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ALEXANDRE (SAINT) — ALEXANDRE, ÉVÊQUE D’HIÉRAPLE


Nicomédie, les deux Eusèbe, qui écrivirent même en sa faveur à saint Alexandre. Le zèle de celui-ci n’en fut qu’excité ; il expédia de tous côtés des lettres pressantes, dont près de 70 se conservaient encore au temps de saint Épiphane. Hser., lxix, n. 4, P. G., t. xlii, col. 209. Deux nous sont parvenues. Une encyclique, adressée aux évêques en général, pour leur faire connaître la condamnation portée contre les hérétiques, leurs noms, leur doctrine, et les prémunir contre les intrigues des ariens et de leurs protecteurs, Eusèbe de Nicomédie en particulier. Cette lettre, souscrite par le clergé alexandrin, précéda vraisemblablement le Tome dont il est question dans une seconde lettre, adressée par le patriarche à son homonyme, évêque de Byzance. Elle traite du même objet que la première, mais plus longuement ; les intrigues des ariens sont de nouveau dénoncées, leurs erreurs exposées et réfutées.

Dans ces deux lettres, pleines de vigueur apostolique et de sainte indignation, Alexandre soutient en substance la doctrine que défendra ensuite son successeur, le grand Athanase, mais les formules sont moins précises. Il donne à Marie l’épithète de Osotôxoç, mère de Dieu, mais il n’a pas le terme d’ôu-.oovo-coç. A l’assertion fondamentale d’Arius que « Dieu ne fut pas toujours Père, mais qu’il fut un temps où Dieu n’était pas Père, et que le Verbe divin n’était pas de toute éternité, mais qu’il fut tiré du néant », le champion de la foi catholique répond : « Il faut dire que le Père est toujours Père, et il est Père en vertu de l’éternelle présence du Fils, auquel il doit d’être Père, sort 8s IIaTT, p àû irapôvToç toû T’toO, Si’ô’v xPWtf^si ITarr.p. P. G., t. xviii, col. 557, 573. Et il prouve l’éternelle génération du Verbe, sa filiation propre et naturelle, son égalité parfaite avec le Père, à l’aide des textes scripturaires devenus classiques : Joa., I, 1, 3, 18 ; x, 15, 30 ; xiv, 5-10 ; Matth., iii, 17 ; xi, 27 ; Colos., i, 15-17 ; Rom., viii, 32 ; Heb., I, 2 sq. ; Ps. ii 7 ; cix, 3 ; Is., lui, 8, etc.

Arius profita de la lutte entre Constantin et Licinius, 322-323, pour rentrer en Egypte. Bientôt même, Constantin vainqueur écrivit de Nicomédie, sous l’influence évidente d’Eusèbe, une lettre commune « à Alexandre et à Arius », où il leur reprochait de troubler la paix pour des riens. Eusèbe, Vila Constant., 1. II, c. lxiv-lxxii, P. G., t. xx, col. 1037-1048. La lettre fut confiée à l’illustre évêque de Cordoue, Osius, qui s’occupa également des autres affaires qui troublaient l’Église d’Alexandrie. Dans un concile, tenu vers 324, il fit rentrer dans l’ordre Colluthus, simple prêtre qui s’était séparé de son évêque et avait prétendu faire des ordinations sacerdotales, Athanase, Apol. cont. arian., n. 75, P. G., t. xxv, col.385, mais il ne put régler la question arienne. Ce fut alors que l’empereur décida la réunion du concile de Nicée. Malgré son grand âge, Alexandre s’y rendit, et prit une grande part aux débats, par lui-même et par son jeune archidiacre, Athanase : il eut le bonheur de voir condamner Arius, et confirmer dans le canon 6° l’autorité patriarcale du siège d’Alexandrie sur toute l’Egypte, la Libye et la Pentapole. Il revint vers son peuple, porteur d’une lettre où les Pères du concile faisaient de lui le plus bel éloge. Socrate, H. E., i, 9, P. G., t. lxvii, col. 77 sq. 11 mourut le 18 avril 326, d’après les uns, Renaudot, llist. pair, alex., Paris, 1713, p. 83 ; d’après les autres, faisant fond sur l’avant-propos syriaque d’une lettre pascale de saint Athanase, le 17 avril 328. Il aurait auparavant désigné ce dernier pour son successeur. Sozomène, ii 17, P. G., t. lvxii, col. 976. On honore sa mémoire le 26 février. Voir les articles Arianisme, Athanase, Nicée (Concile de).

Sources. — 1° Biographie : Les Histoires ecclésiastiques de Socrate, 1.1, c. v-XV passim, P. G., t. i.xvii, col. 42-115 ; Sozomène, 1. I, c. xv-xvii, P. G., t. lxvii, col. 903-915 ; Théodoret, 1. 1, e. iviii, P. G., t. lxxxii, col. 885-931 ; Rufin, 1. I, c. i, P. h., t. xxi, col. 467 ; Baronius-Pagi, Annales, t. iii, Lucques, 1738, ann. 310

à 318, Index, p. 669 ; t. IV, 1739, ann. 325 à 326, Index, p. 660 ; Henschenius, Comment, hist., dans Acta sanctorum, au 26 février ; Tillemont, Mémoires, t. vi, Paris, 1704, p. 213-238 ; Ceillier, Hist. gén. des aut.sacr., Paris, 1733, t. iv, p. 101-1 19 ; nouv. édit., t. III, p. 104-115 ; Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, 1908, t. I, p. 357 sq. ; Will. Smith, Diclionartj of Christian Bioyrapliy, art. sur saint Alexandre.

2’Écrits : P. G., t. XVIH, col. 523-607, pour les deux lettres de saint Alexandre, un sermon De animæt curpore deque passione Domini, et quelques fragments ; Pitra, Analecta sacra, t. iv, p. 196-200, 430-434, pour divers fragments ; pour autres renseignements bibliographiques, Harnack, Geschichte der altchristlichen Literatur bis Eusebius, l" part., Die Ueberlieferung, Leipzig, 1893, p. 449-451.

X. Le Baciielet.

11. ALEXANDRE, évêque d’Hiéraple. — I. Son

rôle au concile d’Éphèse. IL Sa résistance aux décrets d’Éphèse avec Jean d’Antioche et Théodoret. III. Son opiniâtreté définitive dans le schisme et l’hérésie.

I. Son rôle au concile d’Éphèse. — Alexandre devait occuper déjà le siège métropolitain d’Hiéraple (Hierapolis) dans la Syrie euphratésienne, en 401 ; car, dès lors, on le voit excommunier un certain Julien accusé d’apollinarisme. Baluze, Nova collectio conciliorum. p. 867.

L’empereur Théodose ayant convoqué le concile d’Ephèse au sujet des erreurs de Nestorius, 200 évêques s’y rendirent. Alexandre d’Hiéraple y arriva le 20juin 431 et intrigua immédiatement pour qu’on ne fit point l’ouverture du concile avant l’arrivée de Jean d’Antioche et de ses partisans : avec plusieurs évêques, il signa un acte qui le demandait formellement. Lupus, Epist., iiv p. 26 ; Labbe, ConciL, t. iii, col. 552, 660, 662 ; Baluze, p. 697-699. Le concile passa outre, et tint dès le 22 juin sa première session dans laquelle Nestorius fut condamné et déposé. Le 27 arrivait Jean d’Antioche avec une trentaine d’amis. Aussitôt débarqués, ils se réunirent en conciliabule avec 13 autres évêques dévoués à Nestorius. Avec eux le métropolitain d’Hiéraple vota la déposition de saint Cyrille d’Alexandrie, de Memnon, évêque d’Ephèse, et rejeta comme hérétiques les Anathèmes de saint Cyrille. Sur ces entrefaites arrivèrent les trois légats du pape saint Célestin ; et, dans sa iv 8 session, sur la plainte de Cyrille et de Memnon, le concile sépara de la communion ecclésiastique Jean d’Antioche, Alexandre d’Hiéraple et tous les évêques du conciliabule. Labbe, t. iii, col. 764 ; Baluze, p. 507.

IL Sa résistance aux décrets d’Ephèse avec Jean d’Antioche et Théodoret. — A la clôture du concile, Alexandre signe le rapport que Nestorius envoyait à l’empereur pour se plaindre de cette assemblée, et spécialement de ce que l’on n’avait pas attendu Jean d’Antioche. Labbe, t. iii, col. 598. Puis, c’est une véritable campagne qu’il mène ou soutient avec un singulier acharnement pour défendre l’erreur nestorienne de la maternité purement humaine de Marie et incriminer saint Cyrille d’apollinarisme. Il échange d’abord des correspondances avec Acace de Bérée, qu’il met au courant des événements d’Éphèse, Baluze, p. 714, 763 ; puis, au mois d’août, quand les deux partis eurent décidé de porter devant l’empereur les points en litige, il désigne son ami Théodoret pour le représenter et, le premier, il ratifie le pouvoir absolu que les Orientaux dissidents donnaient à Théodoret et aux sept autres députés. Il y mit toutefois cette condition significative : que les actes du conciliabule de Jean seraient approuvés, et que les actes du concile adverse seraient annulés, et rejetés avec les anathèmès de saint Cyrille. Labbe, t. iii, col. 725.

Revenu à son siège, Alexandre reçut une lettre de Théodoret, lui apprenant l’insuccès subi auprès de l’empereur et le mauvais accueil du peuple lui-même. Labbe, t. iii, col. 732-733. Entre temps, l’évêque d’Hiéraple s’était informé auprès d’un prêtre de Constantinople, Parthène, et il en recevait deux lettres affligées sur les tribula