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ALBERT LE GRAND — ALBI

les catholiques d’enseigner une doctrine erronée sur la satisfaction du Christ et les effets de l’eucharistie. Les théologiens catholiques n’ont cessé d’opposer un démenti formel à ces accusations sans fondement. L’origine de cette accusation est dans le passage suivant tiré du premier des sermons attribués à Albert : Secunda causa institutionis hujus sacramenti est sacrificium aliaris, contra quandam quotidianam delictorum nostrorum rapinam, ut, sicut corpus domini semel oblatum est in cruce pro debito originali, sic offeratur jugiter pro nostris quotidianis delictis. Cette formule est inexacte, mais il ne semble pas que dans la pensée de son auteur elle ait le sens restrictif qu’elle parait comporter, puisque dans le même sermon il fait dire à Jésus-Christ : Pro debitis omnium sufficiens sacrificium in cruce offerebam. La doctrine d’ailleurs exposée ex professo par Albert dans ses autres traités sur l’eucharistie et dans ses commentaires sur les Sentences est correcte : Dico quod justificatio naturæ ad causam meritoriam relata, quæ est meritoria secundum condignum, refertur ad passionem Christi, quia meruit nobis solutionem a peccato, ad quam sequitur justificatio… Relata autem ad causam sacramentalem… secundum debitum originalis (peccati) refertur ad baptismum, secundum debitum actualis refertur ad pœnitentiam, si est post baptismum. IV Sent., l. III, dist. XIX, a. 1, solutio. Quant à l’eucharistie, elle n’est pas ordonnée contre le péché, mais bien contre les suites du péché qu’on peut appeler la faiblesse spirituelle : Si considerentur reliquiæ (peccati) secundum defectum boni, cujus longus defectus inediam inducit boni naturalis secundum destitutionem sui in seipso, sicut longus defectus cibi inducit inediam et defectum boni corporis in seipso, sic contra reliquias peccati ordinatur sacramentum Eucharistiæ per modum medicinæ. De Eucharistia, dist. VI, tr. I, c. ii, 3. Voir N. Paulus, Une prétendue « doctrine monstrueuse » sur le sacrifice de la messe, Revue anglo-romaine, Paris, 1896, t. i, p. 252-260. P. Mandonnet.


ALBERTI Louis, de l’ordre des ermites de Saint-Augustin, né à Padoue en 1560, et mort au même lieu en 1628. Il fut provincial et le premier de son ordre qui fut chargé de l’enseignement biblique à l’université de Padoue ; il y enseignait en 1623. Ses ouvrages théologiques sont les suivants : Disputatio an rerum æternarum detur efficiens causa, et de creatione tum nova tum æterna, Padoue, 1594 ; De reali præsentia Christi in Eucharistiæ Sacramento, Padoue, 1613 ; De prædestinatione et reprobatione, Venise, 1622 et 1623 ; De nutritione, augmento et generatione, Venise, 1627.

Ossinger, Bibliotheca Augustana, Ingolstadt, 1768 ; Mazzuchelli, Gli scrittori d’Italia, t. i, Brescia, 1753, p. 317 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. i, 1882, p. 427-428 ; Hurter, Nomenclator, t. i, Inspruck, 1892, p. 282 ; Vigoureux, Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 337.

E. Mangenot.


1. ALBERTINI François, jésuite italien, né à Catanzaro, le 1er novembre 1552, était abbé de San Leonardo, quand il entra au noviciat en octobre 1578. Il enseigna la philosophie et la théologie à Naples et y mourut le 15 juillet 1619. — Corollaria seu quæstiones theologicæ, Naples, 1606, in-4° ; Lyon, 1610 ; Tomus secundus, Lyon, 1616, in-4° ; les deux volumes, Lyon, 1629, in-fol., 2 vol. Le premier contient les Corollaria deducta ex principiis philosophicis complexis præcipue in primam et tertiam partem Summæ S. Thomæ ; le second : De Trinitate, Incarnatione Verbi et de Eucharistia, etc. Il a encore publié un ouvrage de théologie ascétique qui eut une certaine vogue : Trattato dell’Angelo custode, Naples, 1612 ; Rome, 1612 ; Brescia, 1612. Il fut traduit en français (1613) par le P. Fr. Solier, S J., et en latin, Cologne, 1613, 1614 ; Cracovie, 1663. Après sa mort on publia à Cologne, 1695, son Apparatus angelicus cum diuirnali aureo angeli tutelaris.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la Cie de Jésus, 1890-1897, t. i, col. 127-128 ; t. viii, col. 1507.

C. Sommervogel.


2. ALBERTINI Georges-François, religieux dominicain et prédicateur de talent, né à Parenzo, dans l’Istrie vénitienne, le 29 février 1732, étudia à Venise et fut nommé par Pie VI, en 1789, professeur de dogme au collège de la Propagande à Rome. Après la mort de Valzecchi, en 1791, il fut appelé à Padoue par la république de Venise. Quand sa chaire fut supprimée, en 1807, il revint dans sa patrie, où il mourut, le 29 avril 1810. Il a publié Dissertazione dell’indissolubilità del matrimonio, Venise, 1792 ; Acroases ossia la somma di lezioni theologiche, 5 vol., Padoue, 1798 ; Venise, 1800-1802. Il a écrit une dissertation, qui reçut une récompense académique, et dans laquelle il cherche à prouver par la seule raison que l’homme n’est plus tel qu’il est sorti des mains du Créateur.

Hurter, Nomenclator, t. iii, Inspruck, 1895, col. 550 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, Paris, 1855, t. i, p. 622-623.

E. Mangenot.


ALBERTIS (de) Albert, jésuite italien, né à Pergine, dans le Trentin, le 29 juillet 1593, entra au noviciat le 17 octobre 1615, enseigna quatorze ans à Milan la rhétorique, la philosophie, les mathématiques et l’Écriture sainte ; il mourut à Rome, le 3 mai 1676. — Paradoxa moralia de ornatu mulierum communia et explorata, pro confessariis et concionatoribus elucubrata (?), Rome, 1648 ; Milan, 1650, in-4°. D’après certains bibliographes, il aurait publié un autre traité touchant à la théologie morale : Contra saltationes et choreas. Il est plus que douteux qu’il ait été imprimé ; mais le manuscrit existe à la bibliothèque Vittorio-Emmanuele à Rome, mss. gesuitici, nos 1474, 3603 ; il est en italien : Discorso intorno i balli maschere e carnevale ai quali con theologiche ragioni… si esamina… sun dove stano liciti… Il laissa encore d’autres manuscrits de théologie : De recta operandi regula, — De Ethnicorum et Judæorum matrimoniis veris et irritis, — Trutina opinionum moralium, qui est, je pense, le manuscrit De opinione probabili, signalé par le P. Zaccaria comme existant au collège de Milan, vers 1750.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la Cie de Jésus, 1890-1897, t. i, col. 128-130 ; t. viii, col. 1597.

C. Sommervogel.


ALBI Henri, jésuite français, né à Bolène (Vaucluse), le 21 janvier 1590, admis le 30 novembre 1607, enseigna les belles-lettres, la rhétorique, la philosophie et la théologie, fut recteur des collèges d’Avignon, Arles, Grenoble et Lyon, et mourut à Arles, le 6 octobre 1658. — Outre quelques vies de saints, les éloges des cardinaux français et un petit traité sur l’Art d’aimer Dieu, il a publié : Défense de la conception toute pure et sans tache de la Saincte-Vierge et des raisons que l’on a d’en espérer de l’Église une dernière définition, Grenoble, 1654, in-8°, sous le pseudonyme : « le sieur de Cabiac prestre, docteur en théologie. » — On a encore de lui un livre ou opuscule (il doit être assez rare, car je ne l’ai jamais rencontré) : L’Anti-Théophile ou réponse au livre qui porte pour titre : Le Théophile paroissial de la Messe de paroisse, Lyon, 1649, in-12. C’était une défense des privilèges des réguliers, attaqués d’abord par un capucin, le P. Bonaventure de la Bassée, dans son Parochianus obediens, 1633, réimprimé sous le titre : Theophilus parochialis, 1635, 1638, et Parochophilus, 1657. La partie qui concerne la messe de paroisse fut traduite en français par un prêtre de Paris en 1649 ; c’est alors que le P. Albi entra en lice ; il réfuta Benoit Puys, le traducteur, qui répliqua par sa Response chrestienne à un Libelle anonyme, honteux et diffamatoire, 1649. Le P. Albi revint à la charge avec son Apo-