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ALEMBERT (LE ROND D’) — ALEXANDRE I er (SAINT)

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l’homme ne reste pas inactif sur les données des sens ; il a des besoins qui le poussent, une méthode innée qui le fait progresser d’une façon continue. C’est ainsi que ses trois facultés : mémoire, raison, imagination, arrivent à dresser « l’arbre encyclopédique » des connaissances humaines avec trois branches maîtresses : histoire, philosophie, beaux-arts. L’àme ou la substance immatérielle qui veut et conçoit en nous, Dieu ou l’intelligence supérieure nous sont connus par la raison. Mais la raison ne peut dire assez : « Rien ne nous est plus nécessaire qu’une religion révélée. » Toutefois, cette religion « se borne à ce qui nous est absolument nécessaire… à quelques vérités à croire et à quelques préceptes de morale ». Ce n’est pas lui concéder beaucoup. Dans la seconde partie, d’Alembert expose les progrès historiques de l’esprit humain dans les trois derniers siècles, depuis la Renaissance. Naturellement, il traite le moyen âge de « long intervalle d’ignorance » et de « temps ténébreux », car « il n’y a que la liberté d’agir et de penser qui soit capable de produire de grandes choses » ; la scolastique de « science prétendue » et « de philosophie barbare », car « l’abus de l’autorité spirituelle réonie à la temporelle forçait la raison au silence ». Mais la Renaissance a ramené « la lumière ». Parti de l’érudition, continuant son progrès par les belles-lettres, l’esprit humain est arrivé enfin à la lumière suprême, à la philosophie, non la philosophie de Descartes, mais la philosophie dont Bacon, à qui d’Alembert reconnaît avoir emprunté l’arbre encyclopédique, est le premier maître, celle de Locke et de Newton.

L’article Genève (Encyclopédie, t. iiv octobre, 1757) valut à d’Alembert bien des ennuis. Comme il blâmait Genève « de ne pas souffrir de comédie », Rousseau lui répondit par la Lettre sur les spectacles, Amsterdam, 1758, in-8°, et une longue polémique s’engagea. Comme il louait les pasteurs de Genève de se considérer comme « de simples officiers de morale », de « ne rien proposer à croire qui heurtât la raison », enfin d’être « arrivés à une sorte de socinianisme parfait », les pasteurs de Genève protestèrent vigoureusement, et, en France, où l’on comprit que d’Alembert avait voulu tracer le portrait du prêtre selon le cœur des encyclopédistes, cet article devint pour Y Encyclopédie le signal de tracasseries que d’Alembert déclarait « dignes de Goa ».

Les Eléments de pldlosophie, Paris, 1759, et les Éclaircissements qui suivirent, 1761, confirment et précisent les données du Discours préliminaire. Le scepticisme de d’Alembert y apparaît plus clairement toutefois. Il n’y a de certitude absolue qu’en algèbre ; dans l’ordre de la sensation et de la conscience, il n’y a de certitude que grâce à l’instinct. En métaphysique, il n’y a rien que des questions « insolubles et frivoles ». En religion, il y a des « dogmes impénétrables dont la raison, dit-il, ne nous permet pas de douter », mais sa vraie pensée se fait jour : « Bientôt, lit-on, l’étude de la géométrie conduira d’elle-même à celle de la saine physique, celle-ci à la vraie philosophie, qui par la lumière qu’elle répandra sera bientôt plus puissante que tous les efforts de la superstition. »

11 faut mentionner enfin la Lettre à M. de "*, conseiller au Parlement de’", sur la destruction des jésuites, par un auteur désintéressé, Paris, 1765, in- 12, à laquelle s’ajoutèrent en 1767 deux autres lettres. D’Alembert y applaudit à l’arrêt de dissolution porté contre les jésuites français. Il va plus loin. Comme les jésuites condamnes sur, un gros recueil d’assertions plus ou moins exactement extraites du leurs ouvrages par ordre du Parlement, se plaignaient, il écrit : « Leur plainte fût-elle juste… le recueil aura produit le bien que la nation désirait : l’anéantissement des jésuites. » Et ailleurs, il dit : « Toute société religieuse et remuante mérite que l’État en soit purgé ; c’est un crime pour elle que d’être redoutable. »

En 1753, d’Alembert réunit sous le nom de Mélanges de littérature, de philosophie et d’histoire, Paris, 2 vol. in-12, le Discours préliminaire, un Essai sur les gens de lettres, etc. Il y ajouta successivement quelques œuvres comme les pièces relatives à la polémique soulevée par l’article Genève. La dernière édition, 5 vol. in-12, est de 1783.

Les Œuvres littéraires complètes de d’Alembert, y compris sa Correspondance avec Voltaire et Frédéric II, ont été publiées à Paris, chez Bastien, 1805, 18 vol. in-8°, et chez Belin, 1821, 5 vol. in-8’.

Lettres de M" du Doffaud, édit. Lescure, Paris, 1865, 2 vol. in-8°, t. i ; Correspondance de il/ 1 " de Lespinasse, édit., E. Asse, Paris, 1876, in-12 ; Lettres inédites de M"’de Lespinasse à Dalembert et à Condorcet, Paris, 1887, in-8° ; Correspondance de Frédéric II : Œuvres complètes, Berlin, 18461857, 31 vol. in-4°, t. xu-xxv ; Grim, Diderot, Raynal et Meister, Correspondance littéraire, philosophique et critique, Paris, 1877-1882, 16 vol. in-18 ; Condorcet, Éloge de d’A lembert, dans la collection de ses Eloijes académiques : Œuvres complues, édit. Arago, Paris, 1847-1849, 12 vol. in-8° ; J. Bertrand, D’Alembert, Paris, 1889, in-16, dans la Collection des grands écrivains français ; Barni, Histoire des idées morales et politiques en France au xvm’siècle, Paris, 1865-1866, 2 vol. in-8° ; L. Brunel, Les philosophes et l’Académie française au xvm’siècle, Paris, 1884, in-8’.

C. Constantin.

ALER Paul, jésuite luxembourgeois, né à SaintVith, le 9 novembre 1656, admis au noviciat le 6 novembre 1676, enseigna les humanités, la philosophie et la théologie, fut recteur de divers collèges et mourut à Dûren, le 2 mai 1727. — Dialectica nova, omnibus scholis accommodata, in qua termini omnes vocales, corumque affectiones ; item propositiones vocales, et syllogismi… explicantur non modo logicæ sed etiam p/tilosophiæ ac theologix studiosis perquam ulilis ac necessaria, Trêves, 1712, in-8°, et 1716, in-4° ; Jusli/icatio impii per altritionem et sacramentum psenilentise, Trêves, 1716, in-4° ; Tractatus de actibus humanis, Trêves, 1716, in-i°. Le P. Aler a laissé aussi un certain nombre d’ouvrages pédagogiques et de pièces de théâtre à l’usage des collèges.

De Backer et Sommervoçrcl, Bibl. de la C" de Jésus, t. i, col. 160-167 ; t. iivi col. 1603-16U4.

C. SOMMERVOGEL.

ALÈS (de) Alexandre. Voir Alexandre de Ai.ès.

ALESSANDRI Cajetan, théatin, né à Bergame, devint, en 1719, général de son ordre et mourut en 1730. Il a fait paraître un petit traité de théologie pastorale intitulé : Confessarius monialium, in-12, Venise, 1706. Cetouvrage, publié d’abord sous le pseudonyme d’Alénas de Xcrda, porte, dans les éditions postériewres à 1713, le véritable nom de son auteur.

Hurler, Nomenclatur litevarius, Inspruck, 1893, t. ii col. 1258.

Y. Oblet.

ALEXANDER Archibald, théologien protestant des États-Unis, appartenant à la secte des presbytériens ; né dans le comté Augusta (actuellement comté Rockbridge) en Virginie, le 17 avril 1772, mort à Princeton (New-Jersey), le 22 octobre 1851. Converti au moment du grand réveil religieux de 1789, il étudia la théologie, devint président du collège de llampden-Sidney, el fut plus tard (1812) le premier professeur et organisateur du séminaire théologique de Princeton. C’est là qu’il publia son ouvrage principal, Outlines of the Evidences of Christianity, 1823, qui fut traduit en plusieurs langues et eut un grand nombre d’éditions ; il écrivit aussi Moral Science, qu fui publié après sa mort en 1852.

Voir se vie publiée par son lits.1. W. Alexander, New-York, 1854 ; Appleton’s Cyclopœdia eP American Biography, t. i, Nuw-VMk, 1891, il 45-46.

A. Tanqui RI v.

1. ALEXANDRE 1 er (Saint), papo. Pas de renseigne-