Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
665
666
ALBERT DE BULSANO — ALBERT LE GRAND

publiait une seconde édition modifiée et améliorée, Turin, H. Marietti, in-8°, p. 526. Depuis lors, ce manuel fut souvent réimprimé sans aucune modification chez le même éditeur, qui en 1892 donnait une nouvelle édition augmentée et corrigée : Institutiones… a Sac. Eugenio Morandi S. Th. Doct. recognitæ, auctæ, emendatæ, in-8°. Deux ans auparavant, le P. Norbert de Tux, capucin de la province du Tyrol, avait publié une édition refondue du même ouvrage : Compendium theologiæ fundamentalis ope scriptorum Rmi P. Alberti a Bulsano… aliorumque probatorum auctorum concinnavit… P. Norbertus a Tux… Brixen, Société typogr., 1890, 2 vol. in-8°, p. viii-332 et 414-ii.

Presque en même temps qu’il éditait ce premier volume, le P. Albert abordait la publication d’un ouvrage théologique plus considérable. Ce sont les Institutiones theologiæ theoreticæ seu dogmatico-polemicæ,… divisées en cinq parties : I. De Deo in se spectato ; II. De Deo in relatione ad universum considerato ; III. De Deo lapsi humani generis redemptore ; IV. De Deo hominum sanctificatore : 1° De gratia Christi, 2° De sacramentis ; V. De Deo omnium consummatore, Turin, H. Marietti, 1853-1859, 6 vol. in-8°, p. 776, 718, 660, 644, 1204, 844. Comme le premier, cet ouvrage eut un grand succès à cause de la clarté d’exposition de l’auteur et de l’abondance des preuves. En 1862-1864, paraissait une deuxième édition revue et corrigée dont un second tirage fut fait en 1868. Une nouvelle édition de cet ouvrage plusieurs fois réimprimé à Turin sans modifications était fort à souhaiter. Les supérieurs de la province monastique à laquelle appartenait l’auteur voulurent contenter ce désir et par leur ordre furent publiées les Institutiones theologiæ dogmaticæ specialis Rmi P. Alberti a Bulsano, recognitæ, ex parte correctæ, et meliori dispositione adornatæ, a P. Gottfried a Graun, ord. cap. prov. Tyr. septentr. S. theol. lectore, Inspruck, librairie de la Société catholique, 1893-1896, 3 vol. in-8°, p. xvi-869, x-798, xi-1031. Tout en conservant le plan général de l’auteur, le nouvel éditeur a accommodé son ouvrage aux nécessités présentes de l’enseignement théologique et en a fait disparaître les longueurs amenées par la forme trop oratoire que l’on reprochait au P. Albert.

L’étendue de cet ouvrage en rendait l’usage difficile dans les séminaires et les scolasticats, aussi l’auteur en avait-il publié lui-même un résumé sous ce titre : Fr. Alberti Knoll a Bulsano, ordinis capuccinorum, institutiones theologiæ theoreticæ, seu dogmaticæ-polemicæ ab auctore in compendium redactæ, Turin, Favale, 1863, 2 vol. in-8°, p. 592, 516. Ce compendium fut lui aussi souvent réimprimé par Marietti, qui en 1892 en publiait une nouvelle édition revue par Morandi. On peut aussi regarder comme un remaniement de cet ouvrage, ainsi que des Institutiones theologiæ fundamentalis, le Manuale theologiæ dogmaticæ quod in usum studiosorum elaboravit Fr. Gonzalvus a Reeth, ord. min. S. Fr. capuc. prov. Belgicæ def. ac S. th. lect., Tournai, Casterman, 1890, 2 vol. in-8°, p. 540, 454. L’auteur en effet, comme il le déclare dans sa préface, s’appuie principalement sur le P. Albert de Bulsano.

Nous avons laissé le P. Knoll à Méran, lecteur de théologie. Il nous faut le suivre à Rome, où il se trouvait en qualité de définiteur général de son ordre, quand il commença la publication de ses œuvres théologiques. Il demeura dans la capitale du monde chrétien du mois de mai 1847 au mois de mai 1853. Son office terminé, le P. Albert retourna dans sa province du Tyrol et pendant les dix années qu’il vécut encore se livra à la prédication avec un grand succès. Il mourait pieusement au couvent de Botzen, le 30 mars 1863.

Outre ses œuvres théologiques, le P. Knoll publia encore une Expositio regulæ FF. Minorum S. P. Francisci Ass. ex declarationibus Rom. Ponrif., S. Bonaventura, aliisque probatis auctoribus congesta, Inspruck, Rauch, 1850, 1 vol. in-8°, p. xiv-518. Cet ouvrage, accepté dans l’ordre des frères mineurs capucins comme exposition officielle de la règle, fut réimprimé plusieurs fois : Naples, Palma, 1853, in-8°, p. xi-438 ; Florence, Polverini, 1864, in-8°, p. vii-520 ; Milan, Ghezzi, 1889, in-8°, p. xvi-586.

Après la mort du P. Albert, on imprima sur ses manuscrits deux recueils de sermons. Le premier : Predigten für die Sonntage des Kirchenjahres, Brixen, 1867, in-8°, fut réédité suivi d’un second volume, sous ce titre : Predigten auf die Sonn-und Festtage des Kirchenjahres, Brixen, 1871. Le chanoine Jos. Gliemone en publia une traduction italienne : Prediche per le domeniche dell’anno, opera postuma del P. Alberto Knoll du Bolzano… versione dal Tedesco, Turin, G. Speirani, 1870-71, 2 vol. in-12, p. viii-294, 268 ; 2e édit., ibid., 1876, 2 vol. in-12, p. viii-334, 292. — Sermoni per le feste dell’anno ecclesiastico…, ibid., 1873, 2 vol. in-12, p. vi-320, 368.

Civiltà cattolica, anno quinto, IIe série, t. v, p. 660 ; Analecta juris pontificii, 3e série, col. 813 sq.

P. Édouard d’Alençon.


5. ALBERT LE GRAND. De son vrai nom A. de Bollstaedt. Appelé par ses contemporains Albertus Lauingensis (de Lauingen), A. Theutonicus, A. de Colonia, Dominus Albertus (après sa consécration épiscopale), et de bonne heure par la postérité : A. Magnus. — I. Biographie. II Écrits. III. Influence.

I. Biographie. — Albert naquit en 1206 (non en 1193, ainsi que le croient universellement ses modernes historiens), dans la petite ville souabe de Lauingen sur le Danube. Il était le fils aine du comte de Bollstaedt, une famille féodale puissante et riche dévouée à Frédéric II. Élevé dans la société de jeunes seigneurs, il fut conduit, adolescent, à Padoue, pour y faire ses études sous la surveillance d’un oncle, vraisemblablement ecclésiastique, tandis que son père guerroyait en Lombardie, au service de l’empereur. Le second maître général des frères prêcheurs, Jourdain de Saxe, étant venu prêcher aux étudiants de Padoue pendant les premiers mois de 1223, attira à l’ordre un grand nombre de jeunes gens, parmi lesquels Albert, alors âgé de seize ans et demi. Malgré les résistances de son oncle et de ses condisciples et une tentative d’enlèvement de la part de son père, Albert entra dans l’ordre et fut conduit, pour y continuer ses études, dans un ou plusieurs couvents qu’on ne peut désigner avec sécurité, mais vraisemblablement à Cologne. C’est là qu’il commença plus tard son enseignement en interprétant deux fois le Maître des Sentences. Il fut successivement lecteur de théologie dans les couvents de Hildesheim, Fribourg-en-Brisgau, Ratisbonne (pendant deux ans) et Strasbourg.

En 1245, Albert fut envoyé à Paris pour y conquérir le titre de maître en théologie et régenter une des deux écoles dominicaines du couvent de Saint-Jacques, incorporées à l’Université. C’est pendant ce séjour à Paris qu’Albert commença, concurremment à l’enseignement de la théologie, la publication de la vaste encyclopédie scientifique qui lui valut son incomparable célébrité, et qu’il compléta jusque vers la fin de sa vie, bien qu’elle fût déjà achevée en grande partie en 1256. Le maître quitta vraisemblablement Paris à la fin de l’année scolaire de 1248. Au chapitre général de cette année l’ordre des prêcheurs ayant établi quatre studia generalia, en plus de celui de Paris, pour étendre la formation intellectuelle supérieure de ses recrues, l’une de ces études générales fut établie à Cologne et Albert en devint le premier régent. Malgré les nombreuses absences du célèbre maître, cette ville devait être, jusqu’à la fin de ses jours, sa résidence ordinaire, ce qui lui valut d’être souvent nommé par ses contemporains Albert de Cologne. Cette nouvelle période de la vie d’Albert est