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ALLATIUS


tobre 1616, il obtenait le diplôme de docteur en médecine. Au lieu de repartir pour Chio avec son évéque, Léon reste à Rome et devient l’hôte de Paul Regius, dont la maison est à cette époque le rendez-vous du monde savant. Attaché, en qualité d’écrivain, à la bibliothèque vaticane, il entreprend dés lors à travers les manuscrits ces fructueuses enquêtes, qu’il devait poursuivre avec une ardeur passionnée jusqu’à son dernier soupir. Le cardinal Benoit Giustiniani le fait nommer, peu après, professeur de rhétorique au collège Saint-Athanase. Mais, au bout de deux ans, l’ambitieuse rivalité et les procédés blessants d’un autre Grec, Matthieu Caryophillis, l’obligent à se retirer, au grand préjudice du collège lui-même et au vif déplaisir du cardinal Barberini, le nouveau protecteur de l’établissement. Son ancien professeur de grec, Nicolas Alemanni, qui était devenu custode de la Vaticane, lui fait confier par le pape Grégoire XV la délicate mission de se rendre à Heidelberg pour y prendre livraison de la fameuse bibliothèque palatine, offerte au Saint-Siège par Maximilien de Bavière, en retour des subsides qu’il en avait obtenus pour la guerre du Palatinat. Parti de Borne le 28 octobre 1622, Allatius y rentre le 28 juin 1623, ramenant avec lui 196 caisses remplies de manuscrits et d’imprimés précieux. Il a lui-même écrit de ce voyage un intéressant journal, publié une première fois par Chr. Bæhr, dans Heidelbcrger Jahrbïtcher der Literatur, 1872, n. 31-32, et une seconde fois, par Giov. Beltrani dans la Bevista Europea, t. xxvni, p. 5-31. On a beaucoup écrit sur ce transfert de la Palatine. En dehors des ouvrages de A. Theiner, 1844, et de Bæhr, 1845, il faut signaler le suivant qui épuise complètement le sujet : Curzio Mazzi, Leone Allaccie la Palatina di Heidelberg, in-8°, Bologne, 1893. Grégoire XV songeait à récompenser dignement Allatius quand il expira subitement, peu de jours après le retour de ce dernier (8 juillet). Allatius perdait en lui un protecteur qu’il ne retrouva plus dans le nouveau pape, Urbain VIII, dont il avait trop vivement critiqué les vers grecs. Il n’en resta pas moins fidèle à la science, au service de laquelle il avait voué sa vie. A défaut d’Urbain VIII, d’autres princes de l’Église romaine lui permirent par leurs libéralités de poursuivre ses travaux. Le cardinal Biscia le nomma son théologien ; Félix Contelori, successeur d’Alemanni à la custodie de la Vaticane, l’honorait d’une amitié d’autant plus vive qu’il trouvait en lui le meilleur auxiliaire pour la mise en ordre et le catalogue des manuscrits palatins. Ici s’arrête malheureusement la Leonis Allatii vita, d’Etienne Gradi, l’ami et le successeur d’Allatius. Du reste, en dehors de ses livres, cet homme célèbre n’a plus guère d’histoire. Travailleur infatigable, il mène l’existence calme et retirée du vrai savant, partageant ses journées entre l’étude et ses amis. Il entretient une correspondance littéraire avec Combefis, avec Neuhaus, avec Goar, avec tous les savants de cette époque, la plus féconde pour la science qui ait jamais existé. Tous lui demandent des consultations, et tous trouvent en lui un avis utile, un appui efficace, une direction salutaire. Certaines de ses lettres grecques ou latines sont de véritables traités, et combien agréables à lire ! Les heures que lui laissent ses amis ou ses correspondants, il les emploie à traduire et à expliquer des auteurs grecs de tout genre. Il accumule chaque jour de nouveaux matériaux, car il nourrit un vaste projet que nul mieux que lui ne pouvait réaliser : celui de réunir, dans une même collection, les ouvres de tous les écrivains profanes et sacrés. La Byzantine du Louvre le compte parmi ses éditeurs. Cependant, le monde romain et les travaux qu’il y accomplit ne peuvent lui faire oublier sa patrie. Le retour à l’unité de l’Église grecque le préoccupe sans cesse. Il aborde tour à tour dans ses nombreux écrits les grandes questions controversées entre Rome et Byzance, atténuant les divergences, mettant au contraire

en relief les points de croyance et de discipline communs aux deux Églises. Non content de travailler par la plume à ce rapprochement, il soutient cette noble cause parla parole ; dans son éphémère existence (16351640), YAccademia Basiliana, sorte de Grœcia ortliodoxa en action où se traitent les divers points de controverse gréco-romaine, ne compte pas de membre plus assidu, ni plus actif. Cf. P. Batiffol, L’abbaye de Bossano, in-8°, 1891, p. 41. Custode de la Vaticane depuis 1661, il en remplit les fonctions jusqu’à sa mort, c’est-àdire jusqu’au 18 janvier 1669. E. Legrand a publié le testament de l’illustre savant, Bibliographie liellenique du xviie siècle, t. iii, in-8°, Paris, 1895, p. 447-459.

Les papiers d’Allatius, légués par lui au collège grec, ont passé à la bibliothèque vallicellane, où ils sont encore. Ils forment la matière d’environ 150 volumes manuscrits, dont 91 seulement sont classés et catalogués. Leur dépouillement fournirait sans doute beaucoup d’indications curieuses sur les affaires auxquelles Allatius a été mêlé, ou sur les auteurs byzantins pour lesquels il était particulièrement compétent. On y retrouverait peutêtre plusieurs de ses ouvrages considérés jusqu’ici comme perdus. Le P. Falzacappa a dressé des 91 manuscrits classés un index dont A. Berthelot a donné une analyse sommaire, dans les Archives des missions scientifiques et littéraires, 3e série, t. xiii, in-8°, Paris, 1887, p. 850-854. Quant à la volumineuse correspondance de notre auteur, elle reste presque complètement inédite. « Au siècle dernier, un Chiote, Raphaël Vernazza, avait conçu le dessein de la réunir et de la mettre au jour. La mort, sans doute, l’empêcha de mener à bonne fin cette louable entreprise. Puisse un autre être plus heureux ! Cette correspondance une fois publiée, on pourra songer à écrire une biographie digne d’Allatius, digne de ses éminents mécènes, digne de ses amis, digne enfin du siècle où il vécut et où il tint une si large place. » E. Legrand, op. cit., t. iii, p. 435.

Le programme de ce dictionnaire ne comporte pas la mention de tous les ouvrages d’Allatius. Écartant à dessein les écrits profanes, je me contenterai de citer, dans leur ordre chronologique, ceux qui, parmi ces ouvrages, traitent directement de questions théologiques, ou touchent à quelque point d’histoire ecclésiastique et d’archéologie chrétienne, ou qui enfin sont utiles à consulter pour la vie même de l’illustre écrivain. Je respecte naturellement, dans la transcription des titres, l’ordre et l’orthographe des éditions originales ; j’omets seulement le nom de l’auteur. J’indique aussi, pour quelquesuns d’entre eux, les réimpressions, d’un accès plus facile.

1° De Joanna Papissa Fabula Commentatio, in-4°, Rome, 1630 ; 2° Apes Urbanse sive de Vins ilhistribus, qui ab anno MDCXXX per totuni MDCXXXIII, Bomæ adfuerunt, ac Ujpis aliquid evulgarunt, in-8°, Rome, 16IÎ3 ; 3° De Psellis et eorum script is diatriba, in-8°, Rome, 1634, reproduit avec rectifications dans A. Fabricius, Bibliot/ieca G rœca, in-4°, Hambourg, t. v, 1712 ; édit. Maries, t. x ; p. 41-97 ; P. G., t. cxxii, col. 477-538 ; 4° De œtate et interstiliis in collatione ordiuum ctiam apud Grœcos scrvaiidis, in-8°, Rome, 1638 ; 5° De libris ccclesiasticis Grœcorum, Dissertationes duæ, in-4°, Paris, 1645 et 1646, reproduit dans la l re édition de la Bibliotheca Grœca de Fabricius, t. v ; 6° De lemplis Grœcorum recentioribus ; De Narlhece Ecclesiæ veteris ; nec non de Grœcorum hodie quorumdam opiuationibus, in-8°, Cologne, 1645. Les deux premiers opuscules avaient paru d’abord en appendice au traité précédent, De libris ecclesiasticis Grœcorum ;  ! De Ecclesiæ occidentalis atque orientalis perpétua consensione, libri très, in-4°, Cologne, 1648. Ouvrage capital pour l’élude des relations entre les deux Églises ; il contient en appendice deux dissertations : De Dominicit et hebdomadibus Grœcorum et De missa prsesanctificatonmi ; 8° Diatriba de Gcorgiorum scriplis, publiée en appendice à l’édition