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ALEXANDRE DE IIALÉS

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in quatuor Sentent, libros, Lyon, 1515. Cet ouvrage ne (litière pas de la Summa theologiæ dont il va être question. D’anciens auteurs ont attribut’, il est vrai, à Alexandre d’avoir commenté le Maître des Sentences ; mais il est probable qu’ils donnaient le titre de commentaire à sa Somme dont les grandes divisions répondent à celles de Pierre Lombard. Plus tard on a cru à tort que c’étaient deux œuvres différentes. Oudin, Commentarius de scriptoribus ecclesiaslicis, Leipzig, 1722, t. iii, p. 131, 132.

Parmi les ouvrages que nous venons d’énumérer, l’explication de la règle de saint François, est le seul qui ait certainement Alexandre de Halés pour auteur. Il nous reste à faire connaître son œuvre principale, intitulée Universse theologim summa.

III. Univers-e theologi/E summa. — 1° Histoire. — Wadding raconte et l’Histoire littéraire de la France, loc. cit. infra, admet, à sa suite, que cet ouvrage fut rédigé par ordre d’Innocent IV et qu’il fut soumis à l’examen de soixante-dix docteurs de l’université de Paris. Aucun texte conserve— parmi les bulles pontificales ou aux archives de 1’université de Paris ne confirme ces affirmations. Denille, Chartul., t. i, p. 329. Files sont d’autant plus suspectes qu’il n’en eet pas question dans la bulle d’Alexandre IV du 28 juillet 1256 qui prescrit de compléter l’ouvrage d’Alexandre. Sbaralea, Bullarium franciseanum, Rome, 1759-1768, t. ii p. 151, 152. Cette bulle se trouve aussi dans Echard, Scriplores ordinis prsedicalorum, t. I, p. 361, qui est le premier à l’avoir publiée in extenso, dans Prosper de Martigné, op. cit., p. 50 et dans Denifle, Chartul. univers. Paris., t. i, n. 286, p. 328. D’après cette bulle, Alexandre de Halés étail mort avant d’avoir pu terminer son vaste travail ; le franciscain Guillaume de Méliton avait reçu la mission d’achever l’œuvre du docteur irréfragable, mais il ne s’en était pas encore acquitté en 1256. Alexandre IV ordonne au ministre général des frères mineurs en France d’adjoindre à Guillaume quelques autres franciscains pour l’aider dans cette œuvre. La bulle donne à entendre qu’Alexandre de Halés avait travaillé à son ouvrage durant les dernières années de sa vie et jusqu’à sa mort. Oudin, De scriploribus ecclesiasticis, Leipzig, 1722, t. iii, p. 217, dit que le complément rédigé par Guillaume de Méliton a été publié dans l’édition de la Summa de Lyon, 1515. Il n’a pas été réimprimé dans les dernières éditions de 1575 et de 1622. Elles reproduisent en effet le travail d’Alexandre tel qu’il est sorti de ses mains. Cela résulte d’un grand nombre d’indices. Le texte de ces éditions renferme beaucoup de lacunes ; il est inachevé comme nous allons le dire tout à l’heure. Il cite souvent les trois premiers livres de la Morale à Nicomaque d’Aristote d’après deux versions latines du commencement du XIIIe siècle et il ne cite jamais (nous n’avons fait l’examen que pour la seconde partie de la Somme) les sept derniers livres qui furent traduits en latin pour la première fois en 1240. Vacant, Les versions latines de la Morale à Nicomaque, Paris, 1885, p. 6, 13, I i et dans Revue des sciences ecclésiastiques, 1885, t. ii p. 389 sq. Les bulles qui sont citées nous prouvent aussi que le texte de la Theologiæ summa a été écrit tout entier dans les dernières années qui précédèrent la mort d’Alexandre de Halés (1215), et avant 1256, époque à laquelle la bulle d’Alexandre témoigne qu’on n’y avait encore fait aucune addition. La seconde partie, q. ci. xi, m. xi, invoque en effet une décrétale de Grégoire IX de 1231.1 l’autre part, la quatrième partie, q. XXXI, m. ii a. 2, 4, établit la légitimité des prescriptions de la règle de saint François par les approbations qu’elle a ci m’i ! Innocent III, d’Honorius III et de Grégoire IX. Elle cite en particulier les décrétâtes Nimis pravæX A’imis iniqua de Grégoire IX. Décret., 1. V, tit. xxxi, De e.rccssibus prælatorum, c. 16, 17. Si la dernière rédaction de celle question xxxi avail étéachevée après l’année 1215, et à plus forte raison après l’année 1255,

on n’aurait pas manqué d’y parler aussi des nouvelles approbations données à la même règle, en 1245 par Innocent IV, et en 1255 par Alexandre IV. Nous pouvons conclure de l’omission de ces bulles dans une des dernières questions traitées (la quatrième partie est la dernière de la somme, et cette partie n’a que 35 questions) et des autres indices précédemment notés, que la somme, telle que nous la possédons dans les éditions de 1575 et de 1622, est tout entière de la main d’Alexandre et qu’elle ne contient point d’addition de Guillaume de Méliton.

C’est à ces deux éditions de 1575 et de 1622, dont les divisions sont identiques, que se rapportent les références de cet article.

2° Division et objet. La somme d’Alexandre et les quatre livres des Sentences. — Alexandre de Halés a suivi dans sa somme la division en quatre parties des livres des Sentences de Pierre Lombard. Les titres des éditions de 1575 et de 1622 expriment l’objet de chaque partie, dans une énumération qui ne répond point aux idées directrices d’Alexandre. Voici comment il formule lui-même sa division, dans un prologue placé en tête de la troisième partie (il n’y a pas d’introduction en tête de la première) : Inquisitio catholica de his quee pertinent ail /idem quatriparlita est. Prima pars pertinet ad cognitionem substanlise divinse trinitatis et unilatis ; secunda ad opéra divinæ conditionis ; terlia ad personam Salvatoris in natura divinilatis et natura humanilalis, quarla vero pertinet ad sacramenta salutis et opéra futurse glori/icationis. Ainsi la première partie traite de Dieu, la seconde des créatures, la troisième du Christ, la quatrième des sacrements et des fins dernières.

Chaque partie est subdivisée en questions. Dans les dernières éditions publiées en 1575 et 1622, la première partie renferme 74 questions ; la seconde, 171 ; la troisième, 64 ; la quatrième, 35. (La division n’est pas tout à fait la même dans les éditions antérieures pour les trois dernières parties qui y sont partagées en un plus grand nombre de questions.) Les questions sont subdivisées en membres, membra ; les membres en articles et quelques articles en paragraphes (S).

Nous avons dit que la grande division d’Alexandre était empruntée à Pierre Lombard. Il est visible qu’il s’inspire aussi des quatre livres des Sentences dans ses subdivisions et les développements qu’il donne à la doctrine. Cependant il ne suit pas en tout son guide. Dans la première partie Pierre Lombard, après une première distinction sur l’Écriture, commençait par la trinité et finissait par les questions de nos traités De Deo uno. Alexandre ouvre une autre voie que devait suivre la Somme de saint Thomas d’Aquin. Après deux questions préliminaires De doctrina theologica, q. I, et De cognitione Dei, q. ii, il commence par la matière De Deo uno, q. iii-xli, et aborde seulement ensuite le mystère de la sainte Trinité, q. xlii-lxxiv, en s’étendant plus encore que Pierre Lombard sur le sujet des)ioms divins, q. xlviii-lxx, où se mêlent les questions relatives au De Deo uno et au De Deo trino.

Dans sa seconde partie, Alexandre suit pas à pas le Maître des Sentences. Comme lui, il s’occupe successiement du principe des choses, des ailles, de l’œuvre des six jours, de l’homme et du péché. Mais il insisle davantage sur les questions philosophiques ou sur d’autres points qui lui paraissent importants : il développe ce qui regarde les causes, q. l-vi (qu’il divist* en causes exemplaires, efficientes et finales), la nature des créatures, q. x-xv, la nature des anges, q. xxx-xxxv, la nature de l’âme humaine, q. LXIX-LXXIII, et le péché, q, xciv-ci xxi, qu’il étudie en commençant par la question générale du mal, q, xciv.

Dans sou troisième livre, Pierre Lombard rattachait à la question du Christ la matière de la loi, de l’espé