, à la fin de 1898, comptait 186662 membres, dont 62029 en Prusse rhénane, 34208 en Westphalie, 18289 en Bavière, 22054 en Wurtemberg et 10654 en Bade : c’est donc surtout dans la région de Cologne, berceau de cette association, que son épanouissement est le plus remarquable. Le Volksverein, au cours de 1898, a tenu environ 500 réunions publiques catholiques dans les diverses villes d’Allemagne. Il a distribué, durant ces douze mois, 6629000 imprimés, entre autres le journal le Volksverein, envoyé gratis huit fois l’an à tous les membres de l’association ; 18 brochures d’ordre social ou politique, répandues au nombre de 4 929 000 exemplaires ; et certains ouvrages de l’abbé Hitze ou certains commentaires des lois sociales nouvelles, à quelques milliers d’exemplaires. lia envoyé une « correspondance sociale » à 250 journaux catholiques : elle atteignait, au bout de l’année, le chiffre de 62 articles, dont 15 étaient consacrés à la nouvelle loi sur les métiers. Il a pris l’initiative, en Wurtemberg, d’instituer des avocats pour les paysans, pour les gens de métier et pour les ouvriers, sortes de conseils judiciaires capables de les éclairer sur leurs intérêts et de guider leurs essais de groupements.

Au Volksverein se rattachent plusieurs institutions destinées à la culture du sens social et à l’extension des connaissances sociologiques dans les sphères ecclésiastiques et populaires : cours « pratiques-sociaux » destinés spécialement aux clercs et aux laïques instruits, et réunissant chaque année, pendant quatre à cinq jours, des auditoires toujours plus considérables (en 1898, le cours « social-pratique » eut lieu à Strasbourg et fut fréquenté par 1750 auditeurs) ; bibliothèque « scientifique sociale » établie à Miinchen-Gladbach (en 1898, elle fit 3500 acquisitions nouvelles et prêta aux membres du Volksverein 3016 ouvrages) ; secrétariats du peuple (Volksbureatix), qui étaient, en 1898, au nombre de 21 ; bureau social de renseignements (Soziale Aitskiinftsstelle) installé à Mùnchen-Gladbach, centralisant et répandant toutes les informations nécessaires sur les questions législatives, philanthropiques et sociales.

A côté du Volksverein, qui est, à la fois, un lien et un stimulant pour les initiatives politiques et sociales des catholiques allemands, on a fondé à Eribourg-enBrisgau, en 1897, un Charitas-Verband pour l’Allemagne catholique. C’est une sorte d’office central de toutes les institutions charitables et philanthropiques fondées par les catholiques de l’Allemagne. La revue mensuelle Cltarilas, publiée à la librairie Herder par les soins de M. l’abbé Werthmann, est l’organe de cette institution. Depuis quatre ans, cette revue s’occupe de dresser le bilan de la charité catholique allemande. Munich est la ville la plus charitable de l’Allemagne, elle compte I 155 religieux et religieuses, soit 1 religieux ou religieuse pour 305 habitants. C/iaritas, t. i, p. 6-8. Le diocèse de Cologne compte 1 184 institutions de charité catholique, la plupart datant des 50 dernières années. Voir Brandis, Die katholische Wolthâligkeits-anstalten und Vereine, sowie das katholisch-soziale Vereinswesen, insbesondere in der Erzdiïwesc Kôln, Cologne, 1897. La statistique des œuvres de charité fut successivement dressée, dans la revue Cliaritas, pour les diocèsesdeMùnster(t.n, p.23-25), deWurzbourg(t. iup.240