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ALDERETE — ALEANDRE

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1613, enseigna la philosophie à Compostelle et à Valladolid, et vingt-quatre ans la théologie à Salamanque, où il fut aussi recteur ; il y mourut le 15 septemhre 1657. — Commentariorum ac disputationum in Terliam parlent D. Thomas, de mysterio lncarnationis Verbi divini, Lyon, 1652, in-fol., 2 vol. ; Commentarii ac disputationes in primam partent… De visione et scientia Dei, Lyon, 1662, in-fol., 2 vol. On conservait à Salamanque ses manuscrits, par exemple : De scientia média, 1610.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la C" de Jésus, t. I, col. 150.

C. Sommervogel. ALDOBRANDINI. Voir Clément VIII.

ALÉA Léonard, écrivain français, né à Paris, d’une famille de financiers, et décédé en cette même ville vers 1812, prit part à la polémique philosophique et religieuse du commencement du xixe siècle. Son premier ouvrage parut sans nom d’auteur, sous ce titre : L’antidote de l’athéisme, ou Examen critique du Dictionnaire des athées, Paris, 1801, in-8°. C’est une réfutation du Dictionnaire des athées, de Sylvain Maréchal, Paris, 1800, in-8°. La réfutation reçut bon accueil dans le public, et l’auteur en prépara aussitôt une seconde édition, revue et considérablement augmentée, qui parut dès l’année suivante, sous ce titre : La Religion triomphante des attentats de l’impiété, par Léonard Aléa, Paris, 1802, 2 vol. in-8°. Cette édition nouvelle est dédiée au conseiller d’État Portalis. « L’ouvrage ainsi perfectionné, est-il dit dans la Biographie universelle de Michaud, est devenu par son objet, son opportunité et son exécution, un livre important et dont le succès a été complet. » En la même année 1802, Aléa publia un second écrit de polémique philosophico-théologique : Réflexions contre le divorce, Paris, 1802, in-8°. On dit qu’il laissa à sa mort plusieurs manuscrits relatifs à la Révolution française.

Michaud, Biographie universelle, Paris, édit. Vives, s. d., t. II, p. 379 ; Hurler, Nomenclalor literarius, Inspruck, 1895, t. iii, col. 502 ; Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, 3e édit., Paris, 1872, t. I, p. 212.

A. Beugnet.

1. ALEANDRE Jérôme. Aléandre naquit à la Motta, petite ville de la marche de Trévise, le 13 février 1480. De 1493 à 1508, il étudia à la Motta, à Pordenone, et surtout à Venise et à Padoue. Il apprit le latin, le grec et l’hébreu, ce qui le fera souvent nommer dans la suite le docteur des trois langues ; il y joignit le syriaque et le chaldéen et s’initia à toutes les sciences connues de son temps. A Venise, il fit partie de l’Académie d’Aide Manuce. En 1508, sur le conseil d’Érasme, il partit à Paris pour y enseigner les belles-lettres. Il enseigna cinq ans en France, presque toujours à Paris (4 juin 15088 décembre 1510 ; 19 juin 1511-4 décembre 1513), et quelques mois à Orléans (10 décembre 1510-14 juin 1511). Pendant ces cinq ans, Aléandre donna des leçons de latin et d’hébreu, peut-être de chaldéen et de syriaque, mais surtout de grec : il fonda chez nous l’enseignement de cette langue. Le 18 mars 1513, il fut élu recteur de l’Université de Paris.

Le 4 décembre 1513, Aléandre devient’secrétaire du prochancelier de France, Etienne Poncher ; à la fin de l’année suivante, il s’attacha au prince-évêque de Liège, Érard de la Marck. Le 16 mars 1516, il partit à Rome pour y être l’agent de la Marck. Deux ans après (27 juillet 1519), Léon X le nommait bibliothécaire du Vatican ; au mois de juillet 1520, nonce auprès de Charles-Quint et de la diète qui allait se réunir en Allemagne : il devait obtenir l’acceptation de la bulle Exurge qui avait condamné Luther (15 juin 1520). Après de longues et pénibles négociations, il parvint à faire porter contre Luther le célèbre édit de Worrns (8 mai 1521).

Cette mission fut le point culminant de la vie d’Aléandre. Elle orienta ses travaux pour le reste de ses jours. Jusque-là, il avait été avant tout un humaniste ; désormais, il sera surtout un homme d’Église : ses deux grandes préoccupations seront d’abattre la Réforme protestante, et d’assurer la Réforme catholique, particulièrement par la réunion d’un concile.

Le 8 août 1524, Clément VII nomma Aléandre archevêque de Brindisi, et nonce auprès de François I er, avec mission d’amener la paix entre lui et Charles-Quint. Le 24 février 1525, il fut fait prisonnier à Pavie, et revint à Rome (3 août 1525). Du 8 mars 1527 au milieu de 1529, il résida dans son diocèse de Brindisi ; en 1531-1532, il fut envoyé en Allemagne pour préparer le concile et la défense de la chrétienté contre les Turcs ; de 1533 à 1535, il fut nonce à Venise. Les années suivantes, il fut à Rome l’un des principaux conseillers de Paul III, surtout pour les négociations au sujet du concile. Le 13 mars 1538, il fut créé cardinal, et, huit jours après, nommé légat pour présider le concile qui devait se réunir à Vicence. Cette tentative échoua et Aléandre fut envoyé comme légat en Allemagne, en vue d’une entente à amener avec les Réformés (1538-1539). Il revint à Rome sans avoir réussi ; il y mourut le 1 er février 1542, découragé des progrès de la Réforme. Deux jours avant sa mort, il s’était composé cette épitaphe :

KâtOocvov oùx àéy.iov, ô’tt 7ta’j<70u.ai oîv 1-iu.apTu ; IloXXàiv, (LvTrep îSetv aXyiov r ( v ÛavctTO-j. « Je suis mort sans regret : j’ai cessé de voir des choses plus tristes que la mort. »

Aléandre avait une mémoire prodigieuse, l’esprit souple, l’intelligence brillante ; mais il était plus capable de s’assimiler que de créer. Toute sa vie, il fut un collectionneur de documents ; par là, il a rendu un très grand service à l’histoire : il mérite d’être appelé le Père de V histoire de la Réforme. — Jusqu’à 45 ans, quoiqu’il fût de mœurs beaucoup moins dissolues que la plupart des humanistes, il eut quelques écarts de conduite. Sa conversion définitive date des environs de 1524. Ce n’est du reste qu’à cette époque qu’il fut ordonné prêtre. Il a déclaré dans son testament quod in omnibus suis legalionibus niillum unquam mutins accepit. Il est, au xvie siècle, l’un des plus beaux exemples d’hommes arrivés à la célébrité par leur intelligence ei leur énergie.

Aléandre a composé et fait imprimer l’édit latin de Worms contre Luther (8 mai 1521). L’édition princeps parait être celle que renferme le t. xvii de l’Armoire LXIV des Archives vaticanes, Acta Wornmticnsia, f u 130-138, in-4°, sine loco et anno ; elle fut imprimée à Louvain du 19 au 26 juin 1521.

Il est l’un des auteurs du Concilium delectorum cardinalium et aliorum prgelatorum de emendanda Ecclesia, composé en 1536-1537 et publié subrepticement par Jean Sturin, Strasbourg, 1538, in-4° ; il a collaboré aussi à la Reformalio proposita Paulo 111 a deputatis cardinalibus, sur les abus de la Daterie (1537). Arch. vat., Arm. LX1II, t. vi, ꝟ. 359-372, orig., publiée d’après des copies, par F. Dittrich, Regeslen und Briefe des Cardinals Gasparo Conlarini, Braunsberg, 1881, in-8°, p. 279-288.

En outre, quelques parties de l’héritage manuscrit d’Aléandre traitent plus particulièrement de théologie. Ce’sont le^ mss. Vat. 3014, 3915, 3017, 3018, 3019, 3026, 30-21, 30-28, 6-261, 6262, et Chigi R., ii, 40. Ces manuscrits forment deux groupes. Les cinq premiers sont des collections de documents sur la Réforme de l’Église ; les six autres sont des recueils de notes philologiques, littéraires, philosophiques et théologiques, en latin, en grec, en hébreu et en chaldéen. Les manuscrits Vat. 3914, 3915, 3918, 3919 sont les quatre livres Sur le futur concile, dont parle Vittorelli dans ses additions à Cia :