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ALEXANDRIE (ÉGLISE D’)


time. Condamnée à Nicée, Théodoret, H. E., i, 8, P. G., t. lxxxii, col. 928, la secte sortie de ses ordinations anticanoniques ne s’en perpétua pas moins jusqu’après 450, pour le plus grand bien de l’arianisme dont elle fut l’ardente alliée.

VII. Comput ecclésiastique et LITURGIE.

Féconde à l’excès dans le domaine encore très vague de la philosophie et de la théologie, l’Eglise alexandrine des quatre premiers siècles le fut infiniment moins sur le terrain liturgique. Elle joua, il est vrai, un rôle des plus brillants dans la querelle pascale, ainsi qu’il résulte des textes anciens si bien mis en œuvre par M. L. Duchesne, La question de la Pâque au concile de Nicée, dans la Revue des questions historiques, t. xxviii, 1880, p. 5. Mais là se borna son action : en dehors du comput ecclésiastique, elle ne fit rien d’important relativement au culte chrétien. Dans la première moitié du ive siècle, sa liturgie se conservait encore identique à celle de Syrie. P. Batiffol, Une découverte liturgique, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, I, 1899, p. 81. Cela résulte du précieux document mis au jour par A. Dmitrievski, L’euchologe de Sérapion de Thmuis, in-8°, Kiev, 1891, extrait des Travaux de V Académie de Kiev, 1894, n. 2, et republié naguère comme inédit par G. Wobbermin, Altchristliche liturgische Stïicke aus der Kirche A£gyptens nebst einem dogmalischen Brief des Bischofs Sérapion von Thmuis, Leipzig, 1899. La liturgie grecque dite de saint Marc est donc postérieure à cette époque. M. L. Duchesne estime qu’elle remonte au Ve siècle pour le moins. Origines du culte chrétien, 2e édit., in-8°, Taris, 1898, p. 75. Les analogies frappantes qu’elle présente avec la liturgie copte décorée du nom de saint Cyrille ne sont pas faites pour contredire cette opinion. Il n’en reste pas moins que des quatre principaux types liturgiques, type syrien, type romain, type gallican et type alexandrin, celui-ci n’existait pas encore au temps du premier concile général. Ainsi instituée sur le tard, la messe de saint Marc ne se maintint pas longtemps parmi les grecs d’Egypte : elle subit d’abord des retouches byzantines ; puis elle fut complètement remplacée par les messes en usage à Constantinople. A la fin du XIIe siècle, Balsamon ordonnait de la prescrire. P. G., t. cxxxviii, col. 953.

VIII. Martyrs et moines.

L’Église alexandrine eut, comme toutes les autres, ses confesseurs et ses martyrs. Vers 195, le feu, le fer et le glaive sévissaient parmi ses enfants. Clément d’Alexandrie, Stromat., Il, P. G., t. iivi col. 1069. En 202, Sévère, de passage à Alexandrie, y veillait en personne à l’exécution de son édit : au nombre des victimes on compta Léonide et plusieurs de ceux que son fils Origène instruisait. Eusèbe, H. E., 1. VI, c. i-v, P. G., t. xx, col. 521-533. En 249, sous le règne bienveillant de Philippe, une émeute des païens coûta la vie à la vierge Apollonie et à de nombreux fidèles. Eusèbe, op. cit., 1. VI, c. XLI, col. 605-012. Avec Dèce (250-253), la persécution s’étendit jusqu’aux bourgs les plus reculés de la Thébaïde. Eusèbe, op. cit., 1. VI, c. xli, xui ; 1. VII, c. xi, col. 608-616, 661-673. Les chrétiens d’Alexandrie se vengèrent sous Gallus, à l’occasion de la peste, en poussant leur charité jusqu’à l’héroïsme : pour s’être prodigués autour des cadavres et des moribonds, plusieurs centaines d’entre eux devinrent les martyrs de leur dévouement et l’Eglise les honore au 28 février. Eusèbe, op. cit., 1. VII, c. xxii, col. 685-692. L’épidémie disparue, la persécution recommença. Eusèbe, op. cit., 1. VII, c. i, col. 640. Quelques années plus tard, en 257, à la suite du premier édit lancé par Valérien, les cachots regorgèrent de confesseurs et lous les chemins de l’exil en virent passer.

Eusèbe, op. cit., 1. VII, c. xi, col. 662-674. lui 304, Dioctétien publia son quatrième édil et dis Mois de sann rougir en ! l’Egypte, depuis la mer jusqu’aux frontières méridionales de la Thébaïde. Eusèbe, op. cit., 1. VIII,

c. iivi ix, x, col. 757-760. Le sang coula de nouveau en’.HU6 et 307. Eusèbe, op. cit., 1. VIII, c. ix, x, col. 700768. Il coulait encore à Canope, le 31 janvier 312, des veines de saint Cyr et de saint Jean. Acta SS., t. il jan., p. 1081. En dehors des fidèles immolés sur le sol égyptien, l’Eglise alexandrine eut de nombreux enfants immolés ailleurs. Eusèbe, op. cit., 1. VIII, c. vi, col. 756. Elle en eut, par exemple, à Tyr. Eusèbe, op. cit., . VIII, c. iiv col. 756-757. Elle en eut de même à Césarée. Eusèbe, De martyr. Palest., c. XI, P. G., t. xx, col. 14971512. Elle en eut surtout à Agaune où tout un groupe de soldats recrutés dans la Haute-Egypte et connus depuis sous le nom de légion thébéenne, périt le même jour. Je ne dis rien de sainte Catherine : si elle appartenait à l’histoire, un dictionnaire de théologie devrait la signaler au premier rang des martyrs alexandrins, car elle est honorée dans certains ordres religieux, comme la patronne des études philosophiques et théologiques. Voir P. Allard, Histoire des persécutions, 5 volumes, passim.

Le triomphe du christianisme ne mit pas tout de suite un terme aux massacres de chrétiens en Egypte. On compta des martyrs à Alexandrie en 341 ou 342, sous le règne de Constance et le gouvernement de Philagre ; saint Gallican y souffrit au temps de Julien en 362 ; les ariens y ensanglantèrent l’église Saint-Théonas en 372 ; les adorateurs de Sérapis y firent des victimes en 390.

Mais ce n’est pas de ces martyrs que l’Egypte chrétienne est surtout lière. Sa principale gloire lui vient de ses initiatives monastiques et de la multitude vraiment prodigieuse d’anachorètes et de cénobites qui peuplèrent ses déserts. Les origines du monachisme sont mal connues : un fait certain pourtant, c’est que l’enthousiasme pour la vie parfaite éclata tout d’abord sur les rives du Nil. Cette vie revêtit plusieurs formes : avec saint Paul on eut la forme érémitique dans toute sa grandeur sauvage ; avec saint Pakbome la forme cénobitique dans toute son harmonieuse régularité. Cf. P. Ladeuze, Etude sur le cénobitisme pakhomien, in-8°, Louvain, 1898. Saint Antoine (-j— 356) servit d’intermédiaire de l’une à l’autre : solitaire au début de sa carrière, il ne put empêcher plus tard les disciples d’accourir autour de lui et de fonder une sorte de communauté à Phaïoum, dans la Thébaïde. Le nom de Tabennisi, le premier-né des monastères, est attaché à celui de Pakhôme ; Nitrie, dans la Basse-Egypte, abrila les congrégations établies par Ammonius ; Scété se peupla d’ascètes au premier rang desquels figurent Macaire l’aîné († 390) et Macaire le jeune († 394). Les chrétiennes d’Egypte imitèrent leurs frères : le nombre de leurs couvents fut considérable dans toutes les solitudes, et c’est au copte, langue indigène, qu’elles doivent un de leurs noms les plus répandus, celui de nonnes, qui veut dire chastes. Sainte Synclétique marche à la tête de ces vierges et de ces veuves. Voir Anachorètes, Monachisme, Antoine, etc.

IX. Du concile de Nicée a celui de Chai.cédoine. — Les paragraphes qui précédent nous ont entraînés, à la suitedes liturgies, du martyrologe et du monachisme, bit n m de la de 328 : revenons en arrière et reprenons la liste des successeurs de saint Marc. Athanase s’offre le premier (328-373). Sa figure qui domine tout un demi-siècle sera présentée au lecteur dans un article spécial. On y verra quelles vicissitudes traversa l’Église égyptienne d’alors et comment le pouvoir civil s’unit à l’arianisme pour faciliter la quadruple intrusion sur le siège alexandrin de l’istus, de Grégoire, de Georges et de Lucius. Les combats soutenus par Athanase contre les empereurs et 1rs prélats courtisans constituent les premières manifestations de la rivalité, ecclésiastique en apparence, politique dans le fond, qui devait tenir si longtemps Alexandrie et Constantinople en guerre ouverte l’une contre

l’autre. Quand paru ! Constantin, la suprématie religieuse en Orient appartenait sans conteste à Alexan