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ALEXANDRE III (DÉCRETS D’) — ALEXANDRE V

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crimen, atrjue omne peccatum oblatis Deo sacrifiais deleatur, quid de cœtcro pro delictorum expiatione Dontjno dàbitur, quando in ipsa sacri/icii oblatione erratur.

VII. Condamnation de cette proposition de Pierre Lombard : Cltristus non est aliquid, secundum Itomo. Voir l’art. Adoptunisme au xiie siècle.

H. Moureau. 4. ALEXANDRE IV, Rainaldou Réginald, pape, successeur d’Innocent IV, élu le 12 décembre 1254, mort le 25 mai 1261.

Réginald descendait comme Innocent III de la famille des comtes (dei Conti) de Segni ; son oncle Grégoire IX le créa cardinal-diacre en 1227 et cardinal-évêque d’Ostie en 1231. Il n’avait point marqué d’hostilité particulière à Frédéric II ; mais il fut amené à poursuivre, avec autant d’équivoque mais moins d’habileté, la guerre qu’Innocent IV avait menée contre les descendants de ce prince. Après avoir promis de maintenir les droits du jeune Conradin, qu’il qualifiait encore de duc de Souabe, il s’efforça de lui enlever même ce dernier duché au proiit d’Alphonse de Castille. Dans le sud de l’Italie, il combattit Manfred, d’abord régent, puis roi de Sicile, par les armes temporelles et par les excommunications, et attribua l’héritage de Conradin à Edmond, fils du roi Henri II d’Angleterre. En Allemagne, il protégea d’abord la candidature à l’empire de Guillaume de Hollande, puis, après une temporisation calculée pour prolonger l’interrègne, celle de Richard de Cornouailles. Au milieu de l’Italie, déchirée par les factions des Guelfes et des Gibelins, par la guerre du saint-siège contre Manfred, Alexandre, aussi impuissant à faire triompher la politique d’Innocent IV qu’à y renoncer, vécut une grande partie de son pontificat hors de Rome, où le sénateur Rrancaleone balançait son pouvoir. Sa piété personnelle, des mœurs irréprochables, un naturel enjoué, ne suppléaient pas à une certaine incapacité qui le rendait aisément accessible à des conseillers indignes. Il mourut à Viterbe où il s’était réfugié à la suite des troubles qui avaient éclaté dans Rome à l’occasion de l’élection du sénateur.

Les tristesses de son temps ne l’empêchèrent pas de penser aux missions et à une croisade contre les Tartares. Même si la mort ne l’avait pas arrêté, il n’eût pu mener de front la croisade contre les infidèles, et la croisade contre le roi de Sicile qu’il faisait prêcher en Angleterre. Il fit du moins quelques tentatives d’union auprès de l’empereur Théodore II Lascaris, en Orient, s’efforça de régler équitablement les rapports des Grecs et des Latins dans l’île de Chypre, et donna au chef des Maronites, récemment unis, le titre de patriarche d’Antioche pour leur nation. Les dissensions intestines des chrétiens et le relâchement des mœurs cléricales favorisaient l’hérésie en Italie et dans le midi de la France. Alexandre pour la réprimer confirma les décrets de Grégoire IX et d’Innocent IV et ajouta encore à la procédure en recommandant qu’elle fût « sommaire, sans bruit de jugement ni d’avocat », summarie, absque judicii et advocatorum strepitu (bulle de décembre 1257). L’inquisition fut étendue du midi à tout le royaume de France. Les inquisiteurs, en France et en Lombardie, furent absous d’avance des excommunications dont ils viendraient à être frappés à l’occasion de leur office. Potthast, n. 17097, 5 déc. 1257 et 18 déc. 1259. En 1257, le pape conféra à l’évêque de Lesbos la juridiction sur les latins résidant en Russie. Alexandre couvrit de sa sollicitude les franciscains, non seulement en canonisant sainte Claire, mais en multipliant beaucoup leurs privilèges, et ceux de tous les moines mendiants. On compte une quarantaine de bulles d’Alexandre en faveur de ces religieux à qui il rendit les privilèges supprimés par son prédécesseur. Toute sa correspondance montre qu’il les employait volontiers comme instruments d’administration

et de gouvernement. Le clergé séculier cherchait à les éloigner des universités, notamment à Paris où Alexandre IV prescrivit de leur rendre des chaires. De leur côté, les moines accaparaient de leur mieux les ministères de la prédication et surtout de la conlession, dont le moine Salimbene réclamait assez crûment le monopole. Salimbene, Chron., p. 212, dans les Monum. hist. ad prov. Parm. et Placenlinam pertinentia, t. iii, Parme, 1857. Alexandre condamna également le traité du docteur parisien, Guillaume de Saint-Amour : Les périls des derniers temps, dénonçant les entreprises monacales, et l’Introduction àV Évangile éternel, dont l’auteur n’épargnait guère l’épiscopat. Mais le premier fut condamné et brûlé en grande cérémonie, le second proscrit sans bruit et avec autant de ménagements que possible pour les frères mineurs.

Le mécontentement des peuples, signalé par Alexandre comme une suite des mauvaises mœurs du clergé, Potthast, n. 17180, et le désordre des esprits se traduisent alors par l’apparition des milliers de flagellants qui, partis de Pérouse, promènent en Italie et jusqu’en Allemagne leurs processions ridicules et la contagion de leur folie religieuse.

Potthast, Regesta pontificum Romanorum, t. ii, Berlin, 1875, p. 1286 sq. ; Digard, La série des registres pontificaux du xin’siècle, Paris, 1886 ; les ouvrages cités pour Alexandre III, de Gregorovius, t. v (3e édit.), p. 291, et de Reumont, t. ii, p. 547 sq. ; Hefele, Histoire des conciles, traduction Leclercq, Paris, 1912. § 671-673, 685 ; de Cherrier, Histoire de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe (2e édit.), Paris, 18"18, t. n et ni ; Lau, Der Untergang der Hohenstaufen, Hambourg, 1856 ; Schirrmacher, Die letxlen Hohenstaufen, Gottingue, 1871 ; Tenckholf, Papst Alexander IV, Paderborn, 1907,

H. Hemmer.

5. ALEXANDRE V. Pierre Philargi s appelait aussi Pierre de Candie, du nom de l’Ile grecque où il naquit vers 1339. Il était orphelin et il vivait de mendicité quand il fut remarqué par un frère mineur. Celuici lui apprit le latin, puis le recueillit dans son couvent où le jeune homme prit l’habit de l’ordre de SaintFrançois. Son maître, qui était Vénitien, l’emmena en Italie, puis on l’envoya à l’université d’Oxford ; il vint ensuite à Paris où il se livra aux études philosophiques et théologiques. Nyem, De schismalc, édit. G. Erler, p. 319. Il devint maître en théologie et composa sur les quatre livres des Sentences un traité remarquable. On l’appella famosissimus in theologia magister. Martène et Durand, Vet. Script., Paris, 1724 sq., t. iiv col. 1115. Il se distingua aussi comme prédicateur. Doctissimus in sacra pagina, dit Zozomène de Pistoie. Muratori, Rerum Italie. Scriptores, Milan, 1723 sq., t. xvi. col. 1195.

Il alla ensuite en Lombardie où il conquit bien vite les bonnes grâces de Jean Galéas Visconti, duc de Milan. Ce prince l’ayant accueilli à sa cour, profita souvent de ses conseils et le chargea de plusieurs ambassades, principalement en Rohême auprès du roi des Romains, Wenceslas. Il devint successivement évéque de Plaisance en 1386, de Vicence en 1387, de Novare en 1389 ; il fut promu archevêque de Milan en 1402.

Innocent VII, le pape romain, le créa cardinal-prêtre des Douze-Apôtres en 1405, et l’employa comme légat en Lombardie.

Philargi s’occupa activement à faire cesser le schisme, surtout sous le pontificat de Grégoire XII, successeur d’Innocent. Ce pape s’aliéna l’esprit de ses cardinaux qui se séparèrent de lui et se mirent en révolte.

Philargi, alors absent pour affaires, approuva néanmoins cette rupture. Lorsque les cardinaux de Grégoire s’unirent à ceux de Benoit XIII dans l’intention de convoquer un concile général pour rendre la paix à l’Église, le chevalier Nicolas de Robertis signa pour lui le document qui sanctionnait cet accord (29 juin 1408). Nommé par le Sacré-Collège administrateur de la