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ALBERT (BIENHEUREUX) — ALBERT DE BULSANO

p. 764-799, édit. Palmé, 1866 ; Hélyot, Histoire des ordres religieux et militaires, t. i, p. 282-307, édit. 1792.

J. Besse.

2. ALBERT archevêque de Mayence, fils de l’électeur Jean IV de Brandebourg et frère de l’électeur Joachim Ier, naquit le 28 juin 1190, devint très jeune chanoine de Mayence et de Trêves, puis fut nommé, en 1513, archevêque de Magdebourg et administrateur d’Halberstadt, en 1514 archevêque de Mayence, primat de Germanie et électeur du Saint-Empire, enfin, en 1518, cardinal de la sainte Église romaine. En raison même de sa haute situation, il fut mêlé aux luttes doctrinales d’où naquit l’hérésie protestante. Il avait reçu du pape Léon X la mission de faire publier en Allemagne l’indulgence pour la construction de la basilique Saint-Pierre, et il choisit le dominicain Tetzel pour être le prédicateur de cette indulgence dans les villes allemandes. Les prédications de Tetzel provoquèrent, on le sait, les 95 thèses contre les indulgences que Luther fit afficher aux portes de l’église de Wittemberg, la veille de la Toussaint 1517. Le moine augustin adressa à l’archevêque de Mayence une copie de ses thèses, en l’accompagnant d’une lettre dont l’historien Audin cite des extraits et qu’il apprécie en ces termes : « Elle est humble, soumise et dévote. » Histoire de Luther, Paris, 1839, t. i, p. 162. Albert de Mayence ne répondit pas. On a tout lieu de croire que l’orgueil du moine révolté ne pardonna pas à l’archevêque ce silence dédaigneux. En 1421, Albert porta une sentence d’interdit contre un prêtre marié de la ville de Halle. Luther, alors enfermé au château de la Wartbourg, prit occasion de ce fait, pour envoyer au prélat une lettre insolente dans laquelle il le traite de « papiste » et le somme d’abolir « des pratiques idolâtres ». Il ajoute que, s’il n’est point écouté, il publiera un pamphlet qui aura pour titre : L’idole de Halle. Audin, op. cit., t. i, p. 417. L’archevêque répondit par une lettre pleine de mansuétude, mais qui ne donna pas satisfaction à l’hérésiarque. Le pamphlet annoncé contre l’idole de Halle fut publié : « C’est, dit Audin, un ramas d’ordures et de lâches outrages contre l’archevêque. » Op. cit., t. i, p. 418. Quatre ans plus tard, 1526, Luther, alors marié, écrivit une troisième lettre à l’archevêque de Mayence. Il osa proposer au prélat de prendre lui-même une femme, afin de donner au monde un exemple qui ne saurait manquer d’être efficace. Cochlæus, De actis et scriptis Martini Lutheri, Paris, 1565, p. 121-123. Albert de Mayence ne répondit encore une fois que par le dédain, et Luther dans ses lettres à des amis se laissa aller de nouveau, contre le prélat, à des injures si grossières que l’historien français ose à peine les traduire. Audin, op. cit., t. ii, p. 260. — Albert de Mayence mérita l’éloge de ses contemporains, même des protestants, pour son esprit cultivé, sa bienveillance de caractère et sa grande générosité. Il protégea les arts, les lettres et les sciences. Il s’intéressa surtout aux arts religieux qui tiennent à la construction et à la décoration des églises. Il fonda, avec son frère Joachim de Brandebourg, l’université de Francfort-sur-l’Oder, en 1506. Il entreprit de fonder aussi une université à Halle, et il obtint à cet effet, en 1531, des privilèges du pape Clément VII ; mais les luttes religieuses qui déchiraient alors l’Allemagne l’empêchèrent de mener à bonne fin ce projet. Ajoutons que c’est Albert de Mayence qui le premier accueillit en Allemagne les disciples de saint Ignace qui devaient être pour l’hérésie de si terribles adversaires. Il mourut à Mayence, le 24 septembre 1545.

Cochæus, Historia de actis et scriptis Martini Lutheri, Paris, 1565 ; Maimbourg, Histoire du luthéranisme, Paris, 1686 ; Audin, Histoire de Martin Luther, 2 vol., Paris, 1839 ; Callia christiana, Ecclesia Moguntinensis, Paris, 1731, t. v, p. 516 ; Moreri, Dictionnaire historique, Paris, 1759, t. i, p. 268 ; Michaud, Biographie universelle, 2e édit., Paris, édit. Vivés, s. d., t i, p. 332.

A. Beugnet.

3. ALBERT DE BRANDEBOURG, né le 17 mai 1490, mort le 20 mars 1568, entra le 13 février 1511 dans l’ordre teutonique et ne tarda pas à en devenir le grand-maître. Il refusa de prêter serment en cette qualité à son oncle Sigismond, roi de Pologne : la guerre s’ensuivit et Albert de Brandebourg, vaincu, dut signer une trêve de quatre ans pendant laquelle il chercha des alliés dans toute l’Allemagne. En 1522, il se rendit dans la ville de Nuremberg et, dans cette ville, suivit les prédications d’Osiander. Deux ans plus tard, il rencontra Luther à Wittemberg et celui-ci lui donnait le conseil d’abandonner la règle de son ordre, de se marier et de faire ériger en duché à son profit les terres qu’il gouvernait jusqu’alors comme grand-maitre de l’ordre teutonique. Comprenant qu’il n’avait rien à attendre de l’Allemagne, il fit sa paix avec Sigismond qui le reconnaissait lui et ses héritiers comme duc de tout ce que possédait en Prusse l’ordre teutonique sous la seule condition d’en recevoir l’investiture du roi de Pologne. Peu après, il se mariait et introduisait la confession d’Augsbourg en ses États. L’empereur Charles-Quint déclara nul ce traité et fit mettre Albert au ban de l’empire comme apostat et usurpateur. Mais, fort de l’appui de Sigismond, le nouveau duc se maintint en possession et favorisa de tout son pouvoir les erreurs luthériennes qui avaient si bien servi ses ambitions. En 1544, il fonda l’Université de Kœnigsberg. L’accord ne se maintint pas entre le roi de Pologne et Albert de Brandebourg et une assemblée, tenue à Lublin en 1566, enleva à ce dernier toute autorité.

L’Art de vérifier les dates, 1819, t. xxi, p. 492.

B. Heurtebize.

4. ALBERT DE BULSANO. Joseph Knoll naquit à Bruneck en Tyrol, le 12 juillet 1796, de parents qui habitaient ordinairement à Botzen (Bolzano). La fortune de sa famille, dont il était unique héritier, lui permettait d’aspirer à une position supérieure, et ses talents lui ouvraient toutes les carrières, mais il avait entendu l’appel de Dieu et il résolut de bonne heure de se consacrer à son service. Il continua à Trente ses études commencées avec succès à Botzen et ses parents supposant, à cause de sa santé délicate, à son entrée chez les frères mineurs capucins, il prit la soutane et suivit les cours de théologie au séminaire de Trente. Une fois prêtre. Joseph ne voulut pas souffrir de plus longs obstacles, et le 22 novembre 1818, en revêtant la bure franciscaine au noviciat de la province de Tyrol, à Brixen, il recevait le nom de Fr. Albert. L’année suivante il prononçait ses vœux et bientôt après ses supérieurs le chargeaient d’enseigner la philosophie à ses jeunes frères en religion. Après avoir subi avec honneur à l’université d’Inspruck les examens, alors requis par les lois joséphistes, le P. Albert fut nommé lecteur de théologie dogmatique. Pendant vingt-quatre ans il exerça cette charge au couvent de Méran, tout en se livrant à la prédication et au ministère.

En 1843, le conseil supérieur des études du royaume d’Autriche décidait la création d’un cours de théologie dogmatique générale ou fondamentale. A la demande de ses amis et sur l’ordre de ses supérieurs, le P. Albert rédigea un manuel qui pût servir à cet enseignement et il le publia au bout de plusieurs années sous ce titre : Institutiones theologiæ dogmaticæ generalis seu fundamentalis, conscriptæ a Rmo P. Alberto a Bulsano, Ord. Min. S. Franc. Capuccinorum definitore generali, provinciæ Tirolen. definitore et lectore emerito, etc. Inspruck, Wagner, 1852, in-8°, p. xxiv-732. (C’est à tort, croyons-nous, que le P. Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1895, t. iii, col. 931, donne 1846, comme date de la première édition.) L’auteur annonçait son désir d’exposer clairement la vérité, de la prouver solidement, en réfutant vigoureusement les objections des adversaires. Le succès du livre prouva qu’il y avait réussi. En 1861 il en