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ALEXANDRE, ÉVÊQUE D’HIÉRAPLE

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tions des partisans du « martyr Nestorius » et sur leur foi. Baluze, p. 853, 8(56. Bientôt il s’en fut rejoindre les députés orientaux à Tarse où Jean d’Antioche réunit un concile, et avec cette assemblée il souscrivit une nouvelle sentence de déposition contre saint Cyrille, et aussi conlre les sept évéques fidèles délégués à Chalcédoine. Labbe, t. iii, col. 769. 906 ; Baluze, p. 840, 843, 874. Cette sentence comme aussi la promesse de ne jamais accepter la déposition de Nestorius, Alexandre la renouvela au concile d’Antioche tenu par Jean, à son retour, vers la mi-décembre 431 ; et il signa de plus une supplique à Théodose lui demandant de ratifier la condamnation des Analhèmes de saint Cyrille, Socrate, Hist. ec, 1. VII, c. xxxiv.P. G., t. lxvii, col. 813 ; Baluze, p. 906. Au début de 432, l’empereur envoyait à Antioche le tribun Aristolaus en vue de porter remède au schisme. Aussitôt Jean convoque Alexandre et d’autres intimes à une réunion chez lui, et l’on y rédige six propositions pour être présentées à saint Cyrille et servir de base à la réconciliation. Baluze, p. 764. La seule qui nous soit connue, porte qu’on s’en tient à la foi de Nicée et que l’on rejette toutes les lettres et documents qui ont amené la controverse actuelle. Alexandre prit soin de communiquer ces décisions au vieil Acace de Bérée : là une nouvelle assemblée ajouta plus de quatre articles aux six adoptés déjà, et le tout fut porté à saint Cyrille par Aristolaus en personne. Cyrille ne demandait pas mieux que de déclarer encore son adhésion au symbole de Nicée, mais il trouva déraisonnable la demande à lui faite, d’abandonner tout ce qu’il avait écrit dans les discussions nestoriennes. Labbe, t. iii, col.114, 1151, 1157 ; t. iv, col.666 ; Baluze, p. 786. Cette réponse fut bien accueillie par Acace, Jean et tous ceux qui avaient à cœur la paix de l’Eglise ; mais elle déplut à Alexandre et à Théodoret. Baluze, p. 757, 782. Cette première défection de ses amis plongea l’évêque d’Hiéraple dans un chagrin profond qu’il exhale dans une lettre déjà très violente à André de Samosate. Baluze, p. 764-765. Mais quand, au mois d’avril 433, Jean et les principaux évêques d’Orient eurent signé la paix, anathématisé les impiétés de Nestorius, la colère du vieux métropolitain ne connut plus de bornes.

III. Son opiniâtreté définitive.

Alexandre connut la réunion par une lettre personnelle de Jean, qui le conjurait de ne pas retarder plus longtemps la paix de l’Église. Au reçu de cette missive, il écrit à André de Samosate et à Théodoret que Jean a cessé d’être un véritable évêque, et il le retranche de sa communion. Baluze, p. 789, 800. En vain, ces deux amis multiplient leurs instances toutes courtoises et pleines de respectueuse allection. Alexandre les repousse avec le plus injurieux dédain : ils peuvent agir à leur guise, trahir la foi si cela leur plait et rentrer en communion avec l’Égyptien ; pour lui, jamais il ne se résignera à pareille souillure ; plutôt l’exil, la mort, les bêtes, le bûcher, que la communion avec l’hérétique. Baluze, p. 768, 775, 799800, 809-810. En vain Théodoret le presse-t-il, dans un langage tout filial, de se trouver au concile de Zeugrna avec André de Samosate pour délibérer sur les conditions de la paix. Le concile dut se passer de son concours, et la parfaite orthodoxie de saint Cyrille y fut reconnue. Alexandre s’exaspéra davantage. Maximin d’Anazarbe eut beau condamnera son tour Cyrille et les évêques fidèles ; c était vraiment trop peu pour compenser la défection de Jean et des nombreux prélats qui marchaient à sa suite, pour compenser encore l’approbation donnée par le saint-siège au concile d’Éphèse. Aussi à André qui s’est réuni à Cyrille et insiste avec douceur et fermeté pour le ramener, le vieillard refuse de répondre et retranche cet ami de sa communion. Baluze, p. 801, 810, 816. l’eu après, c’est Théodoret qui fait aussi sa paix et renouvelle près du métropolitain d’Hiéraple les démarches les plus charitables. On lui répond avec impertinence : « Je crois que vous n’avez rien omis pour le

salut de ma malheureuse âme ; vous avez même fait plus que le bon pasteur de l’Évangile qui n’a cherché qu’une fuis la brebis égarée. Tenez-vous donc en repos, et cessez à l’avenir de vous fatiguer et nous aussi. » Inutilement encore Théodoret lui mande la réunion de la Cilicie et de l’Isaurie. Baluze, p. 865, 867. Le prélat de plus en plus aveuglé conjure qu’on le laisse en paix. Dès lors il se fait une loi de fuir la vue, la conversation, le souvenir même de tous ceux qui demandent à lui parler sur ce sujet, les regardant comme des gens rattachés de cœur à l’Egypte et qui tous ne cherchaient qu’à le tenter et l’abattre. Baluze, p. 878-879.

Deux faits d’ailleurs s’en vinrent accentuer encore son éloignement. Jean crut devoir user de son pouvoir patriarcal pour sacrer des évêques dans la Syrie euphratésienne. De plus, Alexandre ayant érigé, non sans de sérieux sacrifices, une église en l’honneur de saint Serge, toute une ville, Sergiopolis, se développa bientôt autour du sanctuaire. Or, sans même consulter le fondateur, Jean avait ordonné un évêque pour cette nouvelle église. Le métropolitain, et aussi ses sufl’ragants, ne manquèrent pas de protester vivement, et contre ce qu’ils appelaient une ingérence abusive dans leurs droits, et contre le choix des personnages ordonnés. Baluze, p. 830-833, 837-838, 865.

Cependant l’on avait remontré à Pulchérie et à Théodose le grand obstacle que rencontrait la paix dans l’obstination d’Alexandre et de ses partisans. Un rescrit impérial vint donc enjoindre aux récalcitrants ou de se réunir au patriarche d’Antioche, ou de quitter leurs sièges. L’ordre fut d’abord exécuté contre Dorothée, Mélèce de Mopsueste et quelques autres. Mais Jean répugnait à en venir à cette extrémité avec son ancien ami, et, une fois encore, il lui députa Théodoret, mais inutilement toujours. Malgré son échec, ce dernier conseillait néanmoins la patience : les conséquences d’une sévérité excessive pouvaient être désastreuses ; le vieillard est généralement regardé comme le fidèle tenant de la vérité ; on admire son courage et on révère universellement sa piété ; un schisme pourrait s’en suivre. Baluze, p. 871. Aussi le patriarche résolut-il de tenter un dernier effort en priant une délégation de prélats de se rendreauprès del’évêque d’Hiéraple ; ilsne réussirentpas à le lléchir. Baluze, p. 883-886. Après cela, Jean ne pensa plus devoir arrêter l’exécution des ordres impériaux. Le général Denys, magister militiæ per Orientem, et son second, le comte Titus, écrivirent de concert à Alexandre une lettre fort courtoise lui demandant de leur éviter la peine d’accomplir un devoir douloureux, en faisant enfin sa soumission. L’évêque protesta de nouveau qu’il ne pouvait s’unir à Jean d’Antioche sans blesser la foi ; il priait en même temps qu’on voulût bien lui signifier en secret l’ordre de partir : il était prêt à le faire sans bruit. Baluze, p. 879-881, 884. Titus manda donc à Lybien, gouverneur de l’Euphratésienne, d’obliger Alexandre à sortir immédiatement d’Hiéraple, s’il refusait toujours sa soumission, et de soutenir le successeur que désigneraient les évêques. Le vieillard partit simplement et fut relégué en Egypte aux mines de Famothin. Il y mourut dans cette obstination inflexible qu’un effroyable orgueil peut seul expliquer. Baluze, p. 868, 881-882.

Son peuple, qui aimait en lui la douceur des manières, la dignité de vie et une science réelle, n’osa point s’opposer aux ordres de l’empereur. Mais, en si^ne de deuil, il tint fermées ses églises, et toute la cité parut vouloir s’envelopper dans une douleur inconsolable. La situation parut à Lybien si grave qu’il crut devoir entretenir Titus des mesures à prendre pour ramener ce peuple à sa vie normale. De son côté, le patriarche adressa au clergé et aux fidèles d’Hiéraple une lettre où il les assure qu’aucune animosité personnelle n’a dicté la mesure prise à l’endroit de leur évêque. Seule, l’opposition obstinée d’Alexandre à la réunion a été la cause de tout le mal :