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ALEXEIEV

ALFRIC (SAINT]

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a été remplie par la lutte qu’il soutint contre le monachisme ou, plus exactement, contre le clergé noir ou haut clergé. Fils d’un pauvre sacristain de Saint-Nicolas le Thaumaturge, près de Moscou, il avait pour ainsi dire sucé avec le lait la haine du clergé noir, seul possesseur en Russie des hautes dignités de l’Église. Non content de réclamer pour les prêtres séculiers le droit de prétendre à l’épiscopat, Alexeiev revendiquait cette dignité comme l’apanage exclusif du clergé blanc, sous prétexte que la profession monastique répugnait, par son essence même, à l’exercice des honneurs. A l’appui de sa thèse, il apportait l’exemple des apôtres, dont plusieurs avaient été mariés avant d’entreprendre leur mission, et l’autorité de quelques évêques de la primitive Église. C’est dans cet esprit qu’il publia en 1784, à Moscou, une traduction de l’opuscule du fameux Agrippa de Nettesheim (1486-1535), De nobilitate et prxcellentia feminei sexus declamatio. Poète à ses heures, il traduisit en vers quelques cantiques de saint Jean Damascène dans un petit volume intitulé : La véritable piété de la foi chrétienne, Moscou, 1768. On a encore de lui une édition de la Confession de foi, in-8°, Moscou, 1769, une traduction du Deveritate religionis d’Hugo Grotius, une Histoire de l’Eglise gréco-russe, un Dictionnaire des hérétiques et des schismatiques, des Conférences, des Discours, etc. Mais son principal ouvrage est le Dictionnaire ecclésiastique ou explication des anciens mots slavons ou étrangers contenus dans les saintes Écritures et dans les autres livres ecclésiastiques, 3 parties, Moscou, 1773-1776 ; 2e édit., corrigée et complétée, 3 vol., Moscou, 1794. C’est une immense compilation dont Théodore Bause a osé dire : Liber doctissimus et utilissimus (Oratio de Russia ante hoc sœculum non prorsus inculta, 1796, p. 37), mais qui révèle chez son auteur plus de bonne volonté que d’esprit scientifique. A lire la préface, le but d’Alexeiev aurait été simplement d’initier le lecteur à la connaissance de la littérature slave, en le ramenant à la vraie source de la langue, je veux dire à l’intelligence des saintes Écritures. Mais, quand on ouvre les volumes du Dictionnaire, on a sous les yeux une œuvre composite, un amas d’éléments disparates de toute provenance et entassés au hasard. L’antiquité classique y donne la main, par-dessus le moyen âge byzantin, à la Russie moderne dont la vie et les mœurs sont longuement exposées ; des notions de physique et de zoologie s’y heurtent à des recettes de médecine. Quant aux documents mis en œuvre, l’auteur les a pris tour à tour dans la Bible et dans les Pères, dans la liturgie et chez les écrivains russes, dans les élucubrations byzantines et dans les travaux des écrivains occidentaux, notamment dans Goar et Baronius. De pures vétilles y sont l’objet d’articles étendus, tandis que les sujets importants ne reçoivent souvent que deux lignes insignifiantes. Sous le mot jésuite, par exemple, on trouve cette notice : société de moines romains du xvie siècle, connue de tout le monde. Œuvre d’un immense labeur, mais indigeste et disproportionnée : image fidèle du génie slave, génie fécond, mais dépourvu d’équilibre.

Courte notice dans le Brockkaus russe, Pétersbourg, 1890, t. i, p. 415 ; Soukhomlinov, Istoriia rossiiskoi Academii, dans les Zapiski de l’Académie impériale des sciences, Pétersbourg 1874, I" part., p. 280-343 ; Korsakov, dans les Archives russes, 1880, n. 11, p. 153-210. Sur le Dictionnaire ecclésiastique, voir un article étendu de Creznevsky dans le Journal (en russe) du Ministère de l’instruction publique, 1848, n. 6.

L. Petit.

ALEXI (Alexius de Saint-André), clerc régulier de l’ordre des écoles pies fondé par saint Joseph de Calasanz, naquit à Nicholsbourg en Moravie en 1689 et mourut en 1761. Il fut deux fois provincial et enseigna la théologie et le droit canonique dans son ordre. Il publia en 1757, une Théologie morale en 5 traités, Kempten, un vol. in-4°. Cet ouvrage se recommande, dit Hurter, par la clarté de

l’exposition et la sûreté de la doctrine. Pour chaque matière traitée, après l’exposition des principes on trouve de nombreuses solutions de cas pratiques. Aux questions de morale proprement dite sont ajoutées en appendices deux dissertations canoniques sur les censures et les bénéfices ecclésiastiques.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii col. 1550.

A. Beugnet.

ALFANI Thomas-Marie, dominicain de Salerne, professeur de mathématiques dans l’université de cette ville, théologien de l’empereur Charles VI, mourut le

20 août 1742. Il a laissé entre autres écrits imprimés : 1. Istoria degli Anni Santi dal di loro cominciamento sino al pontificalo di Benedetlo XIII, Naples, 1725, in-8° ; — 2. Vita ed uffizzi del vescovo seconda gli ammæstramenti di S. Paoloe la continuata disciplinae spirito di S. Chiesa, Naples, 1728, in-8°.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii col. 1559.

P. Mandonnet.

ALFARO Joseph, jésuite espagnol, né à Viguera, le 14 février 1639, admis le 28 juillet 1653, enseigna la philosophie, la théologie au collège romain, fut nommé en 1694 censeur général des livres publiés par les jésuites, et mourut à Rome, le 21 avril 1721. Il avait été un des neuf examinateurs des propositions de Quesnel, et des dix censeurs de celles de Fénelon. Il n’a laissé aucun ouvrage imprimé, mais de nombreux manuscrits de théologie. On trouve cependant certaines de ses censures dans différents ouvrages : Animadversiones… de probabilismo, dans Vindicix Societatis Jesu, de Concina (1769) ; — Synopsis enarrationum… eorum quæ acciderunt circa librum de recto usu opinionum probabilium a P. Thyrso Gonzalez, ibid. ; — Censura censurai latse anno 1674 a Revisoribus generalibus S. J., sur le même ouvrage, dans la Theologia christiana de Concina (1751) et les Lectioncs theologise moralis de Patuzzi (1754). — Son jugement, favorable à Fénelon, dont il ne trouve condamnable aucune proposition, a été inséré dans les Analecta juris ponli/icii, 1881, col. 654-709.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la C" de Jésus, t. i, col. 171-172 ; t. iivi col. 1608-1609.

C. Sommervogel.

ALFF Balthasar, jésuite allemand, né à Saint-Vith, le 10 novembre 1667, admis au noviciat en 1687, enseigna les belles-lettres, la philosophie et la théologie, fut prédicateur latin, directeur de congrégation et mourut à Trêves, le 2 octobre 1736. Dans un ouvrage publié en faveur des congréganistes du collège d’Hildesheim : Avot(j.apTV<Tia tïj ; ©eotôxou, sive Maria peccati immunis, et Apologia pro B. Virgine Maria, Pars secunda, Hildesheim, 1707 et 1708, in-12, 2 vol., le P. Alff réfuta le ministre protestant Witter qui, dans trois opuscules, avait attaqué le culte de la sainte Vierge.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la C" de Jésus, t. i, col. 172-174.

C. Sommervogel. ALFONSE. Voir Alphonse.

ALFRIC (Saint), archevêque de Cantorbéry depuis le

21 avril 995, mourut le 16 novembre 1005 ou le 28 août 1006, a été confondu souvent avec d’autres personnages du même nom. Entre autres ouvrages nous possédons de lui un recueil de trente-cinq canons qui traitent principalement des sept ordres mineurs et majeurs (can. 8-18), des obligations des prêtres (can. 5, 7, 19-32), en particulier du célibat ecclésiastique (can. 5-7), des livres qu’ils doivent posséder (can. 21), du respect qu’ils doivent avoir pour les quatre premiers conciles œcuméniques, qui sont mis au-dessus de tous les autres (c*n. 33).

Mabillon, Acta SS. Bened., Paris, 1668, t. via, p. 61-64, re-