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ALÉATOIRES (CONTRATS) — ALEATORIRUS (DE)

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taires du Code civil, au 1. III, tit. xii, entre autres Tropïong, Dépôt et Contr. alèat. — Sur la loterie : Civilta cattol., ser. iii, t. vi, p. 129 et 282 ; Moroni, Dizion. di erudizione storicoeccles., Venise, 1846, t. xxxïn, v Lotte : Menestrier. Dissertation des loteries, Lyon, 17UO ; Nitschius, De eo quod justum est circa lotterias, 1718 ; Wegnerus, De lotteriis, 1717 ; P. Rodotâ, Ori giuochi d’industria, etc., dissertaz. teologica légale, Rome, 1769. — Sur les assurances et rent. viag.."Alauzet, Traité gén. des assurances, Paris, 1844 ; Francis Baily, Théorie des annuités viagères et des assurances sur la vie, trad. de l’angl. par Alf. de Courcy, Paris, 1836 ; Schwane, Die Vertràge, Munster, 1872, 2e édit., § 29 ; A. de Courcy, Les assurances, Paris, 1886, et La philosophie de l’assurance, Paris, 1883 ; La grande Encyclopédie, art. Assurance ; Albert Chaulton, Les assurances, leur passé, leur présent, leur avenir, Paris, 1884. — Sur la spéculation à terme : Proudhon, Matiueldu spéculateur à la Bourse, 3’édit., Paris, 1857 ; Nouveau Dict. d’économie politique, v* Marchés à terme ; Arthur Crump, A new departure in the Domain of political Economy, Londres, 1878 ; Devillc, Les opérations de Bourse devant la conscience, Lyon 1884 ; Olivier Senn, Étude sur les marchés à terme, Paris, 1888 : David Cohn, Der Getreide Terminhandel, Leipzig, 1891 ; J. Fuchs, Der Waren Terminhandel, seine Technik und volkswirthschaftliehe Bedeutung, Leipzig, 1891 ; Claudio Jannet, Le capital, la spéculation et la finance au xix’siècle, Paris, 1892 ; Antoine, Cours d’économie sociale, Paris, 1896.

F. Deshayes.

ALEATORIBUS (De). - I. Objet. II. Nature et auteur. III. Doctrine. IV. Texte.

Le De aleatoribus, rangé, depuis le VIIIe siècle, parmi les Opéra adscripta sancto Cypriano, a été étudié, en ces dernières années, par plusieurs savants qui n’ont pu s’entendre ni sur la date, ni sur l’auteur de cet opuscule. Sa nature exacte en est aussi incertaine.

I. Objet.

Cet écrit est dirigé contre ceux qui se livrent sans retenue aux jeux de hasard et principalement au jeu de dés. Dans les quatre premiers chapitres, l’écrivain, « successeur de celui sur qui Jésus-Christ a fondé son Église, » fait ressortir l’importance de la charge apostolique, qu’il a reçue, et les graves devoirs qui lui incombent en vertu de cette charge ; il doit reprendre les pécheurs avec sévérité, s’il ne veut pas être puni lui-même. Il stigmatise ensuite ceux qui se livrent à ces jeux de hasard qui doivent être rangés parmi les plus grands crimes. Les conséquences en sont funestes, car ils sont la ruine de l’âme et sont accompagnés des perversités les plus affreuses. Tout doit en éloigner le chrétien ; celui qui en a été l’inventeur, lequel se fait rendre un culte religieux ; les anathèmes que l’Écriture lance contre les joueurs ; et encore les conséquences de cette passion, la ruine et le malheur temporel et éternel des joueurs, s’ils ne font pénitence. Que les fidèles fuient donc le jeu de dés ; qu’ils consacrent leurs biens au Seigneur et pratiquent les vertus chrétiennes. Tel est, en résumé, le contenu du De aleatoribus.

II. Nature et auteur.

Cet écrit est-il une homélie, ou une lellre encyclique adressée aux évêques ? Les paroles du commencement, où l’auteur dit qu’il a reçu le gouvernement apostolique et qu’il est le successeur légitime du celui sur qui le Christ a fondé son Église, prouve que l’écrivain est un pontife romain. Mais s’adresse-t-il ici à toute l’Église ? Il dit qu’il a la charge de toute la fraternité (universa fraternilas) ; il semble aussi parlera tous les évêques : Nam ut conslarel nos, ni est episcopos, paslores ovium esse spiritalium (n), et leur tracer les devoirs de leur charge, ibid. ; ces paroles, i ! est vrai, peuvent être entendues dans un sens plus restreint. L’universa fraternilas serait toute la communauté, dont l’écrivain est le chef, comme évéque, et ce pluriel -.nos episcopi, pourrait être le pluriel de majesté ; car l’écrit ne s’adresse pas eu réalité aux évêques, puisqu’on plusieurs passages, et des le début, les lecteurs ou auditeurs sont appelés fidèles. Il est donc probable que

! i-Dr aleatoribus est une homélie prononcée par un

pontife de Rome devant la communauté romaine. Il en

a tous les caractères ; la langue est le latin vulgaire, Wolllin et Miodonski, Anonymns adversus aleatores, p. 18 ; le ton est énergique, presque violent ; le jeu est un acte d’idolâtrie, une apostasie, c’est un forfait horrible, c’est le piège de la mort. Des paroles mêmes de cette homélie, nous devons conclure que l’auteur est un pape (Universa fraternilas, apostolatus ducatus, vicaria Domini sedes, origo autltentici apostolatus, application lui est faite des passages de Matth., xvi, 8 ; Joa., xxi, 15) ; mais lequel des papes ? Les avis diffèrent. Ce serait le pape Victor I er (190-200) d’après Harnack ; Callixte (218-223) ou un de ses successeurs d’après le P. Bàumer ; Melchiades (310-314), d’après Sanday et Miodonski. Les deux premières hypothèses doivent être écartées par ce fait que le De aleatoribus dépend certainement des écrits de saint Cyprien (commencement du IIIe siècle-258). Et d’abord, nous avons dans cet opuscule des expressions et de nombreux passages qui se retrouvent dans les œuvres authentiques de l’évêque de Carthage, Wolllin, op. cit., p. 26 ; plusieurs particularités de langue leur sont communes ; les formules de citation de la sainte Écriture, ainsi que la répartition des écrits bibliques en Scriptura divina, Evangelium, Apostoli, sont identiques et, comme elles sont assez spéciales chez saint Cyprien, cette preuve est catégorique. Bref, les ressemblances sont telles, qu’on s’explique très bien que le De aleatoribus ait pu être attribué à saint Cyprien. Cependant, un examen attentif prouve qu’il n"est pas de celui-ci. Le style est plutôt rude et peu élégant, tandis que celui de l’évêque de Carthage est noble, harmonieux. La rhétorique diffère aussi chez les deux écrivains. Plus pondérée chez saint Cyprien, elle est emportée par la passion dans le De aleatoribus. Il est inutile de montrer que saint Cyprien n’a pas été l’imitateur et que ce ne peut être le De aleatoribus qui a été la source et qui lui a fourni des tournures de phrases, des expressions et des idées. Si donc il faut placer l’auteur de notre opuscule après saint Cyprien, on peut penser au pape Melchiades qui, originaire d’Afrique, a pu parler ce latin, qui rappelle celui de l’évêque de Carthage. De plus, connaissant bien les œuvres de celui-ci, il a pu prononcer une homélie, qui paraît être un centon des écrits de saint Cyprien. Remarquons cependant que ce latin, prétendu africain, était tout simplement le latin vulgaire, tel qu’il était parlé à Rome et en Afrique, et qu’il n’était nullement nécessaire à un pape d’être Africain pour connaître et imiter les œuvres de saint Cyprien.

III. Doctrine.

Il ne faut pas s’attendre à trouver, dans une homélie telle que le De aleatoribus, un exposé doctrinal, exprimé en termes précis ; il est possible, cependant, d’en dégager quelques doctrines importantes. Tout d’abord l’affirmation très nette de la suprématie du siège de Rome, par le fait que le pontife romain est le successeur légitime de celui sur qui le Christ a fondé son Église : quoniam in nobis divina et patenta pietas apostolatus dueatum contulil et vicariam Domini sedem cœlesti dignatione ordinavil ei originem authentici apostolatus super quem Chris tus fundavil ecclesiam in superiore nostro portamus, accepta simul potestate solvendi ac ligandi et cwm ratione peccata dvmittendi, d’où découle la charge de toute la chrétienté : magna nobis ob universam fraternitatem cura est. Les évêques ont reçu le Saint-Esprit par l’imposition des mains ; ils sont les pasteurs des tideles et les dispensateurs de la doctrine évangélique, les procurateurs de l’Évangile. L’orateur, flétrissant l’abus que les joueurs de dés font de leurs mains, passe en revue la vie chrétienne : manus quæ jam ab injuriis humanis expiata est et ad sacrificiuvn dominicum admissa et quod ml salutem totius hominis pertinel ipsa < ! < Dei dignatione suscipit, ipsa ml tandem Domini m Dracula exurgit, ipsa divina sua ameuta consummat. Ailleurs, il fait