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ALAIN DE LILLE — ALBANAIS


et Pans, 1896. Le fait que la plupart des manuscrits de notre scolastique se trouvent en Angleterre, ne prouve pas l’origine anglaise que quelques auteurs attribuent au docteur universel. Dans l’Histoire littéraire de la France, D. Brial a confondu Alain de Lille avec Alain de Tewkesbury, qui, d’abord cbanoine à Bénévent, devint, à son retour en Angleterre, moine à Cantorbéry (1174), prieur du couvent Saint-Sauveur (1179) et enfin abbé à Tewkesbury où il mourut en mai 1201. D’autre part, il semble qu’il faudrait identifier Alain de Lille avec un certain Alain du Puy, qu’ignorent tous les biographes et dans lequel quelques critiques modernes ont voulu découvrir l’auteur de deux ouvrages attribués à juste titre à Alain de Lille.

Les œuvres d’Alain de Lille ont été réunies et publiées par Migne, P. L., t. ex, d’après les éditions de Ch. de Visch, de Pez, de Mingarelli et d’après divers manuscrits et incunables. Cette édition de Migne n’est ni complète ni toujours bien correcte. Une série de sermons (Bibl. de Toulouse, xin c siècle, n° 195) et le traité De virtute et vitiis (Bibl. nat., xiiie siècle, n° 3228 F.) sont encore inédits. Cl. Bœumker, en Allemagne, a corrigé et complété les T/ieologicae régulée (Handschriftlicheszu den Werken desvlanus, Fulda, 1894) ; Th. Wright a publié une édition peu critique des œuvres poétiques d’Alain, Rerv/ni Brilannicarum medii sevï so-iptores, t. ii Londres, 1872.

Le poème intitulé Anticlaudianus, P. L., t. ex, col. 487-576, est resté célèbre pendant tout le moyen âge. C’est une vaste composition allégorique où les subtilités et les abstractions ne manquent pas ; l’auteur, dans sa course à travers le monde éthéré, voit et décrit tant de choses, qu’il nous donne une sorte d’encyclopédie de son temps. Cf. Eug. Bossard, Alani de Insulis Anticlaudianus cum divina Danlis Aliglderi commerdia cullatus, Angers, 1885. De moindre valeur pour le fond comme pour la forme est une autre composition allégorique De planctu naturee : la nature apparaît au poète et se plaint de la perversité des hommes. P. L., t. ex, col. 431-487.

L’œuvre principale d’Alain, le traité De arte sive de arlicidis fidei catltulicæ, est une espèce de somme théologique, plus complète et plus scientifique, quant au fond et à la forme, que celle de Pierre Lombard. La méthode est plus scolastique, elle est même géométrique à certains égards : elle procède par définitions, axiomes et démonstrations. En cinq livres, P. L., t. ex, col. 596618, l’auteur traite de Dieu, de la création, de l’incarnation, des sacrements et des fins dernières. Que Nicolas d’Amiens (né en 1147) soit l’auteur de cet ouvrage, ce n’est guère probable. Voir Hauréau, Hist. de la philos. scol., t. I, Paris, 1872, p. 502. Dans ses règles théologiques, Regulæ de sacra theologia, P. L., t. ex, col. 618684, Alain formule en un langage laconique et d’apparence quelque peu paradoxale, une série de thèses empruntées au dogme et à la morale, et il en fait une courte exposition en suivant principalement Boèce. C’est cet auteur qui a exercé la plus grande influence sur l’esprit spéculatif d’Alain : on en trouve la trace partout. En philosophie Alain professe une tendance relativement indépendante et conciliatrice entre Platon, Arislote, les Pères de l’Église et ses devanciers. Le reproche de rationalisme théologique et de panthéisme fait à Alain par quelques historiens, manque de fondement solide, à moins qu’on ne considère comme rationalistes et panthéistes, tous ceux qui ont connu et commenté le livre pseudo-aristotélicien De causis, cité pour la première fois en Occident par Alain, sous le titre : Liber de essenlia summse bonitatis. Voir Bardenhewer, Die pseudo-aristotelische Schrift uber das reine Gute, Fribourg-en-Brisgau, 1882.

Sur Alain de Lille on peut consulter les historiens de la philosophie scolastique, en particulier Hauréau, Hist. de la phil. scol.,

t. r, Paris, 1872, et Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. xxxii ; de Wulf, Hist. de la phil. scol. dans les Pays-Bas et la principauté de Liège, Louvain et Paris, 1895 ; D r Baumgartner, Die Philosophie des Alanus de Insuti* im Zusammenhange mit den Anschauungen des 12 Jahrhunderts, Munster, 1896 ; Braun, Revue des sciences ecclésiastiques ; Essai sur la philosophie d’Alain de Lille, Lille, 1897-1899 ; Albert Dupuis, Alain de Lille, Lille, 1859. p T> ii IIX

ALAMBN (de) Félix, appelé aussi de los Molinos, capucin espagnol de la province de Castille, fut un prédicateur fameux du commencement du xvnie siècle (-{ vers 1727). Il écrivit dans sa langue maternelle de nombreux et volumineux ouvrages ascétiques dont voici les titres : Falacias del Demonio y de los Vicios, que apartan del camino real del cielo y de la perfeccion, y sus remedios particulares y générales, Madrid, Ant. de Zafra, 1693-1694, 2 vol. in-8 » ; ibid., Blas de Villanueva, 1714, in-fol. —Puerta de la Salvacion, y espejode verdadera y falsa confession (1™ édit. avant 1691), Madrid, A. de 7afra, 1695, in-4° ; ibid., Lorenzo Mojados, 1724, in-4°. — Espejo de la verdadera y falsa contemplacion (l re édit. avant 1691), Madrid, 1695, in-4°, condamné par décret de l’Index du 30 juillet 1708. — Retrato delverdadero sacerdote y rnanual de sus obligaciones, Madrid, Juan Garcia Infançon, 1704, in-4° ; Barcelone, Juan Piferer, 1747, in-i°. — Exortaciones a la segura observancia de los diez mandamientos de la ley de Dios, Madrid, Blas de Villanueva, 1714, in-fol. — La Felicidad o Bienavenluranza natural y sobrenatural de et Honibre, Madrid, Manuel Boman, 1723, in-fol. — Thesoro de Renefïcios escondidos en et Credo, y molivos que in~ ducen y enfervorizan a agradecer y correspunder a los muclios beneficios incluidos en cada articula, Madrid, Lorenzo Mojados, 1727, in-fol. — Il publia aussi : Impugnacion contra et Talmud de los Judeos, Alcoran de Mahoma, y contra los Herejes, Madrid, Lorenzo Mojados, 1727, in-4°. — Outre ces ouvrages on lui attribue encore : Quexas fervorosas de Christo a los Sacerdotes, déjà édité avant 1691, et des Considérations sur les fins dernières, la Passion, imprimées à Madrid en 1714. Dans ses écrits le P. Alamin combat ouvertement le système de Molina. p Edouard d’Alençon.

ALAN Guillaume. Voir Allen.

ALARCON (de) Diego, jésuite espagnol, né à Albacete en 1586, admis au noviciat en 1599, enseigna la philosophie et dix-sept ans la théologie à Alcala et à Madrid, où il mourut le 28 octobre 1624. — Prima pars tlieologise scholasticee, Lyon, 1633, in-fol.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la C" de Jésus, t. I,

col. 116.

C. Sommervogel.

ALBANAIS, hérétiques manichéens de date très incertaine (vine siècle environ). On sait peu de choses de leur histoire et de leurs doctrines. Le manichéisme n’avait jamais entièrement disparu de l’Orient. Il eut des rejetons nombreux au moyen âge sous les noms de cathares, bogomiles, bulgares, albigeois, pauliciens. Voir ces différents mots et la bibliographie. Ces manichéens dispersés en Thrace, Dalmatie, Bulgarie, Slayonie et jusqu’en Albanie n’eurent pas une profession de foi unique. Certains bogomiles adoucissaient leur doctrine et furent appelés concorezenses (du nom de Coriza en Dalmatie ou peut-être Goriza en Albanie). Au contraire, les albanais rejetèrent les mitigations doctrinales suivant lesquelles le principe du mal n’eût pas été éternel, comme le principe du bien, ni son égal en pouvoir, mais seulement une créature, séparée par sa faute, par un acte de sa volonté, du "principe du bien ; ils maintinrent dans toute sa rigueur la théorie dis deux principes éternels du bien et du mal, égaux en puissance et éternellement opposés l’un à l’autre. Sur les autres points, il est difficile de