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ALEXANDRIE (ÉCOLE CHRÉTIENNE D’) — ALEXEIEV

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Nous remarquons en lui quelque chose de semblable. Dans sa vive attaque contre l’impiété lybienne, il n’a point remarqué qu’un zèle outré le faisait eNCéder en sens inverse. » Epist., ix, P. G., t. xxxn, col. 267.

Ce passage est remarquable quand on connaît les doc- trines et les tendances de saint Basile, son antipathie pour les excès de l’allégorisme alexandrin, sa défiance envers l’intrusion de la philosophie grecque dans les écrits des théologiens contemporains. Cependant sans articuler à la charge de l’évêque Denys l’un ou l’autre de ces griefs, il se borne à lui reprocher un zèle excessif dans la résistance à Sabellius.

//. ÉTUDES SUR LES INFLUENCES PLATONICIENNES. —

La postérité n’a pas été aussi équitable pour l’école alexan- drine. Tantôt on lui a reproché de s’être laissé corrompre par l’infiltration platonicienne, comme plus tard la sco- lastique devait se laisser pénétrer et altérer par l’aristo- télisme. Tantôt on a affecté delà confondre avec l’origé- nisnie. En tentant une réhabilitation de ce dernier, et en montrant tout le mouvement théologique du moyen âge issu d’une double source — l’origénisme et l’aréopa- gitisme — il était facile de jeter sur l’Église catholique l’odieux de la condamnation d’Origène. En même temps, l’Église semblait avoir manqué de clairvoyance, et s’être laissé inintelligemment envahir par les erreurs mêmes qu’elle condamnait. C’est dans ce sens qu’ont travaillé depuis deux siècles les diverses écoles protestantes et rationalistes. C’est l’ensemble de thèses que leur in- fluence a cherché à faire prévaloir.

Pour cela, on a le plus souvent usé d’une équivoque. Il a suffi de constater quelques doctrines communes, en psychologie ou en théodicée naturelle, pour laisser croire à une influence plus profonde, à une véritable filiation, où les dogmes catholiques auraient pris nais- sance.

Ce mouvement date surtout de l’apparition du livre de Souverain : Le platonisme dévoilé, ou essai touchant le Verbe platonicien, Cologne (Amsterdam), 1700. Cet ou- vrage fit un bruit considérable, et souleva les plus vives polémiques : il prétendait montrer que la doctrine chré- tienne était déjà profondément corrompue, au temps d’Adrien et d’Ignace, par l’impur alliage de la philo- sophie, qu’on ne saurait en conséquence la trouver avec sa pureté première, en dehors des saintes Écritures. Après la réponse de F. Ualtus, Défense des SS. Pères accusés de platonisme, Paris, 1716, une ardente polé- mique s’ensuivit à laquelle prirent part Mosheim, De turbata per recentiorcs Platonicos Ecclesia, Iéna, 1725 ; Keil, De causis alieni Platonicorum a religione Chri- stiana animi, 1785 ; et De doctoribus veteris Ecclesiee culpa corruptx /»■»• Platonicos senlcntias theologiœ li- berandis(Opuscula acader>rica,L-dil. Goldhorn, Leipzig, 1821).

En France, au cours du XIX e siècle, deux hommes ont donné une vive impulsion à ce mouvement d’idées : M. Cousin par ses travaux sur la philosophie néo-plato- nicienne, et M. Vacherot par sa célèbre Histoire critique de l’Ecole d’Alexandrie, Paris, 1 8 16-1 85 1 . Un célèbre démêlé entre M. Vacherot, directeur de l’école normale, et le P. Gratry, aumônier de la même école, suivit la publication de ce dernier ouvrage.

Il n’appartient pas au présent article de discuter et de résoudre le problème des influences platoniciennes ou néo-platoniciennes. Voir Platonisme.

I. HISTOIRE GÉNÉRALE DE l’ ÉCOLE CATÉC1IÉT1QUE, SOMMES, ÉVÉ- NEMENTS, organisation. — H. E. F. Guerikc, De schola quœ Alexandrie ! floruit catechetica, commentatio historien ri theo- logica, Pars prior de externa schola ; historia, Halle, 18244825 ; C. 1. W. Hasselbach, lie schola qnw Alexandrin : floruit cate- chetica, Stettin, 1826-1839 ; Ch. Kingslpy, Alexandria and her schools, Cambridge, i«.Vi ; Ch. Bigg, The Christian Platonists of Alexandria : Eighi i’ciures preached before tlw University of Oxford in Ua’ year 1886, Oxford, 1880 ; De Faye, Clément d’Alexandrie, Élude sur les rapporta du christianisme et de

la philosophie grecque au W siècle, Paris, 1898, Introduction. Cf. aussi : Hasselbach, De catechumenorum ordinibus, Stettin, 1839 ; Schnitzer, Origenes ixher die Grundhhren der Glaubens- wissenschaft, Stuttgart, 1835 ; Redepenning, Origenes, eine Darsteltung seines Lebens und seiner Lehre, Bonn, 1841, t. I, 1. I ; Matter, Histoire de l’école d’Alexandrie, Paris, 1845 ; J. Simon, Histoire de l’école d’Alexandrie, Paris, 1845 ; E. Va- cherot, Histoire critique de l’école d’Alexandrie, Paris, 1846-1851.

. sur l’état des esprits dans le monde gréco-romain et sun

le rôle delà réaction chrétienne. — J. Denis, Histoire des théo- ries et des idées morales dans l’antiquité, Paris, 1856, p. 255 : Épicure et Zenon ; F. Ravaisson, Essai sur le stoïcisme, Paris, 1885 ; J. Dœllinger, Heidenlhum und Judenlhum, Ratisbonne, 1807, passim ; Gaston Boissier,La religion romaine d’A ugusteaux Antonins, Paris, 1874 (voir surtout : t. H, c. m, La philoso- phie romaine après Auguste ; c. VI, La philosophie après Sénèque ; c. vu, La théologie romaine) ; T. W. Allies, The formation of Christendom, Londres, 1875, t. m (voir surtout : c. xvi, Neo- stoicism and the Christian church ; c. XVII, xvm, xix, Neopytha- gorism, etc. ; c. xxi, The respective powerof the Greek philosophy and the Christian church to construct a society, etc.) ; Ch. Bigg, op. cit., lect. vil ; F. Ogereau, Essai sur le sylème philoso- phique des stoïciens, Paris, 1885 ; E. de Pressensé, L’ancien monde et le christianisme, Paris, 1887, 1. IV : Le paganisme gréco-romain et sa décadence ; Fr. Ueberweg, Grundriss der Ges- chichte der Philosophie des Alterlhums, Berlin, 1894, p. 312-35 !) : Dritte Période der griechischen Philosophie ; Adolf Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, t.l, Fribourg, 1894 : Gescliiilit- liche Orientirung, p. 302 sq., et Clemens und Origenes, p. 590- 048 ; M 1 ’ Talamo, Le Origini del Cristianesimo e il pensicro sloico, Rome, 1892 ; Chollet, La morale stoïcienne et la morale chrétienne, Paris, 1898. Voir encore De Faye, op. cit., II" part. : La question historique ; Redepenning, toc. cit.

III. SUR LA THÉODICÉE, C ANTHROPOLOGIE ET LA MORALE DES

alexandrins. (Ces références sont restreintes aux points qui font l’objet du présent article.) — H. E. F. Guerike, De schola qux Alexandrie floruit catechetica, Halle, 1825, Pars posterior (Theo- logia de Deo in universim, p. 125-131, 182-197, 313-319, 333-336 ; Anthropologia, p. 139-144, 228-237 ; Ethica, p. 403-448) ; J. Simon, op. cit. ; E. Vacherot, op. cit. ; Freppel, Clément d’Alexandrie, Paris, 1806, et Origène, t. i, Paris, 1875, 2« édit. ; J. Schwane, Histoire des dogmes, t. i, traduction Belet, Paris, 1886, § 17, Théodicée de Clément ; § 21, Théodicée d’Origène ; § 50-57, Doc- trines anthropologiques de Clément et d’Origène ; Ch. Bigg, The Christian Platonists of Alexandria, Oxford, 1886 (La méthode d’analyse ou méthode négative, p. 62-66 ; Le libre arbitre d’après Clément, p. 78-80 ; Morale de Clément, p. 83-100 ; Allégorisme, 1’. 134-152 ; La nature de Dieu d’après Origène, p. 157-161) ; P. Ueberweg, Grundriss der Gesch. der Philos, der patristichen und scholastichen Zeit, Berlin, 1898, § 13 : Clemens von Alexan- dria und Origenes ; Adolf. Harnack, op. cit. — On trouvera de fréquentes références et indications bibliographiques, relatives à la comparaison de Clément et d’Origène, dans Guill. Capitaine, De Origenis ethica, Munster, 1898. Voir encore des appréciations relatives à cette même comparaison dans Denis, La philosophie d’Origène, Paris, 1884, Théologie, p. 63 ; Anthropologie, p. 217. — H. Huet, Origeniana, P. G., t. xvii, ouvrage important, mais se borne à la monographie d’Origène.

On trouvera, pour la comparaison de ces doctrines rationnelles avec l’enseignement traditionnel et scolastique, des expositions didactiques et des références nombreuses dans Petau, Thcologica dogmata, Paris, 1644, 1. I, c. v ; 1. II, c. vm, n. 16 ; 1. III, c. ix ; M ! ’ Ginoulhiac, Histoire du dogme catholique, Paris, 1866, 1. I, c. i, n, vi, vu ; 1. II, c. v, sur la nature divine et ses attributs ; L. de San, Tract, de Deo uuo, t. I, Louvain, 1894, part. I, c. m, sur la connaissance de Dieu, et part. III, c. m, sur l’omniprésence ; Franzelin, Tract, de Deo uno, Rome, 1876,1. I, c. n, th. VI, vu, sur la connaissance de Dieu ; Stentrup, Prxlect. dogm. de Deo nno, Inspruck, 1878, p. 311-317, sur l’omniprésence.

A. de la Barre.

ALEXEIEV Pierro Alexeievitch, théologien russe du

xviii" siècle. Né à Moscou en

étudia les sciences

sacrées à l’académie gréco-slave de cette ville. Il reçut le diaconat en 1752. Devenu prêtre peu de temps après, il remplit pendant deux ans les fonctions de catéchiste ou conférencier à l’université de Moscou. Nommé, eu 1756, catéchiste à l’église de l’Assomption de cette ville, et, en 1771, archiprétre de la cathédrale, il mourut dans l’exercice de cette dernière fonction, le 22 juillet 1801. La majeure partie de la carrière scientifique d’Alexciev